Le Karabakh au cœur des rencontres en marge de la 65ème AG de l'ONU

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Alors que les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE font la navette d'une capitale à l'autre, que le président Medvedev a organisé des rencontres avec ses homologues Serge Sarkissian et Ilham Aliev, il n'y a pas de répit sur la ligne de contact du Karabakh.

Si officiellement les négociations se déroulent sur un plan politique, sur le terrain le côté pacifique n'existe pas, de nombreux coups de feu sont échangés tous les jours. Les actes ne sont pas en concordance avec les discours.

Pour bien faire, il faudrait renforcer la surveillance. Seulement voilà, l'OSCE n'est pas l'ONU et ne dispose pas de soldats de la paix pour surveiller la ligne de contact entre le Karabakh et l'Azerbaïdjan. La petite équipe en charge de ce travail est dirigée par le représentant officiel du président de l'OSCE, Andrzej Kasprzyk (Pologne) secondé par le lieutenant-colonel Imre Palatinus (Hongrie), lesquels disposent de quatre assistants sur le terrain, en général deux pour chacun des côtés. Le rythme de surveillance est de une à deux fois par mois suivant les besoins. Il est clair que pour surveiller les 220 km de la ligne, cela est totalement insuffisant, d'autant que les intéressés sont prévenus plusieurs jours à l'avance, et donc que le calme règne ce jour-là.

Donc, les accrochages continueront en espérant que le président Ilham Aliev ne sera pas tenté d'utiliser ses armes derniers cris. Tout est lié à son humeur au sortir des négociations de paix avec son homologue arménien.

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** Groupe de Minsk **


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Les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE ont publié la déclaration suivante :

"Le coprésidents du Groupe de Minsk, les ambassadeurs Bernard Fassier (France), Robert Bradtke (Etats-Unis), et Igor Popov (Russie), ont tenu deux réunions distinctes le 23 Septembre à New York, en marge de la session de l'Assemblée générale de l'ONU, avec les ministres des Affaires étrangères de l'Arménie, Edouard Nalbandian, et de l'Azerbaïdjan, Elmar Mammediarov. Le représentant personnel du Président de l'OSCE, l'Ambassadeur Andrzej Kasprzyk, participait aux rencontres.

Les coprésidents ont informé les ministres sur la préparation de leur prochaine mission d'évaluation sur le terrain. Cette mission se déroulera du 4 au 14 Octobre 2010, dans les territoires entourant le Haut-Karabakh.

Suite à leurs contacts préliminaires avec des fonctionnaires des Nations Unies à Genève et à New York, les coprésidents ont officiellement invité des experts du PNUD et du HCR (Programme des Nations-Unies pour le Développement et Haut Commissariat aux Réfugiés) à participer à la mission.

En outre, les coprésidents ont présenté aux ministres leur plan de travail pour les mois à venir, et notamment les préparations pour le Sommet de l'OSCE à Astana."

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** Edouard Nalbandian **


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Le ministre Edouard Nalbandian a eu un certain nombre de réunions en marge de la 65e session l'Assemblée Générale à New York.

Ainsi, avec son homologue géorgien, Georgy Vashadze, il a examiné les questions de l'agenda bilatéral. Le ministre géorgien doit se rendre à Erevan en Octobre où il poursuivra le dialogue.

De même, il s'est entretenu avec ses homologues croate, slovène, grec, syrien et irakien.

Lors de sa rencontre avec les coprésidents du groupe de Minsk, le ministre Nalbandian a salué leurs efforts et leur a parlé de la résolution azerbaïdjanaise, retirée in-extremis de l'ordre du jour de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Rencontre avec Ban Ki-moon


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Il a surtout rencontre le Secrétaire général, Ban Ki-moon. À la demande de ce dernier, M. Nalbandian l'a informé sur les derniers événements sur le règlement du conflit du Karabakh.

Ban Ki-moon s'est dit favorable au retrait des tireurs d'élite de la ligne de contact, ce qui va considérablement renforcer la trêve entre les parties au conflit. Edward Nalbandian a indiqué qu'il partageait le même avis, et a exprimé l'espoir que l'Azerbaïdjan acceptera l'offre faite à plusieurs reprises.

Se référant à l'évolution de la normalisation arméno-turque, Nalbandian a exprimé sa gratitude à M. Ban Ki-moon pour l'aide impartiale de l'ONU dans ce processus.

Puis, il a quitté New York pour Boston pour prononcer un discours à l'Ecole Fletcher de Droit et de Diplomatie, et rencontrer des représentants de la communauté arménienne avant de repartir.

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** Rencontre Obama-Aliev **


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En marge de l'Assemblée général, le président Obama a rencontré son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliev, la discussion a porté sur des questions d'intérêt commun et les moyens de renforcer davantage les relations entre les deux nations.

Il a réaffirmé son fort soutien au processus du Groupe de Minsk de l'OSCE pour résoudre le conflit du Haut-Karabakh, tout en soulignant l'importance de maintenir le cessez-le-feu le long de la ligne de contact et surtout la nécessité de trouver une solution pacifique fondée sur les principes d'Helsinki à savoir : - la non-utilisation de la force ou de sa menace ; - l'intégrité territoriale ; - et l'égalité des droits et l'autodétermination des peuples. Les questions de sécurité régionale et de coopération énergétique en cours ont complété les sujets.

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** Andrei Kelin **


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"Un manque chronique de nouveaux progrès dans les pourparlers de paix arméno-azerbaïdjanais pourrait augmenter la probabilité d'un autre conflit armé à grande échelle dans le Haut-Karabakh," a averti vendredi un Haut-responsable du ministère russe des Affaires étrangères.

Dans une interview avec l'agence azerbaïdjanaise APA, Andrei Kelin, chef du département des anciennes républiques soviétiques a indiqué que le Haut-Karabakh ne peut pas faire partie des négociations de paix vu que Bakou considère cette région comme partie intégrante de l'Azerbaïdjan.

Il a souligné que les parties ont encore une ‘différence fondamentale' sur certains principes fondamentaux proposés par les trois pays coprésidents. Il a refusé de préciser ces points, disant seulement que "il n'y en a vraiment pas beaucoup" et que les deux parties devrait afficher une ‘volonté politique' pour surmonter ces désaccords.

"Si nous ne faisons pas cela, alors la tension va probablement continuer d'augmenter. Elle est déjà très tendue, les escarmouches sur la ligne de contact ne diminuent pas et il y a de plus en plus d'incidents [armés], les deux parties testant les forces de l'autre. Par conséquent, il est à craindre que, tôt ou tard, cette escalade va tendre vers quelque chose à plus grande échelle," a déclaré Kelin

L'envoyé spécial de l'Union européenne pour le Sud-Caucase, Peter Semneby, avait fait une remarque similaire au cours d'une récente visite dans la zone de conflit. S'adressant à Reuters, Semneby avait déclaré que les escarmouches s'intensifiant, elles risquent d'échapper à tout contrôle. Il avait appelé au renforcement du cessez-le-feu entre les forces arméniennes et azerbaïdjanaises.

L'Arménie et l'Azerbaïdjan prétendent être largement d'accord avec les principes de base proposés pour un règlement du conflit, mais en font des interprétations diamétralement opposées de leur essence. Bakou déclare qu'il n'acceptera jamais la perte du Haut-Karabakh, tandis qu'Erevan affirme que tout règlement proposant un retour de ce territoire sous le régime azerbaïdjanais est inacceptable.

Interrogé par plusieurs médias azerbaïdjanais fin Août, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, avait déclaré que Moscou avait proposé aux parties de signer un accord-cadre provisoire qui laisserait de côté les ‘deux ou trois questions' litigieuses. Il a indiqué que Washington et Paris soutenaient cette idée. Mais il n'a pas précisé si c'est ce que le président russe Dmitri Medvedev avait proposé à ses homologues arménien et azerbaïdjanais au cours de leurs entretiens trilatéraux à Saint-Pétersbourg en Juin dernier. Toujours est-il que la partie arménienne a réagi positivement à la dite proposition, alors que Bakou l'a rejetée comme étant inacceptable et lançait une attaque commando le lendemain.

Kelin a également précisé que Moscou est contre la participation de la Turquie aux activités des coprésidents, et a protesté contre le fait que la Turquie s'immisce dans les efforts internationaux pour résoudre le conflit du Karabakh. "Nous considérons la participation de la Turquie aux activités comme contre-productive parce que nous avons une vision unique dans laquelle les positions des Etats-Unis, de la France et de la Russie convergent ... ce qui nous permet de garantir que les futurs accords seront pérennes. La France et les Etats-Unis nous soutiennent sur ce point."

Rappelons que l''Arménie reste fermement opposée à toute ingérence de la Turquie dans le processus de paix au Karabakh, et d'autant plus qu'Ankara lie ce processus comme pré-condition à celui de la normalisation des relations arméno-turques.

Extrait de la Radio Publique d'Arménie et de Armenialiberty