Relations Arménie-Turquie : Les Etats-Unis persistent à jouer les entremetteurs.

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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

La realpolitik a ses raisons que la raison ne connaît pas, ou plus exactement ne veut pas connaître. Les années se suivent et se ressemblent. Les protocoles n'ont rien changé au paysage politique et à la nature des liens, que ce soit dans les relations turco-américaines ou turco-arméniennes. Même si celles-ci fluctuent avec des hauts et des bas.

Dans un mois, ce sera le 24 avril. Le président Obama tournera autour du pot, mais se gardera bien de prononcer le mot qui fâche. D'ici là, le Congrès américain se gardera bien de voter quoi que ce soit. En ligne de mire la ratification des protocoles arméno-turcs.

La Turquie, tout comme Israël, a le poids nécessaire pour résister aux pressions de Washington. A l'inverse ces deux alliés régionaux sont suffisamment influents pour entraver les décisions de Washington. Ankara a depuis le début des négociations décidé de mettre en œuvre sa politique envers l'Arménie : c'est-à-dire l'empêcher de se développer ; et si Erevan lui met des bâtons dans les roues, ce ne sont pas les mesures de rétorsions qui manquent, en plus du blocus actuel.

Mais qu'est-ce que Sarkissian est allé faire dans cette galère.

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* Hillary Clinton imite Ponce Pilate


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"Je ne pense pas que quelqu'un ait oublié quelque chose. Mais ce qui s'est passé est d'une grande importance pour le travail en cours entre la Turquie et l'Arménie," a déclaré la Secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, dans un entretien avec Vladimir Pozner de la première chaîne de la TV Russe, en réponse à une question posée par un téléspectateur sur le pourquoi de l'oubli par le président Obama de sa promesse électorale de reconnaître le génocide arménien et, par conséquent, du soutien à la Résolution 252 de la Chambre des Représentants.

La Secrétaire d'Etat a rappelé qu'elle s'était déplacée à Zurich l'automne dernier, et qu'avec les ministres des Affaires étrangères de la Turquie, de l'Arménie, de la Russie, de la France, ainsi que d'autres pays, avait assisté à la signature d'un ensemble de protocoles pour normaliser les relations entre l'Arménie et la Turquie.

"Dans ces protocoles, il y a un accord entre les deux pays pour mettre en place une commission d'historiens qui doivent se pencher sur toutes les questions qui font partie du passé. Et je pense que c'est la bonne façon de faire, enfin je crois, d'avoir les deux pays et les deux peuples discuter eux-mêmes sur le sujet. Je l'ai souvent dit, nous ne pouvons changer le passé dont nous héritons. Tout ce que nous pouvons faire, c'est essayer d'avoir un avenir meilleur," a souligné H.Clinton, ajoutant que la Turquie et l'Arménie sont en train de monter cette commission d'historiens.

* Les turco-américains réagissent


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L'Assemblée des Associations Turco-Américaines (ATAA) a envoyé une lettre au président Barack Obama demandant de faire une déclaration publique, que la Résolution reconnaissant le génocide arménien ne sera pas débattue en session plénière à la Chambre des Représentants.

"En tant que chef de file de plus d'un demi-million d'Américains fiers de l'héritage turc et de nombreux autres Américains qui soutiennent le partenariat modèle américano- turc, l'Assemblée des Associations Turco-Américaines (ATAA) vous demande de continuer à décourager la Chambre des Représentants de voter la Résolution 252, adoptée de justesse par la Commission des Affaires étrangères par 23 voix contre 22, le 4 Mars dernier," déclare l'ATAA ; rapporte le périodique ‘Histoire Vraie'.

* Rencontre entre Arméniens et Turcs


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La Fondation Partenariat Eurasie (EPF), en collaboration avec le Centre des Tendances Politiques Globales (GPoT) basée à Istanbul, et financé par l'USAID, tiendra un forum politique Arménie-Turquie à Erevan, les 25-26 Mars prochains.

La réunion rassemblera un certain nombre de leaders d'opinion et d'éminents professionnels des médias turcs et arméniens, y participeront également des diplomates et des Hauts-fonctionnaires des deux pays.

La réunion fait partie de l'un des projets financés par l'USAID "deuxième et troisième jour du rapprochement arméno-turc ", qui vise à établir des liens et à développer la compréhension mutuelle entre les Arméniens et Turcs à travers d'ONG, de médias et de milieux d'affaires.

Les discussions ne se concentreront pas sur les protocoles arméno-turcs, mais essaieront plutôt d'élaborer une gamme complète sur les récents développements arméno-turcs. Un accent particulier sera mis sur ce qui peut être fait pour sortir de l'impasse diplomatique actuelle entre l'Arménie et la Turquie.

* Ahmet Davutoglu repasse une couche


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"La Turquie n'enverra pas son ambassadeur à Washington tant que l'administration Obama et le Congrès ne diront pas clairement qu'ils ne comptent pas juger l'histoire turque. Nous ne pouvons pas accepter le jugement des membres de la Commission des Affaires étrangères, qui ne connaissent rien de l'histoire," a déclaré mardi lors d'un interviewé à Ankara le ministre des Affaires étrangères turc, Ahmet Davutoglu ; rapporte le Washington Post.

Davutoglu a posé deux conditions pour le retour de Namik Tan : "1- L'administration et le Congrès doivent montrer qu'ils comptent s'abstenir de se prononcer sur ce qu'ils appellent ‘notre histoire' ; 2- Le pays doit s'engager à soutenir notre alliance stratégique," a-t-il précisé.

"Le gouvernement turc va attendre le discours du président Obama à l'occasion du 24 avril," a ajouté Davutoglu.

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Radio Publique d'Arménie