Haut-Karabakh : Le pessimisme l'emporte après la tournée des médiateurs internationaux.

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Les médiateurs se doivent d'être optimistes et réitérer les mêmes consignes basées sur le droit et les normes internationales. En cas de désaccord profond entre les parties, ce qui est le cas depuis des années, une déclaration générale est faite, satisfaisant les belligérants mais ne résolvant en rien les différends.

Cette fois encore, un document identique conclura la rencontre de Kazan du 25 juin, avec probablement quelques petits accords à la marge, mais rien sur une réelle percée.

Par réelle percée, il faut entendre l'acceptation par Bakou de la perte effective du Haut-Karabakh, c'est-à-dire son droit à l'autodétermination tel que le stipule l'un des trois principes de base. Perte probable également de districts attenants à l'Arménie, car un Haut-Karabakh indépendant noyé dans l'Azerbaïdjan, entouré des sept districts azéris, est irréaliste et non viable, corridor vers l'Arménie ou pas.

* Brèves *

Les ministres des Affaires étrangères de l'Arménie, de l'Azerbaïdjan et de la Russie se sont réunis hier à Moscou pour une discuter du règlement du conflit du Haut Karabakh.

Selon le ministère arménien, les ministres ont réussi à rapprocher les positions sur un certain nombre de dispositions clés des principes de base, qui seront examiné par les président Sarkissian, Aliev et Medvedev à Kazan le 25 juin prochain.

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Le 9 Juin le Représentant permanent de l'Arménie auprès de l'ONU, Garen Nazarian a envoyé une lettre au siège de l'ONU, appelant l'attention de l'Organisation sur la propagande anti-arménienne de l'Azerbaïdjan.

Dans sa lettre adressée au Secrétaire général des Nations-Unis, l'Ambassadeur indique que : "dans le contexte de la 65e session de l'Assemblée Générale des Nations Unies, il est décevant que l'Azerbaïdjan abuse de son siège à l'ONU, pour saisir toutes les occasions afin de désinformer sur l'Arménie et sur le Haut-Karabakh."

Il souligne que l'Azerbaïdjan ne tient pas compte des déclarations du Secrétaire général de l'ONU, du Président de l'OSCE en exercice, des coprésidents du Groupe de Minsk ainsi que des dirigeants de l'UE, concernant le renforcement le régime du cessez-le-feu et le retrait des tireurs d'élite de la ligne de contact. L'ambassadeur exprime l'espoir qu'au lieu de diffuser des lettres sans fondements et provocatrices, l'Azerbaïdjan devrait se concentrer sur les négociations en cours dans le cadre du Groupe de Minsk de l'OSCE.

Le diplomate conclut sa lettre, soulignant que l'Arménie a toujours soutenu le règlement pacifique du conflit entre l'Azerbaïdjan et le Haut-Karabakh, et qu'elle l'a prouvé maintes fois.

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La 8e séance de la Commission interparlementaire sur la coopération entre les Assemblées Nationales de la République d'Arménie et du Haut-Karabakh, a eu lieu à Erevan à huis clos.

Contrairement aux médiateurs et aux participants du processus de négociation, la direction de la RHK ne s'attend pas à des résultats rapides du processus de négociation.


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"Une déclaration conjointe sera probablement adoptée à la suite de la réunion de Kazan, indiquant que les pays coprésidents du Groupe de Minsk ne ménagent aucun effort pour réaliser des progrès dans le processus de négociation," a déclaré le Président de l'Assemblée nationale de la RHK, Achod Ghoulian.

Selon lui, les autorités du Karabakh ne sont pas très optimistes quant à la prochaine réunion des présidents, vu que l'Azerbaïdjan continue sa politique agressive, en introduisant notamment de nouveaux éléments dans le règlement du conflit et en continuant ses déclarations belliqueuses. De plus, le Haut-Karabakh sera tôt ou tard impliqué à part entière dans les négociations. "Ainsi, la dernière réunion entre les coprésidents et le Président de la RHK a souligné la nécessité de la participation du Karabakh à toutes les étapes du processus de paix."

Concernant la déclaration du Groupe de Minsk de l'OSCE, appelant les parties à éviter tout acte de provocation ou de déclarations belliqueuses, Achod Ghoulian a déclaré : "La déclaration vise un destinataire précis. Elle s'adresse à ceux qui ont prôné de tels actes provocateurs dans le passé."

Pour ce qui est des forces de paix à déployer au Karabakh, c'est une question prématurée : "Ce n'est pas une mince affaire. S'il s'agit de déploiement des soldats de la paix, les parties devront s'entendre sur la composition, le nombre et les zones de stationnement, mais nous n'en sommes pas encore là."

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"La déclaration de Deauville diffère des précédentes, c'est un sérieux avertissement à l'Azerbaïdjan," a déclaré le Directeur adjoint de l'Institut du Caucase, Sergey Minassian, ajoutant que l'intensification du processus de négociation vise à prévenir la tension sur la ligne de contact.

Selon le politologue, le document est inacceptable pour l'Azerbaïdjan, car il démontrerait clairement à sa société qu'il a perdu l'Artsakh. "La question de l'indépendance serait ainsi résolue. C'est un sujet difficile pour l'Azerbaïdjan."

"Aucune des forces extérieures ne veut la guerre, cela devrait aider les parties à parvenir à un accord au cours de la réunion de Kazan. La signature d'un document permettrait de surcroit de progresser dans les relations arméno-turques," a souligné Minassian.

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Pour le député républicain Gagik Minassian, la probabilité de signer un document de base au cours de la prochaine réunion de Kazan est très faible.

Toutefois, selon le député, certaines dispositions de la déclaration de Deauville donnent à réfléchir sur le changement de position des pays coprésidents. La logique voudrait que les approches de la partie arménienne prévalent dans le prochain document.

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Le ministre des Affaires étrangères du Haut-Karabakh, Georgi Pétrossian est sceptique sur la possibilité d'une percée lors de la prochaine réunion trilatérale du 25 Juin à Kazan.

M. Pétrossian s'est abstenu de tout commentaire sur les efforts du président arménien pour résoudre le problème du Karabakh : "Le règlement du conflit est un processus dynamique, en constante modification, et qui dépend de nombreux facteurs."

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Le président de l'Assemblée nationale arménienne, Hovik Abrahamian, a indiqué pour sa part que la communauté internationale vient progressivement au fait que le peuple du Haut-Karabakh est maître de sa destinée et qu'il n'y a pas d'alternative à son droit à l'autodétermination.

"La partie arménienne a toujours déclaré sa volonté de résoudre le problème pacifiquement, par voie de négociations, mais cela ne signifie pas qu'une agression sera laissée sans réponse. L'Arménie n'ignorera jamais l'opinion de la population de l'Artsakh. La République d'Artsakh a prouvé qu'elle est plus démocratique que certains pays de notre région."

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Pour le président du Conseil de politique étrangère et de sécurité, et ancien vice-ministre des Affaires étrangères de la RHK, Massis Mayilian : "A la prochaine réunion de Kazan, en tenant compte des positions déclarées des parties, une réconciliation à partir des principes de base semble compromise, et risque de compliquer la tâche. Il n'y a pas de prémisses objectives pour cela. Dans les conditions actuelles, les principes dits de base peuvent être signés seulement en raison de la forte pression internationale."

Selon lui, la position des médiateurs qui veulent prouver la viabilité des principes d'Helsinki, est dépassée. Il a fait remarquer qu'il existe de nouveaux précédents avec une réalité juridique internationale, qui devraient être pris en considération par les médiateurs dans le règlement du conflit du Karabakh.

"Quant à la déclaration des médiateurs après leur tournée dans la région, ils ont réitéré la position de leurs présidents, exprimée à Deauville," a-t-il conclu.

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Extrait de la Radio Publique d'Arménie et de PanArmenian.net