24 Avril 2016




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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

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Commentaires

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Comme il fallait s’y attendre, le 101ème anniversaire du génocide des Arméniens n’avait rien de commun avec celui du centenaire, tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Mon but n’est pas de faire des comparatifs entre les différentes communautés de la diaspora, pas plus que je ne rentrerai dans des statistiques chiffrés ; mais relever les événements marquants.

Les Etats-Unis selon leur bonne habitude, ont suivi scrupuleusement les directives données par la Turquie, évitant soigneusement d’employer le mot qui fâche. L’hypersensibilité d’Ankara était si forte, que même le terme «Medz Yeghern» a donné lieu à une mise au point de la part du ministère des Affaires étrangères turc. (Voir la manif de Los Angeles)

La France, si elle reconnaît officiellement le génocide des Arméniens depuis Janvier 2001, si elle a mis les petits plats dans les grands à l’occasion du centenaire, s’est montré très timide pour ne pas dire effacée un an plus tard. Le 24 Avril 2015, en présence de la Maire de Paris, c’est le chef du gouvernement qui avait pris la parole, vu que le chef de l’Etat se trouvait en Arménie. Un an plus tard, grandeur et décadence, c’est le secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes qui a pris la parole en présence d’un adjoint de la Maire de Paris. Et surtout pas un mot concernant la loi de pénalisation du déni de génocide, laquelle est devenue le serpent de mer du gouvernement français. (Voir les manifestations en France)

Et pour faire bonne mesure, le troisième couteau s’est rendu à Erevan le lendemain pour rencontrer le président Sarkissian et déposer une gerbe au mémorial de Dzidzernagapert ; puis de là à Bakou, comme son Président l’an dernier, pour garder l’équilibre entre les parties en conflit. Si à Erevan il a insisté sur le droit à l’autodétermination des peuples, à Bakou c’est plutôt sur l’intégrité territoriale. Mais surtout pas de vagues.

On remarque que Lavrov ou Poutine n’ont jamais fait les deux capitales dans la foulée, quant à  Obama, il n’a jamais mis les pieds au Caucase. Chaque pays coprésident du groupe de Minsk poursuit ses propres intérêts.

La Turquie, qui est en pourparlers avec l’UE sur divers sujets d’actualités, et plus particulièrement de la libération des visas pour ses citoyens et l’avancement de son dossier d’adhésion, a eu beau jeu de présenter un visage démocratique et respectueux des droits de l’homme. Erdoğan, en bon humaniste qu’il est, ne pouvait pas faire moins que de présenter ses condoléances aux descendants des personnes tuées et des exilés ; Et de permettre les manifestions du 24 Avril. (Voir la vidéo et les photos de la manif)

Ses larmes de crocodile, si elles ont donné le change à certains européens, ont laissé de marbre tous les Arméniens, sauf peut-être le député de l’AKP Markar Essayan. La politique menée par le sultan turc - pas encore rouge mais ça ne serait tarder, contre les minorités, essentiellement arméniennes et kurdes, se traduit par des confiscations de biens religieux et laïques pour la première, et un chapelet de procès quand ce n’est pas une élimination physique pour la seconde.

Quant aux Arméniens, Recep Tayyip se venge des activités de la diaspora à son égard en verrouillant les relations avec Erevan. Ne pouvant lui-même ferrailler directement avec l’Arménie, il utilise pleinement son vassal azéri pour la combattre. Le conflit du Karabakh est une opportunité qui le sert à merveille. Et si l’on ajoute à cela son contentieux avec Moscou, qui se trouve être l’allié militaire de son ennemi héréditaire, c’est un boulevard majestueux dans lequel il s’est engouffré à pieds joints.

Reste l’Arménie, qui espère de son allié russe un peu moins de phraséologie et un peu plus de retenue dans ses activités commerciales avec Bakou. Tout comme des pays coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE, Erevan espère un peu moins de déclarations lénifiantes et un peu plus de courage politique.

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Avant de terminer, je vous engage à lire la déclaration du député Jean-Luc Reitzer, vice-président du groupe d'amitié France-Azerbaïdjan. Aucuns appels au respect du cessez-le-feu ou à la reprise des négociations. C'est un copier-coller des déclarations faites par les officiels azéris depuis plusieurs semaines

A l’occasion, regardez également la composition du groupe d'amitié France-Azerbaïdjan, vous aurez des surprises …]
 

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Traductions – revue de presse

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Arménie

Extraits du discours du président Serge Sarkissian du 24 Avril.

«Chers Compatriotes,

Aujourd'hui, nous commémorons la mémoire sacrée des victimes du génocide arménien. Plus d'une centaine d’années s’est écoulée depuis le Medz Yeghern. Qu'est ce qui a changé? Tout d'abord, nous avons changé. Nous renaissons en tant que nation et en tant qu'Etat. Nous avons prouvé à nous-mêmes et au monde que les plans génocidaires des Turcs avaient échoué. Notre lutte pour la justice se poursuit encore. Ce qui n'a pas changé? La politique de négation de la Turquie officielle, tout comme sa position hostile à l'égard de tout ce qui est arménien. Ceci est tout simplement la continuation directe du crime jusqu’à notre époque. La société turque a partiellement changé. Aujourd'hui, elle


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Allemagne

L’Arménie commémore le 101ème anniversaire depuis la Grande Catastrophe, l'Allemagne n’est toujours pas sûre que «génocide» soit officiellement le mot juste. Un débat début Juin est prévu au Bundestag ce qui pourrait compliquer les relations avec la Turquie.

Si un plan est accepté par le pouvoir chrétiens-démocrates (CDU) et le parti frère bavarois, l'Union chrétienne-sociale, l'Allemagne pourrait aussi bientôt le faire. Ou à tout le moins discuter de le faire - une fois de plus.

La décision prise par la coalition gouvernementale, qui comprend les sociaux-démocrates, a été contrainte lorsque l'opposition - Les Verts, ont présenté une résolution en Février pour qualifier le massacre, la déportation et la famine de près de 1,5 million d'Arméniens durant les derniers jours de l'Empire ottoman comme étant un "génocide."

C’était un bon timing pour la chancelière Angela Merkel et ses homologues de l'UE avant le Sommet crucial de Mars pour sceller un accord controversé avec la Turquie sur les réfugiés et les expulsions.

Le Bundestag va probablement reprendre le débat le 2 Juin - juste avant les vacances parlementaires d'été - selon un accord conclu en Avril entre les Verts et le gouvernement.

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Turquie

Le président Recep Tayyip Erdoğan a publié une déclaration pour marquer la commémoration annuelle des Arméniens morts en 1915, présentant ses condoléances aux enfants et aux petits-enfants des Arméniens ottomans qui sont décédés durant cette période.

«Je me réjouis de cette commémoration qui aura lieu une nouvelle fois en Turquie, l'endroit le plus significatif pour partager la douleur subie par les Arméniens ottomans, ainsi que pour honorer leur mémoire.

Nous ne renoncerons jamais à


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Azerbaïdjan

«La France est prête à soutenir l'UE et l'Azerbaïdjan pour parvenir à un accord, » a déclaré à Bakou le 26 avril le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Harlem Désir ;  et d’ajouter :

«La coopération entre la France et l'Azerbaïdjan se trouve à un niveau très élevé. Les liens économiques entre les deux pays se développent avec succès.

La France et l'Azerbaïdjan coopèrent également dans les domaines de l'énergie, des transports et de l'agriculture.

Nos deux pays envisagent de développer la coopération dans les domaines de l'agriculture et de l'éducation.»

 

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de News.az, de Zamanfrance et de Hurriyet