Droits de l'homme : La Turquie épinglée une nouvelle fois

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Atavisme ou mauvaise volonté, il y a comme cela des habitudes qu'on a du mal à se débarrasser. Vouloir jouer dans la cour des Grands en participant au G20, donne non seulement des droits mais implique également des devoirs.

Les dirigeants turcs ne veulent toujours pas intégrer cet aspect de leur nouveau statut. Il ne suffit pas de déclarer urbi et orbi que l'on veut ‘zéro problème avec ses voisins', (voisins dont l'un est sous blocus depuis 17 ans et l'autre envahi depuis 37 ans), encore faut-il nettoyer devant sa porte avant de vouloir régenter la région.

Or devant sa porte, la Turquie a de nombreuses poussières. Des poussières attenantes aux minorités, qu'elles soient musulmanes (Kurdes), chrétiennes (Grecs et Arméniens) ou autres (Juifs). Des poussières attenantes aux Valeurs de l'Union européenne, dont elle espère un jour devenir membre.

Et c'est là que le bât blesse. Depuis Octobre 2005, date d'ouverture des négociations, sur les 35 chapitres que comporte le processus de négociations avec l'UE, treize ont été ouverts, le dernier en Juin 2010, mais un seul fermé. Touts les chapitres qui ont trait aux droits de l'homme et aux libertés en générale, ne sont pas encore ouverts et en l'état actuel le niveau minimum n'est pas atteint pour leur ouverture.

Quant à leur fermeture... cela n'aura plus rien à voir avec la Turquie fondée par Mustapha Kemal sur les ruines de l'empire ottoman.

* Brève *

Le Président azerbaïdjanais Ilham Aliev a qualifié les actions de l'Arménie ‘inconcevables'. Il a déclaré lors de la réunion du Conseil des ministres que depuis 20 ans l'Arménie a été peu enclin à changer le statu quo.

Selon Aliev, à la réunion de Sotchi initiée par le président russe en Janvier 2011, l'Azerbaïdjan a accepté "sans équivoque" les principes de Madrid, mais l'Arménie a évité de les accepter par tous les moyens. Aussi, c'est le côté azéri qui montre une approche constructive.

Et de poursuivre : "l'une des principales raisons de l'activité de ces dernières années de la communauté internationale, est l'existence de l'Etat et de l'Armée azerbaïdjanais." rapporte l'agence APA.

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Effectivement on voit mal le Calife de Bakou reconnaître, en petit cercle ou en public, que c'est son intransigeance qui fait trainer en longueur les négociations de paix.

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* Des habitudes tenaces


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"La liberté d'expression et la liberté des médias en Turquie doivent être abordées dans la nouvelle constitution vu que les modifications adoptées précédemment ont été insuffisantes. Malgré les progrès accomplis par la Turquie ces dernières années concernant les débats libres et ouverts sur des questions préalablement sensibles, la situation de la liberté d'expression et de la liberté des médias demeure particulièrement inquiétante," a déclaré le Commissaire aux Droits de l'Homme du Conseil de l'Europe, Thomas Hammarberg, dans son rapport du 12 Juillet.

"Des mesures urgentes sont nécessaires pour faire respecter ces droits et favoriser une atmosphère plus tolérante envers la critique et la dissidence. Les amendements adoptés jusqu'à présent par la Turquie n'ont pas été suffisants pour faire face aux causes profondes des nombreuses violations du droit à la liberté d'expression relevées par la Cour européenne des Droits de l'Homme", a ajouté Hammarberg.

Un autre domaine de préoccupation pour le Conseil de l'Europe, selon le commissaire, est le code pénal et la loi anti-terrorisme qui continue à entraver la liberté d'expression en Turquie.

"Les dispositions de ces textes de loi ont été utilisées de manière disproportionnée pour limiter la liberté d'expression, y compris celle des journalistes, des diffuseurs et éditeurs. Les tribunaux et les procureurs ont interprété et appliqué les dispositions légales, sans avoir respecté le principe de proportionnalité et les normes de la Convention européenne des Droits de l'Homme concernant la liberté d'expression. Les autorités doivent notamment introduire dans le système juridique turc la défense de la vérité et de l'intérêt public lors de l'évaluation de la responsabilité pénale des journalistes."

Se référant à l'assassiner du journaliste turco-arménien et rédacteur en chef d'Agos, Hrant Dink, il a appelé les autorités à redoubler d'efforts pour protéger efficacement les journalistes de la violence et l'intimidation. Il a également recommandé d'aborder les conditions de travail précaires de nombreux journalistes, en particulier ceux d'investigation, et à mettre un terme à la violation systématique des droits du travail des professionnels des médias ; rapporte Hurriyet Daily News.

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* Haut-Karabakh : Une analyse qui tranche avec l'optimisme international


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L'analyste américain sur le Sud-Caucase et professeur agrégé de science politique à l'Université d'Etat du Dakota du Nord, Thomas Ambrosio, n'espère pas grand chose des pourparlers sur le règlement du conflit du Karabakh.

"Le problème central est que rien n'a changé : les positions des deux parties n'ont pas varié, idem pour la situation sur le terrain, tout comme pour l'environnement international. Étant donné que nous approchons des deux décennies, depuis que ce conflit est entré dans sa phase ‘gelée', je trouve amusant qu'avant chaque sommet il y a un optimisme exprimé par les politiciens, les militants et la presse en général que "c'est vraiment celui-là" qui va faire sortir de l'impasse. Ce conflit est gelé pour une raison bien précise : les positions des deux parties sont mutuellement incompatibles. Elles sont coincées dans un jeu dont la résultante est nulle. Je ne vois pas comment cette impasse peut déboucher, pas plus que je ne vois de raison aux perpétuels optimismes des pré-sommets - ces derniers semblent juste être des vœux pieux," a-t-il souligné.

"Les positions des deux côtés sont incompatibles. À moins que quelque chose ne change de manière significative - les positions des parties, la situation sur le terrain, ou l'environnement international - Je ne vois aucune proposition que pourraient faire les Azéris qui serait acceptable, et pour eux-mêmes et pour la partie adverse."

Commentant une possibilité pour les Etats-Unis d'assumer un rôle plus actif dans la résolution du conflit, à l'image de la Russie, l'expert a déclaré : "Cela ne changera rien, sauf si c'est un changement de l'environnement international, ce qui n'est pas."

"De même que les positions des deux parties ont directement été touchées par le conflit, la position américaine n'a pas changé et ne changera probablement pas dans l'avenir. De plus, je vais être franc : le conflit du Haut-Karabakh a une priorité plutôt faible au sein de l'administration, étant donné les autres crises nationales et internationales, actuelles ou en devenir. Par conséquent, je ne vois pas autre chose qui puisse sortir d'une réunion dirigée par les Américains ou par les Russes ou par tout autre forum traitant de cette question." Rapporte l'agence APA.

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Extrait de PanArmenian.net