Sud-Caucase : La communauté internationale pousse aux règlements des conflits et à la normalisation

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Depuis quelques années et notamment avec la mise en service des conduits énergétiques provenant de la Caspienne, l'UE se penche sérieusement sur la région du Sud-Caucase avec ses programmes de Politique Européenne de Voisinage et maintenant avec de Partenariat oriental. Le tout bien sûr doté financièrement. Une manne pour les intéressés, à condition de respecter quelques règles et mettre en œuvre quelques mesures.

Reste bien évidemment le côté politique de la démarche. Si tout ce qui concerne le soutien à la démocratie, la sauvegarde des droits de l'homme et la liberté de la presse, concerne les trois pays du Sud-Caucase, l'Arménie est particulièrement visée avec ses deux processus en cours, arméno-azerbaidjanais et arméno-turc.

Toutes les propositions pressent l'Arménie de restituer des territoires aux azéris en échange de ... belles promesses de paix, d'ouverture de frontières tant côté Turquie que côté Azerbaïdjan. Quant à la sécurité et au statut final du Haut-Karabakh, c'est-à-dire au devenir de la population arménienne de cette région, là c'est le flou artistique qui règne. La notion d'autodétermination des peuples est inconnue dans les pays turcophones de la région.

En clair, pour résoudre le conflit du Karabakh, on explique aux Arméniens ‘comment' il faut progresser sans leur indiquer ‘la destination finale'. Et dans ce petit jeu, la Turquie n'est pas en reste, loin s'en faut.

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** L'UE et le Sud-Caucase **


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Le parlementaire bulgare Evgueni Kirilov a présenté un rapport sur les questions de coopération avec l'Arménie, la Géorgie et l'Azerbaïdjan dans le cadre du Programme de partenariat oriental de l'UE.

M. Kirilov a déclaré dans une interview publiée sur le site du Parlement européen que : "l'UE n'a pas été assez active à ce jour et qu'elle doit contribuer à une présence beaucoup plus importante dans la région." Il propose que l'Europe fasse davantage pour résoudre le conflit du Haut-Karabakh.

De son côté, Milan Cabrnoch, outre la résolution des conflits, a souligné l'importance de la "sécurité énergétique, du soutien à la démocratie, de la sauvegarde des droits de l'homme et de la liberté de la presse."

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L'Union européenne doit suivre une stratégie pour la stabilité, la prospérité et la résolution des conflits dans le Sud-Caucase, ont insisté les députés dans un projet de résolution adopté jeudi par la Commission des Affaires étrangères, communique le site officiel du Parlement européen.

La mise en œuvre du Partenariat oriental, qui couvre les trois républiques du Sud-Caucase, et l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne offre à l'UE une occasion de concevoir une stratégie globale pour la région, indique le rapport rédigé par le bulgare Evgueni Kirilov. L'Europe devra faire face, cependant, à une situation géopolitique complexe dans une région marquée par les conflits du Haut-Karabakh, de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, ainsi que par les tensions entre l'Arménie et la Turquie.

Bien que l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie soient des partenaires de l'UE, dans la politique de Voisinage depuis 2004, une stratégie régionale globale fait toujours défaut pour la région. Les députés avaient déjà souligné la nécessité d'une telle stratégie, en 2006, quand ils ont recommandé un pacte de stabilité de l'UE pour le Sud-Caucase, avec la participation de l'Union européenne (ainsi que celle de la Turquie comme candidat à l'adhésion), de la Russie, des Etats-Unis et de l'ONU (le Quartet).

Les députés souhaitent que la stratégie de l'UE pour cette région se concentre sur trois domaines : - la résolution des conflits, - la promotion de la démocratie avec ses corolaires sur les droits de l'homme et la primauté du Droit, - et la coopération économique associée à un développement social.

La situation actuelle de conflit dans la région n'est ni acceptable ni viable, relève la résolution, qui exprime la préoccupation devant les récentes augmentations des dépenses militaires et appellent au retrait des forces arméniennes de tous les territoires occupés de l'Azerbaïdjan. Les ‘conflits gelés' sont un obstacle au développement économique et social, mettent en garde les députés.

Ils demandent à Catherine Ashton, le Haut Représentant de l'UE pour les Affaires étrangères, de jouer un rôle actif dans la promotion pour la résolution des conflits de la région.

Enfin, reconnaissant l'importance de la région pour l'approvisionnement et la sécurité énergétique de l'UE, les députés apportent leur soutien pour un renforcement des relations UE-Sud-Caucase dans les projets de coopération énergétique, en particulier pour la concrétisation du gazoduc Nabucco.

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** Mise au point de l'Arménie **


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Le ministre des Affaires étrangères de l'Argentine, Jorge Taiana, est arrivé en Arménie pour une visite de travail. Ce matin, il a eu une réunion avec son homologue, Edouard Nalbandian, après quoi ils ont donné une conférence de presse conjointe.

Le ministre arménien a réfuté les informations des médias turcs concernant un nouveau document négocié entre l'Arménie et la Turquie : "L'information est fausse et ne vaut pas la peine d'être commentée."

Interrogé sur la résolution sur le Sud-Caucase adoptée par le Parlement européen hier, Edouard Nalbandian a déclaré : "Tout d'abord, je tiens à exprimer notre respect pour le Parlement européen. Toutefois, les points sur la question du Karabakh, dont le document fait référence, ne sont pas en conformité avec les Principes de Madrid, la Déclaration de L'Aquila (G8) ou la Déclaration de Moscou."

"Il y a une confusion évidente ici, et l'une des raisons est que l'auteur du rapport n'a jamais été au Haut-Karabakh et n'a même pas consulté le député européen représentant la France, Bernard Fassier, et qui est également le coprésident du Groupe de Minsk de l'OSCE. C'est pourquoi certains points sont en contradiction avec la position même de l'Union européenne. L'UE a exprimé sa position dans une déclaration publiée en Décembre 2009, qui est pleinement conforme à la position arménienne," a précisé le ministre des Affaires étrangères de l'Arménie.

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** Ban Ki-moon fait des vœux **


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Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a déclaré mercredi que les relations positives entre la Turquie et l'Arménie sont dans l'intérêt de la région et apporteront la stabilité.

Commentant les récents développements des relations entre ces deux pays, le Secrétaire général a déclaré que les protocoles, qui visent à renforcer les relations, sont une ‘étape importante' dans les relations.

Ban Ki-moon a indiqué qu'il connaissait le vieux différend historique entre les deux pays, mais que : "des relations positives et harmonisées entre la Turquie et l'Arménie, deux pays importants de la même région, seraient extrêmement importantes tant pour la stabilité et la paix dans la région ainsi que pour la coopération des deux peuples."

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** La Turquie joue la diplomatie **


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Le président du groupe d'amitié parlementaire Turquie-Etats-Unis, et Vice-président des relations extérieures de l'AKP (Parti de la Justice et du Développement), Suat Kiniklioglu, a indiqué mercredi que : "La Turquie et l'Arménie ont convenu de garder le silence pendant un certain temps et faire le point sur ce qui était sur la table" ; rapportent les médias turcs.

S'exprimant lors d'un débat d'un groupe de réflexion à Washington, Kiniklioglu a déclaré : "il y a quelque chose de nouveau sur la table. Je ne peux pas entrer dans les détails mais il y a une excellente proposition sur les relations Turquie-Arménie et c'est aux Arméniens d'accepter ou de la rejeter."

"Nous sommes très près de la normalisation des relations Turquie-Arménie. Je suis pour la normalisation de nos relations avec l'Arménie. La normalisation se fera avec la volonté politique des Turcs et des Arméniens," a-t-il souligné.

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"Il s'agit d'une autre fiction de la partie turque," a déclaré le représentant du Parti républicain d'Arménie, le député Rafic Pétrossian ; rapporte ‘Radiolour'.

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Extraits de la Radio Publique d'Arménie et du Parlement européen.