Le conflit du Karabakh vu par le petit bout de la lorgnette.




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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

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Commentaires

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Le 20 juin les ministres des Affaires étrangères de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan se sont rencontrés à Washington sous l’égide du groupe de Minsk de l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe), pour la Nième fois.

Je ne reviendrai pas sur le contenu des discussions, pas plus que sur le communiqué final, mais plutôt sur les commentaires du ministre azéri Elmar Mammadyarov. Je cite : « les négociations principales ne débuteront qu'après le ‘retrait des troupes arméniennes’».

C’est très intéressant et surtout très instructif. Cela ne fait que confirmer ce que j’avançais la fois précédente, à savoir : «Donner à croire que l’on veut négocier, est sans doute une spécialité turque, que l’on soit Azéri ou Ottoman».
De son côté le président Ilham Aliev a déclaré : «nous devons être prêts à libérer les terres azerbaïdjanaises de l'occupation à tout moment. Je pense que ce jour arrivera et que l'Azerbaïdjan restaurera son intégrité territoriale».

Aussi bizarre que cela puisse paraître, je suis d’accord avec le sieur Elmar, du moins sur ce point précis. Depuis 20 ans on ne négocie pas, on se contente de palabrer sur des sujets annexes. Attention, annexe ne signifie pas sans importance mais seulement que ce n’est pas le point primordial. Effectivement on ne peut dire que l’on négocie si parallèlement on passe son temps à violer le cessez-le-feu, voire déclencher un début d’escalade comme en Avril 2016.

Toujours d’accord avec Elmar, «négocier» signifie faire des compromis. Hors, les dirigeants azéris se contentent de proposer de passer d’une «autonomie classique», ce qui était le cas avant-guerre, à une «autonomie renforcée» type Nakhitchevan. Ce n’est effectivement pas une négociation. C’est plutôt la définition du «droit à l’autodétermination» tel que la comprend le camarade-dictateur Aliev.

Si les troupes arméniennes se retirent des territoires dits «occupés», cela reviendrait à signer un chèque en blanc aux Azerbaidjanais, et pour le Haut-Karabakh, c’est l’anéantissement pur et simple des Arméniens de l’Artsakh. Et surtout qu’on ne vienne pas me dire que le déploiement de forces internationales de maintien de la paix assurera la sécurité des Arméniens. Au fait : quelle(s) force(s), de quel(s) pays, de quelle(s) organisation(s) ?

On a vu ce qui s’est passé au lendemain de la guerre dans les Balkans suite à l’éclatement de la Yougoslavie. Un déploiement au Kosovo d’une Force de paix dirigée par l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord), la KFor (Force pour le Kosovo), a eu du mal à s’imposer et stationne dans la région depuis 20 ans. Le HCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) estime à près de 240.000 le nombre de Serbes et de non-Albanais ayant fui le Kosovo depuis la fin de la guerre.

Si l’on plaque ce schéma au Haut-Karabakh, je vous laisse imaginer le résultat sachant que l’OTAN ne sera pas partie prenante - ce qui signifie qu’il y aura nettement moins de nationalités pour le maintien de la paix. Le conflit du Karabakh n’intéresse pas grand monde, au mieux quelques pays européens et encore – l’Union européenne n’a pas d’armée, l’OSCE  non plus, les Etats-Unis n’ont que faire du Karabakh – ils ont suffisamment à faire ailleurs, probablement personne des pays de l’OTSC (Organisation du traité de sécurité collective) – ils ne tiennent pas à se mettre à dos l’Azerbaïdjan, et ce n’est certainement pas l’ONU (l’Organisation des Nations Unis) qui va envoyer des casques bleus ; reste … la Russie.

Aussi, penser que Bakou acceptera le droit à l’autodétermination du Haut-Karabakh, même les médiateurs n’y croient pas. Il suffit simplement d’écouter les dirigeants azerbaidjanais : Autonomie, oui – Indépendance, non. En tant que pays démocratiques, les coprésidents savent pertinemment que la méthode Coué appliquée aux dictateurs ne donne aucun résultat, ce qui ne les empêche pas depuis vingt ans de ressasser les mêmes choses, et de rencontrer une fin de non recevoir de la part de Bakou. Surtout pas question d’une remontrance, d’une remarque désobligeante, et encore moins d’une quelconque sanction pour une transgression dûment constatée.

La situation actuelle de ni-guerre ni-paix risque fort de perdurer tant que l’on se contentera de se référer qu’au droit et normes internationales. Pourtant les contre-exemples ne manquent pas.

Pour avoir une idée des intentions de l’Azerbaïdjan, il suffit de regarder le comportement depuis 1974 du grand frère turc avec les chypriotes grecs, et ce au nez et à la barbe de l’Union européenne, en tournant en dérision la médiation de l’ONU. Erdoğan se permet même d’envoyer des navires gaziers dans les eaux territoriales de la république de Chypre (membre de l’UE) au grand dam des Occidentaux.

A quoi bon dans ces conditions restituer des districts et voir arriver 800.000 «paisibles» Azéris encercler totalement les 150.000 Arméniens du Haut-Karabakh ?


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Traductions – revue de presse

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, et de News.az

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Arménie

Discours du ministre des Affaires étrangères arménien, Zohrab Mnatsakanian, à la 41e session du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève ; Extraits :

« ().. La prévention du génocide reste un défi considérable. Nous sommes témoins de tentatives visant à nier et à justifier le crime de génocide, qui sapent la lutte contre l'impunité et risquent de faire réapparaître de nouveaux génocides. L'Arménie condamne fermement les politiques négationnistes et l'atteinte à la dignité et à la mémoire des victimes du génocide arménien manifestées dans le discours prononcé par le Président de la Turquie le 24 avril 2019. La référence aux victimes du génocide en tant que «gangs arméniens et leurs partisans» est insultante et déplorable.


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OSCE

Le 25 juin, conformément à l'accord conclu avec les autorités de la République d'Artsakh (République du Haut-Karabakh), la Mission de l'OSCE a effectué une surveillance planifiée du régime de cessez-le-feu à la frontière d'Artsakh et de l'Azerbaïdjan.

Le suivi côté arménien a été assuré par Mihail Olaru (Moldavie), Ghenadie Petrica (Moldovie), Martin Schuster (Allemagne) et le lieutenant-colonel Ralph Bosshard (Suisse), du côté d’Akna.
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Azerbaïdjan

«Le facteur positif de la réunion à Washington était que les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE ont officiellement soumis à nouveau des documents pour examen,» a déclaré le ministre des Affaires étrangères Elmar Mammadyarov, à l’issue de sa rencontre avec son homologue arménien, Zohrab Mnatsakanian, à Washington.

«La question de la stabilité sur la ligne de contact a été soulevée lors de la réunion. Mon sentiment est que des négociations sérieuses ont eu lieu même au cours de la période de tension sur la ligne de contact. Des activités ont été menées sur la base de la 


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Turquie

Le principal parti d'opposition turc a remporté les élections à la mairie d’Istanbul.

Avec plus de 99% des votes comptés, le candidat du Parti républicain du peuple (CHP), Ekrem Imamoglu, était en tête avec environ 54% des voix.

Imamoglu a déclaré : "l'ensemble de la Turquie a remporté les élections, pas un groupe ou un parti. Vous avez défendu la tradition démocratique de plus de cent ans. Merci Istanbul."






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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, et de News.az