Le différend Arménie-Azerbaïdjan, bien plus complexe qu’il n’y parait.

 


 

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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

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Commentaires

 

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Il ressort des différentes rencontres, que ce soient entre les dirigeants arméniens et des dirigeants de pays voisins, ou avec des responsables d’organisations internationales, qu’un accord de paix Arménie-Azerbaïdjan est attendu par tout le monde. A commencer par les trois pays coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE, Russie en tête.

 


On remarque que les Etats-Unis et la France, bien que physiquement non impliqués dans la résolution du différend arméno-azéri, sont occupés à près de 100% par la guerre en Ukraine et ses conséquences. Alors que la Russie, qui est l’auteur de la dite guerre, trouve le temps de s’occuper du conflit du Haut-Karabakh en pilotant les différentes négociations entre les belligérants. Depuis le 24 Février, il a encore plus les mains libres de faire ce qu’il veut avec les Arméniens, qu’ils soient nationaux ou Artsakhiotes.

 

On note également que les rencontres entre le premier ministre arménien et le président azerbaïdjanais ne se déroulent plus sous les hospices du groupe de Minsk mais sous l’égide du Conseil européen(*) depuis décembre 2021 ; peu avant le début de la guerre russo-ukrainienne.

 

Le groupe de Minsk de l’OSCE est inopérant depuis le 24 février 2022. Les Occidentaux ne veulent plus travailler avec leur collègue russe, quant à Moscou, il n’apprécie plus de voir les Occidentaux mettre leur nez dans son ‘étranger proche’. Est-ce à dire que dorénavant c’est Bruxelles qui va piloter les rencontres Arménie-Azerbaïdjan ? C’est peu probable. Créé par l’OSCE en 1992, c’est à l’OSCE que revient le droit de le dissoudre.

 

En avril, les deux médiateurs, Brice Roquefeuil (F) et Andrew Schofer (USA), se sont rendus en l’Arménie et en Azerbaïdjan. Tous deux ont écoutés les doléances et les préoccupations de tout à chacun. L’Arménie a parlé de tous les non-respects par Bakou depuis la guerre des 44 jours. Bakou a parlé de tous les dégâts supposés pendant les trente ans de présence arménienne en Artsakh.

 

La France s’est félicitée de la décision de convoquer une commission bilatérale sur les questions frontalières et d'engager des négociations sur un traité de paix entre les deux pays. Elle continuera d'apporter tout son soutien à ce processus. Les Etats-Unis, quant à eux, ont réitéré qu’ils restaient attachés à leur mandat au sein du Groupe de Minsk de l'OSCE ; ils ont également échangé des vues sur la garantie d'une paix, d'une stabilité et d'une sécurité durables dans la région et sur d'autres questions d'intérêt commun.

 

Toujours est-il que le président du Conseil européen, Charles Michel, a réuni par trois fois – 14 décembre 2021, 6 avril et 22 mai 2022 -, les dirigeants azerbaidjanais, Ilham Aliev, et arménien, Nigol Pachinian. Qu’en est-il ressorti ? Pas grand-chose, pour ne pas dire rien. Là où les coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE ont échoué depuis 25 ans, le président du Conseil européen n’a pas fait mieux, voire moins bien. Ses communiqués de fin de réunions ont apporté plus d’ambigüité que de clarté.

 

Souvenons-nous des trois principes de base formulés par les trois pays coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE, servant de base dans les discussions :

-      intégrité territoriale ;

-      non usage de la force ou de la menace d’usage de la force ;

-      égalité des droits et autodétermination des peuples.

 

Seul le premier existe toujours et plus que jamais. Le second a été balayé par un revers main par Bakou avec la guerre des 44 jours de 2020. Quand au troisième, il a totalement disparu des écrans radars, c'est-à-dire de tous les textes et discours officiels.

 

Il suffit pour s’en convaincre d’écouter le dernier discours d’Ilham Aliev au 9ème Forum mondial de Bakou le 16 juin dernier. Extraits :

 

« ()… Nous avons commencé à entendre quelques mots de la part de la partie arménienne concernant le statut du soi-disant Haut-Karabakh. C'est complètement improductif et dangereux pour l'Arménie elle-même ». (Sic)

 

« ()… C'est la prochaine inimitié et injustice contre notre peuple. Parce que le peuple azerbaïdjanais a vécu pendant des siècles à l'Est et à l'Ouest du Zanguézour et tous les toponymes, la composition nationale de tous les villages du Zanguézour occidental, qui se trouve actuellement dans la région de l'Arménie, appartenait au peuple azerbaïdjanais ». (Sic)

 

« ()… La déclaration de Bruxelles indique clairement que les droits et la sécurité des Arméniens vivant au Karabakh seront pris en compte ». (Sic)

 

Et un commentateur d’ajouter : « Dans le même temps, la non-utilisation du terme "Haut-Karabakh" dans les discussions, l'absence totale de la question du statut, la discussion des droits de la population arménienne vivant en Azerbaïdjan est un exemple clair de l'action de la position humaniste du président Aliev basée sur la paix et la justice. »

 

Ce qui revient à dire que pour Aliev : le conflit du Haut-Karabakh n’existe plus et donc que le groupe de Minsk de l’OSCE n’a plus de raison d’être ; que le Haut-Karabakh est une région de l’Azerbaïdjan ni plus ni moins - sous-entendu qu’il n’aura pas un statut particulier ; qu’un « couloir » de communications doit être construit rapidement dans le Zanguézour (Syunik) sur le même principe que celui de Latchine ; que si l’Arménie persiste dans ses demandes, les hostilités pourraient reprendre.

 

Pour l’Arménie, le conflit du Haut-Karabakh ne se terminera dès lors qu’un accord de paix sera signé avec l’Azerbaïdjan. Accord qu’il revient aux coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE de piloter ; accord qui doit préciser le statut définitif du Haut-Karabakh. Elle reste persuadée qu’avec un accord de paix le différend avec les turco-azéris sera réglé.

 

Pour Moscou, ce sont les trois accords tripartites, (Arménie-Azerbaïdjan-Russie) de novembre 2020, janvier et novembre 2021, qui font force de loi. Moscou a d’ailleurs aussi apporté son concours dans la démarcation/délimitation de la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ainsi que la mise en œuvre de la voie de communication entre l’Azerbaïdjan et le Nakhitchevan.

 

Quant à l’Union européenne, elle est prête à apporter sa collaboration à l’un et l’autre pour aboutir à un accord de paix. La pacification de la région est indispensable si l’UE veut consolider et amplifier ses approvisionnements énergétiques.

 

Il y a quelque temps, elle soutenait le groupe de Minsk de l’OSCE et ses trois principes de base, puis elle a soutenu les trois accords tripartites de Moscou, maintenant elle soutient le travail effectué par le président du Conseil européen. Et demain ? Une girouette n’aurait pas fait mieux.

 

 

 

 

 

(*) Conseil européen : Institution de l'Union européenne, composée des chefs d'Etat et de gouvernement des Etats membres et du Président de la Commission européenne, pour orienter la politique communautaire.

L’actuel président est le belge Charles Michel.

A ne pas confondre avec le Conseil de l’Europe qui est une Organisation internationale qui rassemble 46 Etats de l'Europe. Sa mission est de promouvoir la démocratie et de protéger les droits de l'homme et l'Etat de droit en Europe.

 

 

 

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Traductions – revue de presse

 

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Trend, de APA, de Azernews, ainsi que de l’Union européenne.


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Arménie

 


Le 10 juin, le Premier ministre Nigol Pachinian a reçu le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie Sergueï Lavrov et la délégation qu'il dirige, avant la réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Organisation du Traité de sécurité collective

 

Dans son allocution de bienvenue, il a déclaré :

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Artsakh

 


Il y a 30 ans, le 12 juin 1992, les forces armées azerbaïdjanaises occupaient la région de Chaoumian de la République d'Artsakh.

 

« Cette ancienne région d'Artsakh, qui a joué un rôle important dans l'histoire de l'État arménien et de la lutte de libération nationale et a été l'une des entités fondatrices de la République du Haut-Karabakh, a été occupée par l'ennemi qui a soumis la population à des massacres programmés. À la suite de l'agression, nous avons subi des pertes importantes.

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Russie

 


« Les risques d'une médiation de l'UE dans la question du règlement du Karabakh ne sont pas si grands. Le rôle de la Russie en tant que médiateur est évident et naturel, » a déclaré Vladimir Kazimirov, l'ancien coprésident russe du groupe de Minsk de l'OSCE.

 

« L’Arménie, l'Azerbaïdjan et la Russie ont existé depuis des décennies dans le cadre d'un seul Etat. Mais, même sans tenir compte de ce fait, la Russie est encore beaucoup plus proche que certains pays occidentaux. Elle est plus proche, du moins géographiquement. C’est 

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Iran

 


Le président de la République islamique d'Iran (IRI), Ebrahim Raisi, a reçu la délégation conduite par le président de l'Assemblée nationale de l'Arménie, Alain Simonian.

 

Le président Raisi a attaché de l'importance à la coopération des organes législatifs dans le renforcement des relations chaleureuses actuelles entre l'Arménie et l'Iran.

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Qatar

 


Le Premier ministre arménien Nigol Pachinian, qui se trouve au Qatar, a accordé une interview à Al Jazeera le 13 juin, au cours de laquelle il a évoqué les processus en cours dans le Caucase du Sud, le conflit du Haut-Karabakh, les relations arméno-turques et d'autres sujets.

 

Question : Permettez-moi de commencer par l'accord que vous avez signé avec l'Azerbaïdjan, à cause duquel vous avez subi de fortes pressions, de sorte que les manifestants sont même arrivés chez vous. Comment évaluez-vous 

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Turquie-Azerbaïdjan

 

 


Extraits du discours du président Ilham Aliev au 9ème forum mondial de Bakou :

 

« ()… En ce qui concerne le processus de normalisation des relations avec l'Arménie, nous avons suggéré, c'était notre proposition de commencer à travailler sur un accord de paix. L'Arménie n'a pas répondu. Ensuite, nous avons franchi une autre étape, nous avons mis en avant cinq principes fondamentaux du droit international, y compris le respect mutuel et la reconnaissance de l'intégrité territoriale des deux pays et l'abstention mutuelle de toute revendication territoriale

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Trend, de APA, de Azernews, ainsi que de l’Union européenne.