Arménie-Azerbaïdjan : Mise en œuvre du cessez-le-feu

 


 

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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

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Commentaires

 

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La mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu signé sous l’égide de Moscou les 9 novembre et 11 janvier derniers entre les belligérants, s’avère beaucoup plus difficile que prévu, même si des groupes et des sous-groupes de travail ont été créés.

 

Une des parties ne joue pas franc jeu, l’Azerbaïdjan profite de sa supériorité militaire malgré les appels réitérés de la communauté internationale à commencer par les pays coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE.

 

Le seul point qui est à peu près respecté, est la protection des habitants du Haut-Karabakh, non pas que le dictateur Aliev se soucie de la vie des Arméniens mais à cause du point 3 de l’accord de cessez-le-feu qui stipule la présence de 2000 soldats russes sur la ligne de contact avec le Haut-Karabakh.

 

Ce point acquis, le potentat azéri dispose donc de tous les territoires conquis en 2020 pendant les 44 jours de la guerre, région de Hadrut en plus, et, profitant de l’inexactitude de la frontière avec l’Arménie empiète militairement des points stratégiques de son ennemi. Grignotage d’autant plus facile qu’il n’y a pas de soldats de la paix russes en face de lui. Quant aux quelques gardes-frontière arméniens, ils ont reçu l’ordre de ne pas ouvrir le feu. L’assoiffé de Bakou n’attend que cela pour reprendre les hostilités.

 

C’est dans cette ambiance que le premier ministre arménien espère se faire réélire. Sa marge de manœuvre est d’autant plus faible que sa méconnaissance chronique de la politique étrangère le handicape fortement face à des anciens d’Etat ou de puissants oligarques ayant l’oreille de Moscou.

 

Car c’est là que le bât blesse.

 

Autant Nigol Pachinian a fait le travail que les Arméniens [d’Arménie] attendaient de lui, c'est-à-dire le dégagisme de la nomenklatura existante, autant il s’est fourvoyé dans ses relations avec Moscou, mettant tous ses espoirs sur les Occidentaux. Manque de chance Donald Trump se fichait royalement de l’Arménie, quant à l’Union européenne, vu que l’Arménie faisait partie de l’Union économique eurasienne, elle n’y a pas prêtée grande importance. Pensez, il n’y a que cette année que le 27ème pays a ratifié «l’accord de partenariat global et renforcé» entre l'Union européenne et l'Arménie, accord qui avait débuté en 2015, et qui est finalement entré en vigueur le 1er mars 2021.

 

Il faut dire que les Occidentaux avancent très prudemment quand il s’agit d’attirer à eux les ex-républiques soviétiques. Mis à part les trois pays baltes qui ont adhéré à l’OTAN en mars 2004 et à l’Union européenne deux mois plu tard, six autres républiques ont du se contenter d’être des membres du partenariat oriental dans le cadre de la politique européenne de voisinage, à des degrés différents. Pas question de les intégrer ni dans l’OTAN ni dans l’UE, ce qui reviendrait à un casus belli avec Moscou.

 

Un boulevard s’est ouvert devant le potentat azéri, aucun militaire occidental ne se trouvera devant lui, et encore moins un casque bleu onusien. Quand on voit comment le Conseil de sécurité de l’ONU essaye de régler le casse-tête palestinien depuis 1967 ou le problème des Turcs de Chypre depuis 1974, c’est préférable. Reste qui ? Moscou.

 

Si Ilham Heydar öglu Aliev a annoncé la couleur depuis des années sur ses intentions envers l’Arménie - réappropriation du Zanguézour, création d’un couloir terrestre et ferroviaire entre le Nakhitchevan et l’Azerbaïdjan -, le leader arménien est empêtré dans sa réélection et surtout les déconvenues de ses choix stratégiques qui se sont traduits par la perte des territoires de l’Artsakh associée à plus de 5.000 victimes.

 

Pachinian a beau freiner des quatre fers pour ne pas débuter les travaux de communications prévus dans l’accord du 9 novembre quitte à se faire manger la laine sur le dos, ce sera le camarade Poutine qui tranchera entre le béotien en politique et le népote aguerri.

 

 

 

 

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Traductions – revue de presse

 

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de franceinfo, et de 20 minutes


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Arménie

 


«Les propos prononcés par le président azerbaïdjanais Ilham Aliev les 20 et 28 mai (‘’S'il y a ne serait-ce qu'une petite menace pour la sécurité de l'État de l'Azerbaïdjan, l'ennemi sera détruit immédiatement et sur place’’’) témoignent de la politique arménophobe et belliqueuse du pays,» a déclaré mardi 1er juin le défenseur des droits humains Armand Tatoyan.

 

«Les discours d'Aliev ont été envoyés au Président en exercice de l'OSCE et aux coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, ainsi qu'au Comité des Nations Unies pour l'élimination de la discrimination raciale, la Commission du Conseil de l'Europe contre le racisme et l'intolérance, Commissaire aux droits de l'homme de l'ONU et à d'autres agences internationales.

 

Le président azerbaïdjanais parle le langage de la force et de la menace, utilise une rhétorique et des mots qui visent à insulter la dignité de tout le peuple arménien, de toute la population de l'Arménie et de l'Artsakh, et de provoquer des tensions au sein de la société arménienne. Ces discours cherchent à souligner les avantages du peuple azerbaïdjanais sur le peuple arménien, basés uniquement sur l'ethnicité," a-t-il souligné.

 

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OSCE

 


«Les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE Igor Popov (Russie), Stéphane Visconti (France) et Andrew Schofer (États-Unis) vont bientôt visiter la frontière azerbaïdjanaise et arménienne,» a déclaré Alexander Lukashevich, Représentant permanent de la Russie auprès de l'OSCE.

 

«Il est très important que les coprésidents [du Groupe de Minsk de l'OSCE] parviennent à se rendre dans la région dans un proche avenir et évaluent la situation, parlent aux parties sur place. C'est très important. Je pense que

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Union européenne

 


«Lors de l'entretien téléphonique avec le président Aliev d'Azerbaïdjan et lors de sa rencontre avec le Premier ministre par intérim Nigol Pachinian, le président Charles Michel du Conseil européen a souligné l'importance pour l'UE de la stabilité et de la prospérité du Caucase du Sud et de l'approfondissement des relations avec les deux pays partenaires.

 

Il a rappelé que la pleine mise en œuvre de la déclaration de cessez-le-feu du 9 novembre 2020 est essentielle pour la sécurité et la stabilité régionales. L'UE est prête à fournir une expertise pour  

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Rencontres informelles

 


Lors d'une conversation téléphonique avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lundi, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas ont discuté de la situation au Haut-Karabakh et à la frontière arméno-azerbaïdjanaise.

 

La mise en œuvre des dispositions des déclarations des dirigeants de l'Azerbaïdjan, de l'Arménie et de la Russie en date du 9 novembre 2020 et du 11 janvier 2021 était également 

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Russie

 


«Des travaux sont menés pour régler la situation autour du Haut-Karabakh au quotidien. Des consultations et des négociations avec les ministres des Affaires étrangères sont en cours. Le ministère russe des Affaires étrangères est en contact par l'intermédiaire des ministères des Affaires étrangères et des ambassades littéralement tous les jours et publie régulièrement des communiqués de presse concernant les entretiens téléphoniques avec les ministres des Affaires étrangères… La Russie a fait d'énormes efforts pour résoudre la situation actuelle pendant la phase chaude et dans la phase post-aiguë du conflit», a déclaré à Izvestia la porte-parole du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Maria Zakharova.

 

«Cela concerne non seulement les efforts politiques, mais aussi les efforts diplomatiques et personnels des dirigeants du pays. Bien sûr, cela concerne également le rôle des soldats de la paix russes qui s’efforcent de régler la situation chaque jour. Il est impossible de sous-estimer le rôle des casques bleus russes», a conclu Zakharova.

 

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Etats-Unis

 


«Les États-Unis sont préoccupés par les récents développements le long de la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, notamment la détention de six soldats arméniens par les forces azerbaïdjanaises et la mort tragique récente de deux journalistes par l’explosion d’une mine,» a déclaré le secrétaire adjoint par intérim Philip Reeker aux journalistes en Azerbaïdjan.

 

«Trop de vies ont été perdues dans le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, et nous craignons que la situation à la frontière ne s'aggrave. Nous appelons les deux parties à résoudre ces incidents de manière

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France

 


La France et la Turquie continuent de tenter de renouer le dialogue après plus d’une année de tensions au sommet. Les chefs des diplomaties française et turque se sont ainsi rencontrés lundi à Paris. Il reste cependant encore beaucoup de chemin à faire avant que les deux pays ne s’accordent sur des dossiers.

 

Citons pêle-mêle des points de désaccords : Syrie, Libye, méditerranée orientale - Grèce, et plus récemment sur le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie au Haut-Karabakh. Durant la guerre, les Arméniens ont accusé les Turcs d'être impliqués directement dans les combats, ce qu'Ankara a démenti. Plusieurs pays dont la France avaient également  

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Azerbaïdjan

 


«L’Azerbaïdjan a exclu le rôle de la France dans la contribution au dialogue entre Bakou et Erevan, un jour après que le président français Emmanuel Macron ait exhorté les parties à revenir aux positions qu'elles occupaient avant la montée actuelle des tensions, de plus, la France serait prête à aide aux discussions,» a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Leyla Abdullayeva.

 

«Le cessez-le-feu est respecté dans la région, sur la base d'une déclaration conjointe signée par les dirigeants azerbaïdjanais, arménien et russe le 9 novembre 2020.

 

Les troupes russes mènent

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Le coin des experts

 


Récemment, Erdoğan a déclaré que la Turquie soutenait toute coopération trilatérale, que ce soit Géorgie-Azerbaïdjan-Arménie ou Géorgie-Azerbaïdjan-Turquie. Suite à cette déclaration, le directeur de l'Institut des études orientales de l'Académie nationale des sciences d'Arménie, le turcologue Ruben Safrastian, a précisé :

 

«La déclaration du président turc Recep Tayyip Erdoğan sur la volonté de la Turquie de soutenir tout format trilatéral, y compris le format Géorgie-Azerbaïdjan-Arménie doit être considérée avec la première partie de la déclaration dans laquelle Erdoğan dit qu'il soutiendra activement le format Turquie-Géorgie-Azerbaïdjan cela a été établi il y a longtemps.

 

Le but de ce format est d'affaiblir le rôle de la Russie dans le Caucase du Sud et d'augmenter l'influence de la Turquie. Au début, le format Turquie-Géorgie-Azerbaïdjan impliquait une coopération économique, puis il est passé au niveau politique, et récemment nous avons assisté au passage au niveau militaire. La déclaration d'Erdoğan sur sa volonté de soutenir le format Géorgie-Azerbaïdjan-Arménie s'inscrit également dans la logique d'affaiblissement du rôle de la Russie dans la région. Cela montre qu'Ankara a des objectifs géopolitiques de grande envergure, notamment le retrait de la Russie de la région afin que la Turquie devienne la principale force régulant les processus d'intégration de la Géorgie,

 

En ce qui concerne la deuxième phase, le format Géorgie-Azerbaïdjan-Arménie est en réalité irréalisable, compte tenu de la politique hostile de Bakou envers Erevan, qui est soutenue par la Turquie.»

 

 

 

 

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de franceinfo, et de 20 minutes