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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian
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Commentaires
Tout le monde est d'accord, sous l'auspice du Groupe de Minsk de
l'OSCE, pour trouver une solution au différend entre l'Arménie et
l'Azerbaïdjan. Là où les choses commencent à se compliquer c'est lorsqu'on
rentre dans les propositions, sans parler bien évidemment des corollaires. Avant
même de commencer à négocier, il serait nécessaire de se mettre d'accord déjà sur
la définition des mots et sur ce qu'ils recouvrent.
Le premier point de discorde porte sur la notion d'intégrité
territoriale, l'Arménie considère que le Haut-Karabakh ne fait pas partie de la
République d'Azerbaïdjan, vu qu'il a déclaré sa sécession dans le cadre de
l'URSS, et donc que les négociations ne concernent que les sept districts
entourant l'ex-région autonome. Alors que pour Bakou, le Haut-Karabakh fait
partie intégrante de son territoire.
Le second, porte sur le droit à d'autodétermination des peuples. Là on
touche à un point très sensible, vue que la dite notion s'oppose directement au
premier. Quel est le pays qui veut voir "son" territoire démantelé ?
A priori aucun. Toute déclaration et/ou référendum de sécession a vu l'autorité centrale se rebiffer ; ce fut
le cas du Haut-Karabakh, de la Transnistrie, du Kossovo, de l'Ossétie du Sud, de
l'Abkhazie et plus près de nous de la Crimée, pour ne citer que ceux-là.
Rappelons quand même que l'intangibilité des frontières est une notion très
élastique et qu'elle se modifie au gré des guerres et que presque toujours "la
raison du plus fort reste toujours la plus meilleure", même au XXIème
siècle.
Concernant le troisième point, non-usage de la force ou de la menace de
la force, ce n'est plus une question de sémantique ou de compréhension mais
plus simplement la volonté de l'appliquer ou pas. Pour le clan Aliev, son usage
fait partie de sa stratégie pour inciter les Arméniens à déclarer forfait et se
retirer de l'Azerbaïdjan, voire tomber dans le piège et provoquer une nouvelle
guerre. Tant que son usage reste verbal, les dirigeants azéris passent pour des
xénophobes et des racistes aux yeux de la communauté internationale, pays
musulmans mis à part, ce qui est un moindre mal. Mais lorsque son utilisation
devient martiale, c'est-à-dire une violation permanente du cessez-le-feu, cela
se traduit par les dizaines de morts civils et militaires. Prix qu'Ilham Aliev
est prêt à payer pour arriver à ses fins.
Y-a-t-il une possibilité pour les pourparlers sortent de l'impasse ? En
fait, il y en a plusieurs