Le Haut-Karabakh de nouveau instrumentalisé.


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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Quand ce n’est pas l’Azerbaïdjan, c’est la Turquie ; quand cela ne se passe pas à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), cela se passe à l’Assemblée parlementaire de l’OSCE ; quand ce n’est pas à l’Assemblée générale de l’ONU, c’est à l’Assemblée générale de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) ; bref, tous les moyens et toutes les organisations sont bons pour exporter la résolution du conflit du Karabakh.

Au passage, Ankara et Bakou en profitent pour tacler les coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE, quand ce n’est pas les désavouer purement et simplement. Et pour peu que l’un des pays coprésidents fasse montre d’une quelconque amabilité envers l’Arménie ou les Arméniens, il se ramasse une volée de bois vert.

Quand les dirigeants turcs, qu’ils soient ottomans ou azéris, crient à hue et à dia qu’ils désirent la résolution rapide du conflit du Karabakh, entendez par là qu’ils souhaitent que les Arméniens se retirent de la ceinture de sécurité entourant le Haut-Karabakh, et que ce dernier (avec ou sans les Arméniens) retourne dans le giron azerbaidjanais. Toute autre solution ne rentre pas dans leur compréhension d’une résolution. Toute la vision de ces gens se limite à la notion d’intangibilité des frontières et d’intégrité territoriale, le reste étant considéré comme du bla-bla et de la poudre aux yeux des gentils azéris.

Seulement voilà, les propositions de résolution n’émanent pas de pays lambda, mais de grandes puissances, membres du G8. Ces pays, tout comme la communauté internationale ne tiennent absolument pas à voir la guerre reprendre, d’autant qu’à côté de la Turquie, qui ne demande qu’a intervenir aux côtés de l’Azerbaïdjan, se trouvent la Syrie et à l’Iran. C'est-à-dire des pays qui sont sur la sellette internationale, avec une probabilité de guerre autrement plus importante.

L’acharnement de la Turquie à vouloir distordre l’histoire pour la servir est vouée à l’échec malgré les millions dépensés, et quoi qu’elle fasse, le temps joue contre elle. Prétendre changer l’histoire est un projet totalitaire. «Celui qui a le contrôle du passé a le contrôle du futur, celui qui a le contrôle du présent a le contrôle du passé», écrivait Georges Orwell dans 1984.




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Le 13 Février le ministre arménien des Affaires étrangères, Edouard Nalbandian, a reçu le Représentant spécial du Secrétaire général de l'OTAN chargé du Caucase et de l'Asie centrale, James Appathurai. Le ministre a salué les résultats obtenus dans la coopération entre l'Arménie et l'OTAN.

Au cours de la réunion, les parties ont abordé le Partenariat pour la paix, la coopération dans le cadre du Conseil Euro-atlantique et le Plan d'action individuel pour le Partenariat (IPAP).

Les interlocuteurs ont également discuté des questions liées au Sommet de Chicago et de la séance annuelle du Conseil de l'Atlantique Nord d’Arménie-OTAN qui se tiendra à Bruxelles.

Le ministre arménien a informé son hôte des derniers développements sur le conflit du Karabakh, en particulier des résultats de la réunion à Sotchi. James Appathurai a réitéré son plein appui aux efforts des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE.

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Le président Serge Sarkissian a reçu à son tour, James Appathurai. Les parties ont salué les relations entre l’Arménie et l'OTAN dans tous les domaines et les points de coopération à approfondir.

Serge Sarkissian a noté que du point de vue de la coopération au développement, 2011 a été une année plutôt efficace et a souligné que les contacts politiques actifs ont été maintenus. L’Arménie a élargi sa participation dans les Forces de sécurité internationales en Afghanistan, et le plan d'action individuel de partenariat Arménie-OTAN pour 2011 -2013 a été adopté. Lors de la réunion, les parties ont également parlé de défis régionaux et des récents développements dans le processus de paix sur le Haut-Karabakh.

Le Haut fonctionnaire de l’OTAN a exprimé sa gratitude à Serge Sarkissian, aux forces armées de l'Arménie et à la population arménienne pour l'excellent travail des troupes arméniennes en Afghanistan et a déclaré que nation arménienne peut être fière d'elles.

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Le ministre arménien de la Défense, Seyran Ohanian, a également rencontré James Appathurai.

Les parties ont noté que la coopération Arménie-OTAN a été développée avec succès sur le maintien de la paix, de l'éducation militaire et des réformes de la Défense.

A la demande de son hôte, le ministre a présenté la situation sur la ligne de contact entre les forces armées arméniennes et azerbaïdjanaises.

* Brèves Turquie *

"La France a clairement démontré qu’elle a pris partie dans le conflit du Karabakh, après l'adoption d'une loi pénalisant la négation des incidents de 1915 à l’époque ottomane, c’est pourquoi elle doit démissionner du Groupe de Minsk," a déclaré le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, à la télévision azerbaidjanaise, ANS.

Il a ajouté que le président Nicolas Sarkozy n'a jamais été juste et sincère dans ses relations avec les Arméniens, et que son jugement en tant que membre du Groupe de Minsk était partial. De plus, les propos du président Nicolas Sarkozy lors de sa visite en Arménie prouvent "le soutien explicite de la France pour l'une des parties en conflit."

Il a également demandé que le Conseil de sécurité s’engage plus dans la résolution du conflit.

* Brève France *

Un Haut fonctionnaire du ministère français des Affaires étrangères confirme le désir de maintenir les relations avec la Turquie et indique que : "la Turquie demeure un partenaire important pour la France. Nous allons poursuivre la coopération avec la Turquie selon les schémas prévus."

* Brèves Artsakh *

Le Président de l'Assemblée nationale du Haut-Karabakh, Achod Goulian, a rencontré Frantisek Miklosko, membre du Conseil national de la République slovaque, ainsi qu’une délégation d'entrepreneurs slovaques accompagnés par le président du Forum des Associations Arméniennes d'Europe, Achod Krikorian.

M. Miklosko a déclaré que Stepanakert s'était rapidement développé comme une ville européenne. "Le problème du Haut-Karabakh est le problème de l'Europe. Et l'Artsakh doit être perçu comme un pays indépendant," a-t-il souligné.

A la demande de ses hôtes, le Président Goulian a précisé les mesures prises pour la reconnaissance internationale de la République du Haut-Karabakh.

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Le représentant de l'Azerbaïdjan à l’Assemblée Parlementaire de l’OSCE a indiqué que la délégation azerbaïdjanaise se préparait à engager une discussion sur «les massacres de Khodjalou» au cours de la session d'hiver.

"La population de Khodjalou est devenue l'otage des sales manipulations des autorités de Bakou qui ont transformé cette tragédie en capitale de la politique spéculative," a déclaré le ministère des Affaires étrangères de la République du Haut-Karabakh, commentant les propos du représentant azéri à l’AP-OSCE.

"Bakou essaie de présenter la trahison par les autorités azerbaïdjanaises de la population de Khodjalou comme une vengeance des Arméniens pour le sanglant carnage de Soumgaït. La propagande est réalisée avec une insinuation évidente d’une escalade de l'intolérance ethnique et de l'hostilité envers les Arméniens. Régulièrement en jouant sur Khodjalou, Bakou essaie de détourner l'attention de la communauté internationale du pogrom des Arméniens de Soumgaït, de Bakou, de Kirovabad, de Khanlar et autres localités du territoire azerbaïdjanais, qui ont assisté à l’extermination éhontée des Arméniens. La même chose s'est produite également dans les régions frontalières du Haut-Karabakh, en particulier, dans le village de Maragha où l'armée régulière azerbaïdjanaise a sauvagement massacré une centaine d’habitants en Avril 1992," indique la déclaration.


* Brève Etats-Unis *

L'administration Obama a publié son budget 2013. Si la parité militaire entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan a été maintenue, le financement global pour l'Europe et l'Eurasie a été réduit ; rapporte l'Assemblée arménienne d'Amérique (AAA).

Ainsi, 2,7 M$ a été alloué au titre militaire pour l'Arménie et l'Azerbaïdjan, auxquels il faut ajouter 600.000$ à chacun dans le cadre de la formation internationale de l'éducation militaire (IMET).

Si l’on additionne les cinq postes prévus, l'Arménie recevra l’année prochaine 35,843 M$ ; au regard des 43,450 M$ de 2012 cela fait une réduction de 18%.

"Bien que nous apprécions la décision de l'Administration de maintenir la parité militaire entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, mais étant donné le blocus de près de 20 ans de l'Arménie par la Turquie et la menace à la sécurité de la région en raison de la rhétorique guerrière de l'Azerbaïdjan contre l'Arménie et le Haut-Karabakh, le niveau de financement pour 2013 devrait être au moins égal à celui de 2012," a déclaré le directeur exécutif de l’AAA, Bryan Ardouny.

Comme ce fut le cas pour l'exercice 2012, l'Administration n'a pas spécifié la dotation pour le Haut-Karabakh. Toutefois, le Congrès a régulièrement fourni une assistance au Haut-Karabakh et a indiqué que le  financement pour 3013 garderait "des niveaux compatibles avec les années précédentes."

Le congressiste Adam Schiff (D-CA), qui siège à la commission budgétaire de la Chambre, a déclaré à l'AAA qu'il allait travailler avec ses collègues pour assurer un bon montant pour le Haut-Karabakh.

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De son côté, le Comité National Arménien d'Amérique (ANCA) a réagi aux propos du président Barack Obama demandant une forte réduction de l'aide économique à l'Arménie.

«Nous sommes déçus, mais pas surpris de voir que le président Obama a une fois de plus cherché à réduire l'aide économique à l'Arménie. Son administration a proposé des réductions de l'aide - y compris la forte coupe de cette année de 19% - en dépit de l'impact dévastateur sur le plan économique du double blocus turc et azerbaïdjanais, et malgré un large soutien de Erevan aux États-Unis concernant les missions en Afghanistan, en Irak ou au Kosovo, ainsi que sa coopération sur un large éventail d’initiatives régionales inspirées par Washington, et notamment les très célèbres Protocoles turco-arméniens. Malheureusement, le président Obama a choisi de ne pas tenir sa promesse de maintenir l'aide à l'Arménie, ni pris aucune mesure significative pour honorer sa promesse de favoriser la croissance de l'Arménie et le développement par l'expansion du commerce," a déclaré le directeur exécutif de l'ANCA, Aram Hamparian.

Il a également noté que l'administration Obama, en plus de toujours chercher à réduire les dotations pour l'Arménie, n'a pas invité l'Arménie à soumettre une seconde proposition du Challenge Millennium Corporation sur les programmes de réduction de la pauvreté, pas plus qu'elle n'a pris de mesures concrètes pour promouvoir les relations économiques bilatérales, telles les négociations en vue un accord-cadre du commerce et de l'investissement, un traité de double imposition, ou un accord de libre-échange.

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Extrait de Radiolour et de PanArmenian