La Russie soutient les processus arméno-turque et arméno-azéri

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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

Un peu trop de diplomatie dans la bouche du président Dimitri Medvedev, vue les visées économico-stratégiques. Certes il n'a pas clairement dissocié les deux processus, arméno-turc et arméno-azéri. Toutefois, il a adressé une fin de non recevoir à la demande turque de s'immiscer dans les négociations de paix sur le Karabakh. Bien qu'officiellement la porte ne soit pas fermée, il est fort peu probable qu'une telle modification se produise face au veto de l'Arménie.

Le but principal de son voyage était avant tout de : - consolider les débouchés énergétiques de la Russie vers le Proche-Orient à partir du gazoduc ‘South Stream' qui passe sous la Mer Noire - et se positionner sur le projet de construction d'une centrale nucléaire sur le sol turc.

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Medvedev a semblé contourner de manière implicite la demande turque pour une plus forte pression de la Russie sur l'Arménie, qui selon Ankara est essentielle pour parvenir à un règlement du conflit du Karabakh et donc débloquer les négociations avec Erevan.

Dans la perspective du voyage de Medvedev, les officiels turcs avaient exprimé l'espoir que Moscou va encore s'impliquer plus activement dans les pourparlers de paix arméno-azerbaïdjanais. L'ambassadeur de Turquie à Moscou, Halil Akinci, a soutenu lundi qu'à la différence des deux autres coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, la France et les États-Unis, la Russie est un "pays de la région".


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Le dirigeant russe a déclaré que les deux nations ainsi que d'autres membres du Groupe de Minsk doivent contribuer à la résolution pacifique du conflit. "Mais toutes les questions fondamentales doivent être discutées en première lieu par les parties en conflit elles-mêmes," a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse conjointe avec M. Gul.

Medvedev a souligné que la Russie n'est "pas une partie en conflit" en dépit de sa "mission spéciale" dans la région. "Nous sommes un médiateur qui est, cependant, activement impliqués dans le processus. Des progrès ont été source d'espoir pour régler le problème du Haut-Karabakh. J'ai personnellement offert aux deux présidents mes services d'intermédiaire. Les parties se rencontrent, échangent leur point de vue et font des progrès sur un certain nombre de points. Mais cela ne signifie pas que l'accord a été atteint sur toutes les questions. Les consultations se poursuivent," a-t-il déclaré ; selon Interfax.

La Turquie lie l'établissement de relations diplomatiques avec sa voisine avec une percée des efforts internationaux pour parvenir à un règlement du conflit du Karabakh acceptable par l'Azerbaïdjan. Erdogan a souligné que le lien auquel il faisait allusion, après son entretien avec M. Medvedev, serait que son gouvernement pourrait demander une implication directe dans le processus de négociation mené par les coprésidents américain, russe et français du Groupe de Minsk.

"Je pense que si le Groupe de Minsk continue à travailler avec succès, nous allons examiner la question de la participation de la Turquie dans le processus de négociation", rapporte l'agence Itar-Tass citant M. Erdogan. Le premier ministre turc avait critiqué un peu plus tôt les coprésidents du groupe de Minsk.

Les dirigeants arméniens ont maintes fois exclu toute médiation de la Turquie dans le processus, soulignant les liens étroits et le soutien inconditionnel de la Turquie à l'Azerbaïdjan.

"Une réunion trilatérale des ministres des Affaires étrangères, arménien, azerbaidjanais et russe, est prévue prochainement. Les ministres des Affaires étrangères des deux pays se réunissent régulièrement et nous allons continuer les réunions trilatérale à l'avenir," a déclaré le président russe ; rapporte ITAR-TASS.

En attendant, les gouvernements arménien et azerbaïdjanais ont échangé mercredi de nouvelles accusations d'entrave au processus de paix. Le ministre arménien des Affaires étrangères, Edouard Nalbandian, a rejeté de nouveau les déclarations des dirigeants azerbaïdjanais comme quoi "ils auraient largement accepté les propositions, récemment modifié les principes de base, des médiateurs internationaux pour la paix au Karabakh". Prenant la parole à la récente réunion du Conseil de l'Europe à Strasbourg des 11 et 12 Mai, Nalbandian a insisté que les "exceptions" non-spécifiées citées par Bakou, l'emportent sur les dispositions acceptées à Bakou du dit Document de Madrid.

Le porte-parole du ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères Elkhan Polukhov avait rejeté ces propos quelques plus tard. "Evidemment, le but des insinuations de l'Arménie est d'éviter de donner une réponse directe à la question de savoir si elle accepte ou non le document de Madrid mis à jour," a-t-il déclaré à Interfax.

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"Nous suivons de près le développement des relations [entre Ankara et Erevan] et espérons que cette dynamique positive acquise après la signature des documents pertinents à Zurich va continuer," a déclaré Medvedev de la conférence de presse. Il a toutefois noté que "le processus de normalisation des relations entre les deux pays n'est pas facile et que des réponses différentes sont apportées par la Turquie et par l'Arménie."

Medvedev a également exprimé l'espoir que l'Arménie et la Turquie finiront par réussir à normaliser leurs relations bilatérales. Cela "contribuera à stabiliser la situation dans notre région, à développer activement les relations économiques, ce qui augmentera le niveau de vie dans tous les pays de notre région," a-t-il souligné.

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Le conflit du Karabakh était l'un des points sur l'ordre du jour des entretiens de Medvedev avec le président Abdullah et avec le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui ont abouti à la signature de plus d'une douzaine d'accords russo-turcs.

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Extraits de la Radio Publique d'Arménie et de Armenialiberty