Haut-Karabakh : Sergei Lavrov ne croit pas aux risques d'une nouvelle guerre

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Le ministre russe confirme implicitement qu'il y a bien vente d'armes à l'Azerbaïdjan, et notamment des batteries anti-missiles S-300. La différence entre arme défensive et offensive est subtile ; Par exemple, une grenade défensive, remplie de grenaille, fait beaucoup plus de dégâts qu'une grenade offensive, laquelle n'est remplie que d'explosif.

Il est à souhaiter que l'optimiste du ministre russe soit réellement fondé, car Ilham Aliev a une forte envie d'utiliser ses armes, qu'elles soient offensives ou défensives, qu'il y ait signature ou non d'un pacte de non-agression. Quant à comparer la situation du Karabakh avec celle d'Ossétie du Sud, c'est aller vite en besogne. Il est fort peu probable en cas de nouvelle guerre, que Moscou lance ses troupes (garnison de Gumri) pour défendre les Arméniens, tout au plus livrera-t-il quelques armes pour équilibrer les forces.

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Entretien accordé à la Télévision publique d'Arménie.

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"Parlant des relations arméno-russes nous ne pouvons pas seulement dire qu'elles sont d'un niveau élevé, mais qu'il existe un partenariat stratégique, c'est une alliance. Nous sommes alliés au sein de l'OTSC, et tout cela est basé sur une histoire séculaire de coexistence, d'amitié et d'entraide. Nous conservons toutes les traditions sacrées, et nous les consolidons. Je pense que nous pouvons dire avec confiance que nos relations se développent dans tous les domaines. A mon avis, la visite d'Etat du président russe n'est pas seulement pour confirmer ce niveau, mais pour de nouveaux arrangements qui permettront d'approfondir notre partenariat stratégique, et notre alliance," a déclaré le ministre des Affaires étrangères russe, Sergei Lavrov.

Concernant le Haut-Karabakh, M. Lavrov a indiqué que durant ces 2-3 dernières années le président Medvedev accordait une attention particulière pour trouver des solutions au conflit. Ainsi, il avait tenu six réunions avec les deux présidents, arménien et azerbaïdjanais. "J'ai participé personnellement à des réunions, qui ont été franches et ouvertes. A chaque fois, les idées proposées ont été discutées en présence des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, et notamment à la dernière qui s'est déroulée à Saint-Pétersbourg. Je tiens à souligner que tous les documents adoptés insistent sur la nécessité d'un règlement du conflit exclusivement par des voies pacifiques ; cette approche est partagée par la partie russe, par les coprésidents et par l'OSCE. De surcroit, c'est aussi ce qui est indiqué dans la Déclaration de Maindorf, signée par les trois présidents, arménien, azerbaïdjanais et russe, il y a un an et demi."

Quant à la question sur la vente de batteries anti-missiles S-300 à l'Azerbaïdjan, le ministre a déclaré que les S-300 étaient devenus ‘un symbole d'alarme'. "Maintenant, ces discussions concernent l'Azerbaïdjan, au début elles concernaient l'Iran. Mais n'oublions pas la nature de ces S-300 : ce sont des armes défensives visant à se défendre contre des attaques de missiles. C'est tout. Quant à la Russie, elle fournit des armes dans le cadre des normes du droit international," a–t-il précisé, ajoutant que la Russie ne fournira jamais d'armes à la région si cela risque de déstabiliser la situation.

"Je ne vois pas comment que la situation actuelle peut se déstabiliser. Les armes de défense ne déstabilisent pas une situation, à une exception près : si quelqu'un veut recourir à la force, des armes défensives peuvent lui créer des problèmes. Je suis sûr qu'aucun des Etats de la région ne prévoit de lancer de nouvelles actions militaires, vu que ce serait une catastrophe. L'agresseur ne parviendrait à ses fins - nous en avons été convaincu en août 2008, quand votre voisin, M. Saakashvili a tenté de régler le problème d'Ossétie du Sud en utilisant des méthodes inacceptables du point de vue du droit international. Je suis sûr que l'Arménie et l'Azerbaïdjan ne feront pas de telles tentatives. J'ai participé aux réunions du président Medvedev avec les présidents Sarkissian et Aliev. Les trois présidents ont apposé leur signature sur des documents qui interdisent l'utilisation de la force et soulignent la volonté de régler pacifiquement les problèmes dans le cadre du processus de négociations de paix du Haut-Karabakh," a souligné le ministre M. Lavrov.

Armenpress