Haut-Karabakh : Préparations à la rencontre tripartite de Sotchi

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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

Bis repetita. On prend les mêmes, personnes et arguments, et on continue. Si changements il y a, ils viendront de l'extérieur.

La situation change rapidement dans le Sud méditerranéen. Si la contagion atteint l'Est de la Méditerranée, à savoir le Proche-Orient, voire le Moyen-Orient, cela impactera indubitablement les approvisionnements énergétiques et le transit des hydrocarbures à travers les pays transcaucasiens atteindra un niveau stratégique inégalé.

Les grandes puissances occuperont très sérieusement le terrain (politique), et la guerre rêvée par Ilham Aliev ne pourra jamais avoir lieu.

Mais est-ce que pour autant le différend arméno-azéri sera réglé ?

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* Côté Etats-Unis *


Philip Gordon
Le Secrétaire d'Etat adjoint des Etats-Unis pour l'Europe et l'Eurasie, Phillip Gordon, n'est pas d'accord que la Russie, en initiant une rencontre entre les présidents arménien et azerbaïdjanais, prenne progressivement le ‘contrôle' du processus du règlement du conflit du Haut-Karabakh.

Il a déclaré que malgré que le conflit du Karabakh soit considéré comme étant gelé, les violations du cessez sont souvent enregistrés sur la ligne de contact. En raison de calculs erronés, le conflit peut cesser d'être gelé, et un tel scénario doit être évité.

Selon lui, les Etats-Unis pensent que le Groupe de Minsk de l'OSCE fait du bon travail et exerce d'énormes efforts pour surmonter les divergences entre les parties en conflit. Pour le diplomate, le problème n'est pas dans l'activité du Groupe de Minsk de l'OSCE. "S'ils pensaient qu'il y a un autre format, ils seraient prêts à en discuter", a déclaré Gordon.

Pour Gordon, les coprésidents croient en la réussite de leur mission, car ils agissent sous l'angle de la sauvegarde des intérêts communs. "Et ces intérêts sont nécessaires pour la sécurité globale en Europe."

Gordon indique que la Russie étant géographiquement plus proches des parties en conflit, elle lui est plus facile d'organiser une réunion à Sotchi, Moscou, Saint-Pétersbourg ou Astrakhan, qu'à Washington, très éloigné.

"Toutefois, la Russie agit dans la transparence et informe les États-Unis et la France des détails de toutes les réunions," a-t-il déclaré lors du Forum mondial de la sécurité GLOBSEC 2011, à Bratislava.

"Concernant les protocoles arméno-turcs, les Etats-Unis ne sont pas d'accord avec la Turquie pour qu'elle subordonne la ratification des accords aux progrès réalisés dans le processus de paix du Karabakh. Les Etats-Unis considèrent que les relations entre l'Arménie et la Turquie ne doivent pas être liées à d'autres problèmes. Les Etats-Unis réitèrent leur position et considèrent que les parties doivent faire progresser et ratifier les Protocoles," a souligné Gordon.

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* Côté Azerbaïdjan *


sniper_medium
Encore une fois, l'Azerbaïdjan est resté fidèle à lui-même, violant le cessez-le-feu pendant plusieurs heures avant la rencontre présidentielle Arménie-Azerbaïdjan-Russie à Sotchi. La provocation a entraîné la mort d'un militaire arménien Grégoire Shakhkian, âgé de 20 ans, au Nord-est de la ligne de contact, sur les hauteurs de Chaylu.

C'est le deuxième incident de frontière en deux jours, provoqué par les soldats azéris. Le 3 Mars, c'était le soldat Hovannès Avdalian qui a été blessé.

Bakou semble vouloir poursuivre la tradition qu'il a établi, mettant en scène des provocations sur la ligne de contact avant ou après chaque réunion présidentielle. On se souvient de l'incident majeur sur la ligne de contact enregistré immédiatement après la réunion trilatérale des présidents arménien, azéri et russe, le 18 Juin dernier, où cinq soldats arméniens avaient trouvé la mort.

Apparemment, les médiateurs, les grandes puissances et même la communauté internationale, n'arrivent pas à raisonner l'Azerbaïdjan. Qu'est-ce que Bakou tente d'atteindre par ces provocations ? Medvedev pourrait peut-être poser la question à Aliev à la réunion de Sotchi, ce 5 Mars.

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* Côté Russie *


Vadim-Gustov_maxi
"Au cours des 3 dernières années, l'Arménie et l'Azerbaïdjan ont augmenté leur puissance militaire. La prolongation du processus de négociation empêche une grave détérioration de la situation au Karabakh," a déclaré le Président de la Commission du Conseil de la Fédération pour les Affaires de la CEI.

Insistant sur le rôle de la Russie dans le règlement du conflit du Karabakh, Vadim Gustov a noté que "dans ses relations avec Bakou, Moscou risque de ses préférences énergétiques."

"La Russie vend des armes à l'Azerbaïdjan, en échange, Bakou lui permet d'utiliser la station de radars Gabalin comme une alternative au projet ABM des Etats-Unis en République tchèque et en Pologne".

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"L'objectif des négociations du 5 Mars est de créer une atmosphère propice à un dialogue. Ces réunions sont essentielles si nous voulons éviter une guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, a déclaré le chef du département du Sud-Caucase à l'Institut des Etats de la CEI.

Selon Felix Stanevsky, les pays ont des scénarios différents pour résoudre le différend territorial. "Sarkissian insiste sur un référendum au Haut-Karabakh, ce qui n'est guère surprenant, compte tenu que 94% de la population est arménienne. Aliev, dont le pays est capable de soutenir la région subventionnée, insiste sur des négociations qui n'ont pas progressé en 17 ans. L'implication de la Russie dans le processus de négociation est essentielle. Les parties ne veulent pas de compromis. Ce qui est naturel, car la majorité des politiciens arméniens actuels se sont battus pour le Karabakh en 1989-1994, ce qui en fait une question personnelle pour eux."

L'expert pense que le conflit sera inévitable si les négociations ne progressent pas. Le succès de la révolution arabe peut déclencher certains progrès.

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* Côté Arménie *


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Le Directeur de la Fondation d'Etudes Scientifiques Noravank, Gagik Haroutiounian, ne s'attend pas à une quelconque déclaration à l'issue de la réunion de Sotchi.

"Si les parties parviennent à s'entendre sur les mesures de confiance et sur le retrait des tireurs d'élite de la ligne de front, ce sera déjà un pas en avant."

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Le Directeur de l'Institut du Caucase, Alexander Iskandarian, a déclaré : "Au cours de la prochaine réunion à Sotchi les présidents arménien et russe tenteront d'obtenir au minimum, la signature par le président Ilham Aliev d'un document de non-agression. Mais je ne vois pas de raisons pour lesquelles, Aliev accepterait cette proposition. Si les hostilités n'ont pas été encore déclenchées au Karabakh c'est seulement en raison de l'absence d'un désir semblable en Arménie, au Haut-Karabakh et en Azerbaïdjan.

Selon Iskandarian, la partie russe tente actuellement de maintenir le processus actuel, et les deux autres coprésidents du Groupe de Minsk, Les Etats-Unis et la France, ont donné carte blanche à Moscou pour ce faire.

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Extraits de la Radio Publique d'Arménie et de PanArmenian.net