Arménie-Azerbaïdjan : Les fissures s’agrandissent

 


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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

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Commentaires

 

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Ce qui semblait être une possibilité devient de plus en plus une réalité. La question du Haut-Karabakh, avec ou sans ses habitants arméniens, étant réglé une bonne fois pour toute, aussi bien pour Bakou que pour Moscou, le dictateur compte mettre en œuvre la seconde phase du projet anti-arménien concocté avec son mentor ottoman. Que ces derniers (les Arméniens) soient d’accord ou pas.
La dernière conférence de presse d’Ilham Aliev du 10 Janvier laisse peu de doute sur ce qu’il compte faire de l’Arménie, et plus particulièrement du sud de l’Arménie (Syunik).

 

Se basant sur les années sombres du lendemain de la première mondiale, de la création des Etats transcaucasiens en 1918 et de la prise du pouvoir par les Bolcheviks, le potentat azéri réclame ni plus ni moins 80% du territoire arménien comme étant des terres azerbaidjanaises, à commencer par le « couloir du Zanguézour », histoire d’avoir la continuité Turquie-Nakhitchevan-Azerbaïdjan-Pays turciques.

 

Pour ne pas être en reste, le sultan turc enfonce le clou en déclarant que l’ouverture de la frontière arméno-turque est directement corrélée à la mise en œuvre du « couloir du Zanguézour ». Un couloir qui, selon Bakou, devra être à 100% azerbaidjanais, conformément au point 9 de l’accord tripartite de Moscou du 09/11/2020 qui stipule :

« Toutes les liaisons économiques et de transport de la région seront débloqués. La République d'Arménie garantit la sécurité des liaisons de transport entre les régions occidentales de la République d'Azerbaïdjan et la République autonome du Nakhitchevan en vue d'organiser la libre circulation des citoyens, des véhicules et des marchandises dans les deux sens. Le contrôle des communications de transport est exercé par les organes des services de garde-frontières de la FSS de Russie. »

 

« Organiser la libre circulation » ne signifie pas mettre en place un couloir hors de contrôle de l’Arménie comme ce fut le cas pour le « couloir de Latchine » dans lequel, toujours d’après tripartite de Moscou,  l’Azerbaïdjan ne devait pas fourrer son nez et encore moins y mettre des barrages et s’en accaparer purement et simplement.

 

Le fait de mettre des gardes-frontières russes et non un simple contingent, sous-entend que le couloir du Zanguézour devient extraterritorial, ce qui signifie qu’Erevan n’aura aucun droit de regard sur ce qui s’y passe. Avec comme conséquence directe que l’Arménie sera coupée de l’IRAN et que pour commercer avec lui, elle devra traverser un territoire azéri. Il n’est pas dit que Téhéran accepte cette modification territoriale et perde son axe Nord-sud.

 

Le problème, c’est que la situation de 2024 n’a plus rien à voir avec celle de 2020 avec un accord tripartite qui a perdu la moitié de ses articles. Le Haut-Karabakh n’existe plus en tant que région autonome et encore moins en tant que République d’Artsakh pour devenir une province (district) azerbaidjanaise. Ilham Aliev, fort de son impunité, persiste et signe, voulant passer à la seconde phase du projet anti-arménien.

 

Il reste toutefois la question des 120.000 réfugiés artsakhiotes qui ont tout abandonné dans leur fuite vers l’Arménie. La parole de Bakou ne suffit pas pour garantir leur sécurité en cas de retour dans leur foyer, sans compter sans compter qu’ils n’ont pas très envie de devenir des citoyens azerbaidjanais de seconde zone, pour ne pas dire plus.

 

Aussi, vouloir absolument signer un accord de paix avec le dictateur azéri devient ubuesque. A croire que le Premier ministre arménien n’a pas bien saisi la situation qui se profile à l’horizon. Il pense toujours que : 1- lâcher du lest devant les exigences de Bakou va amadouer Aliev (comme reconnaitre que le Haut-Karabakh est un territoire azerbaidjanais) ; 2- l’Occident va lui venir en aide autrement que par des paroles et des financements.

 

Quid des trois coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE ?

 

L’UE fera peut-être un geste pour sanctionner quelque peu l’Azerbaïdjan qui se fait passer pour un bon élève démocratique dans les institutions européennes malgré ses « dérapages » anti-démocratiques aussi bien dans son pays qu’à l’extérieur.

 

Les Etats-Unis se fichent royalement de l’Arménie et des Arméniens. Dans la région, ils ne sont intéressés stratégiquement que par deux pays : la Turquie et Israël. Le premier est sensé faire face à la Russie par OTAN interposée, le second fait face à l’Iran. Les deux bêtes noires de Washington dans la région.

 

Quant à la Russie, elle a retiré ses « billes » du conflit arméno-azerbaidjanais dès 2018. Comme l’a dit le ministre des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, n’y a rien à attendre des soldats de la paix russes stationnés encore au Karabakh. On a vu comment l’OTSC s’est comportée, alors qu’elle était sensée intervenir lorsque l’Azerbaïdjan a attaqué plusieurs fois l’Arménie au lendemain de la guerre de 44 jours, occupant de fait 145 km² du territoire.

 

Il serait peut-être temps pour les dirigeants arméniens de se fixer un cap et de s’y tenir.

 

 

 

 

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Traduction

 

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de APAde l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europeainsi que de l’Union européenne.


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Arménie

 


« L’Arménie a proposé la démilitarisation de la frontière avec l’Azerbaïdjan. Nous avons également proposé à l’Azerbaïdjan de développer des mécanismes mutuels de contrôle des armements et de signer un pacte de non-agression si la signature d’un traité de paix prenait plus de temps que prévu. L’Arménie est attachée à l’agenda de la paix et ne s’en écartera pas, »
a déclaré dimanche 28 janvier le Premier ministre Nigol Pachinian.

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Conseil de l’Europe (CoE)

 


Les pouvoirs de la délégation de l’Azerbaïdjan auprès de l’Assemblée Parlementaire du CoE (APCE) ont été contestés pour des motifs substantiels le jour de l’ouverture de la session plénière d’hiver 2024 à Strasbourg.

 

Frank Schwabe (Allemagne, SOC) a cité les prisonniers politiques dans le pays, le déplacement violent de personnes originaires du Haut-Karabakh, le fait que les rapporteurs de l’Assemblée n’ont pas pu se rendre en Azerbaïdjan au moins trois fois en 2023 et l’absence d’invitation à l’Assemblée pour observer l’élection présidentielle du 7 février dans le pays. Il a reçu l’appui d’au moins trente membres de l’Assemblée, appartenant à au moins cinq délégations nationales, comme l’exige le Règlement.

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Union européenne

 


Le Conseil des Affaires étrangères de l’UE, présidé par le haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a discuté de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan.

 

Le haut représentant a abordé la question de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie à la lumière de l’évolution récente de la situation. Il a parlé de la nécessité d’intensifier les efforts dans le cadre du processus de normalisation et sur les travaux en cours visant à renforcer les relations entre l’UE et l’Arménie.

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Russie

 


Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a de nouveau déclaré que l’Occident tentait d’évincer la Russie du processus de normalisation des relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

 

S’exprimant lors d’une conférence de presse à New York, Sergueï Lavrov a rappelé que plusieurs documents arméno-azerbaïdjano-russes ont été convenus au plus haut niveau, lesquels définissent les paramètres clés du règlement, notamment la délimitation des frontières, le déblocage des routes commerciales et de transport et la signature d’un traité de paix.

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Géorgie

 


Les Premiers ministres arménien et géorgien Nigol Pachinian et Irakli Garibashvili ont signé vendredi 26 janvier un mémorandum sur le partenariat stratégique entre les deux pays.

 

Les documents bilatéraux ont été signés dans le cadre de la réunion de la Commission intergouvernementale pour la coopération économique entre l’Arménie et la Géorgie qui s’est tenue à Tbilissi, sous la présidence des Premiers ministres.

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Turquie-Azerbaïdjan

 


Les députés turcs ont ratifié la candidature de la Suède à l’OTAN
lors d’un vote longtemps retardé qui représente un grand pas en avant sur la voie de l’adhésion de la nation nordique.

 

La Suède a demandé à rejoindre l’OTAN en 2022 après que la Russie ait lancé la guerre contre l’Ukraine, mais la Turquie a refusé son soutien au motif que la Suède soutient les séparatistes kurdes et en héberge certains.

 

Le président Recep Tayyip Erdoğan doit signer la loi dans les prochains jours. Cela laisse la Hongrie comme le seul membre de l’OTAN à n’avoir pas encore ratifié l’adhésion de la Suède.

 

Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a posté sur les réseaux sociaux : « Aujourd’hui, nous avons fait un pas de plus vers le fait de devenir membre à part entière de l’OTAN ».

 

Et le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, s’est félicité du vote de la Turquie, affirmant qu’il comptait sur la Hongrie pour « achever sa ratification nationale dès que possible ».

 

La Hongrie a accusé la Suède d’avoir une attitude hostile. En mars dernier, le porte-parole du gouvernement hongrois, Zoltán Kovács, a accusé les responsables suédois d’être assis sur un « trône de supériorité morale qui s’effrite ». Stockholm a rétorqué en accusant le gouvernement hongrois de reculer sur les principes démocratiques de l’UE.

 

Il semblerait que Viktor Orban soit revenu à des sentiments moins agressifs déclarant : « J’ai confirmé que le gouvernement hongrois soutient l’adhésion de la Suède à l’OTAN. En outre, j’ai souligné que nous continuerons à appeler le parlement [hongrois] à voter en faveur de l’adhésion de la Suède et de sa pleine ratification dès que possible. »

 

 

 

 

 

 

 

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de APA, de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, ainsi que de l’Union européenne.