Conflit du Karabakh : Des analystes russes s'expriment

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Les principes de bases, proposés pour la première fois à Madrid le 29 Novembre 2007 par les médiateurs du groupe de Minsk de l'OSCE, repris dans l'Acte final d'Helsinki en Décembre 2008, puis à plusieurs reprises par les trois pays coprésidents le groupe de Minsk (Etats-Unis, Russie et France), en marge de réunions plénières du G8 ou ministérielles de l'OSCE, reposent sur trois principes fondamentaux :

- Le non-usage de la force ou de sa menace,

- L'intégrité territoriale,

- L'égalité de droits des peuples et d'autodétermination

Pour l'Azerbaïdjan, le plus important est le second. Le premier n'étant pas contraignant, aussi il n'en a pas cure. Quant au troisième, il ne veut pas en entendre parler, le Haut-Karabakh étant une partie intégrante du pays et donc non cessible. Pour Bakou, la seule chose négociable est le niveau d'autonomie du district ‘Haut-Karabakh'.

Pour l'Arménie, le plus important est celui dont Bakou ne veut pas, c'est-à-dire le troisième. Le premier principe est accepté et appliqué. Quant au second, il ne peut porter que sur les sept districts entourant le Haut-Karabakh dite ‘zone de sécurité', vue que la région autonome du Haut-Karabakh s'est détaché de la RSS d'Azerbaïdjan en 1990 conformément à la loi soviétique en vigueur et donc qu'elle n'a jamais fait partie de la république (indépendante) d'Azerbaïdjan créée en Aout 1991. Aussi, pour Erevan, les seules choses négociables ce sont les districts entourant le Haut-Karabakh.

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** Alexeï Vlassov **


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Les derniers développements dans le Sud-Caucase, en particulier dans la zone du Haut-Karabakh ont donné lieu à différents prévisions et commentaires. Avec les menaces fréquentes de guerre et les chantages de l'Azerbaïdjan ainsi que le gel du processus de normalisation des relations turco-arméniennes, la situation devient de plus en plus tendue. Le Vice-Doyen de la chaire d'histoire de l'Université de Moscou, M. Alexeï Vlassov commente cette situation à PanARMENIAN.Net.

Comment les médias peuvent-ils influencer le processus de règlement du conflit du Haut-Karabakh ?

Dans ces circonstances, un terrain d'entente peut être trouvé grâce à des communications Internet, permettant ainsi un certain rapprochement voire une certaine confiance entre les sociétés arméniennes et azerbaïdjanaises. Chaque partie arrivera certainement à ses propres fins, mais la tâche principale n'est pas d'inciter à de nouveaux différends. PanARMENIAN.Net et l'Agence de presse azerbaïdjanais Trend sont des portails qui observent cette règle. Ces plates-formes impartiales peuvent aider les parties à parvenir à un compromis.

Comment le dialogue public peut-il être développé, avec des attitudes anti-arménienne et anti-azerbaïdjanais persistantes ?

Le nationalisme se développe non seulement en Arménie ou en Azerbaïdjan, mais également en Europe orientale. Pour être plus précis, il s'agit d'un processus général. Les gens devraient apprendre à faire valoir leurs intérêts sans imaginer son prochain comme son ennemi. La diplomatie publique peut aider à guérir la haine entre les Arméniens et les Azéris. Les étapes vers la réconciliation peuvent être prises en compte par la communauté Internet. Le jour où la jeunesse arménienne et azerbaïdjanaise pourra tenir un forum en ligne en évitant les accusations mutuelles, une véritable percée sera enregistrée dans le processus du Karabakh.

Des réunions entre les représentants de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan ont eu lieu dans des pays tiers. Quelle a été leur efficacité ?

Ces réunions semblent vaines. Je pense que les Azerbaïdjanais devraient venir en Arménie et vis et versa. Actuellement, nous travaillons à un projet prévoyant des visites mutuelles.

Quel est votre avis sur la dernière réunion présidentielle à Saint-Pétersbourg ?

À mon avis, les déclarations Ilham Aliev visaient l'Arménie, et non les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, qui manquent souvent de coopération. Cette médiation n'a produit aucun résultat depuis 15 ans. Les parties doivent assumer une position claire sur les principes de Madrid, avec l'aide des médiateurs. Dans le même temps, Washington traverse un moment difficile, suite au gel du processus arméno-turque ; il fait une pause.

Les médias azéris rapportent en permanence des déclarations belliqueuses faites par les dirigeants du pays ...

Il y a un proverbe qui dit : "Un compromis maigre vaut mieux qu'un procès gras". Les politiciens font souvent des déclarations abruptes, mais cela ne signifie pas qu'ils sont prêts à mettre en œuvre des mesures extrêmes. La politique au Sud-Caucase ressemble à un jeu de poker : Les joueurs se guettent et testent les forces de l'adversaire.

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** Alan Kassaiev **


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Le problème du Haut-Karabakh est à nouveau devenu un sujet de débats passionnés entre les politiciens et les experts. La dernière déclaration des Présidents des pays coprésident le groupe de Minsk de l'OSCE a déclenché une série d'opinions et de commentaires. C'est le cas d'Alan Kassaiev, Chef du Département CEI - États baltes, de RIA Novosti, interviewé par PanARMENIAN.Net.

Quel est votre avis sur l'état actuel du processus du Karabakh ?

Les principes de Madrid sont discutés depuis un an et demi déjà, mais la dernière réunion présidentielle à Saint-Pétersbourg a provoqué de graves tensions. Néanmoins, je pense que le processus de négociation s'inscrit le cadre des relations régionales, avec une Turquie qui devient de plus en plus isolée et un Iran qui élabore une politique choisie envers l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Dans ces circonstances, les parties en conflit ont peu de chances d'enregistrer des progrès.

L'Azerbaïdjan continue de parler des Principes de Madrid révisés, et l'Arménie répond qu'ils n'existent pas. Quelle peut être la raison de cette contradiction ?

En fait, certains mots ou phrases ont été modifiés dans le document révisé. Cependant, il n'y a pas de changements fondamentaux.

Pour l'Arménie, le statut du Haut Karabakh est une priorité alors que l'Azerbaïdjan insiste sur son intégrité territoriale. Quelle peut être l'efficacité des pourparlers ?

Les pourparlers devront se poursuivre, de toute façon, comme l'un des principes fondamentaux des relations internationales depuis l'époque romaine. Bien que sans résultats évidents, les parties sont disposées à négocier. Nous devons également garder à l'esprit que l'Azerbaïdjan est en attente d'élections législatives, ce qui peut entraver le processus du Karabakh. Je pense que les choses peuvent bouger après les élections du 6 Novembre prochain. La Turquie peut également intensifier son activité, compte-tenu de son aspiration à prendre les devants dans le monde islamique. En outre, le parti au pouvoir (AKP) devra maintenir ses positions jusqu'aux élections parlementaires de 2011.

Les deux processus arméno-turc et arméno-azerbaidjanais sont-ils interdépendants ?

Ces processus sont liés entre eux de toute façon. Le principe de ‘deux pays, une nation' fonctionne vraiment. L'Azerbaïdjan veut que le rapprochement turco-arménien progresse parallèlement au règlement du conflit Karabakh.

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PanArmenian – Département Interviews