jeudi 30 septembre 2010

Des relations Turquie-Arménie et Turquie-UE

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

En tant que pays émergeant et membre du G20, la Turquie se sent pousser des ailes et veut jouer un rôle important dans le concert des nations, bref, rentrer dans la cour des Grands. Etre une puissance régionale est une chose, être une grande puissance en est une autre.

Il ne suffit pas de se placer au 15ème rang mondial avec un PIB de 670 Mds de €, surtout si on occupe la 106ème place (sur 134) pour la liberté de la presse et que la Cour européenne des droits de l'homme vient de vous condamner (à l'unanimité) dans l'affaire Hrant Dink.

Quand de surcroit on est responsable de la mort de 1,5 millions d'Arméniens et que l'on se comporte en Etat négationniste, il ne faut peut-être pas s'étonner que l'UE ne soit pas pressée d'admettre en son sein un tel pays.

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** Micheline Calmy-Rey **


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Dans le cadre de sa visite à la Confédération suisse, la délégation parlementaire arménienne dirigée par le Président Hovik Abrahamian, a eu une réunion avec la vice-présidente nouvellement élue (22 Septembre) et ministre des Affaires étrangères de la Suisse, Micheline Calmy-Rey.

(…)

M. Abrahamian a indiqué que l'Arménie attachait une grande importance au développement des relations avec la Suisse, en particulier pour son rôle de médiateur dans la résolution de différents problèmes internationaux. Ainsi, Erevan apprécie hautement le soutien de la Suisse pour l'initiative de la partie arménienne afin de normaliser les relations avec la Turquie.

"La normalisation arméno-turque ne peut pas rester incomplète. D'intenses pourparlers avec les deux pays sont en cours pour créer des conditions favorables à la poursuite de ce processus. La Suisse est résolue à promouvoir la réconciliation entre l'Arménie et la Turquie," a-t-elle déclarée. Elle a beaucoup apprécié le geste du Président Serge Sarkissian en vue de normaliser les relations avec la Turquie, ce qui caractérise le courage politique.

Au cours de la réunion, le point a été également fait sur le règlement pacifique du conflit du Karabakh.

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** Ruben Melkonian **


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"Avant de se déclarer prêt à discuter des questions historiques, le gouvernement turc devrait commencer par ouvrir ses archives à ses propres experts. L'Arménie n'a rien à cacher, mais aucun historien en Arménie ne remettra en cause le génocide, ce dernier étant incontestable. D'autre part, l'histoire turque contient de nombreuses pages sombres, qui poussent le pays à garder ses archives fermées," a déclaré l'expert Ruben Melkonian.

S'exprimant sur les priorités de la politique étrangère turque à l'Ecole John F. Kennedy du Gouvernement de l'Université de Harvard de Boston, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, avait déclaré que la partie turque est prête à partager et à discuter de l'histoire. "Mais pour ce faire, les portes ne doivent pas être fermées," a souligné l'expert.

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** Recep Tayyip Erdogan et l'UE **


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Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré qu'il n'y avait aucun autre pays hormis la Turquie, qui attend à la porte de l'Union européenne depuis un demi-siècle. Il avait demandé à ses amis européens pourquoi la Turquie attendait à la porte de l'UE depuis 50 ans, mais il n'avait reçu aucune réponse.

"A quels acquis de l'UE la Turquie a-t-elle failli ? Est-ce que tous les Etats membres de l'UE satisfont-ils aux exigences de l'acquis communautaire autant que la Turquie ?" a déclaré M. Erdogan au cours du dîner de gala du Symposium Economique Mondial à Istanbul. Et d'ajouter : "si les pays ne sont pas solidaires, ils ne peuvent pas assurer un monde où régnerait la paix."

"Si nous voulons mettre en place l'Alliance des civilisations et se présenter contre le choc des civilisations, ce que nous devons faire, alors nous ne pouvons pas regarder l'UE comme un club chrétien", a-t-il souligné.

M. Erdogan a déclaré que dans un tel cas, l'UE devrait être considérée comme une union politique et sociale, et que la vision de l'UE sur la Turquie devrait changer.

Extraits de la Radio Publique d'Arménie et de PanArmenian.net



mercredi 29 septembre 2010

Edouard Nalbandian à l'Ecole Fletcher

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Le ministre arménien a repris les thèmes développés la veille à la 65ème session de l'Assemblée Générale de l'ONU, mettant en avant les Accords passés par les bolchéviks au lendemain de la chute de la république arménienne en décembre 1920. Ces Accords faisaient la part belle aux nationalistes Turcs sur le dos de l'Arménie, s'accaparant toute de l'Arménie occidentale, laquelle Arménie perdait également le Nakhitchevan et le Haut-Karabakh au profit des ‘camarades' azerbaidjanais, et le Djavaghk au profit des ‘camarades' géorgiens. On est bien loin de l'arbitrage du Président Wilson mandaté par le traité de Sèvres d'Août 1920.

Ne pas régler un problème aussi grave, n'implique pas que celui-ci va disparaitre automatiquement, même après des décennies. Si les revendications des Arméniens peuvent paraître archaïques voire ridicules, que dire de ceux qui revendiquent un territoire leur ayant appartenu il y a 2000 ans !

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Dans son discours prononcé à l'Ecole de Droit et de Diplomatie Fletcher, le ministre des Affaires étrangères arménien, Edouard Nalbandian, s'est attardé sur le règlement du conflit du Karabakh et sur les relations arméno-turques.

Il a abordé les Accords entre Lénine et Atatürk ainsi qu'entre Staline et le Bureau Caucasien, qui sont à l'origine des multiples problèmes actuels dans le Sud-Caucase.

Concernant le Karabakh, Nalbandian s'est appuyé sur les principes de Madrid, qui sont devenus la base pour nombre de suggestions sur le règlement du conflit.

"La dernière version des suggestions de Madrid a été présentée lors des négociations de Saint-Pétersbourg. La partie arménienne à accepté ce document comme base pour de nouveaux pourparlers. L'Azerbaïdjan, cependant, a toujours rejeté catégoriquement un point du document - l'égalité des droits et l'autodétermination des peuples, faisant ainsi la sourde oreille aux recommandations de la communauté internationale et du Groupe de Minsk de l'OSCE.

(…)

Au cours des 15 dernières années, l'Azerbaïdjan a violé ses obligations contractuelles, au lieu de faire respecter le cessez-le-feu sur la ligne de contact entre la République du Haut-Karabakh et ses forces armées.

Même maintenant, l'Azerbaïdjan continue les provocations, refusant d'entendre les demandes de la communauté internationale de respecter le cessez-le-feu et de retirer ses tireurs d'élite de la ligne de contact. De toute évidence, une telle démarche ne va dans le sens d'un règlement pacifique du conflit," a souligné le chef de la diplomatie arménienne.

Extrait de PanArmenian.net



mardi 28 septembre 2010

ONU : L'Arménie explique ses positions, l'OCI condamne

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Même si l'Azerbaïdjan a retiré à la dernière minute sa résolution pour faire de nouveau condamner l'Arménie pour ‘son agression' et l'occupation de ‘ses terres', il a par contre maintenu son attitude dans l'Organisation de la Conférence Islamique.


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L'OCI qui se réunissait en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York vendredi, a condamnée l'Arménie dans son communiqué du lendemain :

"La réunion a condamné l'agression de l'Arménie contre l'Azerbaïdjan et a appelé à la résolution du conflit sur la base du respect de l'intégrité territoriale et l'inviolabilité des frontières internationalement reconnues de la République d'Azerbaïdjan."

Bien évidemment il n'est fait aucune mention des deux autres principes fondamentaux du droit international, non usage de la force ou de sa menace, et l'égalité des droits et l'autodétermination des peuples, mais on y lit notamment à la charge des Arméniens : "les changements démographiques forcé, l'interférence avec les droits de propriété, la protection insuffisante du patrimoine culturel et des sites religieux [azéris], au Haut-Karabakh et dans les territoires occupés de l'Azerbaïdjan."

La Conférence était présidée par le ministre tadjik des Affaires étrangères, Zarifi Hamrokhon. On ne sait pas si les 57 pays de l'Organisation ont tous signés la pétition, à commencer par exemple par l'Iran qui entretient d'excellentes relations avec l'Arménie. De plus le Tadjikistan et trois autres pays de l'OCI - le Kazakhstan, le Kirghizistan et l'Ouzbékistan - sont également membre de l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), l'alliance militaire dirigée par la Russie avec sept ex-républiques soviétiques, dont l'Arménie. Aucun de ces Etats d'Asie centrale n'a abordé la question du Karabakh dans le cadre de l'OTSC.

Mis à part Ankara qui est un inconditionnel de Bakou, le soutien des autres pays islamiques relève beaucoup plus d'une confraternité religieuse que d'un choix politique réel.

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Discours du ministre des Affaires étrangères arménien, Edouard Nalbandian, à la 65e session de l'Assemblée générale des Nations Unies.


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Conflit du Karabakh

"Le peuple du Haut-Karabakh a exercé son droit à l'autodétermination il y a maintenant deux décennies. Il s'est battu pour son droit à la liberté, pour résister à la guerre brutale déclenchée par l'Azerbaïdjan, qui depuis 70 ans essaie de supprimer et de chasser les Arméniens de leur foyer ancestral. À cette fin, il a même eu recours à l'utilisation de mercenaires étroitement liés à des organisations terroristes internationales. Le peuple du Haut-Karabakh a du exercer son droit à l'autodétermination vu qu'il a été privé de son droit à l'existence sur ses terres.

Le droit des peuples à l'autodétermination est un droit fondamental et indispensable consacré par la Charte des Nations Unies. L'avis consultatif adopté par la Cour Internationale de Justice en Juillet dernier, a réaffirmé la sagesse des fondateurs de cette organisation qui fait en sorte que l'un des principes fondamentaux du maintien de la paix et la stabilité dans le monde, le droit des peuples à l'autodétermination, ne peut être sous-estimé en aucune manière par rapport aux autres principes du droit international.

Soyons réalistes. On ne peut pas dire à chaque fois que c'est le dernier cas d'autodétermination. Personne n'est en mesure d'arrêter les progrès de l'histoire, sinon il n'y aurait pas 192 Etats membres dans cette organisation, en lieu et place des 51 au moment de sa création."

Selon Edouard Nalbandian, le processus de paix du Haut-Karabakh va de l'avant avec la médiation internationale sous mandat des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, qui continuent leurs efforts persistants en vue d'un règlement pacifique du conflit, basé sur trois principes fondamentaux du droit international - non usage de la force ou de sa menace, -l'égalité des droits et l'autodétermination des peuples, - et l'intégrité territoriale.

"Le 17 Juillet en marge de la réunion ministérielle informelle de l'OSCE à Almaty, les coprésidents du Groupe de Minsk ont publié une déclaration dans laquelle ils ont réaffirmé que les principes et les éléments proposés l'ont été comme un tout [intégré], et que toute tentative visant à ne retenir que certaines parties, rendra impossible l'obtention une solution équilibrée. L'Arménie partage pleinement cette vision et poursuit les négociations sur cette base à la recherche d'un règlement pacifique du conflit du Haut-Karabakh.

Malheureusement, l'Azerbaïdjan rejette deux des trois principes mentionnés et tente de renverser non seulement l'essence du processus de négociation, mais aussi de fausser la nature du conflit dans diverses plates-formes internationales, y compris à l'Assemblée générale des Nations Unies, comme cela s'est passé ici il y a deux semaines et il y a deux jours. Ce pays tente d'induire en erreur la communauté internationale, présentant les conséquences du conflit comme ses causes.

Une rhétorique permanente de guerre, une augmentation des violations du régime de cessez-le feu, et une augmentation sans précédent du budget militaire de l'Azerbaïdjan, ne font qu'aggraver la situation, soulevant des inquiétudes sur la pérennité de la stabilité, déjà fragile dans la région. L'Azerbaïdjan continue de rejeter les propositions visant à parvenir à un accord sur le non-usage de la force et de sa menace, et sur les appels à la consolidation du cessez-le-feu. Ainsi, par ses positions, l'Azerbaïdjan représente une menace à la paix et la sécurité régionales.

Les sommes provenant des revenus du pétrole financent de nouvelles aventures militaires. Nous savons tous vers quoi mène l'aventurisme. L'Azerbaïdjan devrait s'abstenir de cherche continuellement à déplacer le processus de règlement vers d'autres formats ou cadres que le Groupe de Minsk, et de faire des déclarations provocatrices et belliqueuses, mais agir de sorte que le processus de négociations suive un cours plus constructif et efficace," a souligné le ministre des Affaires étrangères arménien.

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"À une époque où la protection et la promotion des droits de l'homme sont considérées comme sous-tendant le concept pour le monde civilisé, l'intolérance envers les valeurs de la civilisation appartenant à autrui, endommager ou détruire intentionnellement le patrimoine culturel ou religieux de l'autre, de manière cohérente et à plusieurs reprises, doivent être condamnés avec la même force et la même détermination que la violence contre les personnes.


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Ainsi, la destruction par les azerbaïdjanais, entre 1998 et 2005 au Nakhitchevan, de milliers de croix de pierre délicatement sculptés par les maîtres arméniens, datant du 9ème au 16ème siècles, est une manifestation vivante de cette criminalité.

Des milliers de ces sculptures médiévales géantes ont été rasées sous les yeux vigilants du gouvernement de l'Azerbaïdjan, et cette zone a été transformée en un terrain militaire, dans une opération dirigée par le gouvernement. L'Assemblée générale du 16ème Conseil International des Monuments et des Sites (ICOMOS) a déclaré sa tristesse face à cet acte de vandalisme : « Ce patrimoine, figurant dignement parmi les trésors du patrimoine mondial, ne peut plus être transmis à ce jour aux générations futures, » a rappelé le chef de la diplomatie arménienne.

Relations arméno-turques

"L'initiative de l'Arménie pour la normalisation des relations avec la Turquie sans conditions préalables, a été entièrement soutenue par la communauté internationale. L'an dernier, après d'intenses négociations, nous avons réalisé des accords et finalement signé les protocoles arméno-turques. Nous avons fait un investissement sûr pour un rapprochement durable, tandis que la Turquie, malheureusement, est revenue sur ses engagements et s'est non seulement abstenue de ratifier des protocoles signés, mais a réutilisé son langage initial de conditions préalables.

Jusqu'à présent la frontière arméno-turque continue d'être la seule frontière fermée en Europe. Il est nécessaire de prouver ses bonnes intentions en actes et pas seulement en paroles. L'Arménie est prête à aller de l'avant lorsque la Turquie sera à nouveau prête à normaliser les relations sans conditions préalables.

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Pendant que nous discutons des moyens de créer un monde plus prospère et protégé pour nos peuples, il serait négligent de ne pas parler de la responsabilité de protection. En tant que nation nous avons survécu il y a 95 ans le crime le plus odieux contre l'humanité – le génocide. Nous attachons une grande importance à la promotion de tous les efforts internationaux visant à la prévention du génocide et aux crimes contre l'humanité. Il est encourageant de constater que des discussions sur le rapport du Secrétaire général sur « l'alerte précoce, l'évaluation et la responsabilité de protéger » sont menées dans l'Assemblée générale, pour trouver une formule qui nous permettrait tous d'agir de manière rapide et cohérente avec l'utilisation des ressources des Nations Unies, basées sur les capacités d'alerte précoce, d'évaluation afin de prévenir de telles situations, qui pourraient conduire à un génocide, à des crimes de guerre et aux crimes contre l'humanité.

Pour renforcer la capacité des Nations Unies pour faire face aux défis actuels, et ceux à venir, nous devons redoubler nos efforts dans la poursuite du processus de réforme de l'ONU, en faisant une utilisation plus efficiente et efficace des ressources existantes, facilitant le travail politique de « l'unique ONU », et faisant une meilleure utilisation des capacités régionales pour compléter nos actions mondiales.

Aujourd'hui, le monde évolue de plus en plus vite. Pour répondre à la sécurité, aux défis politiques, économiques, sociaux, environnementaux et autres, nous devons tout simplement mettre en commun nos efforts, nos ressources et notre volonté politique, pour leur résister et pousser de l'avant l'ordre du jour du développement international," a conclu Edouard Nalbandian.

Radio Publique d'Arménie



Turkey treads cautiously on question of Armenian past

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The Turkish government wants to improve relations with Armenia, but is it ready to leave behind decades of nationalist dogma and fully confront the country's past?

From the vantage point of the ancient castle, perched atop a rocky outcrop, you can see the whole of the city of Van, spread out between the dazzling blue of the great lake and the jagged mountains to the east.

It is a featureless sprawl of ugly apartment blocks that you might find in any provincial Turkish city. Nothing suggests that it has any history going back more than a few decades.

If you then look to the south, directly beneath you is an area of rough grass, criss-crossed by a maze of paths, with just a few fragments of buildings still visible.

This is Old Van, a city that, until its destruction, had been continuously inhabited for more than 3,000 years.

And a large part of the people who inhabited it were Armenians - it had once been at the heart of a great Armenian empire.

Today there are almost none.

The only two buildings still standing there are mosques. Of the dozen or so churches, there is no trace.

The story of how the Armenians vanished from their historic homeland is not discussed in Van today.

The city proudly describes the waves of invaders who have passed through - Parthians, Greeks, Romans, Persians, Seljuk Turks - but the Armenians who dominated the city just a century ago are hardly mentioned.

This is not surprising really, when you consider that the Ottoman Empire's biggest minority was driven out of Anatolia in 1915 on ghastly death marches.

At least half, maybe much more, of the original population died, in what many historians call the modern world's first genocide.

Today the inhabitants of Van are mainly Kurdish, some probably the descendants of those who killed and seized the property of the Armenians.

The current Turkish government is the first one to seek some kind of accommodation with its Armenian past.

It needs to if it is to fulfil its ambition to be a regional power and to be part of the European Union.


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That is why it permitted a Christian service to take place last Sunday in the beautiful little church on Akhtamar Island in Lake Van.

It is the only historic Armenian building still standing in eastern Anatolia, and among the most holy for Armenian Christians.

Bittersweet

I happened to be in a bus with an Armenian choir from Istanbul who had been invited to sing at the service.

They were being treated as VIPs - the municipal government wanted them to feel welcome - and we were being given a tour.

Our guide was a young local woman called Fatima. She had won over her guests by singing some lovely renditions of old Armenian ballads.

But when she pointed out the wasteland that is the old city today, all she could say was that the Armenians had, in her words, "disappeared".

For a few moments the bus went quiet then everyone broke into song again.

None of the Istanbul Armenians wanted to talk about the past. They are a very small community, acutely aware of their vulnerability.

The Armenians who had come from the United States for the service were more forthright.

"It's bittersweet, coming here," said one man whose grandparents had fled from Van during the killings.

"We're like parallel cultures, we even look the same," he said, "only we hate each other."

He said there had been strong pressure on him from other American Armenians not to come - they saw the one-off church service as a cynical publicity stunt by Turkey.

At times on Sunday it did seem like that.

The local government had invited an army of journalists to witness the service who threatened to overwhelm the congregation. It also invited local Muslims, who talked and laughed all the way through it.

No-one made any effort to respect the sanctity of the ceremony.

A local boatman told me he was puzzled by the way they were praying. He had never seen a Christian service before. "And why are they crying," he asked? He had no idea.

No discussion

The Turkish government still fiercely defends its version of history - that what happened in 1915 was a tragedy, not a war crime.

In Van, it points out, the Armenians took up arms. For a while they controlled the city and later they helped enemy Russian forces to occupy it.

In the chaos of war, it says, large numbers of Turkish Muslims also died. But the annihilation of the Armenians is simply blanked out of the history taught in Turkish schools.

There is no discussion, and real dangers await those who try to start one.

It is less than four years since the Armenian journalist Hrant Dink was murdered in Istanbul by a young nationalist for calling for just such a debate.

"This church service is pointless if the Turkish government only wants to appear more tolerant," one Armenian journalist told me.

"It has to change the mindset of the people. Make them confront their past."

In the dreary avenues of modern-day Van, that process has not started yet. Its history is still buried under layers of concrete and by Turkey's uncompromising nationalist dogma.

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By Jonathan Head

BBC News, Van, Turkey



lundi 27 septembre 2010

Le Karabakh au cœur des rencontres en marge de la 65ème AG de l'ONU

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Alors que les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE font la navette d'une capitale à l'autre, que le président Medvedev a organisé des rencontres avec ses homologues Serge Sarkissian et Ilham Aliev, il n'y a pas de répit sur la ligne de contact du Karabakh.

Si officiellement les négociations se déroulent sur un plan politique, sur le terrain le côté pacifique n'existe pas, de nombreux coups de feu sont échangés tous les jours. Les actes ne sont pas en concordance avec les discours.

Pour bien faire, il faudrait renforcer la surveillance. Seulement voilà, l'OSCE n'est pas l'ONU et ne dispose pas de soldats de la paix pour surveiller la ligne de contact entre le Karabakh et l'Azerbaïdjan. La petite équipe en charge de ce travail est dirigée par le représentant officiel du président de l'OSCE, Andrzej Kasprzyk (Pologne) secondé par le lieutenant-colonel Imre Palatinus (Hongrie), lesquels disposent de quatre assistants sur le terrain, en général deux pour chacun des côtés. Le rythme de surveillance est de une à deux fois par mois suivant les besoins. Il est clair que pour surveiller les 220 km de la ligne, cela est totalement insuffisant, d'autant que les intéressés sont prévenus plusieurs jours à l'avance, et donc que le calme règne ce jour-là.

Donc, les accrochages continueront en espérant que le président Ilham Aliev ne sera pas tenté d'utiliser ses armes derniers cris. Tout est lié à son humeur au sortir des négociations de paix avec son homologue arménien.

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** Groupe de Minsk **


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Les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE ont publié la déclaration suivante :

"Le coprésidents du Groupe de Minsk, les ambassadeurs Bernard Fassier (France), Robert Bradtke (Etats-Unis), et Igor Popov (Russie), ont tenu deux réunions distinctes le 23 Septembre à New York, en marge de la session de l'Assemblée générale de l'ONU, avec les ministres des Affaires étrangères de l'Arménie, Edouard Nalbandian, et de l'Azerbaïdjan, Elmar Mammediarov. Le représentant personnel du Président de l'OSCE, l'Ambassadeur Andrzej Kasprzyk, participait aux rencontres.

Les coprésidents ont informé les ministres sur la préparation de leur prochaine mission d'évaluation sur le terrain. Cette mission se déroulera du 4 au 14 Octobre 2010, dans les territoires entourant le Haut-Karabakh.

Suite à leurs contacts préliminaires avec des fonctionnaires des Nations Unies à Genève et à New York, les coprésidents ont officiellement invité des experts du PNUD et du HCR (Programme des Nations-Unies pour le Développement et Haut Commissariat aux Réfugiés) à participer à la mission.

En outre, les coprésidents ont présenté aux ministres leur plan de travail pour les mois à venir, et notamment les préparations pour le Sommet de l'OSCE à Astana."

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** Edouard Nalbandian **


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Le ministre Edouard Nalbandian a eu un certain nombre de réunions en marge de la 65e session l'Assemblée Générale à New York.

Ainsi, avec son homologue géorgien, Georgy Vashadze, il a examiné les questions de l'agenda bilatéral. Le ministre géorgien doit se rendre à Erevan en Octobre où il poursuivra le dialogue.

De même, il s'est entretenu avec ses homologues croate, slovène, grec, syrien et irakien.

Lors de sa rencontre avec les coprésidents du groupe de Minsk, le ministre Nalbandian a salué leurs efforts et leur a parlé de la résolution azerbaïdjanaise, retirée in-extremis de l'ordre du jour de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Rencontre avec Ban Ki-moon


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Il a surtout rencontre le Secrétaire général, Ban Ki-moon. À la demande de ce dernier, M. Nalbandian l'a informé sur les derniers événements sur le règlement du conflit du Karabakh.

Ban Ki-moon s'est dit favorable au retrait des tireurs d'élite de la ligne de contact, ce qui va considérablement renforcer la trêve entre les parties au conflit. Edward Nalbandian a indiqué qu'il partageait le même avis, et a exprimé l'espoir que l'Azerbaïdjan acceptera l'offre faite à plusieurs reprises.

Se référant à l'évolution de la normalisation arméno-turque, Nalbandian a exprimé sa gratitude à M. Ban Ki-moon pour l'aide impartiale de l'ONU dans ce processus.

Puis, il a quitté New York pour Boston pour prononcer un discours à l'Ecole Fletcher de Droit et de Diplomatie, et rencontrer des représentants de la communauté arménienne avant de repartir.

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** Rencontre Obama-Aliev **


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En marge de l'Assemblée général, le président Obama a rencontré son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliev, la discussion a porté sur des questions d'intérêt commun et les moyens de renforcer davantage les relations entre les deux nations.

Il a réaffirmé son fort soutien au processus du Groupe de Minsk de l'OSCE pour résoudre le conflit du Haut-Karabakh, tout en soulignant l'importance de maintenir le cessez-le-feu le long de la ligne de contact et surtout la nécessité de trouver une solution pacifique fondée sur les principes d'Helsinki à savoir : - la non-utilisation de la force ou de sa menace ; - l'intégrité territoriale ; - et l'égalité des droits et l'autodétermination des peuples. Les questions de sécurité régionale et de coopération énergétique en cours ont complété les sujets.

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** Andrei Kelin **


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"Un manque chronique de nouveaux progrès dans les pourparlers de paix arméno-azerbaïdjanais pourrait augmenter la probabilité d'un autre conflit armé à grande échelle dans le Haut-Karabakh," a averti vendredi un Haut-responsable du ministère russe des Affaires étrangères.

Dans une interview avec l'agence azerbaïdjanaise APA, Andrei Kelin, chef du département des anciennes républiques soviétiques a indiqué que le Haut-Karabakh ne peut pas faire partie des négociations de paix vu que Bakou considère cette région comme partie intégrante de l'Azerbaïdjan.

Il a souligné que les parties ont encore une ‘différence fondamentale' sur certains principes fondamentaux proposés par les trois pays coprésidents. Il a refusé de préciser ces points, disant seulement que "il n'y en a vraiment pas beaucoup" et que les deux parties devrait afficher une ‘volonté politique' pour surmonter ces désaccords.

"Si nous ne faisons pas cela, alors la tension va probablement continuer d'augmenter. Elle est déjà très tendue, les escarmouches sur la ligne de contact ne diminuent pas et il y a de plus en plus d'incidents [armés], les deux parties testant les forces de l'autre. Par conséquent, il est à craindre que, tôt ou tard, cette escalade va tendre vers quelque chose à plus grande échelle," a déclaré Kelin

L'envoyé spécial de l'Union européenne pour le Sud-Caucase, Peter Semneby, avait fait une remarque similaire au cours d'une récente visite dans la zone de conflit. S'adressant à Reuters, Semneby avait déclaré que les escarmouches s'intensifiant, elles risquent d'échapper à tout contrôle. Il avait appelé au renforcement du cessez-le-feu entre les forces arméniennes et azerbaïdjanaises.

L'Arménie et l'Azerbaïdjan prétendent être largement d'accord avec les principes de base proposés pour un règlement du conflit, mais en font des interprétations diamétralement opposées de leur essence. Bakou déclare qu'il n'acceptera jamais la perte du Haut-Karabakh, tandis qu'Erevan affirme que tout règlement proposant un retour de ce territoire sous le régime azerbaïdjanais est inacceptable.

Interrogé par plusieurs médias azerbaïdjanais fin Août, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, avait déclaré que Moscou avait proposé aux parties de signer un accord-cadre provisoire qui laisserait de côté les ‘deux ou trois questions' litigieuses. Il a indiqué que Washington et Paris soutenaient cette idée. Mais il n'a pas précisé si c'est ce que le président russe Dmitri Medvedev avait proposé à ses homologues arménien et azerbaïdjanais au cours de leurs entretiens trilatéraux à Saint-Pétersbourg en Juin dernier. Toujours est-il que la partie arménienne a réagi positivement à la dite proposition, alors que Bakou l'a rejetée comme étant inacceptable et lançait une attaque commando le lendemain.

Kelin a également précisé que Moscou est contre la participation de la Turquie aux activités des coprésidents, et a protesté contre le fait que la Turquie s'immisce dans les efforts internationaux pour résoudre le conflit du Karabakh. "Nous considérons la participation de la Turquie aux activités comme contre-productive parce que nous avons une vision unique dans laquelle les positions des Etats-Unis, de la France et de la Russie convergent ... ce qui nous permet de garantir que les futurs accords seront pérennes. La France et les Etats-Unis nous soutiennent sur ce point."

Rappelons que l''Arménie reste fermement opposée à toute ingérence de la Turquie dans le processus de paix au Karabakh, et d'autant plus qu'Ankara lie ce processus comme pré-condition à celui de la normalisation des relations arméno-turques.

Extrait de la Radio Publique d'Arménie et de Armenialiberty



samedi 25 septembre 2010

Des tenants et des aboutissants d'une messe

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Toute personne étant né et grandi dans un pays donné, fera sienne, tôt ou tard en fonction de son milieu familial, les us et coutumes du pays concerné. Ainsi, l'Arménien d'Arménie a pris les habitudes de l'homo sovieticus, l'Arménien des Etats-Unis a adopté les critères économiques des ses concitoyens, et l'Arménien d'Europe met en avant les valeurs défendues par l'UE. Reste l'Arménien de Turquie.

Il est difficile de faire sienne les valeurs d'un pays basées sur un nationalisme exacerbé ! Il est difficile de faire sienne les valeurs d'un pays où le fait de tuer un ‘giaour' (infidèle), arménien de surcroit, ouvre les portes du Paradis ! Il est difficile de faire sienne les valeurs d'un Etat qui a massacré tout un peuple et qui persiste dans sa négation ! Reste la valeur refuge, tolérée par la Turquie conformément au Traité de Lausanne, la ‘liberté' de religion, et encore sous certaines conditions.

Aussi, rien d'étonnant que nos compatriotes fassent bloc derrière le Patriarcat, le seul à pouvoir discuter des problèmes des Arméniens avec les autorités, et suivent scrupuleusement ses consignes. Et lorsqu'on s'écarte un temps soit peu de ce chemin, on subit le sort de Hrant Dink. Par contre, ce comportement n'a plus de raison d'être, une fois qu'il a émigré. Les habitudes ont la peau dure ...

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La messe en l'église Sainte-Croix sur l'île d'Akhtamar est maintenant terminée, générant de nombreuses questions et, malheureusement, une conviction que Patriarcat Arménien de Constantinople n'a jamais eu le courage ou l'honnêteté d'esprit de refuser cette manifestation. Nous disons malheureusement cela parce que l'archevêque Aram Atechian et le clergé du Patriarcat sont devenu partie intégrante du spectacle tant annoncé par Ankara sous la dénomination : ‘Turquie tolérante'. Et, une fois encore, malheureusement, ils n'étaient pas les seuls là-bas.

Avec un masochisme enviable et presque avec respect, un certain nombre de médias arméniens ont remplacé avec succès les homologues turcs, présentant avec enthousiasme les rencontres à Van et la messe elle-même. Croyant probablement, exercer sincèrement leur activité professionnelle. En fait, et personne ne le conteste, mais il y a une limite à tout. Dans ce cas présent, il aurait été judicieux de suivre l'exemple de la presse turque, qui s'est limitée à rapporter l'événement et a écrire les mêmes choses qu'avant la messe. Certains représentants du saint Siège d'Etchmiadzine ont agi comme la presse arménienne.

"La célébration d'une messe en l'église Sainte-Croix d'Akhtamar était juste une autre démonstration-spectacle de la Turquie, l'Arménie a fait de cette question un sujet de spéculation", a déclaré l'Archimandrite du diocèse d'Ararat, Komidas Hovnanian. En outre, il estime injuste que les Arméniens n'aient pas pu prendre part à la messe [en traversant la frontière].

Dans ses révélations, le Catholicos est allé encore plus loin disant que c'était en fait à l'Arménie de célébrer la messe dans l'église de Sainte-Croix. Il est difficile d'imaginer une plus grosse absurdité. Il suffit que la Turquie décide ce qu'il y a lieu de faire et elle le fait. Et d'une manière générale, il en est de même pour le gouvernement de ce pays, concernant le nombre d'Arméniens présents – que ce soit 100 ou 10.000. Le point le plus important est que la messe a eu lieu, donnant à Ankara un point positif dans les négociations avec l'UE, et finalement vis-à-vis des Etats-Unis. Seule une personne très limitée pour qui le monde s'arrête au seuil de sa porte, ne le remarquerait pas. Encore une fois, malheureusement, ce fut le cas pour la majorité du clergé de l'Eglise apostolique arménienne. La seule chose qu'Etchmiadzine a été capable de faire, c'est de refuser de participer à la messe par manque de la croix du dôme. Même ainsi, on peut supposer que cette décision a été prise après le boycott par le Catholicos de la Grande Maison de Cilicie, Aram I. Surprenante également l'attitude froide de la Turquie face à cet événement, que l'on peut difficilement appeler une messe, qui n'a attiré l'attention de personne. Les Arméniens d'Istanbul attendaient de toute évidence un Haut-fonctionnaire d'Ankara, mais personne n'est venu, en dehors d'un représentant du vilayet de Van. Et pourquoi aurait-il du y avoir quelqu'un ? L'église est restaurée, l'UNESCO et le monde sont satisfaits ou font semblant de l'être. Que faire d'autre ? Mais personne n'a soulevé le fait que le chemin menant à l'église est bordé de khatchkars (pierre-croix) brisés, que les tombes des prêtres ont été profanées, tout comme le complexe monastique, excepté l'église restée en ruine et que personne ne songe à la restaurer. Et ne parlons pas des milliers de monuments religieux détruits et profanés [à travers la Turquie].

Le dernier archevêque du Patriarcat arménien de Constantinople à la veille de la Première Guerre mondiale, Maghakia Ormanian, mettait déjà en garde ses fidèles, en 1913, contre le danger et le manque de fiabilité des Ottomans. La congrégation, hélas, n'a pas pu faire entendre raison à ces derniers. Et nous avons vu les terribles résultats - un million et demie de morts, un demi-million dispersés. Et combien ont été islamisé de force ! Leurs descendants ont tout à coup "recouvré la vue" et commencent à parler de leurs racines arméniennes. Et nous, les habitants d'Arménie, avons commencé à parler d'un certain dirigeant turc, presque avec tendresse, prétendant qu'il était d'origine arménienne, et non turque ! Qui essaie-t-on de tromper, et pourquoi est-ce une question rhétorique ?

Le danger de ce qui s'est passé le 19 Septembre est que la Turquie pourrait transformer d'autres églises en musée, permettant de temps à autre des offices religieux, avec l'idée claire de poursuivre sa politique de négation du génocide arménien. Et nous ne doutons pas que les choses se dérouleront exactement de cette façon ...

En général, il faut dire que les Arméniens vivent encore de mythes concernant la Turquie en tant qu'Etat et de la communauté arménienne d'Istanbul en particulier. Cette communauté est présentée comme un otage aux mains de l'État turc, ce qui est vrai en partie. En fait, les Arméniens d'Istanbul ne vivent pas si mal, l'essentiel pour eux est d'éviter de se démarquer de la masse ottomane. Et nous devons admettre que cette communauté, autrefois dirigée par l'archevêque Mesrop Mutafian, et maintenant par Aram Atechian, s'en n'est pas trop mal sortie. Suivant une logique simple - si nous restons assis, il ne se passera rien. Les Arméniens d'Istanbul n'ont jamais tiré les leçons de 1915, et la preuve en est l'assassinat de Hrant Dink, les menaces contre le patriarche et contre des membres ordinaires de la communauté. Revenons au rédacteur en chef du quotidien Jamanak, Ara Kotchounian, qui n'a jamais utilisé le terme ‘génocide' dans ses publications …. À cet égard, les mots du poète et député arménien, Krikor Zohrab, prononcés dans la nuit du 23 au 24 d'avril 1915, sont très remarquables. Quand on lui a dit qu'il fallait partir avant que les massacres ne commencent, il a répondu : "Vraiment ? Les Turcs sont nos amis. Hier, je jouais encore au backgammon avec Talât, il me l'aurait dit ...". Quatre vingt quinze ans se sont écoulés depuis lors et rien n'a changé : un très grand nombre d'Arméniens sont naïfs et croient en la puissance des demandes, des lettres, des manifestations, alors que les Turcs continuent leur politique d'éradication de la population arménienne (ermeni milliyet). Il en sera toujours ainsi, jusqu'à ce que nous ayons des prêtres comme l'archimandrite Hovnanian ou des pasteurs comme le patriarche Ormanian.

Karine Ter-Sahakian – Panarmenian.net – Département Analyse



jeudi 23 septembre 2010

Edouard Nalbandian à New-York

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

La Turquie ne perd pas une occasion de mettre en avant la mauvaise volonté de l'Arménie de se retirer sans contrepartie de la ceinture de sécurité autour du Haut-Karabakh. Les Arméniens du Karabakh comptent sur Erevan pour défendre leur cause devant les instances internationales, vivant dans un Etat non reconnu et donc interdit de paroles y compris sur les sujets les concernant.

De son côté, Le président azerbaidjanais Ilham Aliev doit rencontrer son homologue américain demain pour discuter de divers sujets et notamment du Karabakh. De plus, l'administration Obama vient de subir un revers avec le véto mis par les sénateurs Barbara Boxer (D-CA) et Robert Menendez (D-NJ) à la nomination de Matthew Briza au poste d'ambassadeur à Bakou ; et ce malgré le feu vert de la Commission des Affaires Etrangères du Sénat.

Au pays du dollar-roi, le portefeuille penche en faveur des gisements de la Caspienne. Toutefois, il serait peut-être temps que les grandes puissances fassent comprendre au sieur Aliev que le problème du Haut-Karabakh risque fort de perdurer, sans un petit effort de sa part. Tout comme le problème de Chypre-Nord, que son principal défenseur, Ankara, connait très bien.

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Depuis le 21 Septembre, le ministre des Affaires étrangères arménien, Edouard Nalbandian, se trouve à New York. Au siège des Nations Unies, il a participé au sommet consacré à la mise en œuvre des Objectifs de Développement du Millénaire et a prononcé un discours. Le chef de la diplomatie arménienne a évoqué les mesures prises et à prendre par Erevan pour atteindre les Objectifs de Développement du Millénaire. Dans ce contexte, il a abordé les questions touchant à la sécurité dans le Sud-Caucase :


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"En acceptant dans la Déclaration du Millénaire, que la sécurité et le développement sont étroitement liés, les gouvernements s'engagent à n'épargner aucun effort pour protéger les populations de deux pays de la guerre à l'intérieur et entre les États. À cet égard, la prolifération des armes continue de faire peser une menace non seulement pour la paix et la sécurité, mais aussi pour le développement social et économique. Malheureusement, ces défis existent toujours dans notre région."

"L'Azerbaïdjan continue de rejeter la proposition visant à parvenir à un accord sur la non-utilisation de la force ou la menace de la force. Cela contredit les principes des Nations Unies, les fondements de ce qui unit pour protéger les générations à venir contre le danger de guerre. Aujourd'hui, nous constatons la position belliqueuse de l'Azerbaïdjan, la multiplication de son budget militaire, la rhétorique militante et ses provocations, qui mettent en péril la sécurité et la stabilité régionales."

"Alors que nous parlons des progrès au sens de la réalisation des Objectifs de Développement du Millénaire et partageons nos préoccupations sur les objectifs non encore atteints, il y a des peuples qui restent hors de l'attention de la communauté internationale. La population du Haut-Karabakh fait le maximum pour créer des conditions de vie adéquates et veiller à la protection des droits de l'homme. Et elle le fait sans le soutien de la communauté internationale. Le Haut-Karabakh continue d'attendre les programmes d'assistance. Nous ne serons pas en mesure de dire que tous les Objectifs de Développement du Millénaire ont été atteints et que l'égalité et la justice ont été assurées à l'échelle mondiale, si nous ne parvenons pas à prévenir les préjudices causés aux personnes innocentes en raison de l'inaction," a déclaré le ministre Nalbandian.

Dans le cadre de son déplacement à New York, l'agenda d'Edouard Nalbandian prévoit des entretiens avec les dirigeants des Nations Unies, ses homologues de différents pays et les coprésidents du Groupe de Minsk. Le 25, il fera un discours à la session de l'Assemblée générale de l'ONU. Le 26, il se rendra à Boston pour rencontrer les représentants de la communauté arménienne locale. Le lendemain, il prononcera un discours à l'Ecole Fletcher de droit et de diplomatie de l'Université Tufts.

Radio Publique d'Arménie



Armenia's Foreign Minister speaks at the UN Summit on the Millennium Development Goals

Armenian Foreign Minister Edward Nalbandian started his visit to New York on September 21. At the UN headquarters the Armenian Foreign Minister participated in and delivered a speech at the summit dedicated to the implementation of the Millennium Development Goals.


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Minister Nalbandian referred to the steps Armenia has taken and is going to take to meet the Millennium Development Goals. In this context Edward Nalbandian touched upon security issues in the South Caucasus. “Accepting that security and development are closely interrelated, in the Millennium Declaration governments assume to spare no effort to protect peoples from war both inside countries and between states. In this regard the proliferation of arms continues to pose threat not only to peace and security, but also to social and economic development. Unfortunately, such challenges exist in our region, as well,” he said.

“Azerbaijan continues to reject the proposal to reach an agreement on non-use of force or the threat of force. This contradicts the UN principles, the founders of which united to protect the coming generations from the danger of war. Today we see the bellicose position of Azerbaijan, the multiplication of its military budget, militant rhetoric and provocations, which jeopardize regional security and stability,” Minister Nalbandian stated.

“While we speak about the progress in the direction of reaching the Millennium Development Goals and share our concerns on the goals not yet achieved, there are peoples that stay out of the attention of the international community. The people of Nagorno Karabakh are doing the utmost to create proper living conditions and ensure the protection of human rights. And they are doing this without the support of the international community. Nagorno Karabakh continues to expect due assistance programs. We will not be able to say that all the Millennium Development Goals have been achieved and equality and justice have been ensured on the global level, unless we manage to prevent the harms caused to innocent people as a result of inaction,” Minister Nalbandian said.

Within the framework of the visit to New York Edward Nalbandian will have meetings with the UN leadership, as well as his counterparts from different countries and the OSCE Minsk Group Co-Chairs. On September 25 Minister Nalbandian will make a speech at the UN General Assembly session. On September 26 the Armenian Foreign Minister will leave for Boston to meet representatives of the local Armenian community. The following day Edward Nalbandian is expected to make a speech at the Fletcher School of Law and Diplomacy at Tufts University.

Public Radio of Armenia



mercredi 22 septembre 2010

XIXème anniversaire de l'indépendance de l'Arménie

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Si les dirigeants russes et arméniens ont l'habitude de s'échanger des politesses, des vœux et des souhaits tout au long de l'année, il est à remarquer que trois figures importantes américaines – le Président, la Secrétaire d'Etat et le Gouverneur de la Californie – communiquent sur le sujet.

Moscou a pris beaucoup d'avance sur Washington, ces derniers temps et ce n'est pas l'échec de Matthew Briza comme ambassadeur américain en Azerbaïdjan qui va combler le retard. Retard accumulé avec le refus d'Obama de prononcer le mot de ‘génocide' le 24 Avril dernier, puis l'insistance de son administration pour faire aboutir les protocoles arméno-turcs sans ‘froisser' son allié ottoman et enfin la visite de Mme Clinton, mais à ‘titre privé', du mémorial de génocide arménien, Dzidzernagapert. Leurs actes ne suivent pas leurs belles promesses.

Quant aux souhaits hypocrites d'Ankara, ils visent avant tout au départ des Arméniens du Karabakh ... voire même de toute la région si cela pouvait se faire. L'ennui c'est que l'on est plus en 1915.

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** Dmitri Medvedev **


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"Je vous félicite cordialement pour votre fête nationale – la Journée de l'indépendance.

Au cours de ma récente visite en Arménie, j'ai été convaincu que les traditions séculaires d'amitié russo-arménienne continuent à se renforcer. Nos citoyens sont fiers des pages glorieuses de notre histoire, des réalisations et des victoires communes. Un exemple frappant en est la reconstruction du mémorial sur la Colline des Héros. Nous sommes reconnaissants à la nation arménienne pour son attitude respectueuse envers les monuments dédiés à nos soldats.

Sur une base solide de confiance et de coopération, l'Arménie et la Russie construisent leur partenariat stratégique, engagent un dialogue politique actif, et coordonnent leurs démarches de manière plus efficace sur la scène régionale et internationale.

Nous avons pris des décisions importantes sur l'avancement de projets économiques conjoints, y compris dans l'innovation et l'aide humanitaire.

Je suis convaincu que ces accords contribueront à l'approfondissement des relations bilatérales dans l'intérêt de nos pays et pour l'amour de la paix et de la stabilité en Transcaucasie.

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** Barack OBMA **


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"Cher Monsieur le Président, les États-Unis s'associent à vous et à tous les Arméniens pour célébrer la Journée de l'indépendance de l'Arménie.

A cette occasion, nous reconnaissons et rendons hommage à l'esprit et aux réussites du peuple arménien ainsi qu'à leurs réalisations à travers le monde.

Les États-Unis sont fiers des liens historiques et d'amitié entre nos deux pays et aux valeureuses contributions de nombreux Américains d'origine arménienne. Nous félicitons le peuple d'Arménie pour sa fête nationale."

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** Hillary Clinton **


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"Au nom du Président Obama et du peuple américain, je tiens à féliciter le peuple d'Arménie pour la célébration de sa Fête de l'Indépendance du 21 Septembre.

J'ai personnellement vécu l'hospitalité du peuple arménien lors de ma récente visite à Erevan. J'ai eu l'honneur de passer le 4 Juillet - Jour de notre indépendance nationale - en Arménie, et je suis fière de célébrer la richesse culturelle de l'Arménie et les nombreuses réalisations à l'occasion de votre célébration de l'indépendance.

Les Américains d'origine arménienne ont apporté de nombreuses contributions aux États-Unis au cours des années, l'approfondissement des liens d'amitié et d'affection entre nos deux pays. Nous nous engageons à élargir notre coopération et la construction d'un avenir prometteur pour tous nos citoyens.

Je souhaite au peuple d'Arménie une journée de l'indépendance sécurisée et heureuse, avec la paix et la prospérité pour l'année à venir."

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** Arnold Schwarzenegger **


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"Je tiens à saluer la célébration du Jour d'Indépendance
de l'Arménie.

La Californie accueille un merveilleux maillage de coutumes et de cultures, et nous sommes reconnaissants à nos résidents arméno-américains pour leurs contributions à notre Etat. Vous renforcez nos collectivités et enrichissez la diversité de la Californie. Nous sommes honorés de nous joindre à vous pour commémorer cette occasion spéciale.

Au nom de tous les Californiens, nous vous souhaitons une célébration mémorable et plein de succès pour l'avenir."

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** Bako Sahakian **


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"Au nom des autorités de l'Artsakh et en mon nom personnel, je vous félicite cordialement ainsi, que tout le peuple arménien pour le Jour d'Indépendance de la République d'Arménie.

C'est un jour férié pour tous les Arméniens d'Arménie, d'Artsakh et de la diaspora. Nous devons tous célébrer cet événement solennel qui a jeté une base pour la réalisation des rêves séculaires et des objectifs nationaux de notre peuple.

Depuis déjà 19 ans, le peuple arménien s'est engagé dans la voie de la création et du développement de son statut d'État, ce qui rend prospère sa patrie, renforce et consolide les valeurs démocratiques. C'est un chemin difficile et le surmonter avec dignité demande une volonté forte et un esprit inébranlable, un dur et laborieux travail quotidien, une attitude tendre et compatissante envers la Patrie.

Je suis convaincu que sous votre autorité le pays se modernisera et se développera encore plus, la Mère-patrie pour les Arméniens disséminés, où chaque arménien vivra avec un sentiment de fierté.

Je vous félicite une fois encore, vous et nos compatriotes, pour cette fête nationale et je vous souhaite paix, prospérité et succès pour la gloire d'un avenir radieux de la République d'Arménie."

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** Abdullah Gül **


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Bien qu'aucun texte n'est été communiqué, on apprend de source sûre arménienne que le président turc aurait envoyé un long message à son homologue arménien, à l'occasion de la fête nationale. Ainsi, il exprimerait l'espoir que les protocoles turco-arméniens, signés il y a un an, ‘serviront de base' pour les relations futures entre les deux Etats voisins ; et que la résolution des conflits régionaux permettra aux deux ennemis historiques d'établir des liens de "bon voisinage".

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Extraits de la Radio Publique d'Arménie



mardi 21 septembre 2010

La messe est dite

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Traduction libre Gérard Merdjanian – commentaires

Qu'il y ait 1000 ou 2000 personnes sur l'île d'Akhtamar ce dimanche, n'était pas le plus important.

Hormis le patriarcat d'Istanbul, tous les religieux arméniens d'Arménie et de la diaspora avaient mis en avant l'absence de la croix coiffant la coupole qui donne au bâtiment sa vocation religieuse. De même toute la classe politique arménienne déclinait l'offre d'Ankara, mettant en avant le côté théâtral. Restaient donc les Arméniens de Turquie pour qui, le moindre geste des dirigeants turcs à leur égard est pris au premier degré.

La Turquie qui voulait réitérer le coup médiatique du monastère grec de Sumele de la mi-août, a cette fois-ci fait un flop. Si les médias étaient effectivement présents, ce n'est pas le geste ‘généreux' d'Ankara qui a été mis en avant mais le contexte de la rénovation d'une église datant du Xème siècle transformée en Musée, l'absence de la croix, le refus d'ouvrir, même pour un jour, la frontière arménienne pour la célébration d'une messe annuelle.

Si Paris valait bien une messe, Akhtamar en vaut certainement plus d'une.

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** Ruben Melkonian **


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"La messe d'hier à l'église Sainte-Croix et tout le spectacle turc, ont été un échec. Le scénario prévu par la Turquie ne s'est pas réalisé, car seulement 700 à 800 pèlerins arméniens - la plupart Arméniens d'Istanbul - ont participé à la liturgie," a déclaré le turcologue Ruben Melkonian lors d'une conférence de presse.

"Les hommes d'affaires de Van s'avouaient déçus. Tous les préparatifs ont été en vain, 90% des hôtels sont restés vides. Même les invitations envoyées par le Premier ministre turc à la classe politique arménienne, n'ont pas atteint donné les résultats escomptés." Ruben Melkonian était du nombre.

Pour le politologue, le spectacle monté par la Turquie a mis en avant l'écart existant entre les Arméniens d'Istanbul et les Arméniens de la diaspora.

"En organisant cette manifestation, la Turquie souhaitait montrer sa tolérance, mais les manifestations organisées en Arménie ont fortement jeté un doute sur cette ‘tolérance'. Désormais, les Arméniens doivent démontrer à la communauté internationale, que les Turcs ne jouent pas franc jeu. En outre, la question du statut des monuments historiques et culturels arméniens doit être soulevée," a-t-il souligné.

*

** Kiro Manoyan **


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"La Turquie a raté son objectif en raison de ses diverses prises de position durant l'année," a déclaré le directeur du Bureau Hay Dat et des Affaires politiques de la FRA-Dachnaktsoutioun, Kiro Manoyan. Selon lui, les agences de presse du monde entier ont plus présenté la position arménienne que l'événement lui-même. La plupart des médias de premier plan, tels CNN ou BBC, ont indiqué que la Turquie a évité de rendre l'église Ste. Croix à sa vocation première, craignant que les Arméniens puissent revendiquer leurs terres.

Kiro Manoyan estime qu'il est temps pour les Arméniens de prendre le contrôle du processus de développement de ces événements. Il note cependant que ce processus va poser de nombreuses questions. Tout d'abord, la Turquie a clairement fait savoir qu'elle est le maître des lieux, et que c'est elle qui décide si une messe doit avoir lieu ou pas. Selon Manoyan, l'Eglise apostolique arménienne devrait lancer une série d'actions de grâce que ce soit à Akhtamar ou dans d'autres églises disséminées sur le territoire turc. Pour ce faire, la FRA apportera son soutien au Saint-Siège d'Etchmiadzine.

"L'Arménie doit clairement indiquer que l'autorisation d'Ankara d'organiser une messe annuelle à l'église Ste. Croix d'Akhtamar, était une concession faite à la minorité nationale, et non à l'Arménie. Les droits de la minorité arménienne sont tellement violés que l'autorisation d'organiser une messe est considérée comme de la générosité," a-t-il souligné.

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** Hraïr Garabédian **


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"Les protocoles arméno-turcs, qui sont toujours sur l'ordre du jour de l'Assemblée nationale, ne sont plus importants. Très peu de gens croient encore que la Turquie va ouvrir sa frontière. Les diverses déclarations ont montré, et montrent toujours, que la Turquie tente de négocier cette question au prix de nos intérêts nationaux et d'État. Nous pensons que les protocoles devraient être retirés de l'ordre du jour de l'Assemblée Nationale, parce qu'il est évident que la Turquie n'a aucune envie de discuter de cette question aujourd'hui. La Turquie maintient toujours sa position traditionnelle. Les mesures qui étaient sensées accompagner la célébration de la messe sur l'île d'Akhtamar en sont une nouvelle preuve," a déclaré le député dachnak, Hraïr Garabédian.

Extraits de la Radio Publique d'Arménie



lundi 20 septembre 2010

Aliev-Saakachvili montent le ‘projet du siècle'

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Ou comment gagner encore plus d'argent, faire profiter la Géorgie, qui en devenant plus redevable, sera donc plus malléable. Avec ses dix milliards $ de revenus par an, Ilham Aliev ne demanderait pas mieux que de se lancer dans une guerre contre le Karabakh, mais, si la victoire reste incertaine, les dégâts collatéraux sur ses pipelines, eux seraient plus que certains. Il ne peut pas jouer avec les intérêts des grandes puissances.

Aussi, au lieu de dépenser 2-3 milliards pour reloger correctement les centaines de milliers de réfugiés du Karabakh, instrumentalisés pour faire pression sur les organisations internationales, il préfère mettre son argent dans des projets hypothétiques qui dépassent le cadre régional. Quant au reste de la population, il a le droit de se taire.

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Les Présidents géorgien et azerbaïdjanais, suivant en cela les traces de leurs prédécesseurs, Heydar Aliev et Edouard Chevardnadze, se sont lancés dans le ‘projet du siècle', portant cette fois-ci sur le gaz. Lors d'une réunion à Bakou, les trois présidents, géorgien et azerbaïdjanais et le roumain, Traian Basescu, ont signé un accord de projet pour le transport de gaz liquéfié azerbaïdjanais vers l'Europe, via la Géorgie et la Roumanie : Azerbaïdjan-Georgia-Romania-Interconnexion (AGRI).

Ce projet est essentiellement politique, puisque le volet économique du projet risque fort d'être problématique. Selon Stratfor, en termes de technologie et de logistique, ce projet est très ambitieux, tellement ambitieux qu'il est tout simplement irréaliste. "Le coût estimatif du projet fluctue entre 2 et 5 milliards de dollars, chiffre pharamineux même pour l'Azerbaïdjan. Un autre aspect de la difficulté est son tracé. Le gazoduc, qui doit transporter le gaz d'Azerbaïdjan à travers la Géorgie, devra passer à proximité de l'Abkhazie (avant de plonger dans la mer Noire), ce qui inquiète grandement la Géorgie, vu que cette ‘région' est pratiquement sous contrôle russe. Les troupes russes y sont basées, et Moscou, si il le souhaite, peut faire échouer le projet," disent les experts de Stratfor.

Toutefois, la question, comme c'est toujours le cas dans le Caucase, est essentiellement politique. La Géorgie et la Roumanie ont des problèmes avec la Russie, l'Azerbaïdjan en a avec l'Arménie, de sorte que le pipeline, si jamais il est mise en œuvre, mettra l'Arménie, mais également la Russie dans une situation très inconfortable. Et si nous ajoutons à cela le ‘mécontentement' de l'Azerbaïdjan au sujet de la base militaire russe à Gyumri, ce qui se cache derrière l'accord de AGRI devient alors clair. D'autre part, le projet n'est pas du goût de la Turquie, qui compte utiliser le gaz azéri pour ses propres projets (Nabucco par exemple). En substance, Bakou, Tbilissi et plus récemment Bucarest, essaient de montrer leur "indépendance" en particulier dans le domaine énergétique. Mais la situation n'est pas aussi simple que cela, le projet ne pourra fonctionner qu'avec l'aval des États-Unis. Le problème, c'est que Washington n'est pas en situation de gaspiller des millions sur des projets non rentables, côté américain bien sûr. Ce projet n'est pas plus soutenu par la Russie, qui s'est récemment retiré du projet de pipeline Samsun-Ceyhan. Moscou estime le conduit Burgas-Alexandroúpolis plus intéressant, vu qu'il demandera beaucoup moins de travail et que la construction peut être lancée cette année.

Mais tout cela, répétons-le, est dirigé contre l'Arménie, la Russie et, dans une certaine mesure, contre l'Iran. L'Azerbaïdjan, la Géorgie et la Roumanie semblent oublier que la possession de moyens de transport et de pipelines n'implique pas que le pays est devenu une puissance. Afin d'atteindre cet objectif, ces pays doivent faire quelque chose de complètement différent. Toutefois, possédés par la mégalomanie et essayant d'être ‘indépendants', Saakachvili et Aliev ne remarquent pas, ou ne veulent pas prendre en compte, les intérêts des grandes puissances, notamment dans la région de la Caspienne. C'est l'une des raisons pour lesquelles le projet échouera.


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Pendant ce temps, la Géorgie a correctement rempli sa part du travail participant à l'isolement de l'Arménie, en essayant d'amadouer l'Azerbaïdjan et se lançant dans un autre projet abstrait : l'établissement d'une Confédération entre Azerbaïdjan et la Géorgie. La dernière chose que la Géorgie a réalisée en vue de ce projet, a été la fermeture du poste frontière russo-géorgien d'Upper-Lars. De source bien informée : 1- c'est de cette manière que Tbilissi a montré son mécontentement sur le fait que l'Arménie a voté contre la résolution géorgien à l'ONU ; 2- la Géorgie aurait fermé Upper-Lars à la demande de la Turquie, pour empêcher l'exportation les raisins arméniens vers les marchés russes. Ce comportement de la Géorgie s'inscrit clairement dans le cadre défini par le ministère géorgien des Affaires étrangères : l'Arménie a toujours voté contre la Géorgie dans les instances internationales, alors voici notre réponse.

Ce sont nos voisins Chrétiens, et que dire des Turcs musulmans, qui ne sont plus ‘une nation - deux Etats', mais plutôt ‘une nation - six Etats' !

Karine Ter-Sahakian – Panarmenian.net – Département Analyse



La Turquie reste intransigeante sur le Karabakh

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

La visite d'Hillary Clinton au Sud-Caucase cet été ou les échanges téléphoniques entre Ankara et Washington n'ont rien modifiés à la situation bloquée. Aucun changement dans la politique d'Ankara vis-à-vis de l'Arménie. Les protocoles signés le 10 Octobre dernier en grande entre les deux pays, sont toujours au fond du tiroir tant côté arménien que turc.

Si il y a encore un an les Etats-Unis avaient une certaine influence son allié, en 2010 c'est le côté oriental de la Turquie qui prime. La diplomatie d'Ankara lui permet toutefois de rester dans les bonnes grâces de Washington et de l'OTAN en jouant de sa position géostratégique. Quant à l'UE, elle ne cesse de succomber aux promesses mielleuses du pouvoir en place, applaudissant des deux mains dès qu'un début de réforme est annoncé.

Le tandem Gül-Erdogan serait bien bête de ne pas profiter de l'aveuglement des Européens surtout lorsqu'il y a des milliards de subventions à la clé. Dans le cadre des négociations d'adhésion, de 2007 à 2010 la Turquie aura perçu 2,256 milliards d'euros, dont 383,5 millions d'euros par le contribuable français.

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"La Turquie continue de lier l'application de ses accords de normalisation avec l'Arménie avec des progrès significatifs dans la résolution du conflit du Haut-Karabakh. C'est une question sensible pour l'Arménie et pour la Turquie, et nous espérons voir un geste du côté arménien afin que notre parlement puisse aller de l'avant et ratifier ce document important [protocoles arméno-turcs signés le 10 Octobre dernier]," a déclaré vendredi Selim Yener, un responsable du ministère turc des Affaires étrangères, au correspondant de RFE/RL.

Selon le diplomate, Ankara se contenterait d'un retrait partiel des troupes arméniennes des territoires azerbaïdjanais entourant le Haut-Karabagh. "Nous espérons que l'Arménie prendra certaines mesures de retraits de quelques-unes de ses troupes de certaines régions, je pense que ce serait extrêmement utile. Cela montrerait que l'Arménie prend au sérieux les efforts de paix et que cela va dans la bonne direction," a ajouté Yener.

L'Arménie a toujours rejeté cette condition préalable. Les dirigeants arméniens ont fait valoir que le protocole ne faisait aucune référence au conflit du Karabakh ; opinion partagée par les grandes puissances, et notamment par le principal instigateur du rapprochement turco-arménien : les Etats-Unis.

En visite à Erevan en Juillet dernier, la Secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a exhorté Ankara à mettre en œuvre sans condition l'accord de normalisation. "Maintenant la balle est dans l'autre camp," avait-elle souligné.

Les dirigeants turcs insistent, toutefois, que les protocoles contiennent un lien implicite entre les deux processus. "Nous devons prendre en compte tous les éléments du contexte. Les protocoles ne sont pas coupés de la réalité," a déclaré Yener.

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samedi 18 septembre 2010

La politique des Etats-Unis dans la région du Sud-Caucase

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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

Même si elle est beaucoup mois visible depuis quelques temps, la politique de Washington n'a pas pour autant changé. Elle soutient toujours la Turquie qu'elle considère comme son allié, tant politique que militaire (OTAN), et ce en évitant d'utiliser le mot génocide pour les crimes commis envers les Arméniens, en la ménageant malgré ses propos contre Israël, en fermant les yeux sur les multiples atteintes aux libertés et aux droits de l'homme. Sa position géostratégique joue toujours pour elle, et même si la guerre froide est finie, il y a maintenant l'Irak et surtout l'Iran, sans compter bien sûr le pétrole et le gaz de la Caspienne.

Il est aussi clair qu'en cas de conflit au Karabakh, les Etats-Unis n'interviendront pas, pas plus d'ailleurs que les autres grandes puissances. Si les sentiments des Américains penchent plutôt vers l'Arménie et les Arméniens, leurs intérêts se trouvent côté Azerbaïdjan ; Et en politique, ce ne sont pas les sentiments qui priment. Tout ce que l'Arménie souhaite, c'est que ces puissances ne faussent pas l'équilibre qui règne, même si elle est instable.

Le risque réel est et reste la Turquie, dont le rêve secret est d'étouffer politiquement et économiquement sa voisine, malgré ses discours angéliques de zéro quelque shose.

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** Philip Gordon **


Philip-Gordon_medium
S'exprimant à la Fondation allemande Marshall, le Sous-secrétaire d'État aux Affaires européennes et eurasiatiques des États-Unis, Philip Gordon, a indiqué que : "La Turquie et les États-Unis ont un dialogue permanent, ils ont de nombreux intérêts communs, même si leurs politiques diffèrent sur certains points."

Il a qualifié les relations entre la Turquie et l'Arménie comme un autre point de vue entre la Turquie et les États-Unis, mettant l'accent sur le soutien américain au processus de normalisation, déclarant que la réconciliation sera bénéfique aux deux pays et à la région.

Il a souligné l'importance d'encourager la Turquie, soulignant que : "l'UE devrait prendre des mesures pour inciter la Turquie à réactiver le processus" ; indique l'agence Anatolie.

PanArmenian

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** Robert Gates **


Robert-Gates_medium
De son côté, le Secrétaire à la Défense, Robert Gates, estime que les efforts doivent s'intensifier "pour prévenir la violence dans le Haut-Karabakh," indique l'agence Itar-Tass suite à la réunion entre les ministres de la Défense russe et américain.

Et de préciser : "Les parties ont tenu une brève discussion sur les récentes tensions entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Gates a souligné la nécessité de respecter l'accord de cessez-le-feu signé en août 2008 et a demandé à la partie russe d'être plus transparente concernant leurs forces armées dans la région."

Radio Publique d'Arménie

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** PanArmenian - Département Analyse **

La semaine dernière, la Turquie a organisé un référendum sur des amendements à la Constitution. Après une analyse rapide, les États-Unis et certains pays de l'UE ont immédiatement déclaré que le pays se dirigerait vers l'Union européenne et, selon Département d'Etat américain, les États-Unis restent très favorables à l'adhésion de la Turquie à l'UE.

L'administration Obama ne va pas aussi loin que celle de George Bush, mais pousse la Turquie vers l'Europe malgré le fait que la politique d'Ankara à l'égard des États-Unis, et c'est un euphémisme, n'est pas celle que d'un allié. Cependant, il arrive que des élections n'importe où dans le monde, soient traitées par les États-Unis comme une étape vers la démocratie, même si elles aboutissent à renforcer le régime autoritaire. C'est exactement ce qui s'est passé en Turquie.
Philip-Crowley_medium
Selon le porte-parole du département d'Etat, Philip Crowley, Washington estime que le plébiscite donnera à la population turque l'occasion de parler d'une voix forte quant à la direction future de sa solide démocratie. Il est clair que la déclaration de Crowley n'est rien d'autre que de simples mots, la simple déclaration d'un fait. Nous pouvons supposer que c'est exactement de cette façon que seront décrites les prochaines élections parlementaires en Azerbaïdjan. Ainsi, l'autre jour, Istanbul a prouvé que ce n'était que des mots, en essayant de refouler les journalistes arméniens à la conférence organisée par la Fondation Hrant Dink.

Les lauriers de Mustafa Kemal Atatürk seraient maintenant évidemment bien utiles pour le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Bien qu'il soit encore loin d'acquérir le titre de ‘Père de la nation', il a beaucoup fait pour faire de la Turquie un pays islamique. Et c'est très surprenant de voir combien un Etat régi par la charia (certes sous couvert) peut devenir membre de l'UE. Ce sont ces mêmes lois qui ne permettent pas la fixation d'une croix sur le dôme de l'église Sainte-Croix sur l'île d'Akhtamar. Le point le plus important du plébiscite a été l'exclusion des coups d'État militaires qui ont eu lieu en Turquie depuis 1960. La dernière modification de la constitution date du coup d'Etat du 12 septembre 1980. Bref, le Parti Justice et Développement est prêt pour les prochaines (ou très proches) élections nationales.

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Tina-Kaidanow1_medium
À la fin de la semaine la Sous-secrétaire d'État adjoint aux Affaires européennes et eurasiatiques, Tina Kaidanow, va arriver dans le Sud-Caucase. Il semble que la région a commencé à agir comme un quelqu'un de dépassé. L'avancée de la Russie rend les États-Unis nerveux, compte-tenu du fait que la récente politique de Barack Obama a été confuse.

(…)

Cette visite est essentiellement axée sur le soutien du Groupe de Minsk, plutôt que sur autre chose. Les États-Unis semblent avoir accepté le fait que la République du Haut-Karabakh existe et continuera d'exister, que les élections en Azerbaïdjan se dérouleront de la façon dont elles se sont toujours déroulées, et que l'Arménie ne compte pas détériorer ses relations avec les États-Unis et la Russie. Il s'avère que le statu quo dans le Sud-Caucase convienne à tout le monde. Et si c'est le cas, c'est une excellente nouvelle.

Karine Ter-Sahakian



jeudi 16 septembre 2010

De la nomination de Matthew Bryza comme ambassadeur en Azerbaïdjan

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Après une première série de question fin Juillet, la décision de valider sa candidature en tant qu'ambassadeur avait été repoussée à la mi-septembre.

L'audience du 22 Juillet de Bryza devant la Commission des relations extérieures avait soulevé plus de questions qu'elle n'en a apporté, et, surtout avait donné lieu à une lettre détaillée sur l'enquête du Département d'Etat, directement à partir du leader de la majorité sénatoriale, Harry Reid.

La liste des reproches faits au diplomate Bryza par l'ANCA, en tant que secrétaire d'Etat adjoint pour les Affaires européennes et eurasiennes, de 2005 à 2009, chargé de coordonner la politique énergétique des États-Unis dans les régions de la Mer Noire et de la Mer Caspienne, et en même temps représentant des États-Unis à la coprésidence du Groupe de Minsk, est suffisamment longue pour se poser des questions quant à sa nomination fin Mai comme Ambassadeur en Azerbaïdjan. Son mariage à Istanbul en août 2007 avec une universitaire américaine d'origine turque, ne fait qu'ajouter à la confusion.

Si avant tout un Ambassadeur se doit d'appliquer la politique étrangère décidée par son pays, il existe de nombreux cas où les opinions personnelles peuvent venir fausser les déclarations officielles voire les actions du diplomate. Ce fut le cas des ambassadeurs pro-turcs tels M. Bryza et R. Hoagland (pressenti mais non confirmé), ou à l'inverse, pro-arménien, J. Evans (démis de ses fonctions).

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"Le candidat au poste d'ambassadeur des Etats-Unis en Azerbaïdjan, Matthew Bryza, a de nouveau présenté des réponses évasives aux questions des Sénateurs. Les questions posées par le sénateur Bob Menendez (D-NJ) portaient sur la destruction du cimetière arménien de Djoulfa, sur son opposition à légiférer sur le génocide arménien ainsi que sur la participation du Karabakh dans les négociations de paix pilotées par le groupe de Minsk de l'OSCE," a indiqué le Comité National Arménien d'Amérique (ANCA).

Il s'agit de la deuxième série de questions/réponses faite par la Commission des Affaires étrangères du Sénat, que le Sénat a rendue public cette semaine, en vue de la validation de la nomination de Matthew Bryza. La décision devrait se prendre au cours de la réunion de travail, prévue le mardi 21 Septembre.


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En réponse aux préoccupations du sénateur Menendez au sujet du délai de trois mois mis par Bryza pour condamner la profanation du cimetière arménien de Djoulfa vieux de 1300 ans, le candidat a simplement répété qu'il avait fait une ‘déclaration public' le 7 Mars 2006, sans autre éclairage sur le travail mené vis à vis du gouvernement azerbaïdjanais, en réponse à la bande vidéo de la destruction du site. Il s'est toutefois engagé, si cela s'avère nécessaire, de travailler activement par des négociations privées, des déclarations publiques, et des visites, à faire pression pour la protection et la préservation des sites religieux et culturels arméniens en Azerbaïdjan. Il a également indiqué ses efforts, comme adjoint au Sous-secrétaire d'Etat et comme coprésident du Groupe de Minsk, envers de Hauts responsables Géorgiens concernant la protection et la restitution des biens de l'Église arménienne de Tbilissi. A noter qu'aucun document public ne révèle les démarches de M. Bryza sur le sujet.

Bryza a éludé la question posée par le sénateur Menendez sur une déclaration de 2007 faite à l'Associated Press que : "une résolution du Congrès [sur le génocide arménien] serait un coup terrible pour notre relation bilatérale." Le sénateur Menendez a demandé : "Pouvez-vous expliquer pourquoi une résolution reconnaissant le génocide arménien par les Etats-Unis, nuirait à nos relations avec la Turquie ?" Bryza n'a fourni d'autre explication que l'opposition du président Bush à la Résolution."

Prié de dire si le candidat "appuierait la participation du Haut-Karabakh comme membre à part entière dans tous les aspects du processus [de paix de l'OSCE]," Bryza a fait valoir que la décision "a été prise par les parties en négociations," essentiellement en donnant à l'Azerbaïdjan un droit de veto sur une participation pleine et entière du Karabakh.


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"Encore une fois, au lieu d'apporter des réponses, M. Bryza soulève plus de questions sur ses qualifications pour tenir le poste d'ambassadeur des Etats-Unis en Azerbaïdjan," a déclaré le directeur exécutif de l'ANCA, Aram Hamparian. "Il est clair que ce n'est pas la bonne personne pour ce poste. L'Administration et les politiques de notre pays envers l'Azerbaïdjan et la région, seraient bien avisés avec un nouveau départ et par la nomination d'un nouveau candidat pour nous représenter à Bakou."

Radio Publique d'Arménie



mercredi 15 septembre 2010

Affaire Hrant Dink : La Turquie condamnée par la Cour européenne

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Ce n'est pas la première condamnation du genre, ni probablement la dernière. Le code pénal turc, bien que remanié et amendé plusieurs fois ces dernières années pour se rapprocher des normes européennes en vue de son adhésion éventuelle à l'UE, a encore beaucoup de chemin à parcourir sur les libertés et les droits de l'homme.

Pour les intellectuels, les universitaires ou les journalistes turcs, le parcours devient extrêmement dangereux dès que l'on touche aux sujets tabous tels que le problème kurde, l'occupation de Chypre et bien sûr le génocide arménien. L'article 301 du code pénal est là pour couper court à toutes velléités. Aussi, quand de surcroit l'intéressé fait partie des minorités, raciales ou confessionnelles, les difficultés sont décuplées et peuvent déboucher sur une issue fatale, comme ce fut le cas pour Hrant Dink. Ajoutons à cela que, la mise en œuvre des articles liés aux libertés et aux droits de l'homme, quand ils existent, est laissée au bon vouloir des juges.

Certes la Turquie n'est pas le seul pays à travers le monde où les valeurs européennes ne font pas parties de leur quotidien, mais tous les pays ne sont pas en train de négocier leur adhésion à l'UE et n'ont pas comme politique d'avoir « zéro problème avec les voisins. »

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Le 14 septembre, La Cour européenne des droits de l'homme a statué que les autorités turques "ont manqué à leur devoir de protéger la vie et la liberté d'expression du journaliste Hrant Dink."

La Cour a conclu à l'unanimité que la Turquie avait commise plusieurs violations. Deux concernant l'article 2 (diligenter une enquête effective), une de l'article 10 (liberté d'expression) et une de l'article 13 (droit à un recours effectif), en liaison à l'article 2 de la Convention européenne des droits de l'homme.

En conséquence, la Turquie doit payer 100.000 euros à l'épouse de Hrant Dink, Rakel Dink, et à ses enfants, 5.000 euros à son frère, ainsi que 28.595 euros aux requérants pour frais de procès et dépens.

Cet arrêt de la Chambre n'est pas définitif. Dans les trois mois suivant ce jugement, chaque partie peut demander que l'affaire soit renvoyée devant la Grande Chambre de la Cour. Si une telle demande est faite, un panel de juges examine si l'affaire mérite un examen plus approfondi. Dans ce cas, la Grande Chambre entendra l'affaire et rendra une décision finale. Si la demande de renvoi est rejetée, l'arrêt de Chambre devient définitif à compter de la date de rejet.

Une fois que le jugement est définitif, il est transmis au Comité des Ministres du Conseil de l'Europe qui supervise son exécution.

Radio Publique d'Arménie



European Court: Turkey Failed to Protect Dink

On Sept. 14, The European Court of Human Rights ruled that the Turkish authorities “failed in their duty to protect the life and freedom of expression of the journalist Hrant Dink. The Court decided that Turkey should pay 100,000 Euros to Dink's wife, Rakel, and children and 5,000 Euros to his brother, in addition to 28,595 Euros to the applicants jointly for costs and expenses.
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The Court unanimously found that Turkey had committed two violations of Article 2 (right to life—lack of an effective investigation), a violation of Article 10 (freedom of expression) and a violation of Article 13 (right to an effective remedy) in conjunction with Article 2 of the European Convention on Human Rights.

This Chamber judgment is not final. During the three-month period following its delivery, any party may request that the case be referred to the Grand Chamber of the Court. If such a request is made, a panel of judges considers whether the case deserves further examination. In that event, the Grand Chamber will hear the case and deliver a final judgment. If the referral request is refused, the Chamber judgment will become final on the day the request is rejected.

Once a judgment becomes final, it is transmitted to the Committee of Ministers of the Council of Europe for supervision of its execution.

Public Radio of Armenia



mardi 7 septembre 2010

Le Groupe de Minsk de l'OSCE reprend ses activités

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

C'est très bien de rappeler ce qu'il y a lieu de faire et surtout de ne pas faire ; le tout bien sûr sans citer de nom. Même si l'intéressé sait que ce discours s'adresse à lui, les organisations internationales ont peut-être besoin de plus de précision surtout si on leur demande de condamner X ou Y.

On reconnaît là le langage diplomatique qui sent bon le ‘politiquement correct'. L'ennui, c'est qu'à force de rabâcher du ‘politiquement correct' les négociations n'avancent guère, en caressant dans ‘le sens du poil' ceux-ci finiront un jour par tomber. Et quand de surcroit les puissances médiatrices après avoir déclarées ce qu'il faut faire (ou ne pas faire) et faire le contraire de ce qu'elles ont dit, il est évident que le contrevenant n'a aucune raison de jouer ‘le jeu'.

Ainsi lorsque les Etats-Unis, la Russie et l'Union Européenne (représentée par la France) surarment, directement ou par pays interposé, Bakou et lui font les yeux doux pour acheter et faire acheminer le pétrole et le gaz de la Caspienne, pourquoi voulez-vous qu'Aliev change sa stratégie et se conforme aux vœux des médiateurs ?

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** Le Groupe de Minsk **


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Les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, ont publié hier de Bakou, la déclaration suivante :

"Dans le cadre de leurs efforts pour faciliter les négociations en vue d'un règlement pacifique du conflit du Haut-Karabakh, les coprésidents du Groupe de Minsk (l'Ambassadeur Bernard Fassier de la France, l'ambassadeur Robert Bradtke des États-Unis, et l'Ambassadeur Igor Popov de la Fédération de Russie) seront particulièrement actifs dans les mois qui viennent, précédant le Sommet de l'OSCE, prévu en Décembre 2010 à Astana (Kazakhstan).

Les coprésidents se rendront à Bakou, à Erevan, et au Haut-Karabakh du 6 au 10 Septembre pour discuter des mesures supplémentaires nécessaires afin de renforcer le cessez-le-feu, de promouvoir un esprit de compromis par toutes les parties, et pour finaliser les modalités de nouvelles actions. Au cours de la troisième semaine de Septembre, ils iront à Washington et à New York pour travailler avec les parties concernées, en marge de l'Assemblée Générale des Nations Unies.

Entre la fin Septembre et la mi-octobre, les coprésidents seront de retour dans la région pour conduire une mission d'évaluation sur le terrain concernant la situation humanitaire dans les territoires entourant le Haut-Karabakh. Le sujet en avait été discuté au préalable avec les parties au cours des derniers mois, et le principe acté avec les intéressés avant l'été. Une équipe de conseillers de Haut niveau et d'experts, comprenant des représentants du Commissariat aux réfugiés des Nations Unies et d'autres organismes internationaux, accompagneront les médiateurs dans leur mission. Mission internationale qui sera la première dans ces territoires depuis que l'OSCE a nommé une mission d'enquête, début 2005. Peu de temps après, les coprésidents informeront des résultats le Groupe de Minsk de l'OSCE, basée à Vienne. Ensuite, ils présenteront leur rapport d'activité annuel au Conseil permanent de l'OSCE et prépareront activement le Sommet de l'OSCE avec les intéressés.

Au cours de cette période d'intense activité, les coprésidents exhorteront toutes les parties à respecter strictement le cessez-le-feu, à faire preuve de retenue sur le terrain, à n'épargner aucun effort pour favoriser l'esprit de compromis nécessaire pour faire des progrès, à s'abstenir de déclarations publiques inflammatoires, et à montrer de façon convaincante une volonté politique à engager un dialogue sérieux."

En réponse à des incidents récents le long de la ligne de contact, ils ont également condamné fermement toute violation du cessez-le-feu, les incursions à travers la ligne de contact, déplorant les pertes inutiles de vies humaines, notamment l'attaque de la semaine dernière dans le nord du Haut-Karabakh qui a fait au moins quatre soldats azerbaïdjanais morts et mis en évidence le danger permanent d'une nouvelle guerre. Ils ont rappelé la déclaration de leurs ministres à Almaty, que "l'utilisation de la force a créé la situation actuelle, et que son utilisation à nouveau ne ferait que conduire à des souffrances, à la dévastation, et générer un héritage de conflits et d'hostilité qui allait durer pendant des générations."

Les médias azerbaidjanais indiquent que les trois coprésidents envisagent de contrôler mercredi la mise en œuvre du régime de cessez-le feu sur le terrain en collaboration avec les agents de l'OSCE. Selon l'agence APA, ils passeront au Karabakh en traversant la ‘ligne de contact', où règne une forte activité militaire.

Le texte ne comportait rien concernant les désaccords subsistant sur les « principes fondamentaux » proposés par les trois puissances médiatrices. Les autorités arméniennes et azerbaïdjanaises étant toujours en désaccord sur l'interprétation du cadre de paix proposé.

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** Kanat Saudabayev **


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Le président de l'OSCE, le Secrétaire d'Etat et ministre des Affaires étrangères du Kazakhstan, Kanat Saudabayev, a fait la déclaration suivante :

"Je condamne fermement les récentes violations de l'accord de cessez-le-feu le long de la ligne de contact dans le conflit du Haut-Karabakh. Je suis préoccupé par l'augmentation du nombre de victimes des deux côtés.

Je tiens à souligner que toute violation du cessez-le-feu ne peut que déstabiliser le processus de négociations dans le cadre de la Conférence de Minsk, en limitant les possibilités de renforcer le dialogue constructif. À cet égard, je soutiens la déclaration d'aujourd'hui des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, qui appelle les parties en conflit à faire preuve de retenue, à respecter strictement le cessez-le-feu et à s'abstenir à faire des déclarations publiques inflammatoires.

L'intensification des efforts des coprésidents du Groupe de Minsk pour favoriser un esprit de compromis avant le sommet d'Astana, ne sera efficace que si toutes les parties en conflit démontrent un véritable intérêt pour la réalisation de progrès."

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Extraits de la Radio Publique d'Arménie et de Armenialiberty



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