Haut-Karabakh : La chute planifiée.

 


 

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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

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Commentaires

 

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A la demande de la France, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réunie le 21 septembre
concernant le conflit du Haut-Karabakh.

 

Le compte-rendu de la séance du 21 septembre 2023 du secrétariat du Conseil de Sécurité de l’ONU, donne un long résumé de la position des vingt-uns intervenants ayant pris la parole. Bien que ce ne soit pas un document officiel, on voit clairement la dizaine de pays/organisations qui se sent plus ou moins concernée par le sujet et les autres qui s’en fichent royalement se contentant d’énoncer des généralités sur les droits et les règles internationales, qu’il faut respecter les accords signés, que ce n’est pas bien de faire la guerre, afin d’aboutir à un traité de paix entre les belligérants.

 

Mais personne n’a parlé d’une quelconque résolution, même non contraignante, et encore moins de sanctions. La réunion a accouché d’une souris.

 

Inutile de rappeler que seuls deux pays ont justifié l’agression sur la population du Haut-Karabakh : l’Azerbaïdjan et son mentor la Turquie.

 

Croyant amadouer le dictateur azéri qui bloquait le couloir de Latchine depuis le 12 décembre 2022, le premier ministre arménien Nigol Pachinian n’a certainement pas mesuré les conséquences de sa déclaration au printemps dernier stipulant que le Haut-Karabakh faisait partie intégrante de l’Azerbaïdjan. Il n’a fait qu’envenimer la situation. Le 23 avril dernier, Bakou installe un poste-frontière à l’entrée de ce couloir en évoquant des raisons sécuritaires et laisse passer au compte-gouttes les camions du CICR et/ou les véhicules des casques bleus russes.

 

Parallèlement à l’élection présidentielle du 9 septembre à Stépanaguerd, a eu lieu en Arménie un exercice conjoint militaire arméno-américain « EAGLE PARTNER 2023 ». Exercice qui n’a pas du tout plu à Moscou, officiellement allié militaire d’Erevan.

 


Ces deux événements ont servi de déclencheur à l’Azerbaïdjan qui, sous des prétextes fallacieux de terrorisme, s’en est pris aux Arméniens de l’enclave. Il est évident que les faibles moyens d’auto-défense des Karabakhiotes ne pouvaient pas faire face à l’armée azérie suréquipée. Ilham Aliev a atteint son but : Chasser les Arméniens de ‘son’ territoire.

 

Lorsqu’on force militairement les gens à s’expatrier en quittant tout, maisons et biens, cela s’appelle un nettoyage ethnique.

 

Lorsque, de surcroit, on se livre à des exactions sur la population civile, jusqu’à égorger des personnes (voir les réseaux sociaux azéris) parce qu’elles ne sont pas d’accord avec le comportement de la soldatesque azerbaïdjanaise, cela s’appelle un génocide.

 

Au vu de la réaction strictement humanitaire et financière de la communauté internationale, le potentat peut s’attaquer maintenant à la deuxième phase de son projet : Récupérer d’abord les 145 km² du territoire de l’Arménie (validation de la démarcation version Bakou) qu’il occupe depuis 2020 et, dans un second temps, aidé par la Turquie, le « corridor » du Zanguézour (lien terrestre avec le Nakhitchevan).

 

L’incompétence de Nigol Pachinian concernant la politique étrangère, qui ne sachant sur quel pied danser – tantôt pro-russe, tantôt pro-occidental, a scellé le comportement de Poutine envers l’Arménie.

 

Un premier coup de semonce a eu lieu en automne 2020 avec la guerre de 44 jours et la mort de milliers d’Arméniens. Les tergiversations du Premier ministre arménien, associées aux déboires de Poutine en Ukraine, à ses problèmes en mer Noire et à ses besoins de débouchés pour ses énergies fossiles, font qu’Erevan ne présente plus grand intérêt face à Bakou.

 

D’où la neutralité plus que bienveillante des forces de maintien de la paix russes envers les soldats azéris et le laisser-faire des agressions continuelles envers les Karabakhiotes. Le point d’orgue arrivant le 19 septembre dernier avec l’attaque d’envergure de l’armée azerbaïdjanaise contre l’enclave arménienne, entrainant l’exode massive de la population vers l’Arménie (10.000 personnes par jour).

 


Aliev est arrivé à ses fins, et il a fini par ouvrir le couloir de Latchine mais uniquement dans le sens des départs. Fier de sa victoire à moindres frais, il se permet même de narguer la communauté internationale en promettant aux Karabakhis de les intégrer en Azerbaïdjan avec les mêmes droits que les autres minorités. Combien de fois a-t-il respecté les accords signés avec l’Arménie, que ce soit sous l’égide de l’UE ou celle de la Russie ? Quelle hypocrisie, quelle morgue !

 

Il faut espérer qu’au vu du désastre actuel, l’angélisme de Nigol Pachinian ne le poussera pas à signer un traité de paix avec le dictateur azerbaïdjanais.

 

Moralité : Il y a les bons et les méchants

 

Il y a les bons agresseurs, comme l’Azerbaïdjan, avec lequel on commerce pour des milliards, à qui on fait des remontrances sur son comportement, mais qu’on ne sanctionne jamais.

Il y a les bons agressés, comme l’Ukraine à qui on fournit de quoi se défendre et des dizaines de milliards.

Il y a les méchants agresseurs, comme la Russie qui subit le courroux de l’Occident sous différentes formes, sanctions, boycotte sportif et culturel, etc.

Il y a les méchants agressés, comme le Haut-Karabakh qui a eu l’outrecuidance de mettre en œuvre « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », alors qu’il était une région autonome ne faisant pas partie intégrante d’un pays, mais seulement administré.

 

 

 

 

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Traduction

 

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.amde APAde

Hurriyet, de l’Union européenne ainsi que du CS de l' ONU


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Union européenne

 


L'Azerbaïdjan a lancé le 19 septembre une attaque à grande échelle contre le Haut-Karabakh, qui a contraint les autorités à accepter un cessez-le-feu proposé par les soldats de maintien de la paix russes.

 

L'ambassadeur arménien auprès de l'UE, Tigran Balayan, a rejeté les affirmations selon lesquelles les Arméniens du Haut-Karabakh n'auraient aucune raison de craindre l'occupation azerbaïdjanaise.

 

Contredisant les déclarations des responsables azerbaïdjanais, l'ambassadeur  a déclaré :

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États-Unis

 


L'administratrice de l'Agence américaine de développement international, Samantha Power, a transmis la lettre du président Joe Biden au Premier ministre Nigol Pachinian.

 

« J'adresse mes meilleurs vœux à vous et au peuple arménien alors que vous célébrez votre Jour de l'Indépendance. Cette année, alors que nous célébrons cette fière occasion, nous pleurons également la récente perte de vies d’Arméniens de souche au Haut-Karabakh. J'ai demandé à Samantha Power, un membre clé de mon cabinet, de vous transmettre personnellement le ferme soutien des États-Unis et de mon administration à la poursuite par l'Arménie d'une paix régionale digne et durable qui préserve votre souveraineté, votre indépendance, votre intégrité territoriale et votre démocratie.

Suite


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CEDH

 


Le 22 septembre 2023, la Cour européenne des droits de l'homme a appliqué l'article 39 de son règlement, estimant que la situation actuelle au Haut-Karabakh présente un risque de violations graves de la Convention, informe le Bureau du Représentant de l'Arménie pour les questions juridiques internationales.

 

La Cour a décidé, nonobstant l'accord de cessez-le-feu conclu le 20 septembre 2023, d'indiquer au gouvernement azerbaïdjanais de s'abstenir de prendre toute mesure qui pourrait entraîner des violations de ses obligations au titre de la Convention, notamment de l'article 2 (droit à la vie) et de l'article 3 (interdiction de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants).

 

La Cour a également décidé de notifier immédiatement la mesure provisoire susmentionnée au Comité des Ministres du Conseil de l'Europe, conformément à l'article 39 §2 du règlement.

 

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Turquie-Azerbaïdjan

 


L'Azerbaïdjan et les représentants du Haut-Karabakh
ont tenu jeudi 21 leurs premiers pourparlers de paix directs, après que Bakou a affirmé avoir repris le contrôle de la région séparatiste.

 

Les séparatistes ont accepté de déposer les armes mercredi dans le cadre d'un plan de cessez-le-feu négocié par la Russie qui a mis fin à l'offensive de 24 heures menée par l'Azerbaïdjan.

Suite

 

 

 

 

 

 

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de APA, de Hurriyet, de l’Union européenne ainsi que du CS de l' ONU