mardi 31 mai 2011

Haut-Karabakh : L'ambassadeur Henri Reynaud apporte des précisions

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

La communauté internationale n'est jamais pressée de dénoncer nommément les fauteurs de troubles. Elle aime le statu quo et hait le désordre qui déplace les lignes. Elle a une frousse bleue de tout ce qui pourrait basculer ses habitudes et les équilibres du monde.

En fait de précisions l'ambassadeur français a fait un commentaire de texte sans apporter plus d'éléments. Par contre dès qu'une question est devenue dérangeante, en bon diplomate il a ‘botté en touche' se cachant derrière la non-ingérence. Dire que ‘la déclaration des trois dirigeants est "assez forte, claire, sans équivoque et ciblée"', c'est bien, mais dire que l'Azerbaïdjan ne veut pas respecter deux des trois principes de bases c'est mieux et surtout on éviterait que l'intéressé ne se sente pas concerné et porte systématiquement la faute sur l'autre.

Cela rappelle les déclarations du président Obama ‘tournant autour du pot' pour éviter de prononcer le mot génocide. La mauvaise foi et l'hypocrisie sont courantes dans le domaine politique.

Les coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE fondent l'espoir que le Sommet de Kazan va débloquer la situation actuelle. C'est mal connaître le président Ilham Aliev qui pour prouver qu'il avait bien compris le message de Deauville, a violé par 230 fois le cessez-le-feu la semaine dernière, et que plus de 1500 tirs provenant d'armes de différents calibres ont été relevés sur la ligne de front par les soldats du Karabakh.

* Brève *

Le Dr. Israel Charny, expert mondial des génocides et lauréat d'un prix présidentiel, a publié une déclaration pour remercier le peuple arménien et le président Serge Sarkissian pour l'attribution du prix en reconnaissance de sa lutte contre le négationnisme.

Le texte souligne que : "Israël a commis une erreur, en ne reconnaissant pas le génocide arménien. J'ai déclaré à maintes reprises que nous aurions tout à gagner de la reconnaissance du génocide arménien tant dans la culture israélienne, que dans la presse et qu'auprès du grand public."

Israël Charny a ajouté que la Knesset avait prévu de tenir des audiences sur la reconnaissance du génocide arménien. "Dans l'ensemble, la Knesset a effectivement tenu par trois fois des réunions sur le sujet dans l'histoire d'Israël", a-t-il indiqué, ajoutant que "tout vote est un pas en avant pour la reconnaissance du génocide arménien. L'opposition a réussi à contrecarrer le processus de reconnaissance du génocide. Toutefois, elle a proposé que la tenue d'audiences soit transférée à la Commission de l'Education, de la Culture et des Sports," a précisé l'expert.

Charny a ajouté qu'avant, lui et ses collègues n'étaient pas optimistes quant au résultat, mais qu'il y a plus de chances de succès aujourd'hui.

Un vote pour le transfert de cette question à la Commission ad hoc dirigée par Alex Miller a eu lieu le 18 mai à la Knesset, et approuvé.

L'initiative a été prise par un membre du Meretz à la Knesset, Zahava Gal-On, qui a remplacé à la tête du parti, le principal lobbyiste de l'Arménie, Haïm Oron.

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Lundi, suite à la dernière déclaration conjointe des présidents de la France, de la Russie et des Etats-Unis, l'ambassadeur français d'Arménie, Henri Reynaud, semblait optimiste quant aux perspectives d'une percée dans le processus de négociation sur le Haut-Karabakh.

"Je m'attends à un accord rapide sur les principes de règlement. Je m'attends à ce que les parties prennent rapidement une part active dans les négociations sur un accord complet. Je m'attends à ce que l'accord soit rapidement mis en pratique. Je m'attends à ce que la tension sur la frontière aille en diminuant. Je m'attends à ce que la confiance remplace la méfiance et la coopération remplace l'hostilité. Je m'attends à ce que l'appel contenu dans la déclaration adoptée à Deauville à ce sujet soit respecté," a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.


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"Je crois fermement que les parties ont compris l'essence de la déclaration et, espérons qu'ils vont afficher leur compréhension au cours de la réunion trilatérale de Kazan," a-t-il souligné, ajoutant que la déclaration des trois dirigeants est "assez forte, claire, sans équivoque et ciblée." Aussi, il fonde beaucoup d'espoir sur le prochain Sommet de Kazan organisé par Medvedev.

Interrogé sur le pourquoi de l'appel adressé aux deux pays à rejeter les menaces d'une résolution par voie militaire du conflit, alors que seul l'Azerbaïdjan fait de telles déclarations, l'ambassadeur a répondu que c'était au-delà de ses pouvoirs de s'immiscer dans les questions qui ne relèvent pas de la coprésidence française, et d'ajouter qu'il adhère à la position de ses prédécesseurs à l'égard du conflit du Karabakh et qu'il se réserve en la matière.

Les présidents Serge Sarkissian et Ilham Aliev s'étaient rapidement félicités de la déclaration de Deauville. Chaque côté déclarant que c'est à l'autre partie de faire un pas pour que la réunion de Kazan soit un succès.

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Les azerbaïdjanais tentent d'utiliser l'Assemblée parlementaire du Partenariat oriental – EuroNest - comme un lieu de propagande. Ils ont adressé une lettre au Bureau d'EuroNest sur les thèmes récurrents : - 20% du ‘territoire occupé' ; - nettoyages ethniques ; - 1 million de réfugiés ; - et violation des droits de l'Azerbaïdjan.

L'Arménie a envoyé une lettre, signée par le chef de la délégation arménienne auprès de l'EuroNest, Vahan Hovannisian, en réponse à ce document.


Vahan-Hovanessian7_mini
"J'ai été mis en garde que la délégation azerbaïdjanaise ferait sans doute faire de cette structure, comme toute autre organisation internationale, un champ de bataille à l'encontre de l'Arménie et du Haut-Karabakh. Malheureusement, c'est chose faite. La lettre de la délégation azerbaïdjanaise, pleine d'hostilité et d'accusations sans fondements, en est le premier signe," a écrit Vahan Hovannisian dans sa réponse à Euronest.

Tout est parti de la proposition arménienne que la prochaine séance de l'Assemblée parlementaire d'Euronest se déroule à Erevan fin Septembre, compte tenu de la célébration du 20e anniversaire de l'indépendance aux mêmes moments.

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Extrait de Armenialiberty, de Radiolour et de PanArmenian.net



lundi 30 mai 2011

Conflit du Karabakh : Des modifications dans le format du groupe de Minsk de l'OSCE ?

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Que l'UE veuille s'impliquer plus profondément vers l'Est européen et notamment dans le Sud-Caucase, on le savait avec le lancement des programmes PEV et PO [1]
. Que l'UE veuille s'impliquer dans les conflits gelés, on s'en doutait depuis la guerre russo-géorgienne de l'été 2008. Par contre on peut se demander la plus-value qu'elle apportera au conflit du Karabakh. Si des Etats comme la Russie ou les Etats-Unis n'ont pas pu jusqu'à présent arriver à un résultat tangible, on voit mal Bruxelles parler d'une seule voix sur le plan politique et encore mois sur un plan militaire.

On comprend mieux l'intérêt suscité par cette région quand on aborde le volet économique, et plus spécialement le volet énergétique avec la concrétisation des projets Nabucco et/ou South Stream. Sécuriser les gazoducs est un enjeu qui vaut la peine de s'y attarder, et le pourrissement du conflit du Karabakh tombe en plein dedans.

Si c'est pour donner des leçons de normes et de droit international, les protagonistes en sont abreuvés depuis des années. L'important n'est pas la nature ou le nombre de participants au groupe de Minsk de l'OSCE, mais leur poids réel, c'est-à-dire leur capacité à faire modifier des comportements.

Or à ce jour, force est de constater que seule la Russie a ce pouvoir. Suivant que Bakou choisira le projet Nabucco ou le projet South Stream, il s'attirera (ou non) les bonnes grâces de Moscou. Toutefois, ce n'est parce qu'il s'attirera les bonnes grâces de Moscou, que tous ses vœux seront réalisés, la géopolitique ne fait pas toujours bon ménage avec l'économie.

* Brève *

Le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Elmar Mammediarov, effectue une visite de travail aux États-Unis du 29 mai au 3 Juin.

Lors de la visite, il prendra la parole à la réunion des ambassadeurs de l'Organisation de la Conférence Islamique (OIC) au siège de l'ONU à New York. Il rencontrera le secrétaire général Ban Ki-moon, les représentants permanents de la Ligue des pays arabes et asiatiques de l'ONU, ainsi que le directeur du Centre États-Unis - Europe à l'Institut Brookings Fiona Hill. La série de rencontres sera clôturée à Washington avec la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, où le conflit du Karabakh sera à l'ordre du jour.

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Sabine-Freizer4_maxi
"Ce n'est pas le bon moment pour changer le format du Groupe de Minsk de l'OSCE en remplaçant le coprésident français par un représentant de l'UE, parce que les coprésidents estiment qu'ils sont très près de signer un préaccord sur les principes de base. Si un accord sur ‘les principes de base' n'est pas atteint dans les prochains mois, la communauté internationale devra réfléchir sérieusement à l'efficacité du format de négociation et à la stratégie choisie. Dans ce contexte, l'UE aura une chance de faire ses preuves," a indiqué le directeur du programme Europe du Groupe de Crises Internationales (ICG), Sabine Freizer.

Mercredi, l'Union européenne a publié sur la réactualisation de la PEV, indiquant qu'elle est prête à renforcer la participation de l'UE dans la résolution des conflits prolongés. L'UE se doit d'être prête à intensifier sa participation dans les formats où elle n'est pas encore représentée, comme par exemple le Groupe de Minsk de l'OSCE sur le conflit du Karabakh, indique le rapport. Ainsi, cela peut impliquer entre autre la participation de l'UE dans le Groupe de Minsk en tant que coprésident, en remplacement du coprésident français.

"Il y a eu une discussion au sein de l'Union européenne sur le fait d'avoir ou non un représentant de l'UE en lieu et place du coprésident français. Mais bien sûr pour cela, il faudrait également l'approbation de toutes les parties : Azerbaïdjan, Arménie, ainsi celle des deux autres pays coprésidents," a souligné Mme Freizer.

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Extraits de PanArmenian.net




[1] Politique Européenne de Voisinage et Partenariat Oriental


samedi 28 mai 2011

Karabakh : Réaction des parties à la déclaration des coprésidents

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Ce qu'il y a de bien avec les déclarations officielles des pays médiateurs, c'est que chacun y trouve son compte et où chacun peut faire son marché, bref, cela ressemble à l'auberge espagnole. C'est d'ailleurs leur raison d'être.

A force d'être flou, évasif et de ne citer aucun nom, l'Arménie pense que c'est l'Azerbaïdjan qui est visé, et vis et versa. Bakou a pris ce qui l'intéressait, à savoir l'intégrité territoriale et la récupération de ‘ses' sept districts, et Erevan le non-usage de la force et le droit à l'autodétermination (selon l'acceptation internationale).

On serait tenté de penser que c'est un coup d'épée dans l'eau, si parallèlement aux déclarations officielles, les grandes puissances continuaient leurs ‘affaires' : ventes d'armes et négociations sur les hydrocarbures.

Avec la brève qui suit, on comprend très bien qu'il y a là une arme à double tranchant, entre Nabucco soutenu par les Occidentaux (EU-USA) et le projet russe South Stream passant sous la Mer Noire.

Le choix de Bakou ne sera certainement pas basé uniquement sur des critères économiques, pas plus qu'il ne fait également aucun doute que le poids de Moscou dans ces tractations est loin d'être négligeable.

* Brève *

"L'Azerbaïdjan est en pourparlers pour livrer du gaz naturel au consortium du gazoduc Nabucco à partir du champ pétrolifère Shah Deniz-2 et doit prendra le 1er octobre une décision définitive sur le choix de la route à emprunter vers l'Europe.

Le projet Nabucco soutenu par l'Union européenne est en concurrence avec d'autres projets, tel le projet South Stream, pour livrer du gaz azerbaïdjanais à l'Europe, mais le choix de l'itinéraire dépend des tarifs de transport proposés.

À la fin de l'année, l'Azerbaïdjan décidera définitivement de sa participation au projet Nabucco. Ce n'est qu'après la décision sur les tarifs de transport que nous entamerons le travail spécifique avec les acheteurs," a déclaré le directeur de compagnie pétrolière d'Etat Socar, Rovnag Abdullaiev.

"La question sera discutée lors de la visite à Bakou des 6 et 7 Juin du Commissaire à l'énergie de l'UE, Günther Oettinger. Nous sommes maintenant au stade où toutes les options sont ouvertes et nous sommes bien conscients que l'Azerbaïdjan prendra son temps avant de prendre sa décision définitive," a déclaré de son côté le chef de la délégation de l'UE en Azerbaïdjan, Roland Kobia.

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* Côté Azerbaïdjan *

L'Azerbaïdjan a salué vendredi la dernière déclaration des coprésidents - américain, français et russe - appelant à une solution rapide du conflit du Haut-Karabakh et a de nouveau accusé l'Arménie de faire traîner les négociations de paix.


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Le directeur du Département International du Cabinet du président Ilham Aliev et le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères ont déclaré que Bakou partageait le sentiment d'urgence des trois puissances médiatrices. Ils ont affirmé que la déclaration conjointe de jeudi va exercer une pression accrue sur l'Arménie, tout en rejetant les affirmations contraires faites par Erevan.

"Il résulte de la déclaration que l'Arménie doit commencer à retirer ses forces armées des territoires occupés d'Azerbaïdjan. Malheureusement ... l'Arménie continue de faire traîner ce processus et d'entraver ainsi la résolution pacifique du conflit. En fait, le processus de négociation traîne en longueur à cause de la partie arménienne", a déclaré Novruz Mammadov.

Tant le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères que Mammadov se sont appesantis que sur un seul élément de la proposition de règlement : la libération des sept districts d'Azerbaïdjan qui entourent le Haut-Karabakh. Ils n'ont pas mentionné d'autres dispositions, comme par exemple le futur référendum sur le statut du territoire contesté, essentiellement peuplé d'Arméniens.

La déclaration du ministère des Affaires étrangères n'a parlé que "de la détermination du statut futur de cette région au sein de l'Azerbaïdjan."

A noter que les dirigeant arméniens ont toujours insisté que le référendum préconisé par les médiateurs doit permettre à terme, aux Arméniens du Karabakh, d'obtenir la reconnaissance internationale de leur sécession de l'Azerbaïdjan.

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* Côté Arménie *


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"Nous apprécions hautement les efforts des présidents Medvedev, Obama et Sarkozy visant le règlement pacifique du conflit du Haut-Karabakh," a déclaré le ministre des Affaires étrangères arménien Edouard Nalbandian, commentant la déclaration Deauville.

"La déclaration faite aujourd'hui en marge du sommet du G8 de Deauville par les dirigeants des pays coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, contient des messages importants qui peuvent donner une nouvelle impulsion pour le règlement de la question.

L'Arménie a toujours été en faveur du règlement du conflit entre l'Azerbaïdjan et le Haut-Karabakh par des moyens exclusivement pacifiques et l'a prouvé à maintes reprises, donc, il est clair à qui le message est adressé.

L'Arménie a donné une réponse claire à la dernière version des principes de base proposés par les trois coprésidents en tant que base pour les négociations de paix. Si l'Azerbaïdjan donne un accord non équivoque, alors il sera possible d'enregistrer des progrès dans le processus de règlement. Il est évident à qui le message, inclus dans la déclaration, est adressé," a souligné le ministre.

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* Côté Russie *


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"Les chances d'un règlement pacifique du conflit sont plus élevées maintenant qu'auparavant. Nous travaillons à rapprocher les points de vue. Il n'y a aucun fondement pour affirmer que nous sommes sur le point d'un nouveau conflit. Un travail énorme et coordonné a été mis en œuvre afin de résoudre la situation, et il y a des chances pour enregistrer des progrès et chercher un compromis," a déclaré le Vice-ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Riabkov, aux journalistes en commentant la déclaration de Deauville.

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Extrait de la Radio Publique d'Arménie, de Armenialiberty et de PanArmenian.net



vendredi 27 mai 2011

Les pays coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE ont fait une déclaration lors du G8

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Jeudi, au Sommet du G8 de Deauville, les présidents des pays coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE - Barack Obama (Etats-Unis), Nicolas Sarkozy (France) et Dmitri Medvedev (Russie) - ont fait une déclaration traditionnelle sur le règlement du conflit du Karabakh.

En plus de faire des appels et des états déclaratifs, les trois présidents ont fermement appelé les dirigeants arméniens et azerbaïdjanais à montrer leur volonté politique d'aboutir à un accord de paix au cours du prochain Sommet trilatéral de Juin à Kazan, les avertissant qu'un nouvel échec remettrait en question leur engagement à faire la paix.

Dans un avertissement qui visait essentiellement les dirigeants azerbaïdjanais, les présidents américain, russe et français ont précisé que les tentatives pour mettre fin au conflit du Karabakh par la force seraient condamnées par la communauté internationale.

Il est difficile de prédire quelles méthodes de coercition seront appliquées par les grandes puissances, si les parties en conflit n'écoutent pas les appels à une solution pacifique, mais il est évident que Medvedev, Obama et Sarkozy sont déjà fatigués d'attendre le règlement du conflit.

Tant que Bakou interprétera les principes de base selon ses propres critères en lieu et place de ceux de la communauté internationale, aucun accord ne peut être envisagé par l'Arménie. En attendant, surarmer l'Azerbaïdjan ne dérange aucunement les pays coprésidents, en totale opposition avec leurs discours.

* Brève *

"Le 22 Novembre 1920, Woodrow Wilson a signé la sentence arbitrale, qui définit la frontière entre l'Arménie et la Turquie. Toutefois, ce document important a été gardé secret pendant une longue période," a indiqué aux journalistes le directeur du Centre Politique Modus Vivendi, Ara Papian. Ce dernier a réussi à réunir le document de 245 pages et les cartes jointes, qui décrivent clairement que non seulement le Haut-Karabakh, mais aussi le Bas-Karabakh appartenaient à l'Arménie.

"Il s'avère que c'est l'Azerbaïdjan qui a occupé les terres arméniennes," a déclaré l'ex-ambassadeur d'Arménie au Canada.

La sentence arbitrale de Woodrow Wilson se compose de deux parties et n'a jamais été publiée. Toutefois, Ara Papian précise qu'il n'a pas de délai de prescription. Le livre sera présenté au public le 30 mai prochain et sera traduit en arménien au cours des deux prochaines années.

L'auteur espère que la publication de cet important document sera utile. Il conseille de présenter le document aux meilleurs avocats du monde pour obtenir leurs avis et demander à la Cour Internationale des Nations-unies si la sentence arbitrale de Woodrow Wilson est imprescriptible ou non.

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Déclaration


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"Nous, les Présidents des pays coprésides du Groupe de Minsk – la France, la Fédération de Russie et les États-Unis d'Amérique - sommes convaincus que le moment est venu pour toutes les parties en conflit au Haut-Karabakh de faire un pas décisif vers un règlement pacifique.

Nous rappelons que seul un règlement négocié peut conduire à la paix, la stabilité et la réconciliation, ouvrant des perspectives pour le développement et la coopération régionales. L'utilisation de la force a créé la situation actuelle de confrontation et d'instabilité. Son utilisation à nouveau ne ferait qu'apporter plus de souffrances et de dévastation, et serait condamnée par la communauté internationale. Nous demandons instamment aux dirigeants des côtés de préparer leurs populations pour la paix, et non pour la guerre.

À la suite des efforts déployés par les parties et les pays coprésidents à tous les niveaux, des progrès significatifs ont été accomplis. La dernière version des Principes de base, tel que discuté à Sotchi le 5 Mars, jette les bases justes et équilibrées pour la rédaction d'un règlement de paix global. Ce document, basé sur l'Acte final d'Helsinki et les éléments énoncés dans nos déclarations communes de L'Aquila en Juillet 2009 et de Muskoka en Juin 2010, fournit un moyen pour toutes les parties à aller au-delà du statu quo inacceptable.

Nous appelons donc les présidents de l'Arménie et l'Azerbaïdjan à montrer leur volonté politique en mettant au point les Principes de base lors de leur prochain sommet en Juin. Un délai supplémentaire ne ferait que remettre en question l'engagement des parties de parvenir à un accord. Une fois qu'un accord a été atteint, nous sommes prêts à assister à l'acceptation officielle de ces principes, afin d'aider à la rédaction de l'accord de paix, puis d'appuyer sa mise en œuvre avec nos partenaires internationaux."

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Réaction :


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"Dans un autre exercice enrobé dans une impartialité artificielle, les présidents Obama, Medvedev et Sarkozy ont, au détriment du travail du Groupe de Minsk vers une paix juste et durable, une fois de plus évité d'affronter directement la pièce maitresse, à savoir la claire escalade militaire de l'Azerbaïdjan vers une guerre. La cause de la paix régionale serait beaucoup mieux servie par des mesures concrètes prises par ces dirigeants pour contrecarrer la belligérance de Bakou, en imposant des mesures de rétorsion à l'Azerbaïdjan pour toute nouvelle menace ou acte d'agression," a déclaré le directeur exécutif de l'ANCA, Aram Hamparian.

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Extrait de Armenialiberty, Radiolour, PanArmenian, Armenianweekly



Génocide arménien : l'abdication de l'UE

Par Laurent Leylekian

Le refus de l'Union européenne d'opposer la reconnaissance du Génocide des Arméniens à la candidature turque est le plus choquant des stigmates de l'abdication de ses valeurs par l'Europe. La licence morale dont découle ce choix – pendant éthique du libéralisme socioéconomique – est directement responsable de la résurgence des mouvements identitaires européens que l'Union prétend combattre.

Le 18 juin 1987 le Parlement européen avait voté une résolution « pour une solution politique à la question arménienne » dans laquelle il estimait que « le refus de l'actuel gouvernement turc de reconnaître le génocide commis autrefois contre le peuple arménien par le gouvernement « jeunes Turcs », sa réticence à appliquer les normes du droit international dans ses différends avec la Grèce, le maintien des troupes turques d'occupation à Chypre ainsi que la négation du fait kurde, constituent, avec l'absence d'une véritable démocratie parlementaire et le non-respect des libertés individuelles et collectives, notamment religieuses, dans ce pays, des obstacles incontournables à l'examen d'une éventuelle adhésion de la Turquie à la Communauté ».

Près de 25 ans plus tard, le Parlement européen pourrait renouveler son constat sans en changer une virgule. Mais il ne le fera pas. Non pas que la Turquie ait progressé sur ces différentes questions, mais parce que l'Europe a régressé dans la défense et la promotion de ses valeurs fondatrices.

La question du Génocide des Arméniens et de sa reconnaissance est un marqueur particulièrement fiable de cette régression. Initialement posée comme un « obstacle incontournable à l'examen d'une éventuelle adhésion », cette question a été ramenée sous l'influence du lobby turc et de ses affidés au statut d'une question à évoquer en cours de négociations puis à ne plus évoquer du tout.

Un contenu turc pour une Europe sans histoire et sans identité

Le schéma idéologique dominant des actuels responsables européens présente à cet égard les apparences de la cohérence : la création d'un espace de libre circulation des marchandises, des capitaux et des hommes exigerait des peuples européens sans mémoire, sans histoire, sans frontières, sans identité. Ce consensus est aujourd'hui largement partagé par les libéraux, la plupart des socialistes, les verts et la Commission.

Dans cette optique, cette dernière a cru pouvoir absorber la Turquie comme elle avait facilement converti à sa doxa des Pays d'Europe Centrale et Orientale dépolitisés par plusieurs décennies de domination soviétique. Mais la Turquie – à l'instar d'ailleurs de la Russie – ne rentre pas dans cette catégorie. Munie d'une identité forte et mue par des sentiments impérialistes, la Turquie n'a absolument pas accédé à des « exigences » européennes, en vérité formulées sous forme de suppliques : elle continue à oppresser les Kurdes, à occuper Chypre, à nier le Génocide des Arméniens et à effectuer le blocus de l'Arménie.

Mieux, la Commission envisage régulièrement de conférer un rôle de fondé de pouvoir à la Turquie dans le Caucase où sa présence est un lourd facteur d'instabilité en raison de son biais anti-arménien permanent. Sur le sol européen même, on assiste maintenant régulièrement à des manifestations de glorification de la Turquie et même à des attaques et des manifestations de haine arménophobe plus ou moins directement organisées par l'Etat turc, sans que personne n'y trouve à redire.

En 2006, une manifestation négationniste organisée par le consulat turc a eu lieu à Lyon ce qui a constitué, selon l'historien Philippe Videlier, un fait inédit depuis les démonstrations fascistes organisées avant guerre par le gouvernement mussolinien. Une manifestation similaire s'est déroulée à Berlin la même année. En octobre 2007, une violente manifestation des Loups-Gris turcs contre le soutien américain aux Kurdes d'Irak s'est déroulée à Bruxelles et a dégénéré en pogrom. Mehmet Koksal, un journal dissident belgo-turc a été pris à partie et un cafetier arménien de St Josse a vu son établissement détruit aux cris de « morts aux Arméniens ».

La commission d'historiens, tarte à la crème du négationnisme

Il faut dire que la Turquie – forte d'une tradition diplomatique ancienne et particulièrement efficace – a remarquablement su changer son image à défaut de changer sa réalité. Elle est en cela secondée par la très dévouée Commission européenne qui alloue un fond dédié à l'amélioration des opinions des Européens, officiellement sur les pays candidats, en vérité sur la seule Turquie (voir la Communication de la Commission sur le « dialogue entre les societes civiles de l'Union européenne et des pays candidats »)..

Cette faculté à changer d'apparence en dépit des réalités est particulièrement vérifiée sur la question du Génocide. La stratégie de la commission d'historiens est un exemple patent de manipulation perverse des opinions publiques : depuis les années 70, et notamment en raison du négationnisme turc, les historiens spécialisés ont produit des travaux tout à fait considérables en qualité et en volume sur cette question (cf. les volumineux essais consacrés à la question par Yves Ternon, Vahakn Dadrian ou Raymond Kevorkian). On possède aujourd'hui une connaissance du génocide des Arméniens bien supérieure à celle que l'on a de maints sujets historiques.

L'Association Internationale des Chercheurs sur les Génocides s'est à plusieurs reprises prononcée sur la question – on lira par exemple la lettre ouverte envoyée en mai 2005 par l'Association Internationale des Chercheurs sur les Génocides au Premier Ministre turc Recep Tayyip Erdogan – mettant en exergue le fait que « nier la réalité factuelle et morale [de ce génocide] ne constitue pas un travail scientifique mais un exercice de propagande visant à blanchir les auteurs de ce crime, condamner ses victimes et effacer sa signification éthique ». C'est une stratégie bien connue des négationnistes de tenter de provoquer la rupture du consentement d'auditoires crédules et peu avertis . A quand une commission d'historiens sur l'existence de Georges Clemenceau, de la Callas ou des Twin Towers ?

Dans cette stratégie particulière, la Turquie a trouvé en France des idiots utiles de poids : le lobby des historiens, constitué de plusieurs dizaines de membres croyant défendre la liberté d'expression là où ils défendent en vérité la haine raciale dont le négationnisme est un des modes d'expression.

Si la plupart des troupes de l'association « Liberté pour l'Histoire » est certainement constituée d'historiens de bonne foi, on peut néanmoins s'interroger sur la sincérité de ses meneurs qui – n'ayant sur le sujet que leur notoriété comme compétence – ont littéralement – et au nom de la liberté d'expression – monopolisé la parole publique sur la question et réduit leurs détracteurs au silence. En l'occurrence, on peut craindre que ces historiens de Cour ne parviennent à leur fin, c'est-à-dire à faire la loi tout en s'exemptant des risques inhérents au débat politique .

On peut également être plus que dubitatifs sur les objectifs réels des intellectuels turcs, ou du moins de ceux dont la parole est relayée par les grands médias. S'il existe effectivement de vrais dissidents turcs qui militent courageusement pour la reconnaissance du Génocide, comme pour la cause kurde ou de manière générale pour la civilisation des mœurs politiques de leur pays, il est douteux que le grand public européen les connaisse . Ceux que le système médiatique promeut sont certes intéressés par la démocratisation de la société turque mais ils restent farouchement attachés au pacte pacte national fondateur de la Turquie incluant la négation du génocide des Arméniens.

Le réveil identitaire, créature de Frankenstein de l'Union européenne

Or le Génocide des Arméniens a eu et garde une signification politique. Il a constitué la réponse en forme de rejet par la Turquie de la modernité européenne . Et le négationnisme n'exprime rien d'autre que la permanence de ce rejet : la Turquie a bien adopté les outils formels de la modernité mais en rejetant ses fondements philosophiques et les notions qui y sont attachées, par exemple la Justice, la Vérité, la Responsabilité, etc.

En ce sens, l'abdication sur cette question par les instances européenne est symptomatique de la perte de sens de l'Union et de l'abandon de ses valeurs face à plus fort qu'elle, bref de son adhésion à la Turquie…

On ne peut prétendre que ce fait – largement méconnu des opinions publiques – polarise les citoyens européens. En revanche, il constitue bien, à côté de mille et une autres démissions, la cause de la rancœur éprouvée par les peuples européens contre leurs dirigeants.

Il ne faut donc pas s'étonner que de plus en plus des mouvements identitaires forts apparaissent qui, des « Vrais Finlandais » au FPÖ, du Front National au Fidesz surfent sur le sentiment de déréliction éprouvé dans tous les domaines – social, économique mais aussi éthique – par les peuples de l'Union.

Et placées de fait devant les ukases de dirigeants de l'Union favorables à l'adhésion turque ou, plus généralement hostiles à l'identité européenne, les nations européennes préféreront toujours un populisme autochtone à une suzeraineté étrangère. A ce jeu dangereux, il est à craindre que les Arméniens d'Europe fassent partie des derniers à croire à l'Union européenne comme, voici un siècle, ils faisaient parties derniers à croire à l'Empire ottoman.

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Laurent Leylekian [1]

Taurillon - 27 mai 2011




[1] Laurent Leylekian est chercheur indépendant. Il a été directeur exécutif de la Fédération Euro-Arménienne et directeur de publication de France-Arménie.


jeudi 26 mai 2011

L'UE multiplie ses attentions vers l'Est

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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

Après les événements qui se sont déroulés et qui se déroulent dans le Sud-Méditerranéen, l'UE prend une position encore plus affirmée envers les pays de l'Est européen à travers ses programmes de Partenariat de l'Est et de la Politique européenne de voisinage. Mais comme à son accoutumé, elle s'engage exclusivement sur le plan économique, social, voire culturel, laissant de côté tout ce qui relève de la politique et des rapports entre Etats caucasiens. Certes c'est toujours mieux que rien, mais certaines aides sont détournées de leur but initial, quand elles ne servent pas à mettre des bâtons dans les roues du voisin.

Quant à réagir lorsqu'un Etat ne respecte pas ses engagements, l'UE se comporte comme les autres organisations internationales, fermant pudiquement les yeux et se contentant de citer les normes et le droit international. Courage fuyons [nos responsabilités].

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* Brève *

"L'Azerbaïdjan doit se conformer avec la position de la communauté internationale, qui indique que le statut du Haut-Karabakh doit être déterminé par une libre expression juridiquement contraignante de sa décision. C'est sur ce point que portent les négociations, et c'est dans ce sens que les autorités azerbaïdjanaises doivent préparer leur société," a déclaré le ministre des Affaires étrangères arménien, Edouard Nalbandian, à l'Assemblée nationale.

Son homologue azerbaïdjanais, Elmar Mammediarov, avait déclaré quelques jours plus tôt, que la proposition de la partie arménienne de retirer les tireurs d'élite de la ligne de contact était ‘hilarante' et que le sujet n'était pas discutable.

Commentant cette déclaration, Edouard Nalbandian a indiqué qu'on ne pouvait pas qualifier d'hilarantes des propositions émanant du Secrétaire général de l'ONU, des coprésidents du Groupe Minsk de l'OSCE et des dirigeants de l'UE. Propositions dont l'Azerbaïdjan ne tient pas compte et même s'en moque.

"Je pense que la communauté internationale va réagir à ces déclarations," a déclaré le ministre.

*

Pourquoi Bakou changerait-il de stratégie envers l'Arménie quand la communauté internationale, coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE en tête, réagit mollement à ses frasques et à ses dérapages ?

Pourquoi Ankara changerait-il de stratégie envers l'Arménie quand la communauté internationale, présente à la signature des protocoles, réagit mollement face aux pré-conditions insérées après coup ?

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* Audronius Ažubalis *


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Le 23 mai à Bruxelles, au Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, la situation dans les trois Etats du Sud-Caucase et les négociations sur des Accords d'association étaient à l'ordre du jour. Le ministre des Affaires étrangères de la Lituanie, Audronius Ažubalis, a informé ses collègues des autres Etats membres de l'UE sur les résultats de ses visites dans les Etats du Sud-Caucase en tant que président en exercice de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE).

Il s'est prononcé pour un renforcement cohérent des relations de l'UE avec ces pays transcaucasiens : "Il est nécessaire d'inclure nos voisins sud-caucasiens dans les activités de l'Initiative de l'UE dans le cadre du Voisinage de l'Est, et d'entamer des négociations avec l'Arménie et l'Azerbaïdjan concernant la facilitation du régime des visas et des Accords de réadmission."

*

* Catherine Ashton et Stefan Füle *


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Stefan-Fule_medium
Le 25 mai, le Haut-Représentant pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton et le commissaire européen à l'élargissement et à la politique de voisinage, Stefan Füle, ont lancé une "nouvelle et ambitieuse" politique européenne de voisinage (PEV), avec une dotation complémentaire de plus de 1,2 milliard d'euros, portant le total à près de 7 milliards, confirmant ainsi la détermination et le renforcement de l'engagement de l'UE avec ses voisins.

La proposition fixe les grandes priorités et les orientations d'une stratégie de revitalisation de la PEV, visant à renforcer les relations individuelles et régionales entre l'UE et les pays de son voisinage par un ‘plus de fonds pour plus de réformes' – avec des fonds supplémentaires, mais aussi avec plus de responsabilité mutuelle.

En plus des 5,7 milliards déjà alloués pour la période 2011-2013, un financement supplémentaire de 1,24 milliard, transféré d'autres ressources existantes, va être mis à disposition pour appuyer la PEV.

(…)

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Extrait de la Radio Publique d'Arménie et de PanArmenian.net



mercredi 18 mai 2011

Alain Juppé reçoit son homologue arménien

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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

Il est de plus en plus évident que les dirigeants azerbaidjanais, Ilham Aliev en tête, ne changeront pas d'avis sur le statut du Haut-Karabakh pas, plus que les dirigeants arméniens sur le devenir de l'Artsakh.

Contrairement à l'optimisme affiché par les médiateurs internationaux, et avant que les Azéris ne commettent l'irréparable, il serait peut-être temps pour les grandes puissances qui coprésident le groupe de Minsk de l'OSCE de changer de discours et commencer à mettre les points sur les ‘i'.

Sans doute préfèrent-elles prises pour des ‘pantins' par le Calife de Bakou.

* Brève *

Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a déclaré que le conflit du Karabakh devra être résolu sur la base du droit international et notamment que "l'intégrité territoriale" de l'Azerbaïdjan devra être rétabli.

Il reprenait en cela la déclaration de son directeur de Cabinet chargé du département des relations internationales, Novruz Mammadov, qui a rappelé que "l'Azerbaïdjan est bien conscient du principe de l'intégrité territoriale." Et que "l'autonomie du Haut-Karabakh ne peut se faire que dans le cadre de l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan."

Petit rappel constitutionnel :

Bakou a une interprétation erronée de la loi internationale. Il doit avoir oublié qu'après l'effondrement de l'Union soviétique, l'Azerbaïdjan a annoncé lui-même être le successeur légal de la République démocratique d'Azerbaïdjan, mais pas de la République Socialiste Soviétique d'Azerbaïdjan.

Plus précisément, l'article 2 de la loi constitutionnelle de la République d'Azerbaïdjan sur le statut d'Etat indépendant de la République d'Azerbaïdjan stipule : "La République d'Azerbaïdjan est le successeur juridique de la République d'Azerbaïdjan datant de la période du 28 mai 1918 au 28 avril 1920."

Par décision du Bureau du Caucase, le Haut-Karabakh, avec ses 94% de population arménienne, a été inclus dans la RSS d'Azerbaïdjan en tant que région autonomie en 1921.

Ce qui signifie que le Haut-Karabakh ne fait pas partie de la République d'Azerbaïdjan actuelle, si l'on applique strict consensus le droit international.

***

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Alain-Juppe-et-Edouard_maxi
Le ministre des Affaires étrangères arménien Edouard Nalbandian a rencontré hier son homologue français, Alain Juppé pour discuter des relations bilatérales, continuer le dialogue politique et renforcer des liens interparlementaires.

Le dialogue a porté sur les plans de développement de la coopération, les questions régionales et internationales, les relations entre l'Arménie et l'UE ainsi que l'activité de l'Organisation Internationale de la Francophonie.

Le processus de règlement du conflit du Haut-Karabakh a également été abordé, la nécessité d'un règlement pacifique a été soulignée des deux côtés.

La visite du président Nicolas Sarkozy en l'Arménie cet automne ainsi que la préparation d'une visite du président Serge de Sarkissian en France ont été discutées avec le Conseiller du président français, Jean-David Levitte.

Edouard Nalbandian a quitté Paris aujourd'hui pour Washington, où il doit rencontrer la Secrétaire d'Etat Hillary Clinton et des Hauts-Fonctionnaires du Département d'Etat.

Il doit donner une conférence au Brookings Institution et tenir des réunions avec des membres du Congrès. Le 20 mai à New York, le ministre participera à une fête donnée en l'honneur du célèbre chanteur et ambassadeur d'Arménie en Suisse, Charles Aznavour.

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Extrait de PanArmenian.net



mardi 17 mai 2011

Conflit du Karabakh : Le président arménien met les points sur les ‘i'.

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Le président a exprimé tout haut ce que nombre d'observateurs et d'experts déclaraient depuis longtemps dans leurs commentaires. Ce qui peut se traduire par : Dès que Bakou se sentira prêt assez puissant pour attaquer, il n'hésitera pas, même avec un fort risque de perdre la guerre.

Aliev compte essentiellement sur le grand frère turc pour le soutenir et surtout l'aider militairement. Et c'est là que son calcul risque de s'avérer faux. Par les temps présents, l'OTAN ne soutiendra pas la Turquie dans une telle aventure sachant qu'en face d'elle elle trouvera Moscou.

À vouloir prendre l'Arménie en tenaille avec Bakou, les dirigeants turcs y regarderont à deux fois, non seulement ils auront en face d'eux des soldats russes, voire de la CEI, mais surtout cela réduira à néant tout leur travail de ‘zéro problème avec les voisins', les négociations d'adhésion avec l'UE et plus grave les Etats-Unis mettront leur grain de sel pour arrêter cette aventure.

***

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Interview du président arménien à Moskovskie Novosti, à l'occasion du 20e anniversaire de l'effondrement de l'Union soviétique.

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Serge-Sarkissian42_maxi
"Le conflit du Karabakh ne doit être résolu que sur la base de compromis. Tout au long de ces années, nous avons été à la recherche de compromis. Cependant, il y a une ligne rouge : la population du Haut-Karabakh doit déterminer son propre avenir et toutes les possibilités de se développer sur sa terre historique dans la sécurité.

Le document prévoit le règlement de la question sur trois principes : - la non-utilisation de la force ou la menace de la force, - l'intégrité territoriale, - et le droit des peuples à l'autodétermination. Ce document fournit une occasion de poursuivre les pourparlers et de procéder à élaboration d'un traité de paix plus large.

L'Azerbaïdjan a aussi dit « oui » aux principes, après une longue réflexion, mais il interprète ces derniers selon leurs propres critères.

L'Arménie et l'Azerbaïdjan ont des interprétations différentes sur deux principes clés proposés par les médiateurs internationaux et qui sont au cœur d'un accord-cadre pour mettre fin au conflit du Haut-Karabakh," a déclaré le président Serge Sarkissian.

Il a fait référence aux principes de l'intégrité territoriale des États internationalement reconnue et du droit des peuples à l'autodétermination.

Les deux principes du droit international sont parmi les trois "principes fondamentaux" d'un règlement au Karabakh prôné par les pays coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE : les Etats-Unis, la Russie et la France.

"En ce qui concerne le droit à l'autodétermination, l'Azerbaïdjan interprète cela comme une simple autodétermination dans le cadre de l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan. Une telle autodétermination n'existe pas, il s'agit d'une autodétermination illégale, primitive. Par conséquent, tant que l'Azerbaïdjan ne comprendra pas le sens de ce principe, il sera très difficile de progresser vers la résolution du conflit."

Le Président Ilham Aliev et les dirigeants azerbaïdjanais ont à maintes reprises déclaré que les Arméniens du Karabakh ne voteront que sur l'étendue de leur autonomie au sein de l'Azerbaïdjan. La partie arménienne s'est fermement opposée sur cette approche, affirmant que le référendum proposé doit effectivement leur permettre de formaliser la sécession du Karabakh à l'Azerbaïdjan.

Le Président Sarkissian a également insisté sur le fait que : "l'intégrité territoriale des États ne signifie pas l'inviolabilité des frontières. Sinon, de nouveaux Etats n'auraient pas été mis en place dans le monde. Et au cours des 20-30 dernières années, des dizaines de nouveaux Etats sont apparus sur la carte du monde.

Le Karabakh a défendu son indépendance dans une guerre sanglante et amère, dans des conditions extrêmement sévères, et il serait naïf de penser que la population du Karabakh puisse renoncer à ce qu'ils ont accompli," a-t-il souligné.

Toutefois, Sarkissian a de nouveau affirmé que Bakou se prépare peut-être à déclencher une nouvelle guerre pour le Karabakh. "Je pense qu'un tel risque existe parce que je ne comprends pas pourquoi Bakou désire sortir du processus de négociations. Ils ont probablement planifié une plus grande accumulation de forces [militaires] et de moyens pour pouvoir déclencher une nouvelle aventure militaire au moment opportun.

C'est une mauvaise approche parce que les événements pourraient se dérouler selon deux scénarios :

- Le premier est une guerre totale avec l'occupation subséquente du Haut-Karabakh, qui n'est possible que dans le cas d'une extermination totale de la population.

- Et le second est la défaite de l'Azerbaïdjan, avec comme corollaire la perte de nouveaux territoires. Et Bakou se plaindra de la perte de districts supplémentaires ...

Tous ces scénarios sont peu prometteurs."

Et d'ajouter : "L'Arménie envisagera la reconnaissance de la République du Haut-Karabakh que si les actions militaires sont reprises. Nous ne voulons pas reconnaître l'indépendance du Haut-Karabagh maintenant, parce que nous sommes en pourparlers, une reconnaissance signifierait l'échec des négociations. Les pourparlers sont préférables."

Selon 1news.az, le Vice-ministre azerbaidjanais des Affaires étrangères, Araz Azimov, a indiqué que Bakou est préoccupé par l'absence de résultats concrets dans le processus. "Nous ne voudrions pas que le côté opposé abuse de notre bonne volonté et de notre temps."

*

** Réactions azerbaidjanaises *

* Hikmet Hajizadeh *


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L'ancien ambassadeur d'Azerbaïdjan en Russie et président du Centre éloigné (le Centre d'Etudes Politiques et Economiques), a présenté sa vision de l'évolution des événements en cas d'une nouvelle guerre au Karabakh.

"Si les autorités azéries déclenchent une nouvelle guerre au Karabakh, les événements qui suivront, ressembleront fort probablement au scénario de la guerre russo-géorgienne de 2008. La Russie interviendra, avec des avions sans signes distinctifs en traversant notre espace aérien. L'Azerbaïdjan perdra de nouveaux territoires, etc. Cependant, je ne vois pas ce scénario arriver," a déclaré Hikmet Hajizadeh.

Comme il l'a fait remarquer : "l'augmentation des incidents de violation de cessez-le feu fait partie de la stratégie azérie. Une véritable guerre serait tragique pour Bakou. La probabilité que Moscou soutienne l'Arménie pour céder quelques-uns des districts à l'Azerbaïdjan est inexistante. Peut-être que les médiateurs occidentaux font pression sur Erevan pour qu'il cède des territoires ; à ma connaissance, Moscou ne l'a jamais tenté. Et autant que je sache, Moscou a toujours défendu l'Arménie de faire de telles actions" ; rapporte newcaucasus.com

*

* Novruz Mammadov *


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Le chef du département des relations internationales du Cabinet du Président Aliev, Novruz Mammadov, a déclaré que l'Azerbaïdjan a un certain point de vue et un plan d'actions pour la résolution du conflit du Karabakh.

Ainsi, Bakou "veut" pour y parvenir pacifiquement, mais "usera de son droit à la restitution des terres si nécessaire."

Malgré ces propos, toutes les actions et les déclarations des dirigeants azerbaïdjanais indiquent que Bakou aspire à autre chose qu'à une résolution pacifique du conflit.

Avec ses déclarations belliqueuses, les dirigeants azerbaïdjanais font d'une pierre deux coups.

- Premièrement, ils continuent à inciter la haine envers les Arméniens parmi la population azerbaïdjanaise, tout en sous-entendant qu'Aliev est capable de déclencher une nouvelle guerre pour se maintenir au pouvoir.
- Deuxièmement, il est probable que ces menaces empêchent les médiateurs d'aboutir au règlement définitif du conflit et de les obligent à retarder le processus.

D'autre part, cette situation ressemble à une poudrière qui peut exploser à tout moment. Les grandes puissances coprésidents qui misent actuellement sur le peu d'ambition présidentielle d'Aliev, peuvent un jour se lasser et ‘lâcher' le président azerbaïdjanais pour résoudre enfin le conflit du Karabakh.

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Extrait de Armenialiberty, de Radiolour et de PanArmenian.net



lundi 16 mai 2011

Ankara et Bakou s'ingénient à lier les processus arméno-turcs et arméno-azerbaidjanais

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Que l'on soit simple observateur, expert ou responsable politique, force est de constater que :

- La politique menée par la Turquie à travers les contacts inter-états ou dans les organismes internationaux, consiste essentiellement à saper les avancées de l'Arménie, à discréditer ses actions concernant le conflit du Karabakh, en clair à l'isoler politiquement et économiquement.

- La politique menée par Bakou, en parallèle et de concert avec Ankara, consiste à ne pas respecter ses engagements envers les pays coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE en développant son armement en vue d'une guerre prochaine, se lancer dans des discours haineux et vengeurs, et abattre tout ce qui bouge sur la ligne de front.

Le tout sous l'œil indifférent des grandes puissances, intéressées avant tout par les problèmes économiques et le développement de leur marché, se contentant de rappeler périodiquement le droit et les normes internationaux.

Et si le volet politique est abordé, c'est pour renvoyer les parties dos à dos. Parler des valeurs telles la liberté, la démocratie ou les droits de l'homme, c'est bien tant qu'il s'agit de faire un état des lieux et donner des leçons, au mieux constater les dérapages, le tout avec moult diplomatie. Mais faire le nécessaire pour éviter que cela se répète, là tout le monde se cache derrière son petit doigt, tirant un voile pudique sur leur hypocrisie.

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Ils ont dit

* Uzeyir Jafarov *


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"L'achat massif d'armes de l'Azerbaïdjan vise à faire comprendre à l'Arménie la détermination de Bakou pour restaurer son ‘intégrité territoriale. Si l'Azerbaïdjan ne parvient pas à déclencher une nouvelle guerre, l'armement pourra être avantageusement revendu à d'autres pays. Ainsi, dans un cas comme dans l'autre, les pétrodollars azéris seront mis à profit," a déclaré le lieutenant-colonel Uzeyir Jafarov.

En d'autres termes, l'Azerbaïdjan tente d'intimider l'Arménie avec des armes, sans penser qu'équiper une armée sans expérience revient à acheter du métal inutile. Probablement, que les programmes de formation ‘sniper' des écoliers azerbaïdjanais servent le même but : intimider l'Arménie.

Bakou ne tient pas compte qu'une incessante rhétorique militaire dans le but d'intimider l'Arménie, risque au contraire de l'exacerber. Il faudrait qu'il commence à se réconcilier avec l'idée que le Karabakh ne sera pas jeté en pâture aux loups, et que la meilleure solution serait de commencer à revendre son stock d'armement.

*

* Levon Hovsepian *


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Récemment, la Turquie a dépensé des sommes énormes en armement. Selon le turcologue Levon Hovsepian cela prouve que la Turquie n'est pas sincère dans sa politique de "zéro problème avec les voisins." La militarisation de la Turquie est une menace pour l'Arménie et un casse-tête pour l'Europe.

Il existe une contradiction entre l'extrême militarisation de la Turquie et ses multiples "zéro problème avec les voisins."

Selon Hovsepian : "La Turquie prépare effectivement quelque chose. Aujourd'hui, elle est entrain de mettre en œuvre une nouvelle politique, elle agit sur le marché des armements non seulement en tant que consommateur, mais aussi en tant que fournisseur. Elle en fournit aux pays mitoyens en crise - la Géorgie et l'Azerbaïdjan."

"Ankara est dangereux. Pour preuve, pendant le conflit russo-géorgien de 2008, la Turquie a été le deuxième fournisseur d'armes à la Géorgie. Avec ce type de démarche, la Turquie a l'intention de militariser la région. Je veux dire le Sud-Caucase, et notamment l'Azerbaïdjan. Il est clair qu'elle soutient effectivement les aspirations militaires de l'Azerbaïdjan."

L'expert suppose que Bakou a également choisi le modèle de la Turquie, en essayant d'acquérir des compétences dans la production d'armes tout en développant sa propre industrie de défense.

Aussi, les aspirations à long terme de la Turquie de vouloir créer de l'instabilité dans la région, déboucheront sur un grave casse-tête pour l'Europe et pour le Moyen-Orient.

*

* Chahan Kandaharian *


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Récemment, les relations entre la Syrie et la Turquie se sont refroidies suite à la position d'Ankara sur les émeutes en Syrie, selon le rédacteur en chef du quotodien Aztag de Beyrouth.

Selon Chahan Kandaharian, la Turquie tente d'interférer dans les Affaires intérieures de la Syrie, en appuyant les accusations de l'Occident sur Bashar Al-Assad.

"La situation ne nuit pas à la coopération militaire entre les pays. La confrontation politique, cependant, est de plus en plus évidente, avec des rapports critiques voyant le jour des deux côtés. Les événements récents prouvent que le rôle de la Turquie en Syrie va changer, et qu'Ankara sera davantage critiqué par Damas."

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* Garen Nazarian *


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Le représentant permanent de l'Arménie à l'ONU, Garen Nazarian, a adressé une lettre au Secrétaire général Ban Ki-moon, en réponse à la lettre du représentant de l'Azerbaïdjan.

L'ambassadeur Nazarian explicite les tentatives de l'Azerbaïdjan et la diffusion de fausses informations en utilisant de manière profondément immorale la vie d'un enfant comme un outil de propagande.

"Plutôt que d'utiliser de telles tentatives, l'Azerbaïdjan devrait cesser sa pratique de provocations sur la ligne de contact, ce qui pose un réel danger pour la sécurité et la stabilité régionales. Ces actions sont une grave violation de l'accord de cessez-le-feu signé entre l'Azerbaïdjan, le Haut-Karabakh et l'Arménie en 1994."

L'ambassadeur indique en outre que l'Azerbaïdjan se doit de respecter la demande du Secrétaire général des Nations-Unis et des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, de retirer les tireurs d'élite de la ligne de contact.

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* Chavarche Kotcharian *


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"Des progrès dans les négociations sur le règlement du conflit du Karabakh sont possibles, si l'Azerbaïdjan cesse d'utiliser le processus de paix comme une couverture pour poursuivre son hystérie anti-arménienne, qu'il témoigne de la volonté pour relancer les négociations avec la République du Haut-Karabakh, qu'il cesse ses menaces et commence à mettre en œuvre les documents qu'il a signés," a déclaré le Vice-ministre arménien des Affaires étrangères, Chavarche Kotcharian.

"Peu importe la manière utilisée par l'Azerbaïdjan pour essayer de présenter le problème du Karabakh comme un différend territorial avec l'Arménie, il devra assumer la responsabilité de sa politique de nettoyage ethnique et d'avoir lancé une agression militaire contre la République du Haut-Karabakh."

Il a rappelé une fois de plus que l'Arménie a été et reste le garant de la sécurité de la RHK et de son peuple, elle a construit de fait ses relations avec la RHK comme avec un Etat à part entière. "Bien que la question reste à l'ordre du jour, l'Arménie s'abstient de reconnaître de jure la RHK, attachée qu'elle est au règlement pacifique du conflit par le biais des pourparlers de paix dans le cadre du Groupe de Minsk de l'OSCE. Si l'Azerbaïdjan continue sa politique non-constructive, la reconnaissance internationale de la RHK suivra," a souligné le Vice-ministre.

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* Kiro Manoyan *


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"Le processus de normalisation des relations arméno-turcs est depuis longtemps dans une impasse, avec la condition mise par la Turquie de résoudre préalablement le conflit du Karabakh," a déclaré le directeur du Bureau du Hay Tad et des Affaires politiques de la Fédération Révolutionnaire Arménienne (FRA-D), Kiro Manoyan.

"Au lieu d'attendre la réponse de la Turquie, l'Arménie doit se retirer de la signature des protocoles. La Turquie est la seule à tirer profit de la situation actuelle des protocoles, contrairement à l'Arménie. Les protocoles contiennent deux clauses interprétées par plusieurs pays de la même manière que la Turquie, tels les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Suède qui partagent la même idée sur la création d'une Sous-commission d'historiens."

Il a également ajouté que les clauses en question permettent à la Turquie de mettre en avant la condition préalable liée au conflit du Karabakh.

Manoyan est convaincu que les protocoles dans leur forme actuelle sont un jouet dans les mains de l'Azerbaïdjan. "Tout d'abord, la communauté internationale est convaincue que la Sous-commission d'historiens doit être créée pour étudier le génocide arménien, et non pour traiter de ses conséquences. Deuxièmement, on a l'impression que les protocoles vont servir à ratifier la frontière actuelle entre l'Arménie et la Turquie, alors que le Président Sarkissian avait indiqué qu'il y avait suffisamment de documents pour soulever la question des frontières, question qui devrait être résolue sur la base du droit international. Par conséquent, il est temps pour les autorités arméniennes de retirer leur signature des protocoles."

Concernant les négociations de paix dans le conflit du Karabakh, la communauté internationale et en particulier les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE devraient réagir fortement aux actes de provocation de l'Azerbaïdjan et des violations du cessez-le-feu.

"Les coprésidents ne parviennent pas à réagir de manière appropriée, en essayant de maintenir la parité entre les parties, et cela incite l'Azerbaïdjan à de nouvelles violations."

Selon lui, l'augmentation du nombre de violations du cessez-le-feu par l'Azerbaïdjan prouve que Bakou est mécontent du processus de négociation.

(…)

Avant de terminer son intervention, le responsable du Bureau Hay Tad a abordé le vote du Sénat français sur la pénalisation du déni de génocide, en précisant : "La France est contre l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, et elle ne tient pas à aggraver encore plus ses relations avec la Turquie. Par ailleurs, dans le cadre du rapport 2006 du Commissaire européen des droits de l'homme, cela aurait limité la liberté d'expression."

Ainsi, selon Manoyan, le refus de discuter du projet de loi au Sénat n'est pas une victoire du lobby turc, mais plutôt la démonstration de la position des autorités françaises.

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Extraits de la Radio Publique d'Arménie et de PanArmenian.net



vendredi 13 mai 2011

Karabakh : Il y a dix-sept ans était signé le cessez-le-feu

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Le document signé le 12 mai 1994 "témoignent de la détermination des parties en conflit d'aider par toutes les manières possibles à la cessation des conflits armés dans et autour du Haut Karabakh, ce qui causent non seulement des pertes irréparables aux peuples arménien et azerbaïdjanais, mais aussi affecte de manière significative les intérêts des autres pays de la région et complique sérieusement la situation internationale."

Il appelle les parties en conflit "à venir au sens commun et à travailler de manière intensive afin de confirmer dès que possible par la signature d'un système fiable, un Accord juridiquement contraignant, et de poursuivre les rencontres pour la résolution pacifique du conflit armé."

Dans le "plan russe" du règlement, il est stipulé que : "Le conflit ne peut être liquidé sans que les autorités du Karabakh ne soient reconnues."

L'armée arménienne avait libéré Chouchi, le corridor Latchine et créé une zone tampon composée des sept régions adjacentes au Haut-Karabakh. La progression de l'armée arménienne était devenue une grave menace pour l'Azerbaïdjan, car à ce rythme, bientôt Chaoumian et Guédachene allaient été libérés. C'est la raison pour laquelle le Président de l'Azerbaïdjan, Haydar Aliev, afin d'éviter plus de pertes, a lancé un appel au président de la Fédération Russe, Boris Eltsine, lui demandant de faire cesser la guerre.

Les défaites militaires ont contraint l'Azerbaïdjan à accepter la proposition de la Fédération de Russie en vue d'un armistice. Le 5 mai, sous la médiation de la Russie, du Kirghizistan, et de l'Assemblée interparlementaire de la CEI, dans la capitale du Kirghizstan, Bichkek, l'Azerbaïdjan, le Haut-Karabakh et l'Arménie ont signé un protocole, qui entra dans l'histoire du règlement du conflit du Karabakh comme le Protocole de Bichkek, sur la base duquel l'accord de cessez-le-feu a été signé le 12 mai, à Moscou. Pour la forme, l'accord de Bichkek a été officiellement signé lors d'une réunion entre les ministres de la Défense de l'Arménie, Serge Sarkissian, de l'Azerbaïdjan, Mamedraffi Mamedov, et du commandant de l'armée de la RHK, Samvel Babayan.

Le document - "L'accord sur l'ordre de la réalisation du protocole n°18 de Février 1994" - a également été préparé, prévoyant le désengagement des troupes du Karabakh et de l'Azerbaïdjan, la mise en place de la zone tampon entre les parties et qui porte en elle les forces de maintien de la paix. Les ministres de la Défense de la Fédération de Russie, Pavel Gratchev, de l'Arménie, Serge Sarkissian, et le commandant de l'armée de la Défense de la RHK, Samvel Babayan, ont signé le document. Mais le ministre de la Défense azerbaïdjanais, Mamedraffi Mamedov, a refusé de le signer ; il a été convoqué d'urgence à Bakou. En dépit du refus de l'Azerbaïdjan de ne pas signer le protocole final de l'accord de Moscou, l'armistice est maintenue dans la zone de conflit du Haut-Karabakh.

Reposant sur le protocole du 18 Février 1994, l'accord appelait à la signature d'un Accord de paix juridiquement contraignant et dignes de confiance, anticipant un mécanisme de sécurisation de la reprise de la trêve, le retrait des troupes des territoires occupés, la reprise des communications, ainsi que le retour des réfugiés."

A noter que les Etats-Unis ont clairement indiqué qu'ils étaient contre la présence comme intermédiaire de la Russie. Ainsi George Mareska, l'ex-coprésident du CSCE (ancêtre de l'actuel OSCE) soutenait le principe d'autodétermination du Haut-Karabakh, prôné par les Etats-Unis, dont la mise en œuvre serait laissée à l'Azerbaïdjan "sur la base de l'union libre." Selon le premier ambassadeur russe en Arménie (1992-1994), Vladimir Stupichine, le moyen pacifique de règlement des conflits sans ingérence de puissances étrangères n'est pas possible dans un proche avenir. Les ‘plans' proposés par la CSCE, qui ont toujours la faveur de l'Azerbaïdjan, mais sont toujours inacceptables par la RHK, sont devenus l'un des facteurs à l'origine des troubles dans le processus de résolution," écrivait Stupichine.

A ce jour c'est le contraire, les ‘plans' proposés par les co-présidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, sont rejetés par Bakou, seul l'intégrité territoriale a leur faveur.

* Brèves *

*


Vahid-Ahmedov_medium
Le parlementaire azerbaidjanais, Vahid Ahmedov, a déclaré : "l'armée nationale azerbaïdjanaise n'aura pas besoin de plus d'un an et demi pour libérer nos terres."

"L'Azerbaïdjan est rempli de gens comme Vahid Ahmedov, qui font des ‘déclarations patriotiques' contre l'armée arménienne pour plaire à leurs autorités," a indiqué le directeur du Centre d'analyse Voskanapat, Levon Melik-Shahnazaryan. En 1988, à la session au Conseil suprême, les déclarations menaçantes des députés azéris avait provoqué l'agression militaire contre la République d'Artsakh. "Comme on sait, plus tard le réveil fut désagréable," a-t-il souligné.
Levon-melik-Shahnazaryan5_m

Actuellement en Azerbaïdjan des déserteurs ou des personnes qui n'ont jamais combattu sont ceux qui sont les plus volubiles en rhétorique militaire. "Pourtant, la vérité est que tout mouvement des forces armées azéries, ou toute accumulation de troupes à la frontière sera sujette à des frappes préventives par l'armée de défense de la RHK, avec des conséquences tragiques pour l'Azerbaïdjan."

*


logo-IFRI_medium
À l'initiative de la diaspora azerbaïdjanaise, l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI) [1]
avait organisé une conférence sur le conflit du Karabakh à Paris. L'événement a rassemblé 48 personnes, selon des sources sûres.


Tabib-Huseinov_medium
Tabib Huseynov, soi-disant originaire de Chouchi et titulaire d'une maîtrise en relations internationales et études européennes de l'Université d'Europe Centrale de Budapest, a commenté le conflit du Karabakh.

Les étudiants azerbaïdjanais composaient la majorité du public avec quelques chercheurs français. Etait également présent l'ex-membre pro-azerbaïdjanais du Parlement suédois, Goran Lidblad. La tenue de la réunion a rapidement dérivé avec le discours de l'ambassadeur d'Azerbaïdjan en France, Elchin Amirbeiov, avec une diatribe anti-arménienne. Tant et si bien, que l'IFRI, représenté que par Philippe Moreau-Defarges, chercheur et codirecteur de la publication RAMSES, n'a pas jugé utile de publier un compte-rendu de la réunion.

Cette manifestation était réalisée pour contrebalancer la conférence sur le même thème faite à l'IFRI en Mars dernier avec la participation du Président de la RHK, Bako Sahakian. "La propagande anti-arménienne de l'Azerbaïdjan n'a pas de limites », a conclu le correspondant anonyme.

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* Chypre se rappelle au bon souvenir de la Turquie


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Le Président de la Chambre des Représentants chypriote, Marios Garoian, a souligné les responsabilités de la communauté internationale en ce qui concerne le crime de la Turquie - le génocide arménien de 1915 - soulignant que si la Turquie avait été punie pour ce crime, l'invasion de Chypre n'aurait peut-être pas eu lieu.

Le génocide arménien doit être condamné et reconnu par tous. Décrivant la Turquie comme ‘un terroriste international', il a appelé Ankara à reconnaître son crime et à présenter des excuses au peuple arménien et à l'humanité tout entière.

"Tant que la Turquie reste impunie, la communauté internationale n'a pas le droit d'être fière de l'ordre mondial d'aujourd'hui. La communauté internationale devrait se sentir complice aussi longtemps que le génocide arménien et d'autres crimes de nettoyage ethnique perpétrés par la Turquie, restent impunis."

Il a rappelé que Chypre a été le premier pays à soulever la question dans les années 60 devant l'Assemblée Générale des Nations Unies, demandant une condamnation internationale du crime de génocide et a déclaré que la Chambre des Représentants de Chypre, ainsi que le Parlement grec ont été parmi les premiers parlements à l'avoir condamné.

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Extrait de la Radio Publique d'Arménie, de PanArmenian.net et de la RHK




[1] -Conférence-débat (en anglais) le 09-05-2011 de 18h à 19h30 à l'IFRI.

Présidence : Philippe Moreau Defarges, codirecteur de RAMSES.

Sujet : Quelles solutions pour le conflit du Haut-Karabagh ? Le point de vue de la communauté azerbaïdjanaise du Haut-Karabagh.


mercredi 11 mai 2011

Arménie - UE : Un sondage révélateur

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

L'influence de l'UE est ressentie positivement tant qu'on ne s'écarte pas des valeurs qui font l'Europe, sur les droits et les libertés.

Là où le bât blesse, c'est sur le poids que représente l'UE sur le plan politique, que ce soit dans le processus de normalisation arméno-turc ou dans le processus de paix arméno-azerbaidjanais.

L'UE qui avance en ordre dispersé, est le jouet de la Turquie qui lui fait croire à des changements sociétaux ou à la mise aux normes européennes des codes ou de la constitution turque en vue de l'adhésion. Quant au coprésident français du groupe de Minsk de l'OSCE, qui représente indirectement l'UE au sein des médiateurs qui apportent leurs bons offices dans le conflit du Karabakh, il se contente comme ses collègues d'avaler des couleuvres et de réciter un texte général sans portée précise.

Aussi rien d'étonnant à ce que la confiance des Arméniens dans l'UE sur l'aide apportée sur les deux processus, bien qu'encore importante, diminue dans le temps. Et si un jour, les choses devaient empirer avec le voisin, il ne faudrait rien attendre de l'UE, pas plus que des Etats-Unis, si ce n'est des déclarations de bonne conduite.

* Brève *

Au cours d'une séance d'information communautaire en Californie, le congressiste Adam Schiff (D-CA) a annoncé plusieurs initiatives législatives, sur la relance de la résolution sur le génocide arménien, sur la législation à l'adresse de la poursuite du blocus de la Turquie à l'encontre de l'Arménie, ainsi que sur la protection des biens de l'Eglise et des droits des minorités en Turquie.

Les diasporas azerbaïdjanaise et turque des États-Unis vont "s'opposer conjointement" contre l'adoption d'une résolution sur le génocide arménien par le Congrès (H.Res.252). Ils ont l'intention de lancer une campagne à l'encontre de discussions possibles au Congrès américain sur le sujet ; a indiqué l'agence azérie APA.

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Une preuve supplémentaire pour les sceptiques. On se souvient de la phrase de Haydar Aliev (le père du président actuel) parlant de la Turquie et de l'Azerbaïdjan : ‘Un peuple, deux Etats'. Slogan que l'Arménie et le Haut-Karabakh ont repris à leur compte, au grand dam des voisins d'Erevan.

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* Sondage sur l'UE *


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Le sondage vise à générer une meilleure information sur la sensibilisation, la compréhension et la perception de l'Union européenne et le rôle qu'elle joue dans les pays partenaires. Ce projet a été mené dans les pays bénéficiant de l'instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP) - principal mécanisme financier par lequel l'aide est accordée à la politique européenne de voisinage (PEV) aux pays partenaires, ainsi qu'à la Russie.

Près des trois quarts des Arméniens (71%) voient l'Union européenne comme un partenaire important, et près de six sur dix (58%) ont une image positive de l'UE.

Ces conclusions sont tirées du dernier volet d'une série de trois sondages effectués entre Décembre 2009 et Novembre 2010. L'enquête a été réalisée dans le cadre du Partenariat Oriental de l'UE, sur un échantillon de 400 personnes, et sur les six pays du P.O.

De plus en plus d'Arméniens (53%) identifient la lutte contre la corruption comme un défi majeur pour le pays. Près de sept personnes sur dix (68%) affirment qu'en général, les relations entre l'UE et l'Arménie sont très ou assez bonnes, alors qu'elles étaient 77% en Juin 2010 et 78% en Décembre 2009. 55% pensent que l'Arménie a bénéficié de la politique de l'UE envers leur pays, contre 62% en Juin 2010 et 69% en Décembre 2009.

Les cinq principales caractéristiques qui représentent le mieux l'Union européenne sont les suivants :

Les droits de l'homme (47%),

La primauté du droit et la transparence (40%),

La liberté individuelle (36%)

La démocratie (36%),

Concernant l'apport de l'UE dans le domaine de la paix et de la sécurité, les Arméniens ont de moins en moins confiance sur la plus-value de l'UE : 70% en novembre 2010, contre 80% six mois plus tôt et de 84% il y a un an).

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* Wilfried Martens en Arménie *


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Le ministre arménien des Affaires étrangères, Edouard Nalbandian, a reçu aujourd'hui la délégation dirigée par le président du groupe PPE (Parti Populaire Européen) du Parlement Européen, Wilfried Martens.

Les interlocuteurs ont abordé en détail le processus de développement continu de la coopération entre l'Arménie et l'Union européenne, ainsi que les questions liées au programme du Partenariat oriental.

Edward Nalbandian et Wilfried Martens ont échangé leurs points de vue sur un certain nombre de questions internationales et régionales.

Le ministre Nalbandian a présenté les derniers développements dans le processus de règlement du conflit du Karabakh. Il a indiqué que la communauté internationale doit répondre correctement aux menaces de l'Azerbaïdjan sur l'usage de la force et sur les multiples provocations.


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"Après les entretiens entre les Présidents arménien et turc, j'espérais que nous entrerions dans une nouvelle phase - la phase d'amélioration des relations", a déclaré Wilfried Martens, lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre arménien Tigrane Sarkissian.

"Je suis déçu que le processus soit dans l'impasse à cause de la Turquie. L'établissement de relations normales entre la Turquie et l'Arménie influencera positivement le processus d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne," a-t-il ajouté.

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Extrait de la Radio Publique d'Arménie et de PanArmenian.net



mardi 10 mai 2011

Karabakh : Il y 19 ans Chouchi était libérée

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Cela fait 19 ans que les Arméniens célèbrent le 9 mai, non seulement parce que le jour de la victoire de la seconde guerre mondiale, mais aussi parce que c'est le jour de la libération de Chouchi, l'un des épisodes cruciaux de l'histoire du peuple arménien. La libération de Chouchi a été le tournant de la guerre du Karabakh, ouvrant la voie aux victoires futures. Les Arméniens ont de nouveau rappelé à Bakou cette vérité première : la guerre est une question de compétence et non de quantité.

Peu importe ce que les coprésidents du Groupe de Minsk et les parties intéressées disent sur le règlement du conflit du Haut-Karabakh, nous devons admettre que le processus est gelé, tout comme le processus arméno-turc sur la normalisation des relations, sinon définitivement du moins tant que le président Aliev s'accrochera au seul principe de l'intégrité territoriale. Il ne s'agit pas de la volonté ou du refus de régler le conflit, à savoir déterminer le statut du Haut-Karabakh, mais de l'incertitude croissante sur le comportement de Bakou. A ce jour, aucunes des déclarations ciblant la population azerbaïdjanaise ou la population arménienne, ne produisent les effets escomptés.

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** La bataille de Chouchi **

Les azéris occupaient Chouchi, située à environ 7km de Stepanakert sur les hauteurs dominant la capitale de l'Artsakh. Chouchi est entourée de remparts et sa position est imprenable. Les azéris forts de leur position avaient placé leur artillerie sur la route de Chouchi à Stepanakert qu'ils dominaient [ndlt : le col de Chouchi de situe à 1860m], et bombardaient la ville à raison de 200 obus par jour.


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Sur un des flancs de Chouchi se trouve une falaise infranchissable et vertigineuse d'environ 1000m de haut. Les commandos Arméniens ont donc pris Chouchi par la seule voie infranchissable : la falaise. La première nuit, les hommes en armes ont fait la moitié du chemin. Le jour, ils sont restés cachés dans les rochers. La deuxième nuit ils ont terminé l'ascension et ont débouché sur le plateau au petit matin semant la panique parmi leurs ennemis qui ne les attendaient pas par cette voie. De plus, pendant leur ascension, d'autres soldats Arméniens menaient une attaque de diversion sur d'autres points de la citadelle.
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Au moment de l'assaut final, le commandant militaire de Chouchi, Elbrus Orujev, avait en face de lui Arkady Ter-Tadéossian qui avait planifié l'opération et qui conduisait les commandos arméniens. L'attaque a débuté le 8 mai à 02h30. Les combattants arméniens avaient reçu l'ordre de ne pas tirer sur les civils qui fuyaient la ville, mais de bloquer les accès aux renforts. Dans la soirée, l'armée azérie pensait qu'elle avait repoussé l'attaque des Arméniens. C'est alors que la plupart des soldats s'enfuirent et Orujev qui n'avait plus assez d'hommes pour poursuivre la lutte, ordonna alors la retraite. Parmi les derniers combattants à quitter Chouchi se trouvait un certain tchétchène, Chamil Bassaïev.

Une centaine de victimes ont été dénombrées chez les Arméniens, tandis que l'Azerbaïdjan en laissait près de 700 sur le terrain.

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** Interview du Général commandant les forces arméniennes **


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"A partir de Février 1992, la situation à Stepanakert et de ses environs était devenue intolérable. La ville a été sous le feu constant de l'artillerie azérie de Krkjan, Khodjalou et de Chouchi. Un demi-cercle qui maintenait Stepanakert sous un feu continu," se souvient l'artisan de la libération de Chouchi, le général Arkady Ter-Tadéossian, commandant les commandos légendaires.

"Stepanakert était presque en ruine, les gens vivaient dans les caves, souvent sans pain et sans eau … .Chouchi devait être libérée. Notre tâche consistait à neutraliser les places d'armes de Khodjalou à Chouchi" ; et sa main, comme il y a 19 ans, indiquait les emplacements des canons qui pilonnaient Stepanakert, puis il a sorti le plan de libération mis au point.
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"Les dirigeants arméniens n'étaient pas favorables à l'opération. Le ministre de la Défense Vazgen Sarkissian estimait qu'elle devrait être reportée. Mais il fallait agir. Lors d'une réunion, les 72 commandants de groupe ont décidé à l'unanimité que Chouchi devait être libérée," se souvient-il.

Ces jours-là, le ministre devait se marier dans les montagnes. Aussi, les Commandos qui devaient libérer Chouchi ont décidé de donner à l'opération le nom de code : ‘Mariage dans les montagnes.'


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Les préparatifs ont commencé. Le détachement comptait 3800 combattants répartis en 5 groupes. L'opération a débuté dans la nuit du 8 mai. Le bataillon du colonel Arkady Garabedian a commencé l'offensive sur le village de Choche. Le commando d'Achod Ghoulian a attaqué par le Nord-est, celui de Duchman Vardan a progressé par l'Est et dans la matinée, avait repris les environs. Les détachements sous les commandements de Never Chakhoyan et Jirayr Sefilian ont emprunté la route du Sud. Une troupe de choc de 400 hommes, dirigé par le colonel Seyran Ohanian progressait par le Sud-ouest, libérant les villages de Kusar, Bachkend, Javadlar ainsi que 17 autres. Le détachement d'Arthur Arakelian libérait Zarislo-le-Bas tandis qu'Albert Alaverdian et ses hommes libérait Zarislo-le-Haut. Dans la matinée, ils ont été rejoints par le bataillon de Valery Chtchian pour entrer dans Chouchi.

Selon les calculs du Commando, l'opération devait prendre 2 ou 3 jours, mais Chouchi a été libérée le 9 mai à 4h du matin, soit 26 heures après le début de l'opération.

"Nous n'avions pas le droit de perdre. C'était notre ville, où chaque pierre et chaque route nous était cher. Cette pensée nous a donné force et inspiration," a souligné Ter-Tadéossian.


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Maintenant, il est heureux de voir Chouchi se développer. Ni lui ni les autres commandants n'ont oublié ces moments. Chaque année ils se rassemblent pour célébrer la victoire et peut-être qu'un jour ils vont célébrer un mariage dans les montagnes.

C'est avec la libération de Chouchi que l'armée de Défense de la RHK a été formée, qui est aujourd'hui l'une des armées les plus mobiles et plus capables dans la région. Et peu importe si la république voisine l'admet ou non, car telle est la réalité.

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"Nous nous joignons aux familles des courageux combattants de la bataille de libération de Chouchi qui ont perdu leur vie, bataille qui a marqué à la fois un grand tournant dans la lutte de l'Artsakh pour l'autodétermination et un tournant majeur dans l'histoire arménienne moderne", a déclaré le Directeur exécutif du Comité National Arménien d'Amérique (ANCA), Aram Hamparian.

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Extraits de PanARMENIAN et de Artsakh



lundi 9 mai 2011

Il y a vingt ans, la guerre débutait au Karabakh

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Si l'on célèbre ces jours-ci le 19ème anniversaire de la prise de Chouchi (9 mai 1992), un an auparavant Bakou débutait la guerre aux frontières du Haut-Karabakh avec son lot de morts et de déplacés. Si l'on est arrivé aujourd'hui à une situation quasi-inextricable malgré les pourparlers de paix, c'est du essentiellement à la rigidité des dirigeants azéris qui n'ont jamais voulu prendre en compte les demandes des habitants de la Région (Oblast) Automne du Haut-Karabakh, et encore moins entendre parler d'une quelconque modification administrative de la RSS d'Azerbaïdjan, bien que conforme à la constitution soviétique.

Le président Ilham Aliev, encouragé en sous-main par son grand frère ottoman et fort de ses revenus pétroliers, n'a fait qu'accentuer cet état de fait. Passant outre ses engagements, il ne rêve qu'à reconquérir les territoires perdus. N'étant retenu que par les mises en garde des Etats-Unis et de la Russie, vue qu'une nouvelle guerre arméno-azerbaidjanaise ne rentre absolument pas dans leurs projets régionaux, il est obligé de se contenter de mitrailler tout ce qui bouge de l'autre côté de la ligne de contact. Et pour ce faire, les grandes puissances, associées en cela avec la Turquie et Israël, font marcher à fond le commerce d'armes, le tout bien sûr en jouant les modérateurs dans le conflit du Karabakh.

* Brève *

Le service de presse du ministère azerbaïdjanais de la Défense continue de diffuser des informations stipulant que le Karabakh viole régulièrement le cessez-le-feu à différents endroits de la ligne de contact entre les forces armées de la RHK et celles de l'Azerbaïdjan. Suite à quoi, l'armée de Défense de la RHK a décidé de faire la mise au point suivante.

"Il est vrai que les cas de violation du cessez-le-feu ont récemment augmenté sur la ligne de contact. Toutefois, il convient de préciser de quel côté viennent ces violations et quel genre de mesures sont prises.

Ainsi, l'Azerbaïdjan a violé le cessez-le-feu 950 fois en avril dernier, avec 6500 tirs provenant d'armes de divers calibres. Il est à noter que les forces armées azerbaïdjanaises utilisent des armes de sniper, tel que les SVD, Black Arrow et fusils ISTIGAL, produites par la Turquie. Ce n'est pas un secret pour personne, qu'en plus de ses propres forces, l'Azerbaïdjan utilise des tireurs d'élite étrangers, moyennant finance.

Un tel comportement de Bakou prouve que l'Azerbaïdjan viole volontairement les accords conclus dans le cadre des négociations pour le règlement du conflit du Karabakh et diffuse cyniquement de faux renseignements.

Depuis le début de l'année, avec 3200 violations comptabilisées par Stépanaguerd, 17 militaires azerbaïdjanais ont été tués, alors que la RHK déplorait la mort de 5 militaires arméniens et de quatre autres, blessés. Sur la même période, Bakou relève 150 cas de violation du cessez-le-feu par la partie arménienne faisant 51 tués et 29 blessés."

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L'Opération Anneau et l'implication de l'armée soviétique

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Il y a vint ans, le 30 avril 1991, une opération militaire de grande envergure visant à chasser les populations arméniennes du Haut-Karabakh était lancée.

L'armée soviétique avait donné à cette action militaire comme nom de code ‘Opération Anneau', parce que sa stratégie de base consistait à encercler les villages avec des chars et des véhicules blindés et les bombarder. L'étape suivante de l'opération impliquait l'entrée de différentes troupes (un mixte d'unités de la IVe Armée et les Troupes Internes du Ministère de l'Intérieur (MVD)), suivie par les OMON azerbaïdjanais, qui devaient interroger les villageois, les regrouper, puis les arrêter et emmener les hommes dans des prisons disséminées à travers le pays. Et pour terminer, les villageois azerbaïdjanais étaient autorisés à entrer et à piller les maisons vides des Arméniens.

Ainsi, plus de dix mille villageois arméniens ont été contraints de quitter l'Azerbaïdjan. Quarante personnes sont mortes, plus de la moitié des civils arméniens. L'ONG ‘Helsinki Watch' a relevé plusieurs cas de brutalités, y compris de viols, par les forces armées (en particulier par les troupes OMON azéris) tandis que les unités de l'armée soviétique restaient les bras croisés. Des dizaines d'Arméniens sont toujours détenus dans les prisons d'Azerbaïdjan, bien qu'il existe des échanges réguliers de prisonniers et d'otages avec les Azerbaïdjanais. Les officiels arméniens prétendent que de nombreux détenus sont passés à tabac et maltraités. L'Opération Anneau a été particulièrement violent dans les villages de Mardunachene et Gedachene au début de mai. Selon l'ONG, qui a rencontré des déportés arméniens et des officiels, dix-huit villageois ont été tués, et Mardunachene a été totalement rasé. Selon les autorités arméniennes, les déportations à la mi-juillet à partir des villages azerbaidjanais de Erkedj, Manachide et Bouzloukh ont entraîné trois décès parmi les MVD d'Azerbaïdjan, de nombreux blessés, et la dispersion totale de la population. Lors de ces combats en Septembre, quatorze OMON azéris et un combattant arménien paramilitaire ont été tués.
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Le 19 août, la 23ème Division de l'armée soviétique - qui comptait dans ses rangs un pourcentage élevé de soldats azerbaïdjanais - accompagnée par les troupes OMON d'Azerbaïdjan, a mené des attaques à la roquette à partir d'hélicoptères, d'artilleries lourdes et légères sur le gros village arménien de Verichene, près du Karabakh. Deux enfants arméniens ont été tués, il y a eu quelques morts parmi les soldats azerbaïdjanais, et des dizaines de maisons ont été incendiées. Le 27 août, les villages arméniens de Karachinar et Verichene furent de nouveau la cible de missiles et de tirs d'artillerie, blessant quatre Arméniens.

La lutte n'a pas pris fin en Septembre malgré le bouche à oreille de possibles pourparlers de paix, décrites ci-après. Deux groupes d'OMON azerbaïdjanais et un combattant arménien ont été tués dans Verachene le 14 Septembre. Le lendemain, les OMON azéris ont ouvert un feu nourri sur Karachinar, tuant un civil arménien. Alors que les négociations avaient atteint une phase finale vers le 25 Septembre, les troupes OMON ont attaqué le village de Chapar, tuant six civils arméniens, dont un garçon de quatorze ans.

Gedachene, qui autrefois comptait 5000 personnes, est resté pendant un certain temps le dernier bastion Arménien. Malgré que les attaques soient repoussées, les troupes soviétiques ont finalement investi les villages de Azad et de Kamo et ont chassé les habitants, les Azerbaïdjanais ont aussitôt occupé les maisons ainsi vidées. Ce n'est pas par hasard que la population de quatre villages dans la région de Chouchi et celle d'une quinzaine de villages dans la région de Hadrout, ont été expulsées.

Jusqu'à aujourd'hui, les organisations internationales, APCE, OSCE et autres, ne mentionnent pas ces épisodes tragiques dans leurs comptes-rendus sur le Haut Karabakh, mentionnant exclusivement les victimes et les réfugiés azerbaidjanais.

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PanArmenian



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