mardi 31 août 2010

Compte-rendu d'une visite de parlementaires français au Karabakh

Compte-rendu par M. François Rochebloine, Député de la Loire
du voyage d'information
au Haut-Karabakh
d'une délégation [1]. de députés français

7-12 juin 2010

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Le conflit du Haut-Karabakh fait partie de ces chaînes d'évènements historiques dont l'opinion française a du mal à cerner le développement, voire même à localiser géographiquement le cadre. L'actualité récente a malheureusement rappelé qu'il s'agit d'un affrontement authentique, qui a fait et peut faire encore, en plus ou moins grand nombre, des morts et des blessés. Cette seule considération justifierait que le Parlement français lui consacre une attention particulière : non pour exercer des prérogatives diplomatiques que la Constitution attribue au pouvoir exécutif, mais pour poursuivre le double objectif d'information et de contact qui caractérise assez exactement la diplomatie parlementaire.

La visite au Haut-Karabakh, en juin 2010, d'un groupe de six députés français, conduit par M. François Rochebloine, et comprenant M. Richard Mallié, M. René Rouquet, Mme Arlette Grosskost, M. Michel Diefenbacher et Mme Pascale Crozon, s'inscrit dans cette perspective. Il ne s'agit pas d'une mission officielle représentant le Parlement français, mais il s'agit bien en revanche d'une mission de parlementaires français venus s'informer publiquement de la situation extérieure et intérieure du Haut-Karabakh.

Notre expérience de la diplomatie parlementaire et des groupes d'amitié nous fait penser que le rôle de telles instances est de développer, dans un climat de confiance et d'écoute réciproques, des relations de compréhension et d'intelligence qui semblent aux députés qui sont membres de ces groupes favorables à l'intérêt bien compris des pays concernés. De telles relations impliquent aussi une réelle franchise dans les rapports, comme cela a été rappelé d'un commun accord par la partie arménienne et la partie française. C'est pourquoi nous sommes reconnaissants aux autorités du Haut-Karabakh et aux autorités arméniennes d'avoir joué le jeu de l'ouverture et du dialogue.

Nous avons d'ailleurs été quelque peu surpris par la réaction excessive des autorités azerbaïdjanaises à cette visite. Nous ne voyons pas, en effet, quel procédé, mieux qu'un déplacement dans la région, peut permettre une connaissance directe et sûre du sujet considéré. C'est pour parvenir à cette connaissance directe que nous avons saisi l'occasion que nous donnait l'invitation du président de l'Assemblée nationale de la République du Haut-Karabakh, prolongée par l'Assemblée nationale de la République d'Arménie. Les membres du groupe n'avaient pas tous, ni la même opinion d'ensemble sur la situation dans la région, ni la même familiarité avec l'univers arménien : à l'exception du président François Rochebloine et de M. René Rouquet, personne n'était entré jusqu'à juin 2010 sur le territoire du Haut-Karabakh. Leur inscription sur une « liste noire » qui aurait été décidée, selon la presse, par les autorités de Bakou n'est pas de nature à favoriser la perception par le Parlement et par l'opinion française de la position de l'Azerbaïdjan dans ce conflit : les autorités de Bakou en porteront la responsabilité, et on ne peut que le regretter.

Nous adressons en outre nos chaleureux remerciements aux personnalités qui ont bien voulu nous recevoir et répondre à nos questions :
Francois-Rochebloine-et-Bak

- en République du Haut-Karabakh, M. Bako Sahakian, président de la République, et M. Achot Ghulian, président de l'Assemblée nationale ;

- en Arménie,
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M. Serge Sarkissian, président de la République, M. Edward Nalbandian, ministre des Affaires étrangères, M. Ara Babloyan, député, président du groupe d'amitié Arménie-France, ainsi que M. Hovig Abrahamian, président de l'Assemblée nationale, qui a décalé son départ à l'étranger pour recevoir à dîner notre délégation dès son arrivée à Erevan.

Nous remercions également les représentants des organisations non gouvernementales avec lesquels nous avons eu un échange fructueux à Stepanakert ; la municipalité et les habitants de Khatchen qui nous ont reçus avec chaleur pour une présentation des réalisations financées dans cette commune par SPFA (Solidarité protestante Franco-Arménienne), et les membres du dynamique club francophone de Stepanakert pour leur accueil original et amical.

Enfin, nous exprimons notre très vive reconnaissance à M. Hovhannès Ghevorkian, représentant permanent de la République du Haut-Karabakh en France, qui n'a cessé de prodiguer à notre délégation les vastes ressources de sa disponibilité, de son écoute et de ses connaissances.

De la structuration contrainte de l'ère soviétique à la situation de fait actuelle : rappels historiques

En nous limitant à la période moderne, nous voudrions simplement rappeler quelques dates de l'histoire contemporaine qui paraissent de nature à mieux situer le contexte du conflit du Haut-Karabakh.

Dans le contexte chaotique de la recomposition des territoires et des empires qui suit la fin du premier conflit mondial et la formation de l'URSS, l'Arménie, qui a vécu une brève période d'indépendance de juin 1918 à décembre 1920, est d'abord reconnue comme République autonome dans le cadre soviétique, puis fondue dans une République fédérative de Transcaucasie ;en 1922 ; puis elle reçoit le statut de République fédérée dans la Constitution soviétique de 1936. C'est le peuple de cette République qui proclame son indépendance, le 21 septembre 1991, par un référendum ratifié par le Parlement arménien. Son territoire, après les amputations résultant notamment des négociations des années 1920 entre le pouvoir soviétique et la Turquie de Mustapha Kemal, est réduit à environ 29 800 km² [2] : c'est l'état actuel des choses.

Le Haut-Karabakh, historiquement peuplé d'une large majorité de population arménienne (95 % en 1920) ne fait pas partie de la République socialiste soviétique d'Arménie, mais, malgré les vives contestations des Arméniens, est rattaché à l'Azerbaïdjan, le 5 juillet 1921, par une décision du Bureau caucasien du Parti communiste de l'Union soviétique ; en 1923, il est constitué en territoire autonome. Sa superficie est d'environ 4 400 km².

Partout en URSS, la ligne officielle du pouvoir soviétique est de considérer les nationalités comme des survivances appelées à disparaître avec le développement de la société socialiste : leur reconnaissance à titre temporaire s'accompagne d'une politique de division entre nationalités et de dépérissement progressif des ensembles nationaux homogènes.

Les revendications actuelles de l'Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh, qui forment le contenu de l'interprétation azérie du principe d'intégrité territoriale, ne paraissent donc pas pouvoir s'appuyer sur une possession paisible, incontestable et durable. Elles correspondent à la consécration dans l'ordre international d'une situation créée de toutes pièces par l'arbitraire intéressé d'un système politique – le système soviétique – qui a aujourd'hui disparu.

Formant de fait une communauté historique et culturelle, l'Arménie et le Haut-Karabakh ont trouvé dans la période qui a abouti à la recomposition post-soviétique un nouveau ciment à leur solidarité. C'est en effet la révolte du Comité Karabakh, expression du soutien à la volonté d'autodétermination de la population de cette région qui a entraîné par une réaction en chaîne le réveil des aspirations nationales dans le Caucase du Sud puis, d'une certaine manière, dans le reste de l'empire soviétique.

Dans la situation incertaine qui a suivi l'effondrement du bloc soviétique, la population du Haut-Karabakh a conquis entre 1992 et 1994, dans une guerre qui lui a été imposée, son indépendance à l'égard de l'Azerbaïdjan au prix de combats difficiles et coûteux en vies humaines dont, comme la délégation a pu le constater lors de son séjour à Stepanakert, le souvenir et les marques restent vifs dans les cœurs. Le conflit a entraîné d'importants exodes de population dans les deux sens : au cours de la rencontre de la délégation avec les organisations non gouvernementales, un intervenant a exprimé le souhait que l'on n'oublie pas, dans l'évocation de ces situations humainement dramatiques, le sort des réfugiés d'origine arménienne venus d'Azerbaïdjan.

Un cessez-le-feu est intervenu en mai 1994. C'est sous ce régime de fait que le Haut-Karabakh et l'Azerbaïdjan vivent depuis lors. Notre délégation avait lu des informations faisant état d'une certaine intensification de la tension sur la ligne de contact entre les forces adverses. Nous avons, bien entendu, cherché à vérifier sur place ce qu'il en était. Il nous a été répondu qu'en fait aucune évolution marquante sur une période significative n'était à noter : toutefois, a-t-on ajouté, la période des récoltes est mise à profit par les forces azéries pour perpétrer des agressions contre les paysans travaillant leurs terres en zone frontalière ou pour endommager leur production, quitte pour Bakou à affirmer ensuite que « des Arméniens » [autrement dit les paysans précités] avaient porté préjudice au « territoire azerbaïdjanais » [autrement dit les champs incendiés].

D'une manière générale, tant au Karabakh qu'en Arménie, nos interlocuteurs ont souligné l'intensification de la rhétorique belliciste de l'Azerbaïdjan, qui va de pair avec un accroissement de l'effort militaire de ce pays en violation, nous a-t-il été précisé, des engagements internationaux de limitation des armements conventionnels qu'il a souscrits. Notre attention a été appelée sur le fait que de hauts responsables politiques azéris avaient déclaré que ce langage ne cesserait pas d'être employé jusqu'au règlement définitif du conflit (dans des conditions, on peut l'imaginer, que Bakou jugerait favorables à ses intérêts). Nous ne pouvons que constater la réalité de telles déclarations ; nous ne sommes pas persuadés que l'emploi, assumé en pleine et publique conscience, de métaphores guerrières soit la meilleure manière de négocier. Quelques jours après le départ de la délégation, l'incident de frontière survenu dans la région de Martakert, qui a causé la mort de cinq soldats des forces de défense du Karabakh – et d'un Azerbaïdjanais donnait à ces métaphores une portée dramatique.

Le Haut Karabakh, une société civile, une réalité politique et institutionnelle

Une société civile dynamique malgré les difficultés

Il est d'expérience commune que l'ignorance engendre, partout et toujours, la peur de l'inconnu. Les membres de la délégation ont eu l'occasion de le dire au cours de leur séjour : à plusieurs reprises, des amis pourtant bien intentionnés à leur égard avaient cru devoir les mettre en garde contre les dangers qu'encourraient les personnes visitant le Haut-Karabakh. Nous avons le devoir de rectifier cette fausse image. Les rues de Stepanakert connaissent l'animation habituelle d'une ville moyenne dans cette région du monde, avec – pendant la saison clémente – la présence traditionnelle d'une population nombreuse et paisible dans les rues et les cafés. Nous n'avons été inquiétés à aucun moment lorsque nous nous promenions individuellement dans les rues et, pour reprendre l'image employée par l'un d'entre nous, nous ne nous sommes pas rendus au Karabakh en véhicule blindé, mais en minibus de tourisme.

Notre visite au village de Khatchen nous a permis de constater les effets bénéfiques de l'action de solidarité conduite par SPFA, comme par d'autres organisations, dans les campagnes du Karabakh. Nous avons pu vérifier en particulier combien une aide préparée avec rigueur en France, dont l'emploi est assuré dans un climat de coopération et de transparence, peut apporter une amélioration durable dans les conditions de vie collective des populations.

Cependant il est clair que l'instabilité de la situation politique ne facilite pas le développement de l'économie du Karabakh. Comme l'attestent les panneaux plantés le long de la route qui conduit de Goris à Stepanakert, les transferts financiers d'organisations comme le Fonds arménien ou de personnalités de la diaspora sont une ressource essentielle de la République ; la contribution de la République d'Arménie en est une autre. Tant que le conflit et le blocus dureront, la RHK aura du mal à assurer pleinement son développement économique et à faire valoir les ressources productives dont elle dispose : ressources minières ou encore produits agricoles. Le conflit a en quelque sorte cristallisé la situation du Haut-Karabakh dans l'appareil de production tel qu'il était défini par la planification soviétique. Le développement du tourisme, auquel la splendeur des montagnes surplombant Stepanakert pourrait donner un réel essor, reste encore limité pour la même raison. Nos interlocuteurs disent placer de grands espoirs dans l'ouverture prochaine de la liaison aérienne Erevan-Stepanakert, prévue pour l'automne prochain. Un facteur conjoncturel a en outre joué négativement : la crise économique, qui a durement frappé l'économie arménienne, n'a pas épargné celle du Haut-Karabakh. Les signes de reprise que l'on nous a laissé espérer à Erevan sur la base de l'observation de la conjoncture économique la plus récente devraient trouver, sauf évènement imprévu, leurs correspondants au Karabakh.

La construction à Stepanakert d'un nouvel hôpital, dont les lignes modernes forment un contraste saisissant avec le bâtiment délabré – et pourtant encore en service – datant de l'ère soviétique – est un signe positif, même si le triple handicap de la distance, de la démographie et du coût est une source de difficultés pour le développement sur place d'une offre de soins convenable. La délégation a été également frappée par le dynamisme intellectuel de la population, et notamment de sa jeunesse, que symbolise l'existence à Stepanakert d'un enseignement supérieur développé ; elle s'en est réjouie mais a en même temps déploré, en plein accord avec ses hôtes, les conséquences négatives de l'insuffisance de l'enseignement professionnel dans un pays qui a besoin pour son développement futur d'ouvriers et de techniciens de qualité.

Une vie institutionnelle effective

Face à une menace d'agression permanente, la population du Haut-Karabakh fait preuve, comme on nous l'a représenté, d'une volonté persévérante d'organiser la société, et notamment ses institutions politiques, d'une manière qui la consolide toujours davantage. Les responsables politiques de la République montrent dans leurs propos une conscience claire de la nécessité de construire une vie institutionnelle démocratique correspondant aux normes internationales généralement admises.

Séjournant à Stepanakert au moment précis où se réunissaient pour la première fois les 33 députés de la nouvelle Assemblée nationale, nous avons pu vérifier, en assistant à la séance inaugurale, que les éléments traditionnels de la procédure parlementaire que nous connaissons en France avaient été respectés : ouverture des travaux par le doyen d'âge, appel des candidatures et vote au scrutin secret dans les couloirs avoisinant l'hémicycle [3].
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Le président sortant, M. Achot Ghulian, seul candidat, a été réélu pour cinq ans par 28 voix pour, 4 voix contre et 1 bulletin blanc.

Nous avons recueilli quelques informations sur les élections qui ont abouti à la formation de cette nouvelle Assemblée. L'essentiel de la campagne électorale s'est déroulé, comme c'est encore en grande partie le cas en France, à travers les réunions tenues localement par les candidats. Sur 90 000 électeurs inscrits, 67 000 ont pris part au vote, soit 74 %. On nous a indiqué que de nombreux observateurs internationaux avaient assisté aux opérations électorales et en avaient estimé le déroulement globalement correct ; les défaillances éventuellement constatées feront l'objet, si besoin est, nous a-t-on indiqué, d'aménagements législatifs ou règlementaires.

Nos interlocuteurs ont marqué une certaine déception devant l'attitude d'instances internationales qui, tout en estimant ne pas pouvoir désigner d'observateurs aux élections législatives en raison de l'incertitude qui grève le statut du Haut-Karabakh, se sont autorisées à en critiquer soit le principe, soit les modalités ; comme eux, nous voyons là une contradiction manifeste. Il n'est pas davantage réaliste d'asseoir la définition d'une ligne sur la négation pure et simple du fait politique que constitue l'organisation paisible, dans des conditions convenables, d'une consultation électorale : en effet, il nous paraît incontestable que cette consultation est l'expression de l'opinion collective d'une communauté clairement définie et constituée, pourvue des autorités politiques que sont le Président de la République, le Premier ministre et son gouvernement et l'Assemblée nationale.

Enjeux et difficultés d'une négociation complexe

La réalité collective du Haut-Karabakh et de sa société politique constituée en République indépendante apparaît incontestable dans l'ordre des faits. Il est tout aussi incontestable qu'à l'heure actuelle, cette réalité n'a pas reçu la consécration du droit international.

Notre voyage nous a fait apparaître plus clairement les raisons de ce paradoxe : elles tiennent à une situation de négociation perpétuellement inaboutie dans le cadre de ce qu'il est convenu d'appeler le groupe de Minsk.

Le groupe de Minsk, auquel il a été fait de fréquentes allusions dans toutes nos rencontres, est une instance ad hoc de onze pays constituée dans le cadre de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe afin de préparer les bases d'une négociation sur le conflit du Haut-Karabakh. Sa présidence est conjointement assurée par les Etats-Unis, la France et la Russie. C'est dans ce cadre qu'ont été notamment définis, en 2007, les principes dits de Madrid : intégrité territoriale, autodétermination, non-recours à la force qui devraient servir d'ossature au règlement à intervenir, étant précisé que ces principes ont une égale valeur.

Cependant, nos entretiens nous ont fait constater une double difficulté de méthode :

- la première est le refus opposé par l'Azerbaïdjan à la participation directe de la République du Haut-Karabakh aux négociations. Nos interlocuteurs ont noté avec une satisfaction compréhensible une certaine évolution du groupe de Minsk et de ses co-présidents en faveur de cette participation. Nous espérons nous aussi une telle évolution, et nous avouons ne pas comprendre le refus de l'Azerbaïdjan de discuter avec les représentants d'une population dont il est contraire au bon sens de nier l'existence et les aspirations ;

- la seconde, qui n'est pas sans précédent dans les négociations internationales, est la divergence des interprétations données par les parties aux principes auxquels elles ont officiellement souscrit. Il est clair que la compréhension par l'Azerbaïdjan du principe de l'intégrité territoriale comme l'équivalent du statu quo territorial ne coïncide pas avec l'interprétation de la partie arménienne et du Haut-Karabakh, telle qu'elle ressort des déclarations officielles de ces derniers, lesquelles, en retour, ne donnent pas à l'autodétermination le même poids relatif que Bakou dans l'ensemble des trois principes formulés à Madrid.

En écoutant nos hôtes, nous avons relevé à plusieurs reprises l'espoir qu'ils mettaient dans une plus grande volonté de la France de peser pour que soient adoptés dans les négociations actuellement bloquées des schémas de pensée habituellement reçus dans la vie politique et diplomatique européenne. Nous en avons trouvé l'expression la plus symbolique dans cette affirmation, selon laquelle l'Union européenne s'étend jusqu'à la limite de l'endroit où elle est désirée. Les modalités de règlement du statut du Kosovo ont été également mentionnées comme un précédent utile.

La revendication d'un statut d'Etat pour la République du Haut-Karabakh nous a été présentée comme un compromis entre le maintien du territoire dans la souveraineté de l'Azerbaïdjan, qui nous paraît manifestement impossible à envisager, et l'intégration pure et simple dans l'Arménie, qui a été historiquement la première revendication du Karabakh mais qui, nous a-t-on dit, ne recueillerait pas l'assentiment de la communauté internationale. Nous estimons, compte tenu de ce que nous avons observé au cours de notre séjour, que ce compromis n'est pas dépourvu de réalisme, surtout si nous considérons le sacrifice qu'il représente, de notre point de vue, pour les principaux intéressés.

Les relations entre l'Arménie et la Turquie

Nous avons souhaité saisir l'occasion de notre séjour pour nous informer de l'état des relations entre l'Arménie et la Turquie après la signature, non suivie de ratification, des protocoles bilatéraux.

Nous avons tout d'abord constaté un accord entre les autorités arméniennes et celles du Haut-Karabakh pour dénier l'existence de tout lien entre le développement de cette négociation et l'état d'avancement des pourparlers sur le Haut-Karabakh conduits dans le cadre du groupe de Minsk. Indépendamment de cela, les autorités du Haut-Karabakh ont logiquement salué l'initiative qui a conduit à ces accords comme une contribution à l'établissement d'un climat de paix dans la région. C'est d'ailleurs ainsi qu'ils ont été perçus, nous devons le rappeler, par l'opinion française.

Nous avons également constaté lors de nos entretiens à Erevan que les perspectives d'un redémarrage du processus postérieur à la signature, vers la ratification, n'étaient pas – à cette date – largement ouvertes. Les autorités arméniennes se sont attachées à décrire longuement les évènements qui ont jalonné, depuis l'origine, le processus de reprise de contact entre l'Arménie et la Turquie ; elles ont souligné les difficultés que comporte la négociation avec un partenaire qui est toujours susceptible de revenir sur des points antérieurement négociés et que l'on croyait acquis. Nous déplorons aussi les comportements contradictoires (réapparition de préalables qui avaient été écartés dans les phases précédentes des conversations) qui se sont manifestés au moment même où intervenait la signature des accords..

Nous voudrions croire, en particulier, à la consistance des signes encourageants relevés par ceux d'entre nous qui suivent plus attentivement la vie politique turque, en direction d'une plus grande lucidité à l'égard du génocide arménien.

Conclusion : un appel à la paix de la raison

Alors que revenait dans nos échanges le constat matériel de l'inégalité des situations entre les Etats de la région du Caucase du Sud, le président Bako Sahakian faisait observer avec raison que l'animation de la vie internationale au cours de l'histoire n'avait jamais été réservée aux très grandes puissances.

Nous voudrions partir de ce constat sur lequel il est facile de s'entendre pour exprimer, à l'issue de notre séjour, notre espoir de voir prévaloir, dans le Caucase du Sud, la paix de la raison.

La simple lecture de l'histoire permet de constater que le rattachement du Haut-Karabakh à l'Azerbaïdjan, à une époque où la réalité politique de l'Azerbaïdjan était tout entière enclose dans le système soviétique, relève d'une décision politique, dictée par des considérations sans aucun lien avec le droit des peuples.

Les dirigeants actuels de l'Azerbaïdjan pourraient donc, sans encourir – au contraire – aucun jugement négatif ou dépréciateur – renoncer à une attribution indue et qui, compte tenu de l'état d'esprit de la population du Haut-Karabakh, ne serait pas pour l'Etat azéri une source de quiétude.

Il nous semble qu'en consentant à un tel geste, ils acquerraient aux yeux de la communauté internationale un avantage d'estime qui n'est jamais uniquement source de bénéfices moraux.

Nous considérons pour notre part qu'ainsi envisagée sans aucun esprit de vindicte ou de supériorité, mais seulement au nom de la raison et du bon sens, la reconnaissance internationale du statut de la République du Haut-Karabakh, tout en procurant à sa population la stabilité et la tranquillité auxquelles elle a droit, serait un exemple précieux de victoire de l'esprit de paix et permettrait en outre le développement d'actions de coopération économique dans l'intérêt bien compris de tous les Etats de la région.

Promouvoir la paix, c'est promouvoir le bien le plus précieux de l'Homme et le fondement de tous ses droits.




[1] La délégation comprenait MM. François Rochebloine, Richard Mallié, René Rouquet, Mme Arlette Grosskost, M. Michel Diefenbacher et Mme Pascale Crozon

[2] A titre de comparaison, la superficie de la Bretagne administrative (hors Loire-Atlantique) est de 27 500 km².

[3] L'archevêque de Chouchi, Mgr Parguev Martirossian, et le président de la République, M. Bako Sahakian, ont pris la parole au cours de la séance inaugurale, pour exhorter, chacun dans son registre, les membres de l'Assemblée nationale à accomplir leur devoir patriotique de représentants du peuple.


Karabakh : L'Azerbaïdjan se prépare à présenter une nouvelle résolution devant l'ONU

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Une fois n'est pas coutume, Bakou essaie par tous les moyens d'élargir le nombre d'intervenant sur le dossier Karabakh, en y mêlant les organisations internationales et de préférence celles comprenant les pays islamiques.

Tant que les résolutions restent au niveau de l'Assemblée générale de l'ONU, la contrainte reste avant tout incitative. Celles prises par le Conseil de Sécurité sont en principe plus contraignantes, voire exécutoires militairement. Encore faut-il que les grandes puissances qui en sont les membres permanents ne posent leur véto. Le Haut-Karabakh ne rentre pas dans ce schéma.

Le rejet systématique par l'Azerbaïdjan du droit à l'autodétermination des peuples reste le principal obstacle à un début de résolution du conflit ; droit que l'ONU vient récemment de réaffirmer que la CIJ a considérée comme légale pour le Kosovo.

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Le 29 août, le Président Serge Sarkissian accompagné du Président de la RHK, Bako Sahakian, de Haut-fonctionnaires ainsi que du directeur exécutif du Fonds Hayastan, a visité le nouveau bâtiment de l'école n°11 de Stepanakert et le nouveau Centre pour les jeunes.


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Le Président Sarkissian a aussi répondu à une question posée par un enseignant ayant trait aux tentatives de l'Azerbaïdjan de modifier le format actuel des négociations de paix et d'exploiter la question devant l'ONU et d'autres instances internationales.

Question : Combien de temps l'Azerbaïdjan va poursuivre dans cette voie ? Ne comprennent-ils pas que nous sommes une république indépendante et qu'ils n'ont rien à voir avec nous ?

S. Sarkissian – "J'aurai souhaité poser cette question à Aliev. Je ne suis pas responsable de la politique de l'Azerbaïdjan, mais de celle de l'Arménie et, dans une certaine mesure, des politiques mises en œuvre dans les différents secteurs de notre nation. D'autre part, je suis surpris que vous soyez déconcerté par les actions de l'Azerbaïdjan et que vous vous en inquiétiez, du moins dans le cadre de votre activité.

De façon plus pratique - oui, il y a des informations indiquant que lors de l'Assemblée générale des Nations Unies, probablement vers le 9 Septembre, les Azéris présenteront un projet de résolution. L'adoption ou la non-adoption de cette résolution n'aura pas d'impact significatif sur la vie politique ou économique de l'Arménie ou de l'Artsakh, pas plus que dans le domaine de sa sécurité. Des dizaines de pays vont probablement voter pour la résolution, principalement celles qui figurent traditionnellement aux côtés de l'Azerbaïdjan, à savoir les membres de la Conférence islamique. Toutefois, je suis sûr que les pays qui souhaitent que la question soit résolue par la voie de négociations pacifiques, voteront contre la résolution ou, tout du moins, s'abstiendront ; parce qu'ils sont conscients que l'adoption de telles résolutions ne peut pas avoir une influence positive sur le processus de négociations. Je pense plus spécialement aux trois grandes puissances qui coprésident le groupe de Minsk de l'OSCE.

C'est un côté de la question. Deuxièmement, je crois que tout le monde comprend que l'Azerbaïdjan commet encore une erreur, et nous utiliserons cette erreur à nos propres fins. Nous allons certainement prendre des mesures qui nous rapprocheront de nos objectifs.

Concernant plus particulièrement nos activités, nous devons travailler à convaincre non seulement l'Azerbaïdjan, mais aussi les autres pays qu'un retour du Haut-Karabakh sous juridiction azerbaïdjanaise est exclu, que l'Artsakh est un État à part entière, même s'il est minuscule et plein de problèmes, et que cet État continuera à se développer.

Vous enseigner aux enfants qu'il y a quatre saisons par an et que personne ne peut en intervertir l'ordre. De même, notre parcours est immuable. Nous allons continuer. Pour en revenir à la question initiale : Vous continuez la lutte - sur votre terrain à vous, nous - sur le notre, et les troupes - sur le leur. Si nous réussissons chacun dans notre domaine, nous serons en mesure d'affirmer que nos problèmes ont diminué."

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Le document préparé par Bakou défend le droit des Azerbaïdjanais ‘expulsés' du Haut-Karabakh et des territoires sous contrôle arménien qui l'entourent, à retourner dans leurs foyers. Il engage également l'OSCE à envoyer une mission d'enquête dans la zone de conflit pour enquêter sur le respect du ‘droit international humanitaire'.

L'Assemblée générale avait déjà adopté une résolution similaire en Mars 2008. Elle était soutenue par 39 pays, pour la plupart affiliés à l'Organisation de la Conférence islamique. Les États-Unis, la Russie et la France, coprésidents du processus de paix du Karabakh, avaient voté contre.

Le ministère arménien des Affaires étrangères a prévenu la semaine dernière qu'une mesure pro-azérie causerait un ‘grave dommage' aux efforts internationaux pour mettre fin au conflit du Karabakh. Il a déclaré qu'Erevan continue de croire qu'aucun des organismes internationaux à l'exception du Groupe de Minsk de l'OSCE, ne doit s'impliquer dans la résolution du conflit.

En attendant, les partis d'opposition sont bien plus inquiets par l'initiative azerbaïdjanaise. Ainsi, lundi, Hovannes Igitian, de la direction du Congrès National Arménien (HAK), a considéré cela comme ‘dangereux' et a critiqué ‘la passivité du gouvernement arménien'. "Nous oublions que l'ONU est un organe qui peut imposer des sanctions aux pays," a-t-il dit aux journalistes.

De même, le responsable de la politique étrangère de la FRA-Dachnaktsoutioun, Giro Manoyan, a déclaré : "L'Azerbaïdjan pourrait se laisser emporter par ces résolutions et je pense que la communauté internationale serait d'accord avec cette politique et pourrait appuyer les menaces d'actions militaires."

De son côté, le chef de file du parti Jarankoutioun (Héritage), Stépan Safarian, a déclaré : "L'Azerbaïdjan essaie peut-être de légitimer une guerre qu'il menace de déclencher depuis longtemps." Comme Manoyan, il a soutenu que la nouvelle résolution de l'ONU compliquera davantage le règlement du conflit.

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Extraits de la Radio Publique d'Arménie, du site présidentiel arménien et de Armenialiberty



lundi 30 août 2010

Sergueï Lavrov et le conflit du Haut-Karabakh

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

On reconnaît là le langage diplomatique dans toute sa splendeur, c'est-à-dire l'art de positiver ce qui n'a pas grand intérêt et éviter de parler de ce qui fâche.

Toute la problématique, depuis quinze ans que durent les négociations de paix, repose sur le fait que malgré sa défaite sur le terrain, Bakou ne veut rien changer à sa position : Le Haut-Karabakh fait partie intégrante de l'Azerbaïdjan, et il n'est pas question de perdre un pouce du territoire.

L'arrivée de la manne pétrolière et des gros projets gaziers dans l'escarcelle du clan Aliev, n'ont fait qu'aggraver la question, pensant que l'argent pouvait résoudre tous les problèmes.

Aux diplomates à leur faire comprendre que cette intransigeance ne peut conduire qu'à une impasse et finalement apporter de grosses nuisances. Sur un plan économique, Bakou a beaucoup plus à perdre que Erevan.

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"Le travail sur les principes dits de base, a donné des résultats en termes de formulation qui, à ce stade, ne peut se permettre de fixer le consentement des parties. Cela ne signifie pas que tout sera résolu dès l'achèvement des travaux sur les principes de base. Après l'acceptation des principes de base, il sera nécessaire d'élaborer un document juridique - un Accord de paix -, ce qui nécessitera de rentrer beaucoup plus dans les détails. Néanmoins, un premier accord sur les principes de base, en tant que document politique, serait déjà d'une grande importance," a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans une interview avec les médias azéris.

Selon le ministre, on n'est pas encore parvenu à un accord sur tous les points des principes de base, mais les parties ont presque atteint une formule de compromis sur une grande partie du texte.

"Nous avons eu une proposition très simple : 1- se fixer deux ou trois points, qui ne seront pas encore soumis à l'agreement d'une formulation, afin de poursuivre les discussions ; 2- enregistrer clairement qu'il n'y aura pas d'accord définitif, sans ces deux questions. A ce stade des négociations, cela permettrait de fixer les progrès réalisés sur une partie significative du document et dans le même temps, et montrer que certaines questions restent encore en suspend, qu'il y a deux ou trois problèmes concrets, qui nécessiteront de nouveaux efforts, mais au moins nous aurons consolidé ce qui a été accompli jusqu'à présent. Les coprésidents nous ont soutenus dans cette démarche."

Selon le chef de la diplomatie russe, approuver les principes de base, hormis les 2 ou 3 points de discordes, donnerait un signal politique important. Signal qui est attendu par la communauté internationale, montrant que les dirigeants de l'Arménie et l'Azerbaïdjan, visent clairement à résoudre ce conflit et qu'ils ont le désir de le faire d'une manière pacifique. Ce qui a été mentionné de nombreuses fois par les coprésidents, et qui est stipulé dans la déclaration dite de Meiendorf, signée par les Présidents russe, arménien et azerbaïdjanais.

En ce qui concerne le protocole signé à Erevan sur la prolongation de la présence de bases militaires russes en Arménie, il a juste indiqué que cela prolongeait l'accord sur la présence des bases militaires russes en Arménie de 49 ans et rien de plus.

"Cet accord ne modifie ni la fonction de la base militaire, ni le nombre de militaires présents sur cette base, pas plus que l'armement de la base. L'objectif principal de la base militaire est de garantir les intérêts de la Fédération de Russie. Cet objectif a été fixé avant l'installation de la base de Gumri, c'est-à-dire au moment où l'accord a été signé. Cet objectif reste le même pour les 49 prochaines années," a-t-il conclu.

Radio Publique d'Arménie



Sergey Lavrov and Karabakh conflict

“The work over the so- called basic principles, yielded some results in terms of finding a formulation that at this stage can afford to fix the parties' consent. That does not mean that all will be resolved upon the completion of work on the basic principles,' Russian Foreign Minister Sergey Lavrov told in an interview with Azeri journalist about the present stage of Karabakh conflict solution.
Serguei-Lavrov8_medium

“ After the basic principles, it will be necessary to develop a juridical document - a peace agreement, which will require much greater penetration into the details. Nevertheless, the basic principles, as a political document, would be of great importance,” he mentioned.

According to Lavrov, they could not achieve agreement on every point with regards to the draft basic principles yet, but they have almost reached a compromise formulation on a significant part of the text.

“We had a very simple proposal - to fix two or three questions, which are not yet subject to the agreed formulation, for further discussions. To record clearly that there will be no final agreement without these two questions. At this stage, it would allow fixing the progress that has been made over the significant part of the text and at the same time, to show that still some questions are left, there are two to three concrete problems, which require further efforts, and to consolidate what has been achieved so far. The co-chairs have supported us in this regard,” he said.

According to the Russian Foreign Minister, approving the basic principles with 2-3 uncoordinated milestones would give an important political signal, which is awaited in the international community, in Europe, that the leaders of Armenia and Azerbaijan clearly aim to resolve this conflict and they clearly aim at a peaceful settlement, which was mentioned by the co-chairs many times, stipulated in the so-called Meiendorf declaration signed by the presidents of Russia, Armenia and Azerbaijan.

Coming to the protocol signed in Yerevan about the prolongation of the Russian Military base presence in Armenia, he noted that it extends the agreement on the presence of Russian military bases in Armenia by 49 years and nothing more.

“It does not change either the function of the military base, which Russia has in Armenia, or the number of the servicemen at this base, or the number of arms at the base. The main purpose of Russian military base is to ensure the interests of the Russian Federation. This goal was set before the Russian military base when the agreement was signed. This goal does not change with the extension of the agreement into the next 49 years,” he concluded.

Public Radio of Armenia



dimanche 29 août 2010

L'accord russo-arménien et l'Azerbaïdjan

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Avec la prolongation du bail de la base militaire russe de Gumri et le renforcement des accords de défense de l'Arménie, et même si Moscou n'interviendra pas directement en cas de conflit, cela va donner à réfléchir aux faucons de Bakou.

Si malgré cet accord, Aliev décidait de lancer ses troupes à l'assaut du Karabakh, il aurait contre lui non seulement la communauté internationale mais également son fidèle alliée, la Turquie. Ankara, qui compte-tenu de la situation régionale ne peut pas se permettre de lancer ses troupes dans la bataille, vu qu'il trouverait en face de lui l'armée russe, et de plus, il est peu probable que l'OTAN laisse faire. Aussi, dans ce contexte une victoire de l'Azerbaïdjan serait loin d'être acquise.

Reste la voie prônée par tout le monde : des négociations pacifiques à partir des propositions faites par les médiateurs, y compris celles portant sur le droit à l'autodétermination des peuples.

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** David Jamalian - Gagik Haroutiounian **


David-Jamalian—Gagik-Harou
Les accords russo-arméniens ont donné lieu à de multiples analyses de la part des les experts. Le psychologue David Jamalian et le Président de la Fondation "Noravank", Gagik Haroutiounian, sont arrivés à la conclusion que la société azerbaïdjanaise est sceptique quant à la politique étrangère de leur pays. Pour eux, suite aux récents développements, il sera difficile pour les autorités azerbaïdjanaises de persuader leurs citoyens qu'il est possible de gagner la guerre contre le Karabakh.

"Plusieurs signes indiquent que la politique étrangère de l'Azerbaïdjan donne une image dégradée : Tout d'abord, la situation est mauvaise sur l'axe Azerbaïdjan-Iran, des frictions se font jour de plus en plus souvent, deuxièmement, les relations avec la Russie malgré les énormes accords énergétiques qui ont été signés, sont occultées par celles entre Moscou et Erevan, y compris les récents accords avec Ankara. D'après les médias arméniens, on peut dire que l'image de la Russie dans notre pays n'est pas totalement et clairement perçue," a déclaré Gagik Haroutiounian et d'ajouter que, les médias attendent en silence la visite de Medvedev en Azerbaïdjan.

Selon David Jamalian, la campagne menée par l'Azerbaïdjan a été brisée lorsqu'ils ont essayé de présenter l'Arménie comme un ennemi facile à battre. "Les thèses mettant en avant une économie forte, un budget militaire énorme et nombre d'avantages quantitatifs, ne portent plus."

Les experts pensent que les risques d'une nouvelle guerre diminuent. "Les Etats-Unis ne peuvent pas être contre ces événements, il semblerait qu'il y ait un accord entre les Etats-Unis et la Russie sur une certaine tolérance dans la région. L'Occident ne regarde pas d'un bon œil l'étroite coopération turco-azerbaïdjanaise, dans un contexte de relations Turquie-Israël dégradées. Aussi, la coopération russo-arménienne, où les deux parties trouvent leurs intérêts et s'en contentent, permet un travail ‘d'égal à égal'."

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** Lévon Chirinian **


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"Les développements de ces deux dernières années et les mesures prises par la Russie montrent que notre partenaire du Nord est redevenu actif," a déclaré le politologue Lévon Chirinian lors d'une conférence de presse.

Selon l'expert, le niveau d'activité de la Russie est indépendant, objectif et ne relève pas de la volonté des autres États. "Cette activité, les États-Unis l'acceptent tant qu'elle se déroule à l'amiable."

"Historiquement, la Russie devient active en entrant en Arménie et passive en la quittant. La Russie revient sur notre territoire pour la deuxième fois. Si fin 1920, cette venue s'est faite contre l'Arménie, aujourd'hui elle se fait pour l'aider. Le nouvel accord militaire avec la Russie augmente la sécurité de l'Arménie en tant qu'Etat," a souligné le politologue.

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** Gagik Melikian **


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"Cet accord arméno-russe devrait faire taire les annonces guerrières des dirigeants azerbaidjanais," a déclaré le Vice-président du parti Républicain, Gagik Melikian, lors d'une conférence de presse.

La Turquie n'a pas cédé à la pression internationale. L'initiative de Serge Sarkissian s'est confrontée aux annonces guerrières de l'alliance turco-azerbaïdjanaises. Selon Gagik Melikian, la communauté internationale s'est du rendre à l'évidence que ce couple n'était pas prêt à établir des relations sans conditions préalables. "Auparavant, les gens ne nous croyaient pas, mais ils ont été finalement convaincus, et la suspension de l'accord par l'Arménie a été jugée de façon positive."

"Les accords russo-arméniens ont été bénéfiques pour les deux parties. La Russie maintient sa présence dans le Sud-Caucase pour un long laps de temps, et l'Arménie assure sa sécurité pour le même laps de temps. Les spéculations autour de cette question sont menées par deux Etats distincts, qui ne veulent pas que la Russie consolide son pouvoir dans le Sud-Caucase. Je ne crois pas que la Russie garantira pleinement la sécurité de l'Arménie. Je suis sûr que nous devrons assurer par nous-mêmes la sécurité de l'Arménie et du Haut-Karabakh, mais avec l'aide de la Russie, ce sera plus facile," a-t-il souligné.

Concernant le Haut-Karabakh, il a ajouté : "Bien que la Russie ne se soit pas engagée à protéger les frontières du Karabakh, elle s'est engagée à assurer la sécurité de l'Arménie par la fourniture d'équipements militaires et techniques, ce qui nous permettra de protéger les frontières des deux États arméniens.

Selon lui, après la signature des documents arméno-russes, les annonces guerrières contre l'Arménie se sont tues, ce qui n'empêche pas des préparations militaires en secret. Toutefois, il pense que le risque de guerre reste faible.

"La Russie est un facteur important pour assurer l'équilibre et la stabilité dans la région. L'autre facteur étant la stabilité des relations Iran-États-Unis. L'exploitation de la centrale nucléaire iranienne de Bouchehr et la construction d'une nouvelle centrale nucléaire en Arménie assureront l'équilibre dans la région," a-t-il conclu.

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** Mark Toner **


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"Les États-Unis comptent maintenir des relations ‘fortes' avec l'Arménie, même après la signature du nouvel accord de défense russo-arménien potentiellement de grande envergure. Le statut de la base militaire russe de Gumri est une affaire entre la Russie et l'Arménie. Nous considérons cela comme une question bilatérale entre ces deux pays," a déclaré Mark Toner, un porte-parole du département d'Etat américain, commentant l'accord de défense russo-arménien.

"De toute évidence, les États-Unis bénéficie d'un partenariat solide avec l'Arménie. Nous avons tout lieu de croire que cela va continuer. Les Etats-Unis et l'Arménie sont d'étroits partenaires de coopération, et notre pays espère renforcer cette coopération," a-t-il poursuivi.

Interrogé sur le malaise apparent de l'Azerbaïdjan concernant le pacte russo-arménien, Toner a félicité Moscou pour son "rôle constructif" dans l'effort international de longue haleine sur la négociation d'une solution au conflit du Haut-Karabakh.

Les dirigeants arméniens se sont empressés de saluer la réaction des États-Unis face au renforcement de l'alliance militaire russo-arménienne. Ainsi, le porte-parole du Parti Républicain (majorité), Edouard Charmazanov, a déclaré dans un communiqué : "Cela signifie que les Etats-Unis réagissent positivement à la politique étrangère du Président Serge Sarkissian, et que cela souligne leur volonté d'assurer la continuité dans l'établissement de relations plus étroites avec l'Arménie. Désir exprimé récemment lors de la visite en Arménie de Mme Hillary Clinton."

Charmazanov a également souligné l'importance que donnait le Département d'Etat au rôle de Moscou dans le processus de paix du Karabakh. Il a interprété cela comme une preuve supplémentaire que les propositions de paix faites par le président russe Dmitri Medvedev à ses homologues arménien et azerbaïdjanais, ont été rédigées par les trois coprésidents du Groupe de Minsk. Propositions acceptées par Erevan mais rejetées par Bakou.

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Extraits de la Radio Publique d'Arménie et de Armenialiberty



vendredi 27 août 2010

Le Haut-Karabakh et l'accord russo-arménien

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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

Hasard du calendrier ou pas, l'accord militaire russo-arménien coïncide avec l'accord militaire turco-azéri. Certes la Turquie ne dispose d'une base officielle en Azerbaïdjan comme la Russie en Arménie, mais dispose de ‘conseillers' en nombre sur le sol azéri et notamment au Nakhitchevan, dont elle a officiellement un droit de regard depuis 1921 de par le traité de Moscou.

Quoiqu'en disent certains et malgré la présence des Occidentaux ou les velléités de la Turquie, le maître du jeu dans le Sud-Caucase reste la Russie. D'ailleurs la vente de batteries anti-missiles S-300 à Bakou concomitant à la signature de l'accord militaire avec Erevan n'est pas fortuite, histoire de préserver un semblant d'équilibre. Cela permet à Moscou avoir toujours les deux Présidents à sa table des négociations.

Quant à l'ouverture provisoire de la frontière arméno-turque, que ce soit pour l'office religieux qui sera célébré dans le musée/église de Sainte Croix sur l'île d'Akhtamar, ou dans le cadre des exercices de l'OTAN, là aussi certains ont pris leur désir pour réalité. Les dirigeants turcs se tuent à répéter depuis des années que rien ne se fera avant une percée dans le conflit du Karabakh, conforme aux attentes de Bakou. A quoi ça sert que Davutoglu se décarcasse ?

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** Igor Mouradian **


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Le politologue Igor Mouradian a fait part de ses observations au quotidien Lragir.

"La politique de ‘parité' se transforme en une politique de ‘priorités', laquelle ne limite pas à la fourniture d'armes et à résoudre des problèmes de gaz et de communications. De nouvelles surprises pour les hommes politiques arméniens sont à attendre. Bientôt, la Russie commencera le déploiement d'une ‘autonomie' concernant les activités du Groupe de Minsk, en vue de retourner le Haut-Karabakh à l'Azerbaïdjan.

Quoi qu'il en soit, nous pouvons dire la chose suivante : la clé pour résoudre le problème, tout en préservant le rôle et la place de l'Arménie dans la stratégie de la Russie, est de saper toutes les initiatives russes concernant le conflit du Karabakh. Il y a des risques que le plan russe pour la politique de ‘parité' soit un échec avant le début des initiatives de Moscou sur le problème du Karabakh. Dire que l'Azerbaïdjan deviendra un partenaire fiable de la Russie relève d'une méconnaissance des tenants et des aboutissants. Les Russes sont submergés par des doutes profonds sur leurs projets, ce qui peut être assimilé à un manque de confiance en eux. Il convient de noter que les visites de tous les présidents russes à Bakou ont été des échecs, ce qui était prévisible. La prochaine visite ne donnera pas plus les résultats escomptés. L'Azerbaïdjan actuel est tellement chapeauté par les Américains et les Britanniques, qu'il ne peut pas avoir une véritable relation stratégique avec la Turquie. Les règles en Azerbaïdjan ne sont celles d'une région pro-turque, et plus généralement, la société azérie n'a pas été gérée de manière pro-turque. Il y a d'autres orientations, d'autres stéréotypes, une certaine motivation. Il suffit pour le régime du ‘clan Aliev' de faire un faux pas, et il ne sera plus qu'un souvenir. Il est seulement possible d'être offensé, mais pas de résoudre," a déclaré Igor Mouradian.

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** Kaloust Sahakian **


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"Beaucoup se demandent si la Russie va intervenir dans le cas où l'Azerbaïdjan attaquerait le Karabakh ? Je ne voudrais pas que nos hommes politiques abordent ces questions avec des jugements primitifs. Le principal problème de la sécurité arménienne est le Karabakh. En d'autres termes, je ne pense pas que la partie russe, quand elle a entrepris le renouvellement de l'accord, ait ignoré cet aspect. En outre, cet accord est présenté par la partie russe d'un point de vue régional, l'idée principale est de dire non à la guerre", a déclaré le 25 août, le chef du groupe parlementaire républicain, Kaloust Sahakian.

Interrogé sur ce que la Russie fera en cas de guerre au Karabakh, le député a répondu : "c'est très hypothétique de dire quels genres de situations et/ou d'événements auront lieu en temps de guerre. Du point de vue politique, il faut combattre ceux qui proposent des solutions militaires aux conflits."

Selon lui, ce n'est pas la seule solution et notre sécurité est l'un des facteurs de la sécurité du Karabakh.

"A dire vrai, en disant sécurité de l'Arménie, je pense essentiellement Karabakh. Les Russes sont conscients de cela. Ils savent que le leitmotiv principal est le Karabakh sur lequel nous construisons notre politique internationale. En cas de guerre au Karabakh, si nous comptons sur nous-mêmes, non seulement les Russes, mais aussi d'autres nations nous aideront", a indiqué Kaloust Sahakian.

Question : "Si le problème de la RHK est résolu avant la fin de la période de 49 ans, les bases russes auront-elles toujours un sens ?"

"Les bases russes ont été créés ni pour la question de la RHK, ni pour l'Arménie. Elles l'ont été dans le processus de l'effondrement de l'URSS, et en tant que frontières de l'ancienne Union soviétique, ces bases ont été conservées en accord avec les autorités arméniennes de l'époque, et je pense que cela était ‘juste'."

Question : "Vous voulez dire que, même si elles ne sont plus nécessaires, elles resteront en place ?"

"Non, bien sûr, tout se décide d'après les circonstances, nous sommes entourés par de puissants ennemis ‘avec le visage de la Turquie'. Maintenant, nous n'avons pas besoin de défendre notre point de vue et dire que la question doit être résolue de manière pacifique, mais nous avons besoin que d'autres pays reconnaissent le Haut-Karabakh."

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** Ali Hassanov **


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Se rapportant aux rumeurs d'une ouverture éventuelle de la frontière dans le cadre des exercices de l'OTAN, le chef de cabinet du président azerbaïdjanais, Ali Hassanov, a déclaré à l'agence Trend : "L'ouverture de la frontière arméno-turque est contraire aux intérêts de l'Azerbaïdjan. Nous avons confiance dans les dirigeants turcs et nous pensons que la frontière ne sera pas ouverte tant que l'Arménie ne tiendra pas compte des conditions préalables."

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Lragir



lundi 23 août 2010

Conflit du Karabakh : Des analystes russes s'expriment

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Les principes de bases, proposés pour la première fois à Madrid le 29 Novembre 2007 par les médiateurs du groupe de Minsk de l'OSCE, repris dans l'Acte final d'Helsinki en Décembre 2008, puis à plusieurs reprises par les trois pays coprésidents le groupe de Minsk (Etats-Unis, Russie et France), en marge de réunions plénières du G8 ou ministérielles de l'OSCE, reposent sur trois principes fondamentaux :

- Le non-usage de la force ou de sa menace,

- L'intégrité territoriale,

- L'égalité de droits des peuples et d'autodétermination

Pour l'Azerbaïdjan, le plus important est le second. Le premier n'étant pas contraignant, aussi il n'en a pas cure. Quant au troisième, il ne veut pas en entendre parler, le Haut-Karabakh étant une partie intégrante du pays et donc non cessible. Pour Bakou, la seule chose négociable est le niveau d'autonomie du district ‘Haut-Karabakh'.

Pour l'Arménie, le plus important est celui dont Bakou ne veut pas, c'est-à-dire le troisième. Le premier principe est accepté et appliqué. Quant au second, il ne peut porter que sur les sept districts entourant le Haut-Karabakh dite ‘zone de sécurité', vue que la région autonome du Haut-Karabakh s'est détaché de la RSS d'Azerbaïdjan en 1990 conformément à la loi soviétique en vigueur et donc qu'elle n'a jamais fait partie de la république (indépendante) d'Azerbaïdjan créée en Aout 1991. Aussi, pour Erevan, les seules choses négociables ce sont les districts entourant le Haut-Karabakh.

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** Alexeï Vlassov **


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Les derniers développements dans le Sud-Caucase, en particulier dans la zone du Haut-Karabakh ont donné lieu à différents prévisions et commentaires. Avec les menaces fréquentes de guerre et les chantages de l'Azerbaïdjan ainsi que le gel du processus de normalisation des relations turco-arméniennes, la situation devient de plus en plus tendue. Le Vice-Doyen de la chaire d'histoire de l'Université de Moscou, M. Alexeï Vlassov commente cette situation à PanARMENIAN.Net.

Comment les médias peuvent-ils influencer le processus de règlement du conflit du Haut-Karabakh ?

Dans ces circonstances, un terrain d'entente peut être trouvé grâce à des communications Internet, permettant ainsi un certain rapprochement voire une certaine confiance entre les sociétés arméniennes et azerbaïdjanaises. Chaque partie arrivera certainement à ses propres fins, mais la tâche principale n'est pas d'inciter à de nouveaux différends. PanARMENIAN.Net et l'Agence de presse azerbaïdjanais Trend sont des portails qui observent cette règle. Ces plates-formes impartiales peuvent aider les parties à parvenir à un compromis.

Comment le dialogue public peut-il être développé, avec des attitudes anti-arménienne et anti-azerbaïdjanais persistantes ?

Le nationalisme se développe non seulement en Arménie ou en Azerbaïdjan, mais également en Europe orientale. Pour être plus précis, il s'agit d'un processus général. Les gens devraient apprendre à faire valoir leurs intérêts sans imaginer son prochain comme son ennemi. La diplomatie publique peut aider à guérir la haine entre les Arméniens et les Azéris. Les étapes vers la réconciliation peuvent être prises en compte par la communauté Internet. Le jour où la jeunesse arménienne et azerbaïdjanaise pourra tenir un forum en ligne en évitant les accusations mutuelles, une véritable percée sera enregistrée dans le processus du Karabakh.

Des réunions entre les représentants de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan ont eu lieu dans des pays tiers. Quelle a été leur efficacité ?

Ces réunions semblent vaines. Je pense que les Azerbaïdjanais devraient venir en Arménie et vis et versa. Actuellement, nous travaillons à un projet prévoyant des visites mutuelles.

Quel est votre avis sur la dernière réunion présidentielle à Saint-Pétersbourg ?

À mon avis, les déclarations Ilham Aliev visaient l'Arménie, et non les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, qui manquent souvent de coopération. Cette médiation n'a produit aucun résultat depuis 15 ans. Les parties doivent assumer une position claire sur les principes de Madrid, avec l'aide des médiateurs. Dans le même temps, Washington traverse un moment difficile, suite au gel du processus arméno-turque ; il fait une pause.

Les médias azéris rapportent en permanence des déclarations belliqueuses faites par les dirigeants du pays ...

Il y a un proverbe qui dit : "Un compromis maigre vaut mieux qu'un procès gras". Les politiciens font souvent des déclarations abruptes, mais cela ne signifie pas qu'ils sont prêts à mettre en œuvre des mesures extrêmes. La politique au Sud-Caucase ressemble à un jeu de poker : Les joueurs se guettent et testent les forces de l'adversaire.

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** Alan Kassaiev **


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Le problème du Haut-Karabakh est à nouveau devenu un sujet de débats passionnés entre les politiciens et les experts. La dernière déclaration des Présidents des pays coprésident le groupe de Minsk de l'OSCE a déclenché une série d'opinions et de commentaires. C'est le cas d'Alan Kassaiev, Chef du Département CEI - États baltes, de RIA Novosti, interviewé par PanARMENIAN.Net.

Quel est votre avis sur l'état actuel du processus du Karabakh ?

Les principes de Madrid sont discutés depuis un an et demi déjà, mais la dernière réunion présidentielle à Saint-Pétersbourg a provoqué de graves tensions. Néanmoins, je pense que le processus de négociation s'inscrit le cadre des relations régionales, avec une Turquie qui devient de plus en plus isolée et un Iran qui élabore une politique choisie envers l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Dans ces circonstances, les parties en conflit ont peu de chances d'enregistrer des progrès.

L'Azerbaïdjan continue de parler des Principes de Madrid révisés, et l'Arménie répond qu'ils n'existent pas. Quelle peut être la raison de cette contradiction ?

En fait, certains mots ou phrases ont été modifiés dans le document révisé. Cependant, il n'y a pas de changements fondamentaux.

Pour l'Arménie, le statut du Haut Karabakh est une priorité alors que l'Azerbaïdjan insiste sur son intégrité territoriale. Quelle peut être l'efficacité des pourparlers ?

Les pourparlers devront se poursuivre, de toute façon, comme l'un des principes fondamentaux des relations internationales depuis l'époque romaine. Bien que sans résultats évidents, les parties sont disposées à négocier. Nous devons également garder à l'esprit que l'Azerbaïdjan est en attente d'élections législatives, ce qui peut entraver le processus du Karabakh. Je pense que les choses peuvent bouger après les élections du 6 Novembre prochain. La Turquie peut également intensifier son activité, compte-tenu de son aspiration à prendre les devants dans le monde islamique. En outre, le parti au pouvoir (AKP) devra maintenir ses positions jusqu'aux élections parlementaires de 2011.

Les deux processus arméno-turc et arméno-azerbaidjanais sont-ils interdépendants ?

Ces processus sont liés entre eux de toute façon. Le principe de ‘deux pays, une nation' fonctionne vraiment. L'Azerbaïdjan veut que le rapprochement turco-arménien progresse parallèlement au règlement du conflit Karabakh.

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PanArmenian – Département Interviews



dimanche 22 août 2010

De la célébration d'une messe dans l'église Sainte-Croix de l'île Akhtamar

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

De même qu'un office religieux s'est déroulé devant les médias internationaux au monastère grec de Sumele il y a une semaine, la même scène se déroulera le 19 Septembre au ‘musée' Sainte-Croix d'Akhtamar, rendue au culte pour une journée. Une église qui ne possède pas de croix sur sa coupole, par décision des autorités turques.

Certes il convient de se réjouir de voir un monument arménien restauré par la Turquie, même pour des raisons bassement événementielles aux yeux des Occidentaux. Mais pour une église restaurée en musée, combien d'autres monuments arméniens ont été laissés à l'abandon, transformés en mosquée, voire en étable, écurie, bergerie ou entrepôts divers, servis de cible à l'armée turque ou purement et simplement détruits.

Selon des données de l'Unesco fournies en 1974, sur 913 monuments arméniens, 464 auraient été entièrement détruits, 252 réduits à l'état de ruines, 197 exigeant des travaux urgents de restauration.

On peu aisément imaginer ce qu'il en est 36 ans après !

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Le 19 Septembre prochain, après 95 ans de silence, un office religieux doit être célébré dans l'église Sainte-Croix de l'île d'Akhtamar sur le lac de Van.
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** Karine Ter-Sahakian **

Les politiciens arméniens ont commencé une campagne de propagande active contre la présence des Arméniens à cette cérémonie. Les arguments, hélas, sont toujours les mêmes : - les Arméniens vont danser sur un air turc ; - ils promeuvent une image positive de la Turquie, etc.

Bien sûr, il y a du vrai dans ces déclarations, mais les appels de certains hommes politiques à ignorer la messe à Akhtamar ne sont rien d'autre qu'une tentative de se montrer plus royaliste que le roi. Bien sûr, en temps normal, vous ne pouvez pas aller n'importe où en Anatolie orientale (Arménie occidentale). Néanmoins, les partisans du boycott ne savent pas exactement contre quoi ils protestent. À notre avis, un fait très important doit être précisé ici. Seule la communauté arménienne d'Istanbul a le droit de décider ce qu'elle veut au sujet Akhtamar. Seulement, elle a obtenu des autorités l'autorisation de célébrer la messe, qu'une fois par an. D'ailleurs, toutes les questions concernant les services religieux, l'élection du patriarche de Constantinople, et la restitution des biens sont décidées par le gouvernement turc et non par l'Arménie ou la diaspora. Une tension excessive est nuisible non seulement pour la communauté d'Istanbul, mais aussi pour la nation dans son ensemble.

(…)

Se rendre dans une église est une affaire purement personnelle et personne n'a le droit d'interdire ou d'autoriser quiconque à assister à l'office du 19 Septembre. Bien sûr, la Turquie a besoin de telles mesures pour renforcer son image dans le monde. Toute initiative du Gouvernement en ce qui concerne les minorités poursuit des objectifs précis. A noter dans ce contexte, qu'après 88 ans, une messe a été autorisée dans le monastère grec de Sumele, attirant plus de 2000 pèlerins grecs des quatre coins du monde. Et cet événement a été bien perçu en Grèce, bien que les Grecs aient également des rancunes envers la Turquie.

Donc, aller ou ne pas aller à Akhtamar le 19 Septembre est une affaire purement personnelle et il est incorrect, pour ne pas dire plus, de jouer avec les valeurs morales et blâmer la Turquie d'autoriser une messe. En fin de compte, tous les États, y compris la Turquie, font ce qu'ils estiment nécessaire et important. Malheureusement, cela est également vrai pour le génocide de minorités chrétiennes ...

PanArmenian – Département Analyse

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** Naïra Hayroumian **

Pour certains la Turquie prend cette mesure pour bien se faire voir par l'Union européenne, pour d'autres, elle essaie de présenter un pays qui se transforme et devient plus démocratique. Mais dès que l'on considère la question sous un autre angle, il devient évident qu'Ankara essaie tout d'abord de résoudre un problème psychologique.

La question de savoir pourquoi la Turquie ne reconnaît pas le génocide, peut être regardée sur le plan moral. « Nous n'avons pas besoin de quoi que ce soit, l'important est que la Turquie reconnaisse le génocide et s'excuse, » déclarent de nombreux Arméniens. Mais ils oublient qu'ils sont dans des systèmes différents de valeurs (psychologiques) avec ce qui existe en Turquie. Ce qui est considéré comme péché d'un côté, est perçu comme héroïsme de l'autre. Certains Arméniens ne peuvent pas s'empêcher de penser que les Turcs ont honte de ce qui s'est passé, qu'ils comprennent qu'ils ont commis un péché, et donc refusent de reconnaître le génocide. Mais en fait ils ne se sentent pas du tout coupables. Que l'on appelle cela génocide, déportation ou expulsion, les Turcs sont fiers de leur histoire, et considèrent cela comme une avancée qui leur a donné pleine autorité sur de nouveaux territoires. Ils n'ont rien à se reprocher, ils sont gagnants. Et maintenant, ils doivent affermir leur victoire au niveau psychologique. C'est pourquoi ils ‘autorisent' des offices dans les églises arméniennes, histoire de montrer qui tient les rênes. Ils peuvent même autoriser des services religieux quotidiens, mais il faut leur demander la permission.

Si la Turquie sent la nécessité de prouver son droit à ‘autoriser', c'est qu'elle a des problèmes liés à ce droit. Cela signifie aussi qu'il existe une possibilité de contester ce droit, non au niveau ‘autorisation', mais devant les instances internationales. Lorsque les offices à Akhtamar découleront d'une décision de la Cour internationale des Nations-Unies, alors les Arméniens pourront y participer. Aller à Akhtamar parce que la Turquie l'autorise, signifie reconnaître ce droit à la Turquie.

Lragir – Département Analyse

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samedi 21 août 2010

Relations Arménie-Russie

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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

Il est clair que la Russie, bien qu'alliée de l'Arménie, tout comme d'ailleurs les pays membres de l'OTSC, n'interviendront pas, si le conflit de l'Artsakh dégénère en guerre. La raison en est très simple.

Le traité d'alliance militaire stipule que la Russie, se porte au secours de l'Arménie si celle-ci est attaquée. Hors, si attaque il y a lieu, Bakou ciblera exclusivement le territoire contesté, c'est-à-dire le Haut-Karabakh et les districts environnants. Ces territoires n'appartenant pas à l'Arménie, et il n'y aura donc pas d'intervention.

La Turquie prêtera main-forte à son petit frère en fournissant matériel et des ‘conseillers' sur le terrain, mais évitera d'attaquer l'Arménie de front, pour les raisons évoquées ci-dessus.

Quant à la notion d'indépendance de l'Arménie en comparaison avec celle de ses voisins, le quotidien en question doit avoir de ‘très bons tuyaux' pour la considérer plus grande que celle des puissances régionales que sont la Turquie et l'Iran.

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** Serge Sarkissian **

Le président Serge Sarkissian et Mme Rita Sarkissian ont offert un dîner d'État au palais présidentiel en l'honneur du Président de la Fédération de Russie Dimitri Medvedev et de Mme Svetlana Medvedeva. Selon un protocole établi, les présidents des deux pays ont porté des toasts.

"Il s'agit d'une visite mémorable. La notion même de visite d'Etat symbolise le plus haut niveau de relations qui peuvent exister entre les pays. Et cette visite est une excellente occasion d'examiner la dynamique de nos relations, tirer des conclusions, et fixer de nouveaux objectifs à notre partenariat. Nous sommes fiers des liens étroits entre nos deux pays qui remontent à des siècles, en coopération multiforme et efficace des deux pays. La coopération russo-arménienne est l'une des composantes les plus importantes de la sécurité et la stabilité dans la région du Caucase. Et elle est prouvée par l'importance des questions que nous allons discuter," a déclaré en substance le Président Sarkissian.
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** Dimitri Medvedev **

Le Président de la Fédération russe Dimitri Medvedev a exprimé sa gratitude à son hôte pour l'accueil chaleureux et pour les paroles aimables au sujet de la Fédération de Russie et aux collègues russes. "Nos relations remontent à bien des siècles. Et ce qui est important - à la jonction des plus dramatiques et historiques, nos pays se sont traditionnellement soutenus les uns les autres. Il existe de nombreux exemples pour le prouver. Je tiens à remercier personnellement les dirigeants de l'Arménie et tous nos homologues, pour le renforcement de nos relations, et leur désir sincère d'étendre notre partenariat et resserrer nos liens. Cette visite d'Etat est un excellent symbole de ce partenariat."

Il a également déclaré que l'Arménie a été parmi les premiers pays à venir en aide à la Russie pendant les incendies d'été, apportant un grand soutien moral et matériel.

(…)

"L'Arménie est l'alliée de la Russie et la Russie assume sérieusement ses responsabilités envers ses alliées," a déclaré Dimitri Medvedev lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue Serge Sarkissian.

Que fera la Russie, si quelqu'un menace la sécurité de la population du Haut-Karabakh ?

"Mon pays accorde une grande importance au problème de maintien de la paix et confirme le caractère inacceptable d'une reprise de la guerre dans le Sud-Caucase," a-t-il répondu.

Rappelant que la Russie et l'Arménie sont membres de l'Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC), Dimitri Medvedev a fait remarquer qu'il existe pour les pays alliés, certaines responsabilités mentionné dans le contrat.

À la question de savoir comment la Russie se comportera à l'entrée éventuelle d'autres institutions dans le processus de résolution du conflit du Haut-Karabakh, mis à part le Groupe de Minsk de l'OSCE, le chef de l'Etat russe a répondu :

« J'ai porté beaucoup d'attention à cette question récemment. J'ai mon point de vue non seulement comme président, mais aussi comme une personne qui suit avec attention l'évolution des événements. Tout d'abord, c'est le résultat qui importe et non le nombre d'institutions participant. D'ailleurs, ces institutions de médiation qui sont présentes, ou sont proposées, doivent être acceptées par toutes les parties qui sont dans le processus de négociation non-courant."

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** Gagik Haroutiounian **


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"La visite officielle de Dimitri Medvedev en Arménie et la prolongation de la présence de la base militaire russe en Arménie, accroissent notre sécurité mais n'entravent pas notre indépendance nationale," a déclaré le président de la Fondation "Noravank", Gagik Haroutiounian, lors d'une conférence de presse.

"En 1992-1993, après la libération de Chouchi et de Latchine, l'armée turque avait amassé des troupes le long de la frontière du Nakhitchevan. Le Premier ministre, Tansu Ciller, avait menacé d'attaquer l'Arménie. Le maréchal Chapochnikov avait indiqué que le risque de déclencher la Troisième Guerre mondiale a retenu les Turcs," a-t-il rappelé, ajoutant : "La Turquie a acquis plus d'indépendance que par le passé. Conséquence, elle est devenue plus agressive."

"Les Etats-Unis ont environ 600 bases militaires à travers le monde, dont 365 en Europe. On remarquera qu'aucun de ces pays n'est préoccupé par la perte de son indépendance. En ce qui concerne l'Arménie, selon le périodique de renommée internationale "Politique Etrangère", notre indépendance est plus grande que celle de la Géorgie, de l'Azerbaïdjan, de la Turquie ou même de l'Iran," a souligné le politologue.

Radio Publique d'Arménie



"Armenia is more independent than the neighbors " (G. Harutyunyan)

"Dmitry Medvedev's official visit to Armenia and the prolongation of Russian military base presence in Armenia increase our security and do not hinder our national independence," President of the “Noravank” Foundation Gagik Harutyunyan told a press conference today.
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"In 1992-1993, after the liberation of Lachin and Shushi, Turkish army moved to Nakhijevan boundary lengthwise. The Prime Minister Tansu Chiller threatened to attack Armenia. Marshal Shaposhnikov's announcement about the possibility of beginning the Third World War suppressed the Turks," he reminded.

He finds that Turkey is now more independent than in the past, hence, more aggressive.

"I think the new contract, which supposes not only defending Russian interests through the base, but also provision of Armenia's security comes from Armenia's national interests," Gagik Harutyunyan said.

"US has about 600 military bases in the world, 365 of which in Europe. However, neither of these countries is concerned about losing independence. As to Armenia, by the results of the international famous newspaper "Foreign Policy" our independence is more than Georgia's, Azerbaijan's, Turkey's and Iran's independence," the political scientist noted.

Public Radio of Armenia



vendredi 20 août 2010

Haut-Karabakh : Sergei Lavrov ne croit pas aux risques d'une nouvelle guerre

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Le ministre russe confirme implicitement qu'il y a bien vente d'armes à l'Azerbaïdjan, et notamment des batteries anti-missiles S-300. La différence entre arme défensive et offensive est subtile ; Par exemple, une grenade défensive, remplie de grenaille, fait beaucoup plus de dégâts qu'une grenade offensive, laquelle n'est remplie que d'explosif.

Il est à souhaiter que l'optimiste du ministre russe soit réellement fondé, car Ilham Aliev a une forte envie d'utiliser ses armes, qu'elles soient offensives ou défensives, qu'il y ait signature ou non d'un pacte de non-agression. Quant à comparer la situation du Karabakh avec celle d'Ossétie du Sud, c'est aller vite en besogne. Il est fort peu probable en cas de nouvelle guerre, que Moscou lance ses troupes (garnison de Gumri) pour défendre les Arméniens, tout au plus livrera-t-il quelques armes pour équilibrer les forces.

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Entretien accordé à la Télévision publique d'Arménie.

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"Parlant des relations arméno-russes nous ne pouvons pas seulement dire qu'elles sont d'un niveau élevé, mais qu'il existe un partenariat stratégique, c'est une alliance. Nous sommes alliés au sein de l'OTSC, et tout cela est basé sur une histoire séculaire de coexistence, d'amitié et d'entraide. Nous conservons toutes les traditions sacrées, et nous les consolidons. Je pense que nous pouvons dire avec confiance que nos relations se développent dans tous les domaines. A mon avis, la visite d'Etat du président russe n'est pas seulement pour confirmer ce niveau, mais pour de nouveaux arrangements qui permettront d'approfondir notre partenariat stratégique, et notre alliance," a déclaré le ministre des Affaires étrangères russe, Sergei Lavrov.

Concernant le Haut-Karabakh, M. Lavrov a indiqué que durant ces 2-3 dernières années le président Medvedev accordait une attention particulière pour trouver des solutions au conflit. Ainsi, il avait tenu six réunions avec les deux présidents, arménien et azerbaïdjanais. "J'ai participé personnellement à des réunions, qui ont été franches et ouvertes. A chaque fois, les idées proposées ont été discutées en présence des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, et notamment à la dernière qui s'est déroulée à Saint-Pétersbourg. Je tiens à souligner que tous les documents adoptés insistent sur la nécessité d'un règlement du conflit exclusivement par des voies pacifiques ; cette approche est partagée par la partie russe, par les coprésidents et par l'OSCE. De surcroit, c'est aussi ce qui est indiqué dans la Déclaration de Maindorf, signée par les trois présidents, arménien, azerbaïdjanais et russe, il y a un an et demi."

Quant à la question sur la vente de batteries anti-missiles S-300 à l'Azerbaïdjan, le ministre a déclaré que les S-300 étaient devenus ‘un symbole d'alarme'. "Maintenant, ces discussions concernent l'Azerbaïdjan, au début elles concernaient l'Iran. Mais n'oublions pas la nature de ces S-300 : ce sont des armes défensives visant à se défendre contre des attaques de missiles. C'est tout. Quant à la Russie, elle fournit des armes dans le cadre des normes du droit international," a–t-il précisé, ajoutant que la Russie ne fournira jamais d'armes à la région si cela risque de déstabiliser la situation.

"Je ne vois pas comment que la situation actuelle peut se déstabiliser. Les armes de défense ne déstabilisent pas une situation, à une exception près : si quelqu'un veut recourir à la force, des armes défensives peuvent lui créer des problèmes. Je suis sûr qu'aucun des Etats de la région ne prévoit de lancer de nouvelles actions militaires, vu que ce serait une catastrophe. L'agresseur ne parviendrait à ses fins - nous en avons été convaincu en août 2008, quand votre voisin, M. Saakashvili a tenté de régler le problème d'Ossétie du Sud en utilisant des méthodes inacceptables du point de vue du droit international. Je suis sûr que l'Arménie et l'Azerbaïdjan ne feront pas de telles tentatives. J'ai participé aux réunions du président Medvedev avec les présidents Sarkissian et Aliev. Les trois présidents ont apposé leur signature sur des documents qui interdisent l'utilisation de la force et soulignent la volonté de régler pacifiquement les problèmes dans le cadre du processus de négociations de paix du Haut-Karabakh," a souligné le ministre M. Lavrov.

Armenpress



Sergei Lavrov interview by the Public Television of Armenia.

Speaking about the Armenian-Russian relations we cannot only say that they are on a high level, but it is strategic partnership, it is an alliance, Foreign Minister of the Russian Federation Sergei Lavrov said in an interview with the Public Television of Armenia.


Serguei-Lavrov8_medium
“We are allies in the CSTO, all this being based on centuries-old history of our co-existence, friendship and mutual assistance. We keep all the traditions sacred, consolidating them. I think we can say with confidence that our relations are developing in all the fields. In my opinion the state visit of the Russian President will not only reconfirm that level but will be filled with new arrangements that will deepen our strategic partnership, allied relations,” Lavrov said.

Speaking about the Nagorno Karabakh settlement Lavrov said during the past 1,5-2 years President of Russia paid special attention to finding ways for the solution of the issue. He had six meetings with the presidents of Armenia and Azerbaijan. “I personally partook at the meetings which were frank and open. In each case the ideas connected with the issue were discussed and agreed with the OSCE Minsk Group co-chairs. So was at the recent meeting in St. Petersburg. I want to stress that any document adopted in this or that way fixes the necessity of exclusively peaceful settlement of the conflict, the approach shared by the Russian side, co-chairs and the OSCE. The provision is fixed also in the Maindorf Declaration signed between Armenian, Azerbaijani and Russian presidents one and a half year ago.”

As to the question about selling C-300 anti-aircraft systems to Azerbaijan Lavrov said C-300 anti-aircraft systems become “a symbol of alarm.” “Now talks are circulating around Azerbaijan, earlier there were such talks over Iran. But let us not forget what C-300 really is: they are defensive weapons designed to defend from external missile attacks. That's all. As to Russia, it supplies any weaponry in accordance wit the norms of the international law,” Lavrov said, adding that Russia will never supply weapons to any region if it destabilizes the situation there.

“I would not see any arguments that the situation may destabilize. Defensive weapons do not destabilize the situation with the only exception: if anyone wants to use force, defensive weapons may create problems for them. I am sure that none of the states in the region plans to launch new military actions, as it would be a disaster. The aggressor will not achieve his aims – we were convinced of that in August 2008, when your neighbor, Mr. Saakashvili tried to settle the South Ossetian problem using methods unacceptable from the point of view of international law. I am sure that Armenia and Azerbaijan will not make such attempts. I participated in President Medvedev's meetings with Presidents Sargsyan and Aliev. All the three Presidents put their signatures to the documents that prohibit the use of force and underline the commitment to peaceful settlement of any problems in the context of the Nagorno-Karabakh peace process,” Lavrov said.

ARMENPRESS



jeudi 19 août 2010

La Turquie et la Russie occupent l'espace régional

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Début Juillet, Hillary Clinton a visité au pas de charge Kiev, Cracovie, Bakou, Erevan et Tbilissi, histoire de réactiver les processus en cours. Mais pas de nouveaux contrats dans les bagages. Depuis plusieurs années déjà, l'Occident lorgne sur le pétrole et le gaz de la Mer Caspienne, les processus liés à l'Arménie étant là essentiellement pour sécuriser l'acheminement de ces énergies fossiles. La vie des populations locales passent au second plan. Rien d'étonnant donc que les deux puissances régionales, à savoir la Russie et la Turquie, ‘bichonnent' leur protégé. L'Iran considéré comme paria par les Occidentaux, est donc hors course.

Une remarque toutefois sur la position de la Turquie vis-à-vis du différend arméno-azerbaidjanais. Ankara est pour une résolution rapide du conflit du Karabakh et conforme aux vœux de Bakou, donc que non seulement les troupes arméniennes doivent se retirer des sept districts mais le Haut-Karabakh devra toujours faire partie intégrante de l'Azerbaïdjan !

Le principe d'autodétermination des peuples est passé à la trappe. Principe inconnu des Turcs, qu'ils soient ottomans ou azéris.

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"En disant intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan, le Président turc, Abdullah Gül, sous-entend les sept districts entourant le Haut-Karabakh," a déclaré le turcologue, Artak Chakarian, lors d'une conférence de presse.

Selon lui, tant le contrat de coopération stratégique signé entre l'Azerbaïdjan et la Turquie, que celui signé entre l'Arménie et la Russie, indiquent que les États-Unis sont passés au second plan la région.

"Nous sommes dans une situation où l'Union européenne est occupée par la crise économique, le groupe de Minsk n'est pas très actif, les États-Unis ne sont pas très engagés dans la région, aussi, la Russie et la Turquie essayent de réorganiser leurs forces."

"La politique étrangère d'Obama ne satisfait ni l'opposition ou la majorité, de plus l'année prochaine, il va commencer à préparer les prochaines élections. Parallèlement, il faut prêter attention au problème iranien, pour la raison principale que la Russie va mis en service dans un mois la centrale nucléaire de Busher. La Turquie a des problèmes importants à résoudre en Octobre. Le même mois, l'Union européenne abordera deux questions importantes : - l'élargissement de l'UE, et la décision finale concernant le projet Nabucco."

"Selon M. Gül, sa visite à Bakou était avant tout liée au projet Nabucco : Ankara doit être sûr que le gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzurum sera totalement connecté à Nabucco. La Turquie a besoin de cette connexion, car elle constitue un levier supplémentaire sur Europe et l'occidental."

"Concernant les offices religieux organisés par la Turquie dans les églises grecques et arméniennes, c'est du spectacle, et dans le cas où les Arméniens participeront à cette ‘messe', ils assureront le succès du spectacle. D'un autre côté, ne pas participer, sous-entendrait que les Arméniens ont peur du jeu proposé par la Turquie. Il sera juste d'y aller et de proposer de célébrer des messes tous les trimestres et dire que c'est notre droit de dire des messes et non une concession faite par la Turquie," a-t-il conclu.

Radio Publique d'Arménie



Turkey and Russia fill the vacuum in the region

"By saying territorial integrity of Azerbaijan, the President of Turkey Abdullah Gul understands seven liberated territories," Artak Shakaryan told a press conference today.


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According to him, both the strategic cooperation contract signed between Azerbaijan and Turkey and the refreshed contract between Armenia and Russia remind that US is getting out from the region.

"We are in a situation, where the European Union is busy with the economic crisis, Minsk group is not active, US is not going to be engaged in the region, thus, Russia and Turkey try to rearrange their forces," he noted.

"Obama's foreign policy does not satisfy either the opposition or the power. Next year he is going to be prepared for the next elections. In parallel, he must pay attention to the issue of Iran, mainly, for the reason that Russia is going to set in motion Busher's nuclear power station in a month. Turkey has important issues to solve in October. In this month, the enlargement issue of the European Union will take place. Besides, the final decision on Nabuko will be made," he said.

"According to Gul, his visit to Baku is connected with the Nabuko issue: that is, to be sure that Baku- Tbilisi- Erzrum gas pipeline will be full to be connected with Nabuko. Turkey needs Nabuko, as it is a supplementary lever on Europe and Western world," he continued.

"Holy masses in Greek and Armenian Churches organized by Turkey are shows and if Armenians participate in this Holy mass, they will provide show's success. From the other side, not participating means that Armenians are afraid of the game suggested by Turkey. It will be right to go and suggest to organize Holy masses once in a three month and tell that it is our right to do Holy masses and not the Turkey's concession," he concluded.

Public Radio of Armenia



mercredi 18 août 2010

Dimitri Medvedev attendu en Arménie

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Si Bakou n'achète pas directement une batterie de missiles anti-aériens à la Russie, il l'achètera indirectement par pays interposé. Aussi, il ne sert à rien de se focaliser sur le sujet, d'autant que son budget militaire s'élève à deux milliards de $ et qu'aucun organisme ou pays exportateur d'armes n'a mis un quelconque embargo sur ces ventes d'armes.

Ce qui est plus gênant, c'est que la présence russe en Arménie se paie au prix fort. A jouer les bailleurs ou pire, les vendeurs, aux entreprises russes de pans entiers de l'économie et des infrastructures du pays, le tout pour une assistance hypothétique en cas de besoin, ressemble fort à un marché de dupe. Si les dirigeants arméniens continuent à ce rythme, dans quelques décennies l'Arménie risque de se transformer en une république de la Fédération Russe.

Même si l'UE a des visées intéressées sur le Sud-Caucase et qu'on peut lui faire de nombreux reproches sur son attitude envers l'Arménie ; au moins en échange des millions qu'elle verse dans le cadre des ses divers programmes (PESD, PEV, PO …), elle ne fait pas ‘main basse' sur l'économie et les infrastructures de l'Arménie.

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** Constantin Zatulin **


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Dans une interview téléphonique accordée à RFE/RL, le vice-président de la Commission de la Douma pour les ex-républiques soviétiques, Constantin Zatulin, a affirmé ne pas avoir connaissance d'un contrat de vente de batterie d'anti-missiles S-300 par Moscou à Bakou.

"Je ne pense pas que de tels ventes se produisent de sitôt, d'autant plus que l'Azerbaïdjan intensifie sa rhétorique militariste. C'est un mauvais moment pour la fourniture d'armes à un pays qui a fait ce genre de déclarations."

Zatulin a fait valoir que bien que les relations russo-azerbaïdjanaises sont actuellement ‘bonnes', Moscou est "catégoriquement contre la reprise des hostilités et les tentatives de résoudre le conflit du Karabakh par des moyens militaires. Je suis convaincu que la Fédération de Russie utilisera toutes les moyens possibles pour prévenir une escalade ou une reprise des hostilités dans le Haut-Karabakh", a-t-il précisé.

"Dans la situation actuelle au Sud-Caucase, il est extrêmement important qu'il n'y ait aucun doute quant à la solidité des liens russo-arméniens, vu il y a beaucoup de supputations à ce sujet et que les développements des relations de l'Arménie avec l'Azerbaïdjan et/ou la Turquie laissent beaucoup à désirer," a ajouté le député.

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** Edouard Charmazanov **


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Serge Sarkissian et son homologue russe, Dmitri Medvedev, doivent signer d'importants amendements au traité de 1995 réglementant la présence d'une base militaire russe en Arménie, lors de leurs entretiens en fin de semaine à Erevan.

Les modifications permettront de prolonger les droits de la base de 24 ans, c'est-à-dire jusqu'en 2044, et de revoir les missions de cette garnison, basée à Gumri. Elles stipulent entre autres que les troupes seront censées protéger non seulement les "intérêts de la Fédération de Russie" mais aussi "assurer la sécurité de l'Arménie", conjointement avec l'Armée arménienne. Ils engagent également la Russie à fournir à son allié régional "des armes modernes et adaptées, ainsi que du matériel militaire spécifique."

Le porte-parole du parti Républicain, majorité présidentielle, Edouard Charmazanov, a confirmé que l'Arménie renforce son alliance militaire avec la Russie en réponse au renforcement continuel des capacités militaires de l'Azerbaïdjan et de ses menaces de guerre.

"Si nous voulons avoir une sécurité nationale adéquate, compte tenu notamment des déclarations faites par nos voisins de l'Est et de l'Ouest, nous devons être en mesure de développer des mécanismes de contrepoids. Et je pense que l'accord de proroger le déploiement de cette base est également destiné à assurer l'équilibre des forces. Il est impossible de parvenir à un développement dans d'autres domaines, sans rééquiper et moderniser la sécurité nationale," a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Charmazanov a fait valoir que le nouveau pacte de défense doit permettre "pratiquement d'exclure une solution militaire au problème du Karabakh. C'est important non seulement pour l'Arménie, mais aussi pour la paix et la stabilité à long terme dans la région."

Certains partis d'opposition ont critiqué cette démarche, arguant qu'une nouvelle guerre arméno-azerbaïdjanaise se déroulerait au Karabakh et dans les territoires environnants, lesquels ne font pas parties de l'Arménie internationalement reconnue. Ils craignent que l'Arménie ne devienne encore plus dépendante de la Russie.

Charmazanov a rejeté ces critiques comme "inappropriées et populistes." Il a insisté sur le fait que les modifications du traité seront bénéfiques pour l'Arménie.

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** Arayik Sarkissian **


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"La vente de systèmes de défense anti-aérienne S-300 à l'Azerbaïdjan est une décision politique de l'armée, les autorités russes et personne d'autres ne peuvent l'empêcher," a indiqué le Vice-ministre de l'Académie des questions cosmopolite de Russie, Arayik Sarkissian, lors d'une conférence de presse.

Ajoutant que les intérêts de l'Etat s'adaptent aux conditions de chaque pays suivant les activités politiques et économiques. "Habituellement, les armes sont fournies à des alliés, si elles sont vendues, et particulièrement au prix du marché, cela signifie que les autorités russes n'ont pas confiance dans les autorités de l'Azerbaïdjan. Aussi, il est absurde de parler de relations d'alliance entre la Russie et l'Azerbaïdjan."

Concernant le conflit du Haut-Karabakh, il a ajouté :"Nous devons gagner du temps, et mener des activités politiques pour éloigner les risques de guerre."

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Extraits de la Radio Publique d'Arménie et de Armenialiberty



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