La voie est libre pour le dictateur azerbaidjanais

 


 

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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

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Commentaires

 

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Le nettoyage ethnique lancé par le dictateur Ilham Aliev au Haut-Karabakh est totalement terminé. Il ne reste plus sur place que quelques dizaines d’Arméniens, dont des personnes âgées dans des villages isolés, sur les 120.000 de cet été.

 

La mode opératoire a fonctionné à merveille.

1-   On négocie avec Poutine pour que les soldats de la paix russes qui stationnent au Haut-Karabakh n’interviennent pas.

2-   On occupe certaines parties du territoire ennemi, en occurrence l’Arménie, à partir desquelles on pourrait aider le Haut-Karabakh.

3-   On coupe la seule voie de communication avec l’extérieur, à savoir le couloir de Latchine, pour des raisons soi-disant écologiques ; empêchant toute circulation des Arméniens.

4-   On fait dévier l’extrémité du couloir de Latchine car trop proche de Goris ; et par la même occasion on récupère la localité de Berdzor (Latchine) et ses alentours, en délocalisant les Arméniens qui y vivent.

5-   On instaure un point de contrôle (poste-frontière) à l’extrémité d’un pont que l’on vient de construire (Hakari), instaurant ainsi un blocus total de l’enclave. Seuls quelques rares véhicules du CICR et les camions des casques bleus russes sont autorisés à passer.

6-   On attend que la population soit exsangue et affamée, pour lancer l’armée et récupérer les quelques armes qui restent.

7-   Il ne reste plus qu’à chasser les Arméniens du Haut-Karabakh au motif que ce sont des terroristes. C’est le nettoyage ethnique.

 

Lorsqu’on lit la prose du ministère azerbaidjanais des Affaires étrangères, on se demande si ces gens-là comprennent quelque chose à ce qu’ils écrivent ; ou bien se contentent-ils de psittaciser ce que leur dit leur chef.

 

De deux choses l’une:

  • Ou bien les Arméniens du Haut-Karabakh sont des « terroristes » ; auquel cas on se demande pourquoi les garder sur son sol s’ils acceptent la nationalité azerbaidjanaise ?
  • Ou bien ce ne sont pas des « terroristes » ; alors pourquoi envoyer l’armée lourdement équipée contre la population civile ?

 

Comme toute dictature, Bakou ne supporte aucune critique venant de l’étranger, de l’intérieur n’en parlons pas, refuse la mise en œuvre des résolutions le concernant- qu’elles soient contraignantes ou non, ne respecte pas ses engagements. Les milliards émanant de la richesse énergétique de son sous-sol lui permet de prospérer et de soudoyer des décideurs indécis.

 

Moscou a fermé les yeux à l’automne 2020 lorsqu’il a attaqué le Haut-Karabakh, et depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, il a les coudées franches pour réaliser son rêve. Éradiquer les Arméniens de la région, à commencer par le Haut-Karabakh – chose faite en septembre dernier, puis s’attaquer au territoire de l’Arménie pour réaliser la jonction avec le Nakhitchevan, et donc avec son mentor, le sultan turc.

 

Souvenez-vous de ses propos au lendemain de sa victoire de la guerre des 44 jours :

« J’avais dit qu’on chasserait les Arméniens de nos terres comme des chiens, et nous l’avons fait »
Faisant sienne la locution « Les chiens aboient, la caravane passe », le dictateur s’emploie maintenant à mettre en œuvre la seconde phase de son plan.

 

Face à lui, il n’y a personne.

 

  • L’armée arménienne est en état de faiblesse comparé au rouleau compresseur suréquipé azéri ;
  • Les soldats de la paix russes stationnés au Karabakh n’ont pas pour consigne de défendre l’Arménie ;
  • Il existe bien une base russe à Gumri, tout comme des accords militaires arméno-russes, mais Poutine n’a aucune intention d’intervenir pour défendre militairement l’Arménie, cela reviendrait à ouvrir un second front en plus de celui de l’Ukraine. Ajoutons à cela les accords secrets qui existent entre Moscou et Bakou d’une part, et entre Moscou et Ankara d’autre part. Le business comme la géopolitique passent avant le soutien à l’Arménie ;
  • Pour ce qui est de l’ONU, et plus exactement de son Conseil de sécurité, on a vu ce dont ils sont capables, c'est-à-dire en premier lieu palabrer et envoyer sur place, si nécessaire, des Observateurs, validés par Bakou, c’est à dire acquis à la cause azerbaidjanais ;
  • Quant aux Occidentaux, Etats-Unis et Union européenne en tête, il ne faut rien attendre de leur part, hormis une aide humanitaire et un soutien financier et des discours lénifiants du style « faites la paix, pas la guerre ».

 

En ratifiant le traité de Rome, Nigol Pachinian interdit au camarade Poutine, poursuivi par le CPI, de venir en Arménie, et inversement il sera mal reçu à Moscou. Quant à croire que ce faisant il va inciter la CPI (Cour pénale internationale) à prononcer des sentences contre des dirigeants azerbaidjanais c’est fonder de faux espoirs. L’Arménie n’est pas l’Ukraine, et l’Azerbaïdjan, la Russie.

 

Toujours est-il que ce soit Washington, Bruxelles ou Moscou, tout le monde pousse l’Arménie et l’Azerbaïdjan à faire la paix et signer un traité dans ce sens. Le problème c’est que le potentat azerbaidjanais profère toujours des menaces contre son ennemi. Non content de s’être accaparé du Haut-Karabakh après avoir chassé plus de 100.000 Arméniens qui y vivaient, il revendique le sud de l’Arménie ainsi que huit villages qu’il considère comme territoire azerbaidjanais.

 

Soit les Occidentaux et les Russes sont inconscients et/ou aveugles, soit ils n’ont rien à faire du devenir de l’Arménie. Ils peuvent compter sur Nigol Pachinian qui aime écouter le chant des sirènes.


 

 

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Traduction

 

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de APA, de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europeainsi que de ONU-Droits-de-l’homme. 


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Arménie

 


Lors d’une interview à la télévision publique, le premier ministre Nigol Pachinian a déclaré :

 

« Sommes-nous prêts à ouvrir nos routes vers l’Azerbaïdjan et la Turquie ? Oui, nous sommes prêts à ouvrir les communications régionales,, et comme cela a été dit, cela doit se faire sur la base de la souveraineté et de la juridiction de l'Arménie, sur la base du principe d'égalité et de réciprocité.

 

Cela signifie qu’aucune puissance tierce ne doit contrôler aucun point du territoire de l’Arménie. Lors du franchissement de ses frontières, les services de garde-frontières et les services douaniers arméniens doivent agir sur la base de la juridiction de l'Arménie et des principes acceptés.

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Conseil de l’Europe

 


La représentante spéciale de la Secrétaire Générale du CoE Marija Pejčinović Burić, se rendra en Arménie pour évaluera les besoins des plus de 100.000 personnes déplacées du Haut-Karabakh.

 

« Presque tous ont malheureusement quitté le Karabakh et nous allons certainement élaborer un plan sur la manière d'aider les personnes qui s'y trouvent. Mais, bien sûr, il y a une question plus importante : quand et comment ces gens vont rentrer chez eux, car je pense que personne ne veut être un réfugié, personne ne veut quitter l’endroit où elle est née ou sont nés ses ancêtres. Je pense donc que pour l’ensemble du Conseil de l’Europe, nous devons y prêter attention et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour permettre à ces personnes de rentrer chez elles.

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ONU

 


Mercredi 11 octobre, 34 pays ont publié une déclaration commune lors de la 54e session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève, exprimant leur extrême inquiétude face à la grave crise humanitaire et des droits de l'homme au Haut-Karabakh.

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Russie

 


« La Russie est prête à aider à la signature d’un traité de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. La préparation d’une paix visant à mettre fin à ce conflit de longue date est à l’ordre du jour. La partie russe est bien sûr prête à fournir à nos partenaires toute l’assistance possible. En particulier, nous sommes prêts à organiser des négociations à Moscou, si nécessaire, dans n’importe quel format »,
a déclaré le président Vladimir Poutine lors du sommet de la CEI à Bichkek.

 

Selon lui, cela inclut les négociations entre les ministres des Affaires étrangères et les experts de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan.

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France

 


« Quelle que soit la manière dont il tente de présenter la situation, l'Azerbaïdjan a planifié et organisé l'exode de plus de 100 000 Arméniens du Haut-Karabakh. Ce crime grave ne peut rester sans réponse »,
a déclaré la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna lors de la séance de questions-réponses au Sénat. Et d’ajouter :

 

« La France va exiger l'adoption d'une résolution dans le cadre du Conseil de sécurité de l'ONU pour créer les conditions pour le retour des Arméniens du Haut-Karabakh.

 

Il est nécessaire de protéger les droits historiques et culturels des Arméniens du Haut-Karabakh ainsi qu’une présence internationale permanente dans la région. »

 

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Etats-Unis

 


Une profonde inquiétude subsiste dans l’administration au sujet des opérations de l’Azerbaïdjan contre le Haut-Karabakh et de la possibilité que le conflit s’étende.

 

Lors d’un appel téléphonique le 3 octobre, les législateurs ont fait pression sur Blinken sur d’éventuelles mesures contre Aliev en réponse à l’invasion du Haut-Karabakh par son pays en septembre, ont déclaré les personnes, qui ont obtenu l’anonymat pour discuter de l’appel sensible.

 

A. Blinken a répondu que le département d’État cherchait des moyens de demander des comptes à l’Azerbaïdjan et qu’il n’avait pas l’intention de renouveler une dérogation de longue date qui permet aux États-Unis de fournir une assistance militaire à Bakou. Il a ajouté que l’Etat envisageait la possibilité que l’Azerbaïdjan envahisse le sud de l’Arménie dans les semaines à venir.

 

Néanmoins, Blinken a exprimé aux législateurs démocrates sa confiance quant aux pourparlers diplomatiques en cours entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, parmi lesquels les représentants Nancy Pelosi et Anna Eshoo de Californie, et Frank Pallone du New Jersey.

 

Dans une déclaration à POLITICO, le département d’État a refusé de commenter l’appel, mais a souligné l’engagement du département envers « la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Arménie » et la résolution du conflit par des « pourparlers directs ».

 

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Turquie-Azerbaïdjan

 


Le président Ilham Aliev a déclaré le 15 octobre, après avoir hissé le drapeau de l’Azerbaïdjan à Stépanaguerd.

 

« Lorsque nos terres ont été occupées, aucun pays ne nous a soutenus, et ils n’ont montré aucun soutien moral. Toutes les grandes puissances étaient derrière l’Arménie et l’histoire d’aujourd’hui le montre à nouveau. Regardez quels sont les pays les plus hostiles à l’Azerbaïdjan aujourd’hui. Ces pays ont été aux côtés de l’Arménie de 1992 à 1993, l’incitant à l’occupation, soutenant l’occupation et la justifiant. Rien n’a changé au cours de ces 30 années.

Suite 

 

 

 

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de APA, de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, ainsi que de ONU-Droits-de-l’homme.