24 Avril 2021

 


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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de News.az, de Trend, de APA, de Hurriyet, de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, ainsi que de l’Union européenne.

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Commentaires

 

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Bien que  ce soit le 106ème ’anniversaire du génocide des Arméniens, et malgré la pandémie de la Covid-19, deux événements très importants se sont greffés aux commémorations. Les vagues générées par ces deux événements ne font que commencer, ouvrant une boîte de Pandore. Les maux se sont rependus essentiellement sur l’Arménie, perturbant toutefois la Turquie.

 

Le premier, et sans doute le plus grave depuis des décennies, est la première commémoration après la guerre meurtrière qui a vu la défaite de l’Arménie face au tandem turco-azerbaidjanais et la perte de 20% du Haut-Karabakh proprement dit en plus des sept districts conquis de haute lutte en 1994. Le dépouillement du territoire arménien par les Azéris a commencé.

 

Comme le tracé frontalier entre les deux ex-Républiques de l’URSS n’a jamais été totalement défini et validé, Bakou a beau jeu de grappiller quelques km² par-ci par-là au Sud-est de l’Arménie. D’autant que le couloir de Berdtzor (Latchine), qui relie l’Arménie au Haut-Karabakh, surveillé et contrôlé par les soldats de la paix russes, a été accordé aux Arméniens pour cinq ans, période éventuellement renouvelable à la demande des parties.

 

Mais là où le binôme turc Aliev-Erdoğan est en train de mettre tout son poids c’est dans le Sud de l’Arménie, c'est-à-dire dans le Zanguézour. Ils comptent bien achever rapidement la liaison Turquie-Nakhitchevan-Azerbaïdjan. Routière dans un premier temps, puis ferroviaire par Méghri. Le Premier ministre Nigol Pachinian ayant donné son feu vert par la signature de l’accord tripartite du 9 Novembre à Moscou.

  

Le second, sans doute le plus attendu depuis des décennies, est directement lié au génocide ou plus exactement à sa reconnaissance. Les Etats-Unis, pays le plus puissant et chef de l’OTAN, ont fini, après plusieurs décennies de circonlocutions et de périphrases alambiquées, par qualifier de «G-word» (Génocide), les massacres de masse d’Arméniens, perpétrés dans l’empire l’ottoman de 1915 à 1923.

 

C’était l’une des craintes de la Turquie, elle s’est matérialisée.

 

Est-ce pour autant c’est la fin d’un cycle ? Oui, dans une certaine mesure. Car à partir de là, Washington ne mettra plus son veto lorsque l’Arménie soulèvera la question devant des instances internationales.

 

Est-ce que pour autant les relations turco-américaines vont se détériorer ? C’est fort improbable. Les gesticulations de la Turquie sont un copier-coller de ses mises en garde habituelles lorsqu’un Etat reconnait le génocide des Arméniens de 1915-1923. Rappel de l’ambassadeur, gel de certains marchés d’appels d’offres, éventuellement la populace brule quelques drapeaux. En règle générale, quelques mois après, tout rentre dans l’ordre. La France est passée par là en 2001.

 

Joe Biden a non seulement respecté sa promesse mais a voulu surtout montrer sa différence avec son prédécesseur – grand copain d’Erdoğan. Une autre raison à ne pas négliger, c’est de faire sentir à l’autocrate ottoman qu’en tant que membre de l’OTAN il y a des lignes rouges à ne pas franchir.

 

La vraie tempête, pour ne pas dire le cyclone, viendra le jour où la Turquie elle-même reconnaitra l’horreur de son passé génocidaire. Car le pardon seul ne suffira pas. Les conséquences peuvent être terribles pour le pays. Le massacre d’un million et demi de personnes et la spoliation de leurs biens, ne sont pas une mince affaire. Les réparations seront à la hauteur de la tragédie : morales, financières, voire territoriales.

 

En attendant, la communauté arménienne de Turquie essaie tant bien que mal de résister aux diverses pressions des autorités en place, suites aux prises de positions, d’année en année, des Etats sur le génocide des Arméniens. Deux catégories de turco-arméniens se font jour : Les battants et les serviles.

 

Si la figure de proue des premiers reste le député du parti pro-kurde HDP - qui ose dire les quatre vérités jusqu’à mettre sa vie en danger, prenant en cela la suite de Hrant Dink ; il n’est pas nécessaire de donner des noms pour les seconds. Il suffit de lire la récente déclaration du patriarche arménien, fidèle en cela à son prédécesseur (locum tenens), ou de regarder les Turco-arméniens «méritants» dans la liste des membres du parti islamiste AKP, bras politique d’Erdoğan.

 

 

 

 

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Traductions – revue de presse

 

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États-Unis

 

Le président américain Joe Biden a qualifié les atrocités commises contre les Arméniens de génocide.

 


Dans sa déclaration, Biden a noté que "chaque année en ce jour, nous nous souvenons de la vie de tous ceux qui sont morts dans le génocide arménien de l'ère ottomane et nous nous engageons à nouveau à empêcher qu'une telle atrocité ne se reproduise.

 

Le peuple américain honore tous ces Arméniens qui ont péri dans le génocide qui a commencé il y a 106 ans aujourd'hui».

 

Le génocide arménien est reconnu par de nombreux pays dont la Russie, la France, l'Italie, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, la Pologne, la Lituanie, la Slovaquie, la Suède, la Suisse, la Grèce, Chypre, le Liban, le Canada, le Venezuela, l'Argentine, le Vatican et la plupart des États américains.  Il a été reconnu pour la première fois en 1965 par l'Uruguay.

 

Cette calamité est également reconnue par l'Assemblée générale des Nations Unies, le Parlement européen, le Conseil œcuménique des Églises et plusieurs autres organisations internationales.

 

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Arménie

 


Le Premier ministre Nigol Pachinian a envoyé une lettre au président Joe Biden pour exprimer sa gratitude pour la reconnaissance officielle et la condamnation du génocide arménien. Extraits :

 

«Le peuple arménien du monde entier a accueilli avec beaucoup d'enthousiasme votre message. () J'apprécie hautement votre position de principe, qui est un pas puissant sur la voie de la reconnaissance de la vérité, de la justice historique et un soutien inestimable pour 

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Turquie

 


Le président Recep Tayyip Erdoğan et son homologue azerbaïdjanais, Ilham Aliev, ont échangé leurs points de vue «à la lumière des récents développements» lors d'une conversation téléphonique le 24 avril. Les deux dirigeants ont discuté des mesures conjointes qui peuvent être prises.

 

Ainsi, Aliev a qualifié la déclaration de Joe Biden «d’inacceptable et d’erreur historique», et que «les remarques du président américain nuisent gravement à la coopération dans la région», soulignant que 

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Organisations européennes

 

Conseil de l’Europe


Dans une lettre au Président de l'Azerbaïdjan, la Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatović, exhorte à faire très attention à ne pas perpétuer et multiplier les griefs déjà profondément enracinés entre les communautés touchées par le conflit et autour du Haut-Karabakh.

 

Dans ce contexte, la Commissaire se déclare préoccupée par la récente inauguration du «Trophy Park» à Bakou, qui expose comme trophée du matériel militaire arménien pris pendant la guerre et 

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Grande-Bretagne

 


Le député Tim Loughton, président du groupe parlementaire multipartite pour l'Arménie au Parlement britannique, a préparé un projet de loi sur la reconnaissance du génocide arménien qui sera soumis au Parlement du Royaume-Uni en mai.

 

Dans une vidéo publiée par le musée-institut du génocide arménien, Loughton indique qu'il fera pression pour l'adoption du projet de loi ce printemps.

 

"Je suis heureux de vous informer que j'ai préparé le projet de loi sur la reconnaissance du génocide des Arméniens pour le commémorer par la reconnaissance officielle et le souvenir, et pour proposer la reconnaissance de ce génocide sur une base statutaire au Parlement britannique.

 

J'espère que cette mesure bénéficiera d'un soutien considérable dans les deux chambres du parlement, et je ferai de son mieux lors de la nouvelle session parlementaire, qui débutera en mai.

 

Donc, en tant qu'ami de l'Arménie au Parlement britannique et admirateur des réalisations de la vibrante communauté arménienne au Royaume-Uni, je veux exprimer ma solidarité avec l'Arménie et le peuple arménien du monde entier en ce jour du souvenir," a souligné Loughton.

 

 

 


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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de News.az, de Trend, de APA, de Hurriyet, de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europeainsi que de l’Union européenne.