lundi 31 octobre 2011

L’Azerbaïdjan protège le patrimoine culturel


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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

En décembre 2005, Bakou ‘restaure’ les monuments religieux arméniens à sa façon.








Avant









Après







dimanche 30 octobre 2011

La Turquie recule à très grands pas de l’Europe


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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires



Ce qu’il y a de bien avec le gouvernement turc c’est que les surprises sont toujours de courte durée, le naturel reprenant rapidement le dessus. On ne se débarrasse pas facilement de siècle d’atavisme. La légère couche de vernis qu’Ankara s’est passée pour donner le change aux Occidentaux, UE en tête, fonctionne à merveille. La poudre peut s’utiliser de diverses façons et notamment aux yeux des technocrates de Bruxelles, qui n’ont pas au demeurant grand-chose à voir avec les peuples d’Europe.  



Donc Messieurs Erdogan et consorts, dans le cadre de leur lente marche vers les valeurs de l’Europe – démocratie, libertés, Droits de l’homme, etc. – en vue d’y adhérer un jour, commencent à trouver le temps long. Non seulement ils doivent faire des risettes à la communauté occidentale, mais de surcroit ils doivent perdre leurs habitudes séculaires, c'est-à-dire s’en prendre à leurs minorités – à l’époque c’était les peuples opprimés - qu’elles soient chrétiennes, musulmanes ou juives.



Il y a quelques jours, Ankara s’est fait épinglé, une fois n’est pas coutume, par la Cour européenne des Droits de l’homme sur la liberté d’expression (Art. 10) suite à la plainte déposée par le Dr Taner Akçam pour usage abusif de l’article 301 du Code pénal turc (atteinte à la turquicité), pour avoir parlé du génocide arménien - dire ‘génocide’ pour les massacres de masse d’Arméniens en 1915 est un délit, sauf à faire précéder le terme par ‘sozde’ (soi-disant) - . Si le problème arménien est une épine dans le pied des dirigeants turcs de tous bords, le fond de commerce du gouvernement depuis plusieurs années reste le problème kurde.



Dans leur cas, ce n’est pas l’article 301 qui est utilisé, puisque ce sont officiellement des Turcs et non une minorité, mais les lois sur la liberté d’expression ou celles sur les partis politiques. Le gouvernement turc fait subir à la population kurde, forte de 15 millions d’âmes, les revers qu’il subit avec les combattants du PKK. Et sous couvert de combattre ces personnes, Erdogan étant son filet à tous les fauteurs de trouble, kurdes et non-kurdes, journalistes, universitaires, bref tous les empêcheurs de tourner en rond. Non mais, charbonnier est maitre chez soi !



D’ailleurs, il ne faut pas dire ‘combattant’ mais ‘terroriste’, terme que les dirigeants turcs ont réussi à faire passer auprès de la communauté internationale, et en premier lieu auprès des Etats-Unis et des Européens. D’ailleurs la France ne s’y est pas trompée, puisqu’elle vient d’envoyer son ministre de l’intérieur, Claude Guéant, proposer le savoir-faire français des forces de sécurité dans le domaine. Cela rappelle une certaine MAM proposant le même type de service au régime de Ben-Ali en Janvier 2011.



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Dans le cadre de l'opération policière contre le KCK (Union des communautés du Kurdistan), la police turque a arrêté le 28 octobre 2011 à Istanbul, Ragip Zarakolu, proéminent défenseur des droits de l'Homme et directeur de la maison d'édition Belge. Zarakolu est également président du Comité de liberté de publication de l'Association des éditeurs de Turquie.

Son fils, Deniz Zarakolu, éditeur de la Maison d'édition Belge, avait déjà été mis en état d'arrestation le 4 octobre 2011 à Istanbul.

La Maison d'édition Belge a publié plusieurs livres sur l'oppression des minorités nationales de Turquie et sur le génocide des Arméniens.

Le même jour, dans le cadre de la même opération policière, le professeur Büşra Ersanlı, experte en droit constitutionnel et membre du Parti pour la paix et la démocratie (BDP), a été arrêtée avec des dizaines d'opposants kurdes.

Les arrestations massives visant ce parti pro-kurde se poursuivent de façon frénétique. La police a procédé à des perquisitions simultanées dans les locaux et l’Académie du BDP à Istanbul, arrêtant 70 personnes dans le cadre de l’affaire KCK, accusée d’être la branche civile du PKK.

Début octobre, plus de 100 membres du BDP avaient été arrêtés à Istanbul et parmi eux 98 personnes, dont Deniz Zarakolu, fils du Ragip Zarakolu et l’auteur Aziz Tunc, avaient été écrouées.

Le premier est un traducteur de plusieurs œuvres dont "La philosophie politique" de Thomas Hobbes et le dernier est connu pour son livre sur le massacre de Maras, désigné comme le livre du mois par le PEN.

Alors que cinq députés kurdes sont toujours en prison et le siège d’un sixième ayant été invalidé par les autorités après les élections législatives du 12 juin, la justice veut enfermer les autres députés BDP qui sont encore en liberté. Des enquêtes ont été ouvertes samedi 29 octobre par le Parquet d’Ankara contre trois anciens députés BDP, Osman Ozcelik, Fatma Kurtulan et Sevahir Bayindir, en vertu de l’article 117 de la Loi sur les partis politiques.

Des milliers de personnes ont été arrêtées arbitrairement dans le cadre de l’affaire KCK, considérées comme des comploteurs politiques kurdes. Cette affaire est devenue une arme redoutable du gouvernement AKP du premier ministre Recep Tayyip Erdogan pour intimider et enfermer tous les opposants kurdes.

Plus de 4500 membres du BDP ont été arrêtés au cours de ces six derniers mois. Parmi eux, plus de 1600 personnes ont été écrouées.

Aujourd'hui, des milliers de membres actifs dont 18 maires sur 99 et six députés BDP sont en prison. Plus de 500 élus ont été enfermés dans la seule ville de Sirnak depuis le grand succès du parti kurde aux élections locales du 29 mars 2009.

La Turquie est aujourd’hui la plus grande prison pour les élus et les journalistes. Selon les organisations de soutien aux journalistes emprisonnés, près de 70 journalistes sont toujours en prison. (actukurde.fr, 29 octobre 2011)



Extrait de info-turk.be



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* Libre opinion *




L’Arménie et la Turquie se retrouvent à la case départ



Il y a deux ans, sous la forte pression des États-Unis, mais également de la Russie et de l'UE, les protocoles arméno-turcs sur la normalisation des relations et sur l'ouverture de la frontière, ont été signés à Zurich. Aujourd'hui, comme hier, les documents sont dans un tiroir. De plus, la Turquie se démène pour les enterrer. Elle y réussit quelque peu, et l'Arménie a sa part dans cette réussite ...



Concernant la partie la moins intéressante du projet, l'Arménie a fait tout ce qui était en son pouvoir. Elle a envoyé les protocoles à la Cour constitutionnelle afin de déterminer leur conformité vis-à-vis de la Constitution. Le président Serge Sarkissian s’est lancé dans une tournée sans précédent de la diaspora pour connaitre l'opinion de la majorité des Arméniens. Bref, notre pays a fait son devoir dans cette Affaire, tout en résistant à la pression des Etats-Unis, très intéressés par l’aboutissement de son projet. Washington a cru et croit toujours que la normalisation des relations arméno-turques deviendra une victoire du département d'Etat et du président Obama, dans le contexte général des échecs diplomatiques et économiques qui ont récemment secoué l'Amérique. Il s'agit du «printemps arabe», dont les Etats-Unis ont sous-estimé le premier acte, alors ils n’ont trouvé rien de mieux que d'intervenir dans la guerre civile en Libye, si l’on veut appeler un chat un chat.



Actuellement, la situation au Moyen-Orient n'est pas favorable à l'ouverture des frontières, en particulier celle arméno-turque. La raison n'est pas tant la position de Bakou, qui perçoit tout ce qui concerne l'Arménie comme une attaque contre lui. La raison en est la constante guerre sanglante entre le gouvernement turc et la population kurde du pays, qui vit près de la frontière arménienne. Même si en supposant que la frontière soit ouverte, on peut imaginer aisément les étapes suivantes : la Turquie déclarera immédiatement que les Arméniens soutiennent les rebelles kurdes et commencera une opération frontalière, comme en Irak du Nord. Il n'y a aucune garantie que la Turquie respecte le territoire souverain de l'Arménie et n’y pénètre pas pour chasser les rebelles kurdes. Et ce n'est que l'une des conséquences potentielles, mais réelles. Un autre problème très sérieux est l'expansion économique. Si avec une frontière fermée, l'Arménie est inondée de textiles turcs, les matériaux de construction ou d’appareils ménagers, il n’est pas difficile d'imaginer ce qui se passera lorsque les camions mettront à peine 4 heures en comparaison aux 15 d’aujourd'hui ... l'exemple de la Géorgie est sous nos yeux, où les entreprises turques ont totalement éradiqué les fabricants locaux.



L'Arménie doit être consciente que les bases militaires turques sont positionnées dans l’Est du pays, près des frontières, ciblant naturellement les Kurdes et les Arméniens. C'est une réalité qui ne devrait pas être ignorée. Et tout ce que les dirigeants de Erevan voient avec l’ouverture de la frontière c’est qu’en adhérant à l'Union européenne la Turquie deviendra la porte d’entrée de l’UE, ce qui n'est rien d'autre qu’une rhétorique vide et le refus de voir le danger. Sous réserve, bien évidemment, qu’un jour la Turquie intègre l'UE. Cependant, personne ne s'attend à la voir dans l'UE, tout au moins tant que le président Nicolas Sarkozy, et/ou la chancelière Angela Merkel, seront au pouvoir. Les pays européens semblent avoir finalement compris ce qui se passera si des dizaines de millions de musulmans, principalement des Turcs, déferlent sur l’Europe.



Néanmoins, les parties intéressées continuent leurs tentatives de relancer le processus arméno-turc dans l'espoir que les deux pays arriveront à une entente. Et les obstacles insurmontables tels - la non-reconnaissance du génocide arménien ou l'ingérence dans le conflit du Karabakh - ne sont même pas pris en compte. Erevan et Ankara, et tous les autres participants à la signature des Protocoles, sont bien conscients que la Turquie devra "se réconcilier avec sa propre histoire", sinon la normalisation des relations restera illusoire. En outre, le gouvernement de M. Erdogan a tellement parlé de "solidarité avec le peuple azerbaïdjanais sur la question du Karabakh" qu’il sera très difficile de faire marche arrière. La seule chose qui peut faire avancer le processus sur le terrain est, à notre avis, une transformation du Grand Moyen-Orient, dans lequel il n'y aurait pas de place pour Erdogan.





vendredi 28 octobre 2011

L’Azerbaïdjan réactive ses lubies



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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Mettant en pratique les préconisations du Mouvement Européen International, il y a une semaine à Erevan, sur la nécessité de rapprocher les sociétés civiles des différents pays en parallèle et/ou en complément aux actions politiques, Richard Guiragossian œuvre dans ce sens depuis quelques années.

S’il a réussi peu ou prou à rencontrer des politiciens turcs, à entretenir des liens avec nombre d’intellectuels du pays, et échanger sur les différends arméno-turcs, il en va différemment avec les Azerbaidjanais qui restent sous l’influence de leurs dirigeants et surtout des extrémistes qui jettent l’anathème et black-listent les personnes en contact avec des Arméniens, officiels ou non.

La chape de plomb posée par Bakou sur l’Arménie verrouille toute les bonnes volontés, surtout celles susceptibles d’émaner du monde musulman en instrumentalisant l’OCI et obligeant ces deniers à voter des motions contre l’Arménie. Bakou utilise toutes les tribunes qui s’offrent à lui, que ce soit à l’ONU, à l’UNESCO, à l’OSCE, au CoE, ou dans les assemblées parlementaires, ou parlements, pour dénigrer l’Arménie en déformant la réalité ou en avançant des contre-vérités.

Ce ne sont pas les exemples qui manquent. Le plus visible et probablement le plus ancien, est la Turquie qui en contradiction avec sa politique du ‘zéro problème avec les voisins’ et du processus de normalisation des relations avec Erevan, maintient son blocus de l’Arménie et sert de porte-voix aux Azéris. Le plus récent (hier) est l’accusation par l’Azerbaïdjan de l’Arménie comme ‘Etat destructeur de patrimoine religieux’ devant l’UNESCO - "L’hôpital qui se moque de la charité !".

A noter, que la majorité des analystes et des politologues, arméniens ou autres, pense que l’élection de l’Azerbaïdjan au Conseil de sécurité de l’ONU n’aura pas d’incidence majeure sur le déroulement du processus de négociations de paix. Il y a suffisamment de sujets épineux à traiter à travers le monde, qu’il n’y a pas urgence à ajouter celui du Karabakh, d’autant  qu’il est en cours de traitement par une autre organisation internationale : le groupe de Minsk de l’OSCE. Ce qui bien sûr n’empêche pas l’Arménie de rester vigilent.

mercredi 26 octobre 2011

L’Azerbaïdjan se sent pousser des ailes.


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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Avec la signature des accords sur les gazoducs vers l’Europe, Bakou va améliorer encore plus son ordinaire, qui était déjà loin d’être frugal. Si l’on ajoute à cela le soutien inconditionnel du grand frère ottoman et la récente nomination au Conseil de Sécurité, on peut dire sans exagérer que ce fut une semaine faste pour l’Azerbaïdjan et que la crise financière qui frappe l’Occident ne le touche particulièrement.

Que va faire le président Aliev de toute cette manne de gazodollars qui vont venir s’ajouter aux 10 milliards de pétrodollars ?

Il peut certes affecter, après prélèvement,  une somme coquette pour relever le niveau de vie de ses concitoyens, soit il peut reloger convenablement tous les réfugiés de la guerre du Karabakh, plutôt que toucher des subsides de la communauté internationale pour ce faire, soit, comme il est fort probable, acheter des armes encore plus sophistiquées pour officiellement se défendre … se défendre contre les Arméniens, qui comme on le sait, rêvent de conquérir  tout l’Azerbaïdjan, et pourquoi pas la Géorgie, la Turquie, bref toute la région, en gros la version arménienne du ‘zéro problème avec les voisins’.

Quant à écouter le ministre des Affaires étrangères azéri, il ferait passer ses compatriotes pour des saints ayant subi l’agression sauvage des  Arméniens, comme ça du jour au lendemain, sans raison aucune. Quant aux pogroms de Sumgaït  ou les massacres de Chouchi, le ministre semble atteint d’anosognosie comme l’ex-président Jacques Chirac.

Sa proposition de vouloir faire revenir 1.000.000 d’azerbaidjanais au Karabakh, c'est-à-dire au Haut-Karabakh proprement dit (peuplé de 155.000 Arméniens) et dans les sept districts environnants quasiment désertiques,  puis demander par referendum aux 1.155.000 personnes s’ils veulent rester dans la République d’Azerbaïdjan ou devenir indépendant, cela s’appelle un marché de dupes ou encore prendre ses interlocuteurs pour … ce qu’ils ne sont pas.

mardi 25 octobre 2011

Serge Sarkissian à Moscou

Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

La déclaration officielle publiée par les coprésidents n’apporte rien de nouveau, si ce n’est qu’ils mettent en avant la société civile, voire les chefs religieux pour faire progresser le dialogue entre les peuples. Quant à la ligne de contact, elle reste toujours aussi dangereuse, à l’inverse des frontières arméno-turque ou arméno-azérie, qui sont hermétiquement closes pour cause de blocus, ne s’ouvrant que pour laisser passer des membres de la Croix Rouge internationale dans le cadre d’échanges de prisonniers.

Les médiateurs n’ont toujours pas pu faire entendre raison aux dirigeants azéris de faire retirer leurs snippers de la ligne de contact, tout au plus les observateurs officiels de l’OSCE peuvent-ils circuler de part et d’autre de la ligne de front, sous réserve que les parties soient préalablement averties. Et encore, ils ne sont pas toujours autorisés par Bakou de s’approcher de la ligne de contact, officiellement par peur des ‘tireurs arméniens’, mais surtout pour éviter de montrer certaines choses incompatibles avec les propos officiels. Par contre, concernant le principe de base de non recours à la force ou à la menace de son usage, Bakou n’en a cure.

Une seule et unique chose intéresse l’Azerbaïdjan : recouvrer l’intégralité de son territoire c’est à dire le Haut-Karabakh et les districts environnants, le reste est secondaire. Et pour ce faire tous les moyens seront bons, même si cela doit mettre la région à feu et à sang, y compris sa population, car ne nous y trompons pas les nouvelles armes offensives du sieur Aliev, ne sont plus les rebus de l’armée soviétique des années 90.

lundi 24 octobre 2011

L’Azerbaïdjan se prépare à recevoir les médiateurs


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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

L’Azerbaïdjan fait de grands pas pour rejoindre le camp des Occidentaux. Ainsi il a fait sienne la démarche qui consiste à faire le contraire de ce qu’on déclare et surtout de défaire d’une main ce que l’autre construit. Un peu comme le discours du président Sarkozy en Arménie et les propos tenus par son ministre Claude Guéant et son conseiller Jean-David Levitte à Ankara.

Mais revenons à Bakou. On remarquera au passage que les arguments avancés par les dirigeants azerbaidjanais manquent singulièrement d’originalité. Tous les reproches fait par l’Arménie se retrouvent intégralement dans les propos des dirigeants azéris, mais à l’envers. Avec un petit plus toutefois, propre à l’administration azérie, celui de porter des jugements de valeur sur l’état mental de leur ennemi. S’il n’y avait pas la communauté internationale qui observe, probablement que les dirigeants arméniens seraient invectivés avec des noms d’oiseaux. C’est vrai que la langue turque est riche dans ce domaine.

Donc pendant que le sieur Novruz explique que la résolution du conflit du Karabakh ne peut qu’aboutir que par des voies pacifiques, le sieur Abiev confirme que l’armée se renforce pour reprendre les territoires occupés. Quel plus bel exemple pour la citation latine : ‘si vis pacem para bellum’ - Si tu veux la paix, prépare la guerre. Sinon pourquoi Bakou dépenserait-il l’équivalent du budget total de l’Arménie pour s’armer,  en ayant  multiplié celui-ci par vingt en cinq ans ?

dimanche 23 octobre 2011

Le Groupe de Minsk de l’OSCE en tournée

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

"Cent fois sur le métier remet ton ouvrage car c'est en forgeant qu'on devient forgeron". C’est certainement la devise adoptée par les médiateurs qui ont repris leur navette diplomatique régionale dans le triangle Erevan-Stépanaguerd-Bakou.

Bien que le nombre de visite n’ait pas encore atteint 100, les médiateurs ne désespèrent pas d’atteindre leur but : faire signer un accord de paix entre les belligérants. Qu’en serait-il d’ailleurs autrement ?

Depuis dix-sept que durent les pourparlers, certains observateurs/acteurs, les pays coprésidents par exemple, commencent à trouver le temps long. Hélas les exemples dans ce domaine ne manquent pas : Les pourparlers sur Chypre depuis 1975, ou le problème Israélo-palestinien depuis 1947. Et le temps joue rarement en faveur d’un rapprochement, mais au contraire rigidifie les positions. Chypre Nord s’est transformé en république, et Israël en plus d’avoir annexé une partie de Jérusalem, construit un mur-frontière dans les territoires occupés.

Le groupe de Minsk poursuit donc sa mission et les observateurs de l’OSCE se rendent périodiquement sur la ligne de contact pour constater que c’est ... le calme plat. Il faut reconnaître qu’ayant prévenu les Arméniens et les Azéris, plusieurs jours à l’avance de la date et du lieu exact de leur passage, ils ont plus de chance de gagner le super gros lot de l’Euro-million que d’entendre le moindre coup de feu. Même un enfant de dix ans ne commettrait pas pareil erreur.

vendredi 21 octobre 2011

Washington ressasse le même refrain.


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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

‘Bis repetita placent - Haec decies repetita placebit’ (1), citation latine sur laquelle les Etats-Unis tout comme les autres pays coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE - la France et la Russie - devraient méditer.

Si depuis des années, les trois médiateurs se contentent de répéter inlassablement que le conflit du Karabakh doit se résoudre selon des principes proposés en 2007 à Madrid, à savoir :
-   Intégrité territoriale,
-   Non usage de la force ou de la menace de la force,
-   Droit des peuples à l’autodétermination,

Et que c’est un lot indissociable, il devient clair que la solution ne jaillira pas du lot à trois facettes.
-   Pour l’Arménie, le Haut-Karabakh n’a jamais fait partie intégrante du territoire azéri, tout au plus c’était une région autonome rattachée arbitrairement à la RSS d’Azerbaïdjan par les Bolchevicks dans les années 20. Lien qui a été rompu en 1988 conformément à la constitution de l’Union soviétique, en vigueur à cette date.
-   Pour l’Azerbaïdjan, le Haut-Karabakh fait partie intégrante du pays - Point barre. Quant aux deux autres principes, ce sont des notions qui ont cours dans les pays occidentaux mais pas chez le Calife de Bakou.

Le lot unique type PPCM (2) serait peut-être à revoir, d’autant qu’il repose sur les accords d’Helsinki de 1964, même s’ils ont été amendés en 75 à Tokyo. Depuis beaucoup d’eau est passé sous les ponts, à commencer par la chute du Mur de Berlin, la dissolution de l’URSS ou l’accession à l’indépendance de nouveaux Etats tels le Kossovo ou le Sud-Soudan.  

La méthode Coué n’est peut-pas applicable dans le cas de figure du Karabakh.

mercredi 19 octobre 2011

Les Etats-Unis se repositionnent au Sud-Caucase








Traduction Gérard Merdjanian – commentaires


Après la rumeur d’un éventuel désintérêt de la Russie dans la médiation du conflit du Karabakh suite à la prochaine élection présidentielle, après la confirmation d’une montée en charge de l’UE dans le Sud Caucase (Partenariat oriental), après la tournée du président Sarkozy, pays co-président du Groupe de Minsk, dans la région, il devenait urgent pour les Etats-Unis de rattraper leur ‘retard’.

On se souvient que la mise place de l’ambassadeur Matthew Briza à Bakou n’a pas apporté de souffle nouveau au conflit du Karabakh, du probablement au fait que M. Bryza était trop proche des thèses turco-azéries dans son précédent poste de médiateur du Groupe de Minsk. La confirmation par un vote unanime de la Commission des Affaires étrangères du Congrès de l’ambassadeur John Heffern en Arménie, va quelque peu combler ce vide.


Mais ne nous faisons pas d’illusions, le représentant des Etats-Unis, quelles que soient ses convictions, appliquera les directives de Washington. Donc inutile d’attendre de sa part qu’il prononce le mot ‘génocide’ pour qualifier les événements tragiques de 1915, sinon il risque de subir le sort de son prédécesseur, John Evans. A Washington on ne peut pas appeler un chat un ‘chat’, ‘chienne d’histoire’ dirait Serge Avédikian.


Ankara, tout comme Jérusalem, imposent leur point de vue à l’administration américaine, président en tête. Force est de constater que ce sont ses alliés qui dictent sa conduite à l’Etat le plus puissant du monde. Si au moins cela redorait son blason dans la région !

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L’ambassadeur américain nouvellement nommé en Arménie, John Heffern, a présenté ses lettres de créance au Président Serge Sarkissian.

Félicitant l'Ambassadeur pour sa nomination, le Président a exprimé l'espoir pour sa nouvelle contribution aux relations Arménie-USA : "le renforcement des liens avec les Etats-Unis va largement stimuler le développement économique en Arménie, mais également promouvoir les principes démocratiques dans le pays. Nous remercions les Etats-Unis pour leur position équilibrée sur les questions cruciales de l'Arménie."

Concernant le conflit du Karabakh, M. Heffern a réaffirmé son soutien pour une résolution pacifique dans le cadre du Groupe de Minsk de l'OSCE : "Le président Barack Obama juge très positivement les efforts de l'Arménie dans le règlement du conflit du Karabakh, et compte poursuivre la coopération des Etats-Unis en vue d’aider à la résolution des problèmes régionaux."

Quant à la question plus épineuse du génocide arménien, l'ambassadeur a déclaré : "le message du 24 Avril du président Obama démontre clairement la position américaine, et je la soutiens.

* Brève européenne *


Le représentant permanent de l’Arménie au Conseil de l’Europe, Armen Papikian, a présenté ses lettres de créance au Secrétaire général du CoE, Torbyorn Yagland. L’ambassadeur a informé son interlocuteur sur la situation actuelle en Arménie et l’état de la coopération Arménie-CoE. Il a souligné que son pays était prêt à aider aux programmes de réforme du CoE.

Les dirigeants du CoE ont accueilli le nouveau nommé et constaté avec satisfaction que les approches arméniennes et de l'UE, convergeaient. Le Secrétaire général a également souligné que l'objectif de l'organisation est d'utiliser le potentiel cumulé d'expérimentation pour les besoins des Etats membres.
Lors de la réunion les enjeux actuels et les perspectives de développement de la coopération entre les autres organisations internationales et le Conseil de l'Europe ont été discutés.

* Brève américaine *


"Nous avons l’intime conviction qu'il n'y a pas de solution militaire au conflit de Haut Karabakh. Le statut quo n’est pas viable, la résolution du conflit doit se faire rapidement. C'est pourquoi les Etats-Unis considèrent ce problème comme une question urgente," a déclaré le secrétaire d'Etat adjoint des Etats-Unis, William Burns, aux journalistes à Bakou.

"Les Etats-Unis s’engagent à renouveler et à renforcer les efforts du Groupe de Minsk de l'OSCE, les Etats-Unis sont prêts à poursuivre le travail mené en vue d’un règlement pacifique et à long terme du conflit de Haut Karabakh."

 
* Brève turque *



Voici un autre document publié par Wikileaks sur la politique scandaleuse menée par la Turquie pour contrer le génocide arménien.
"Le Directeur général adjoint pour la sécurité des Affaires du ministère turc des Affaires étrangères, Torunlar Sakir, nous a appelés le 18 avril, pour exprimer son inquiétude au sujet d'un programme qui va bientôt être diffusé sur la chaîne de télévision irakienne, Al Hurra, sur les allégations de génocide arménien. Torunlar a indiqué que, si c’est une station commerciale avec des annonceurs, cela est compréhensible, mais Al Hurra semble être financé par le Congrès. Et donc, que ce n'était ni le moment approprié, ni le public approprié, pour un tel film. Si l’émission a lieu, les réactions de la presse turque seraient très désagréables. L’adjoint Haydar Berk, lors d’une réunion distincte, a fait des remarques similaires à l'ambassadeur.
(SBU) Nous confirmons les informations selon lesquelles le Bureau turc de Washington a été en contact avec les programmeurs qui ont examiné l'équilibre du film. Nous avons souligné qu'il fallait appeler la station, et non l'ambassade ou le Département d'Etat. Nous avons noté qu'il y a un problème de liberté de la presse. Nous avons souligné que de telles questions continueront de survenir tant que la Turquie et l'Arménie n’auront pas pris des mesures concrètes vers la normalisation de leurs relations.
(SBU) Commentaire: L'attention du ministère montre de manière détaillée, la sensibilité permanente de la Turquie sur cette question. C’est l'un des prismes à travers lequel elle perçoit le monde et cela se poursuivra jusqu'à ce que l’abcès soit crevé. Nous espérons que cela se produira après les élections parlementaires de cette année et la formation d'un nouveau gouvernement avec un nouveau mandat.
FIN DU RÉSUMÉ ".

* Le coin des experts *

* Ruben Melkonian


"La région subit divers processus et rien ne peut être écarté. Il n'y a aucun signe qui laisserait à penser que la Turquie va faire un pas vers la normalisation, bien qu’en regardant l'agenda de sa politique étrangère, Ankara parle hardiment des relations avec l'Arménie dans l'arène internationale," a déclaré le politologue Ruben Melkonian.

"Quant à l'Arménie, elle a déjà fait son maximum et la seule chose qui lui reste [à faire], est de reprendre sa signature des protocoles," a-t-il ajouté.



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Extrait de PanArmenian.net et de Times.am



















mardi 18 octobre 2011

Le président Sarkozy remercie l’Arménie


Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

On ne peut que se réjouir en lisant la lettre du président Sarkozy. Tout va dans le sens de l’histoire, et pour peu que la France tance le comportement de Bakou en donnant raison à l’Arménie, il serait le ‘phœnix des hôtes de ces lois’.

Le problème, c'est que ce genre de comportement arrive :

- Six moins avant la fin de son mandat et donc fort à propos pour la prochaine élection présidentielle.
- Que pendant quatre et demi, il n’a rien fait pour faire confirmer par le Sénat une loi votée par l’Assemblée nationale en octobre 2006, sur la pénalisation du déni de génocide.
- Que pendant qu’il caresse les Arméniens dans le sens du poil, ses collaborateurs (le ministre Claude Guéant et le conseiller Jean-David Levitte) font de même vis-à-vis avec la Turquie, en limitant la portée des propos du président français. Ce que fait la main droite est rectifié aussitôt par la main gauche, sachant que les deux mains appartiennent au même corps, l’Etat.

Aussi, dans le cas du phœnix français le passage [à l’acte] ne correspond pas au ramage. Et c’est pire dans le cas du phœnix américain, sauf quand il s’agit de faire la guerre ... chez les autres.

A croire que M. Petersen ne lit pas les déclarations des dirigeants turcs, qu’ils soient ottomans ou azéris. Il y verrait entre-autre que si la Turquie a un tel comportement envers l’Arménie, c’est bien parce que l’Azerbaïdjan pèse de tout son poids dans les décisions d’Ankara ; et ce sans être intégré au processus de rapprochement. Le processus de négociation arméno-azéri a certes une influence sur le processus de normalisation arméno-turc, mais ce n’est pas pour autant que les deux processus sont liés.

Quant à croire que si le conflit du Karabakh est résolu, la Turquie va ouvrir les bras à l’Arménie, c’est bien mal connaître l’histoire de ces deux peuples.

lundi 17 octobre 2011

De nouvelles pierres dans le jardin ottoman

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Haaretz-quotidien_medium
Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

A force de mettre le préfixe ‘sözde'- (soi-disant) - devant tous les sujets dérangeants, les dirigeants turcs ont fini par déclencher les remarques désagréables et de la communauté internationale et d'un certain nombre d'Etats :
- L'UE avec son rapport d'étape sur les progrès de la Sublime Porte quant à son adhésion au bloc des 27.
- L'ONU sur les dysfonctionnements chroniques de la Justice en Turquie.
- Les Etats-Unis avec les propos de la Secrétaire d'Etat sur la restitution des biens immobiliers confisqués après 1936.
- Israël avec le principe de ‘balayer d'abord devant sa porte avant de donner des leçons aux autres'.
- La Syrie qui accuse son voisin turc de financer et de livrer des armes aux ‘frères musulmans'.

Si l'on ajoute à cela, les ‘pierres' déjà existantes dans le jardin d'Ankara :
- Non respect des droits de l'homme.
- Non respect de la liberté de la presse.
- Non respect des droits de minorités, qu'elles soient chrétiennes ou non.
- Chasse aux ‘sorcières' kurdes.
- Occupation militaire d'un tiers de la République voisine de Chypre.
- Responsable du génocide des Arméniens et maintien du blocus de la République voisine d'Arménie.
- Et tous les faux-semblants pour donner le change.

Aussi, quand Erdogan ouvre sa fenêtre le matin, ce n'est plus un jardin qu'il voit, mais un reg.



samedi 15 octobre 2011

La Turquie de nouveau sur la sellette

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Gabriela-Knaul1_maxiDe même que les Ides de Mars furent néfastes à Jules César, celles d'Octobre risquent de l'être pour la Turquie. Après les remontrances de l'UE, voici celles du Rapporteur de l'ONU. Même si les stylets utilisés ne sont pas les mêmes, ils blessent profondément l'orgueil de la Turquie, qui comme on le sait, est très pointilleuse sur ce point.

L'homme malade de l'Europe n'en finit pas de guérir. Ce n'est pourtant pas les médications qui ont manqué. Après avoir modifié sa Constitution, son Code pénal, après que l'UE ait dépensé des millions pour former les juges et les procureurs aux méthodes européennes, l'atavisme séculaire a repris le dessus.

Les mesurettes mises en place n'ont trompé personne : Les libertés continuent d'être bafouées comme avant, les avantages octroyés généreusement aux minorités restent des coquilles vides, quand un Kurde parle de liberté il est assimilé à un terroriste, et traiter quelqu'un « d'Arménien » reste toujours une injure.

Les dirigeants turcs veulent aller de l'avant et refusent catégoriquement de regarder derrière, de regarder ce que leurs ancêtres on fait. Triturer l'Histoire ne change rien aux faits, et vouloir adhérer à l'UE avec un tel poids derrière soi, c'est comme vouloir gagner une course hippique avec un jockey de 100kg.

vendredi 14 octobre 2011

Adhésion à l'UE : La Turquie a encore du chemin à parcourir

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Egemen-Bagis3_mediumTraduction Gérard Merdjanian - commentaires

Les relations entre l'UE et la Turquie n'étaient déjà pas au beau fixe, et le vent d'automne en provenance de Bruxelles n'a rien arrangé.

Les points noirs soulevés par le rapport ne sont pas nouveaux, et tournent toujours autour des mêmes sujets : mise en œuvre de la démocratie, séparation entre l'Etat et les religions, liberté d'expression, droit des minorités, et bien évidemment l'occupation militaire d'un tiers de Chypre depuis 1974, membre de l'UE de surcroit. Cela fait beaucoup pour un seul et même pays.

Ce n'est pourtant pas faute de s'être montré bon élève, en autorisant une messe annuelle dans un édifice religieux arménien rebaptisé église-musée (Sainte Croix d'Akhtamar sur le lac de Van), en acceptant de restituer des biens religieux confisqués après 1936 (quid des confiscations des biens des Arméniens par Mustapha Kemal en 1923 ?), en faisant semblant de jouer le jeu de la ratification des protocoles arméno-turcs (avec une pré-condition irréalisable), en tournant autour du pot dans le procès sur le meurtrier de Hrant Dink, etc.

Les derniers comportements d'Ankara concernant Israël et son voisin direct, la Syrie, n'ont pas contribué à améliorer son image de marque auprès de l'UE. Si Monsieur Bagis pense qu'il y a du ‘floue' dans le travail photographique de l'UE, la faute n'en incombe pas au ‘fixateur' de la Commission européenne mais au ‘révélateur' utilisé par la Turquie. A force de regarder par le gros bout de la lorgnette, on finit par ne plus voir ses propres détails.

Quant aux propos de Nicolas Sarkozy sur la reconnaissance du génocide arménien par son auteur, tous les Français ne sont pas ‘Loti' à la même enseigne, comme dirait Pierre.

lundi 10 octobre 2011

La crise européenne et le Partenariat oriental

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

carte-UE-partenariat-orientLes problèmes qui se posent aux six pays du P.O de l'UE et plus spécialement au Sud-Caucase sont certes économiques, mais avant tout politiques. Ces six ex-Républiques soviétiques, à l'inverse des pays de l'Europe de l'Est, ont encore énormément de mal à franchir le fossé qui les sépare d'une économie de Marché. Si certains arrivent à tirer leur épingle du jeu grâce aux richesses de leur sol ou de leur sous-sol, il n'en demeure pas moins que sur le plan social, la dite richesse ne profite qu'à certains, que les droits de l'homme sont souvent bafoués, et que sur un plan politique la démocratie reste encore une notion assez floue, pour ne pas dire un vœu pieux.

Le problème avec l'UE, c'est qu'elle veut se comporter comme un bloc mais qu'en fait, elle se comporte comme une CEE (Communauté économique européenne), ce qu'elle était avant 1993. Ce qui signifie qu'à 27, la prise de décision est quasiment impossible dès qu'on sort du domaine financier, voire économique. L'Europe politique n'existe pas, pas plus d'ailleurs que l'Europe militaire, quant à l'Europe des peuples, il y a bien longtemps qu'il a été accaparé par l'Europe des Technocrates. Le président de l'UE, Herman Van Rompuy, est un homme quasiment invisible, quant au Haut représentant de l'Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, c'est-à-dire la ‘ministre des Affaires étrangères' de l'UE, Catherine Ashton‎ - baronne of Upholland, elle parle certes au nom de l'Union, mais après chacun des 27 décline la politique étrangère de l'UE suivant sa propre vision.

Aussi, l'UE devra se contenter d'apporter une aide financière, une expertise et/ou un savoir faire dans nombre de domaines. Qu'on le veuille ou non, qu'on soit d'accord ou pas, les grandes décisions géostratégiques ou géopolitiques dans la région resteront encore pour un bon de temps aux mains de la Russie et des Etats-Unis.

dimanche 9 octobre 2011

Les ‘à-côtés' de la visite du président Sarkozy au Sud-Caucase

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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

Eternelle France

La France est l'amie de tout le monde, sauf des terroristes, cela va de soi. A Erevan, le président Sarkozy a caressé les Arméniens dans le sens du poil leur faisant miroiter la pénalisation du déni du génocide si la Turquie ne reconnaissait pas, rapidement, son passé génocidaire ; Alors que dans le même temps, son ministre de l'intérieur, Claude Guéant signait à Ankara un accord anti … terroristes. Et comme le PKK est, à la demande de la Turquie, un mouvement ‘terroriste' puisque refusant le diktat d'Ankara sur la population kurde, Paris a proposé son aide et son savoir-faire dans le domaine. On se souvient de la traque effectuée par les sbires de la place Beauvau contre les Kurdes de la région parisienne. Cela rappelle une certaine MAM qui proposait l'aide de la France à Ben Ali pour combattre les ‘rebelles tunisiens'.

Donc après son périple arménien, Nicolas Sarkozy s'est rendu chez un autre ‘ami', le président géorgien, Mikael Saakachvili. Se souvenant des moments désagréables de l'été 2009, où il a du jouer les entremetteurs alors qu'il venait de prendre la présidence de l'UE, il en a profitait pour tancer la Russie et mettre en avant l'intégrité territoriale de la Géorgie. Là aussi, une caresse accentuée dans le sens du poil, en soulignant le côté européen de la Géorgie, laquelle rêve depuis des années de rejoindre l'UE et d'intégrer l'OTAN.

Reste la visite chez les Aliev à Bakou. Là il lui faudra jouer plus serré, car derrière il y a les gisements d'hydrocarbures, autrement plus sérieux que les problèmes des Arméniens ou des Géorgiens. Et pour ne pas arriver les mains vides, plutôt que d'amener des fleurs ou des bonbons, le président de la France a épinglé une médaille sur la poitrine d'Alieva, femme d'Ilham, l'élevant au rang d'officier de la légion d'honneur. Cela ne coûte pas cher, et cela peut rapporter gros. Quant à Ilham, il lui suffira de parler, comme à Mikael, de l'intégrité territoriale de son pays, en évitant d'aborder les sujets qui fâchent, comme le principe du non-usage de la violence ou pire celui du droit à l'autodétermination des peuples.

C'est beau d'être Président.

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vendredi 7 octobre 2011

Le président Nicolas Sarkozy en Arménie

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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

Nicolas-Sarkozy-a-Erevan1_maComme il fallait s'y attendre, si les propos de Nicolas Sarkozy ont fait plaisir aux Arméniens sur place, il n'en a pas été de même en Turquie.

"Le président français Nicolas Sarkozy ferait mieux de s'occuper des problèmes des Français plutôt que de jouer les historiens sur la question du génocide arménien. Il serait mieux, pour la sérénité en France, en Europe et dans le monde, que M. Sarkozy abandonne le rôle d'historien et se creuse un peu la tête pour sortir son pays du gouffre économique dans lequel il se trouve et produise des projets pour l'avenir de l'Union européenne", a estimé le ministre turc aux Affaires européennes Egemen Bagis. Et d'accuser le président français "d'exploiter la thématique arménienne à l'approche de l'élection présidentielle."

Quant au ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, en plus de parler de" l'opportunisme politique de propos qui s'inscrivent totalement dans le contexte électoral en France", il a enfoncé le clou en disant : "Ceux qui disent à la Turquie de se réconcilier avec son passé doivent d'abord se regarder dans un miroir", faisant référence au passé colonial de la France.

Pour les Arméniens de la diaspora, et plus spécialement en France, si certains se réjouissent des propos aimables de leur président, d'autres plus nombreux se souviennent amèrement des promesses non tenues et notamment celle sur la pénalisation du déni de génocide ; projet allégrement repoussé par le Sénat, au printemps dernier. A noter que sur les 74 votes en faveur de la pénalisation, il y avait quelques rares sénateurs de droite, et qu'à peine 50% des sénateurs socialistes ont pour voté pour. A méditer ...

Quand on voit (et surtout entend) les promesses des uns et des autres à la veille des prochaines élections présidentielles, que ce soit à droite ou à gauche, et que l'on se souvient de celles de 2008, ou de 1995, promettre n'est pas forcement réaliser. Si on ajoute à cela ce qui s'est passé outre-Atlantique avec les promesses non-tenues d'Obama aux Arméniens, on peut déduire sans hésitation que pour les Occidentaux le partenariat avec la Turquie est bien plus important que tous les malheurs que les Turcs ottomans ont causé, et causent toujours, aux peuples chez eux et autour d'eux.



mercredi 5 octobre 2011

Autour du conflit du Karabakh

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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

Bakou poursuit son idée fixe, recouvrer tout le Karabakh, voire plus si la situation le permet. Pour ce faire, il dispose d'un appui turc puisant au sein de l'APCE : le président de l'Assemblée ainsi qu'un des Vice-présidents.

Sous des dehors affables, le président Mevlut Cavusoglu, bien qu'il s'en défende, soutient totalement la cause de l'Azerbaïdjan et partage bien évidemment le point de vue de la Turquie sur l'Arménie et les Arméniens.

David-Haroutounian9_mediumSi l'on devait le jugeait sur ses actes, en plus d'avoir réactivé la Sous-commission sur le conflit du Karabakh, histoire d'affaiblir le travail du Groupe de Minsk de l'OSCE, tout le monde se souvient encore de son refus de se rendre au mémorial de Dzidzernagapert lors de son déplacement à Erevan en Mai dernier. C'est n'est pas ce qu'on pourrait appeler une position neutre ou une démarche équitable.

Quant à ce qui se passe sur le terrain, on ne l'entend pas beaucoup faire des réflexions sur les violations du cessez-le-feu par les snippers azéris, et qui entrainent la mort de civils innocents. Pourtant c'est bien là un ‘aspect humanitaire', non ?

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