Arménie - Azerbaïdjan : Beaucoup de paroles, peu ou pas d’actes

 

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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

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Commentaires

 

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Depuis le 8 août 2025, date de la réconciliation Arménie-Azerbaïdjan sous l’égide des Etats-Unis, le gouvernement arménien vit sur un nuage. Tout le monde, ou presque, lui sourit. Bakou se prépare, à priori, à signer l’accord de paix. Bien qu’il existe encore des zones d’ombre, n’empêche pas le Premier ministre Nigol Pachinian d’être persuadé que le président Ilham Aliev respectera sa parole, ou plus exactement le texte du traité de paix.

 

Hélas, ces zones d’ombre portent sur des points importants. Ce qui explique qu’il y ait des personnes qui ne partagent pas son optimisme, et pas uniquement des opposants, d’où des demandes d’éclaircissement au gouvernement. Soit les dirigeants balayent le sujet d’un revers de main - comme le contrôle sécuritaire de la route TRUMP (TRIPP) qui traversera le Syunik, soit que le sujet est en cours de discussion - comme le tracé frontalier.

 

De son côté, Ilham Aliev se comporte un peu comme le camarade Poutine. Il veut bien signer le traité de paix avec l’Arménie, sous réserve que ses demandes soient satisfaites. Demandes qui, bien évidemment, n’apparaissent pas dans les textes du 8 août, mais qui ont été exprimées les jours suivants.

 

Cela me rappelle la méthode turcique employée lors de la signature à Zurich le 10 octobre 2009, entre les ministres des Affaires étrangères d'Arménie et de Turquie, Edouard Nalbandian et Ahmet Davutoğlu, d’un un accord qui prévoyait l'établissement sans conditions préalables de relations diplomatiques entre les deux pays et l'ouverture de leur frontière commune.

Quelques heures plus tard, Ankara rectifiait le document en ajoutant un préalable de taille : la résolution du conflit du Haut-Karabakh à la convenance de Bakou. L’accord n’a jamais été ratifié par les Parlements.

 

Mais alors à quoi, ou à qui, le Sommet de Washington va-t-il servir ?

 

·   Tout d’abord à établir une liaison entre l’Azerbaïdjan entre son exclave le Nakhitchevan ;

·   Ouverture d’une route commerciale pour toute la région et facilitation des échanges Est-Ouest ;

·    Pour les Etats-Unis, retombées financières, car co-gestionnaire de la TRIPP. Une affaire également juteuse pour la famille Trump ;

· Pour la Turquie : création de la continuité du monde turcique - le panturquisme : des Ottomans aux Ouighours ;

·    Pour Bakou : resserrement des liens avec la grand frère Turc – Une nation deux Etats. Mais aussi arrivée d’Azerbaidjanais dans le Syunik, dans un premier temps, suivi dans un second temps, d’installation d’Azerbaidjanais dans le ‘Zanguézour occidental’ ;

·    Quant à l’Arménie, c’est avant tout l’ouverture des frontières turco-azéries, fermées depuis 1993, avec la relance du commerce avec ses deux voisins et faciliter les échanges avec les autres pays.

·  Toutefois, deux pays - La Russie et l’Iran, n’apprécient pas outre mesure l’implantation des Etats-Unis dans la région, susceptibles de faire obstacle aux relations Nord-Sud, voire plus.  

 

Dans ce contexte, Nigol Pachinian en profite pour déclarer, plus que jamais, sa proximité avec l’Union européenne, jusqu’à envisager une demande officielle d’adhésion. Il reçoit en retour des subsides financiers. Dernières fournitures en date de la part de l’UE : 12 millions d’euros en vue des élections législatives de 2026 et 15 millions d'euros pour consolider la paix et renforcer la résilience.

 

On notera toutefois, que lors du dernier Conseil de partenariat Arménie-UE à Bruxelles, que ce soit la Commissaire à l’élargissement et à la politique de voisinage, Marta Kos, ou la haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, n’ont jamais abordé le thème d’une quelconque adhésion, même lointaine, de l’Arménie. Par contre l’UE est prête à associer et/ou intégrer Erevan dans nombre de projets.

 

Ainsi, dans l’Union européenne, si certains pays, comme la France, sont très proches de l’Arménie et des Arméniens, d’autres à l’inverse, comme la Hongrie, freinent des quatre fers quand il s’agit de l’aider, mettant en avant sa proximité avec l’Azerbaïdjan. De même, lorsque le Parlement européen vote des résolutions, qu’elles soient pro-Arménie ou contre l’Azerbaïdjan ou la Turquie, l’exécutif, c'est-à-dire les Commissions, suit rarement les préconisations. On se souvient encore des marchandages de Mme Ursula Von der Leyen à Bakou, ou de son humiliation par le président Erdoğan (sofagate).

 

Quant à accepter la demande d’adhésion de Erevan, il a y loin de la coupe aux lèvres. Déjà il y a incompatibilité à être membre de deux Organisations antagonistes : L’Union européenne et l'Union économique eurasiatique ; à moins bien sûr de perdre les avantages, notamment énergétiques, consentis par la Russie. Rappelons que la dernière adhésion à l’UE - la Croatie, date de juillet 2013. Depuis, une dizaine de pays se bouscule pour rentrer dans l’UE, la dernière demande – le Kosovo, date de décembre 2022.

 

Ajoutons à ce tableau la réaction de la Russie, lorsque l’une des anciennes Républiques Socialistes Soviétiques essaie de se détacher de Moscou.

 


Brève

Le « foutage de gueule» continue. L’Azerbaïdjan a été réélu membre du Comité de l'UNESCO pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé pour la période 2025-2029. Il l’était déjà pour la période 2021-2025.

 

Quand on sait comment Bakou s’est comporté envers les monuments arméniens du Nakhitchevan en 2006 et du Haut-Karabakh depuis 2020, on en reste pantois !

 

Les millions donnés pour les bonnes œuvres de l’UNESCO par Mme Mehriban Alieva, femme du président Ilham Aliev et vice-présidente de l’Azerbaïdjan, ne l’ont pas été à fonds perdus.

Isn’t it ? 

 

 

 

 

 

 

 

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Traduction

 

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Arménie

 

Le 22 octobre, une rencontre a eu lieu à Erevan, en présence de représentants des sociétés civiles arménienne et azerbaïdjanaise. Cette visite s'inscrivait dans le cadre de la normalisation des relations bilatérales.

 

La visite des représentants de la société civile azerbaïdjanaise en Arménie avait suscité des critiques, notamment parce que la délégation comprenait Dilara Efendiyeva, qui avait auparavant participé au blocus du Haut-Karabakh en tant qu’« éco-activiste ».

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Europe

 

Rencontre Arménie-UE

 

En amont de la 6e réunion du Conseil de partenariat Arménie-UE à Bruxelles, une rencontre en tête-à-tête a eu lieu entre le ministre des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan et la haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas,

 

Les discussions ont porté notamment sur l'approfondissement du partenariat entre l'Arménie et l'UE, y compris l'adoption d'un nouvel agenda de partenariat, ainsi que sur des sujets régionaux, dont la promotion de la connectivité.

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Russie

 

Le conseiller du président russe, Iouri Ouchakov, a déclaré aux journalistes que les représentants arméniens ne participeraient pas au prochain sommet de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) qui se tiendra à Bichkek.

 

« En ce qui concerne l’Arménie, le pays ne participera pas, mais ses représentants ont déclaré qu’ils ne s’opposaient pas à l’adoption des documents convenus lors de la réunion », a indiqué le diplomate russe.

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Vatican

 

Le pape Léon XIV a adressé ses salutations au Catholicos de tous les Arméniens, Karékine II, et à la communauté apostolique arménienne de Turquie lors d'une messe célébrée à l'église patriarcale arménienne de la Sainte Mère de Dieu à Istanbul.

 

Exprimant sa gratitude pour ce qu'il a appelé le « courageux témoignage chrétien » du peuple arménien à travers les siècles, le pape a souligné que leur foi avait perduré même à travers les chapitres les plus sombres de l'histoire.

 

Il a noté l'approfondissement des liens fraternels entre les Églises apostolique arménienne et catholique, rappelant la première déclaration commune signée en mai 1970 par le pape Paul VI et le Catholicos Vazgen Ier.

 

Le pape a également exprimé l'espoir que la commission de dialogue théologique international entre l'Église catholique et les Églises orthodoxes reprenne bientôt ses travaux. Il a cité le Catholicos saint Nersès IV le Miséricordieux, du XIIe siècle, qui a consacré sa vie à la réconciliation des Églises chrétiennes.

 

Le patriarche arménien de Constantinople, l'archevêque Sahak Mashalian, qui a présidé la messe, a déclaré que la présence du pape dans l'église était non seulement un honneur, mais aussi une bénédiction pour la communauté arménienne, les églises chrétiennes de Turquie et tous ceux qui œuvrent pour l'unité des chrétiens.

 

Léon XIV est le quatrième pape à visiter une église arménienne en Turquie et le cinquième à rencontrer la communauté chrétienne arménienne. L'église est située dans le quartier de Koum Gapou à Istanbul, au sein du quartier historique de Fatih. Sa visite patriarcale en Turquie s'est déroulée du 27 au 30 novembre. Durant ce voyage, le pape a également rencontré le patriarche œcuménique Bartholomée Ier de Constantinople. Une déclaration commune a été signée. À l'issue de cette visite, le pape s'est rendu au Liban.

 

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Turquie-Azerbaïdjan

 

Le processus de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan a été abordé lors de la séance du Conseil national de sécurité de Turquie, présidée par le président Recep Tayyip Erdoğan.

 

« Compte tenu des récents développements positifs dans le processus de paix entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, les possibilités de coopération bilatérale et régionale ont été discutées. Le conseil a également réaffirmé la volonté de la Turquie d'instaurer la paix, la stabilité et d'assurer le développement dans le Caucase du Sud », a déclaré la présidence turque.

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, et de APA

 

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