Haut-Karabakh : La guerre des mots n'a jamais cessé

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Cela fait seize ans que cette guerre des déclarations et des communiqués existe, et qui existera tant qu'un accord définitif ne sera pas signé. Guerre verbale qui hélas s'accompagne quotidiennement d'échanges de tir. Œuvre le plus souvent de snippers azéris qui débouche parfois sur des morts et des blessés.

Depuis seize ans, le travail des coprésidents est toujours aussi complexe car ils doivent intégrer dans un même syntagme un oxymoron : Le principe de l'intégrité territoriale et le droit à l'autodétermination. Il est clair que si l'Azerbaïdjan maintient sa position de revenir à la situation d'avant-guerre, rien ne pourra progresser, car la population du Haut-Karabakh n'acceptera jamais. Quant à cogérer un même territoire, comme en Andorre par exemple, c'est difficilement applicable à une région en conflit.

Et pourtant l'intangibilité des frontières n'est pas une notion inscrite dans le marbre et l'on peut en modifier le tracé autrement que par les armes. C'est ainsi que le tracé de la République Autonome du Nakhitchevan a eu une frontière avec la Turquie (dilucu), alors que le Traité de Kars (octobre 1921) en faisait une enclave azerbaidjanaise coincée entre l'Arménie et l'Iran. Téhéran et Ankara ont modifié cet état de fait.

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Les coprésidents avaient apporté des modifications, à ne pas divulguer, fin 2009 au document de Madrid, afin de faciliter son acceptation par les parties. Le Président Ilham Aliev et d'autres dirigeants azerbaïdjanais ont dit qu'ils les ont acceptées avec un certain nombre de "réserves", non précisées. La réaction de l'Arménie aux modifications du plan de paix a été plus claire.
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Le conseiller d'Aliev en politique étrangère, Novruz Mammadov, a déclaré mercredi que le retard est du côté arménien lié au règlement proposé et a demandé aux médiateurs de mettre davantage de pression sur Erevan. "Les coprésidents ont indiqué que l'Arménie donnera sa position prochainement", aurait-il déclaré à des journalistes à Bakou.

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"La position exprimée par la population du Haut-Karabakh lors du référendum de 1991 est d'une importance primordiale dans le règlement du conflit. L'Arménie a toujours soutenu et continuera à soutenir cette position. L'Azerbaïdjan est seulement en train de perdre du temps, tôt ou tard il faudra compter avec la volonté du peuple du Haut-Karabakh," a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de arménien, Tigrane Balayan, en réponse aux récentes déclarations de Bakou.

Il commentait ainsi les allégations officielles de Bakou pour qui l'Arménie : "demande du temps pour résoudre le conflit du Karabakh" et "n'a pas de position claire sur la question,". Selon Balayan : "ne comprenant pas qu'ils ont une position destructive dans le processus de négociation, certains officiels azerbaïdjanais n'ont rien trouvé de mieux que de se montrer à leur population par le biais d'une chaîne sans fin de falsifications et de fanfaronnades."

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Les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, ont publié la déclaration suivante :


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"Les coprésidents du Groupe de Minsk (l'ambassadeur Yuri Merzlyakov, de la Fédération de Russie, l'ambassadeur Bernard Fassier, de la France, et l'ambassadeur Robert Bradtke, des Etats-Unis ; ainsi que le nouveau coprésident russe, l'Ambassadeur Igor Popov) ont informé, le 5 mai à Vienne, le Groupe de Minsk de l'OSCE [1] sur l'état actuel des négociations, et l'ont remercié pour son soutien continu aux efforts des coprésidents. Ils ont souligné l'engagement des parties à progresser sur l'élaboration d'un règlement fondé sur les principes de Madrid ainsi que les éléments contenus dans la déclaration conjointe publiée par les Présidents des pays coprésidant, lors du Sommet du G8 de L'Aquila, le 10 Juillet 2009.

Pour son dernier voyage à Vienne en tant que coprésident russe, M. Merzlyakov a officiellement présenté au Groupe de Minsk son successeur, l'ambassadeur Popov. Les coprésidents doivent rencontrer les ministres des Affaires étrangères azerbaïdjanais et arménien dans les prochains jours en Europe, pour discuter de la façon de faire avancer les négociations."

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Extraits de la Radio Publique d'Arménie et de PanArmenian




[1] (ndlt) : Le Groupe de Minsk de l'OSCE, en plus des trois pays qui coprésident le groupe - Les Etats-Unis, la Russie et la France – est composé de : l'Allemagne, la Biélorussie, la Finlande, l'Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Suède, et la Turquie.