Azerbaïdjan : Attaque sournoise



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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

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Commentaires

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Lorsqu’on voit les « dérapages » se succéder à un rythme de plus en plus rapide, on peut honnêtement se demander à partir de quel niveau d’intensité, c'est-à-dire de victimes, les pays coprésidents du groupe de Minsk comptent-ils mettre le holà ?

En paraphrasant le célèbre propos du général de Gaulle, je serais tenté de dire : «Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en déclarant négociations de paix, normes internationales, principes d’Helsinki, …  mais cela n'aboutit à rien et cela ne signifie rien pour certains».

Se contenter de dire ce qu’il faut faire ou ne pas faire, ne semble hélas pas avoir un quelconque effet sur le potentat azéri. Quand de surcroît certains pays, dont des pays coprésidents, vendent directement des armes de plus en plus sophistiqués à un état qui rêve ouvertement de détruire son voisin, il ne faut pas s’étonner que la situation à la ligne de contact s’aggrave. Le dictateur Aliev a hâte d’en découdre avec les Karabakhriotes, et pour ce faire tous les moyens sont bons, à commencer par des provocations permanentes et de plus en plus graves à la ligne de contact avec le Haut-Karabakh. Et comme cela ne suffit pas, il se paie le luxe de faire de même avec l’état voisin : l’Arménie. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin, car après tout c’est Arménie qui est à la table des négociations, donc il est nécessaire de faire pression sur elle.

Pour le potentat azéri, le conflit du Haut-Karabakh est une affaire de politique intérieure - une région azerbaïdjanaise qui est en dissidence avec le pouvoir central, et donc c’est à Bakou de régler le problème, les pays étrangers qui mettent leur grain de sel s’immiscent en fait dans les Affaires intérieurs d’un état souverain. Et «exit» la réflexion du ministre russe Vladimir Lavrov sur le sujet. D’ailleurs tout bien réfléchi, plus de la moitié de l’Arménie est en fait une terre azerbaïdjanaise selon les historiens azéris !

La mollesse des pays coprésidents ajoutée à la neutralité générique de la communauté internationale, Turquie mise à part, ne fait que renforcer le sentiment d’impunité du maître de Bakou. Son pétrole et surtout son gaz restent encore ses atouts principaux envers les Occidentaux.

Les marges de manœuvre sont très étroites pour Erevan face à l’intransigeance extrême de la partie adverse. Les médiateurs arrivent tout juste à maintenir le dialogue entre les parties et à éviter que le dictateur déclenche une nouvelle guerre. Ne nous y trompons pas, l’arsenal militaire amassé depuis des années à coup de milliards, servira tôt ou tard.

Tant qu’on laissera la bride sur le coup au «grand démocrate» et qu’on lui déroulera le tapis rouge, le nombre de victimes de part et d’autre ne fera qu’augmenter.



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Traductions – revue de presse

Extrait de Radiolour, et de PanArmenian

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Artsakh

«L'Azerbaïdjan est depuis longtemps connu pour son soutien aux groupes terroristes. C'est un fait bien connu pour tous, en particulier les services spéciaux des pays, qui s'occupent immédiatement de l'État islamique et de la menace du terrorisme", a déclaré le porte-parole du président de l’Artsakh, David Babayan.

Ces commentaires viennent après le rapport du journal bulgare Trud, révélant qu'au moins 350 vols diplomatiques de la compagnie Silk Way Airlines (compagnie d'Etat azerbaïdjanaise) ont transporté des armes au cours des 3 dernières années.


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OSCE

Les coprésidents du Groupe Minsk de l'OSCE – Les Ambassadeurs Igor Popov de la Fédération de Russie, Stephane Visconti de la France et  Richard Hoagland des États-Unis - ont reçu des informations sur les violences renouvelées dasn la nuit du 4 juillet au village d'Alkhanli dans la région de Fizuli. Violences qui ont entraîné des pertes, y compris des civils.

Les coprésidents du groupe de Minsk ont demandé aux parties de cesser d'urgence leurs actions militaires. La violence engendre plus de violence et n'aboutit à rien. La seule manière responsable et humaine de résoudre ce conflit de longue date est que les parties reviennent de bonne foi à la table de négociation.

Les coprésidents ont adressé leurs condoléances aux familles des victimes.

L'Armée de la Défense de l'Artsakh avait publié plus tôt les mesures de rétorsion en réponse aux bombardements azerbaïdjanais.

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Arménie

"Bakou doit mettre en œuvre les accords conclus à Vienne et à Saint-Pétersbourg. Pour éviter d'autres provocations et des pertes azerbaïdjanaises, Bakou doit accepter de mettre en œuvre ces accords", a déclaré le porte-parole du ministère arménien des Affaires étrangères Tigran Balayan.

Ces accords prévoient notamment d'augmenter le nombre d’observateurs dans la zone de conflit et de respecter le cessez-le-feu le long de la ligne de contact.


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Russie

«La Russie exige que les autorités azerbaïdjanaises cessent de discriminer les citoyens russes avec des noms arméniens arrivant dans le pays.

Nous affirmons que les citoyens russes arrivant en Azerbaïdjan sont effectivement soumis à une discrimination fondée sur l'appartenance ethnique", a déclaré mercredi le ministère russe des Affaires étrangères.


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Etats-Unis

"Les États-Unis restent profondément préoccupés par les violations de mardi du cessez-le-feu dans le conflit du Haut-Karabakh qui ont entraîné de multiples pertes civiles, ainsi que le décès d’un enfant de deux ans", a déclaré la porte-parole du département d'État, Heather Nauert ; et de poursuivre :

"Cela s'est produit près de la ligne de contact. Nous souhaitons adresser nos plus sincères condoléances aux familles de ces victimes. Avec les coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE, nous appelons les parties à cesser leurs actions militaires et à revenir à la table des négociations.

Notre politique reste claire dans cette région : la seule solution à ce conflit est un règlement négocié basé sur le droit international qui comprend le respect des principes de non-utilisation de la force, de l'intégrité territoriale et de l'autodétermination".

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APCE

Les co-rapporteurs pour le suivi de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe ont exprimé leur inquiétude face à l'escalade de la violence près du village d'Alkhani dans la région de Fuzili et regretté que cela ait entraîné des pertes de civils, et notamment un enfant de deux ans.

Alan Meale (Royaume-Uni, SOC) et Giuseppe Galati (Italie, PPE / DC), co-rapporteurs pour l'Arménie, ainsi que Stefan Schennach (Autriche, SOC) et Cezar Preda (Roumanie, PPE/DC), co-rapporteurs pour l’Azerbaïdjan, ont appelé toutes les parties à respecter le cessez-le-feu en place et à revenir à la table de négociation sous les auspices du Groupe Minsk de l'OSCE. Ils ont souligné qu'il ne pouvait y avoir aucune solution militaire à ce conflit et rappelé aux deux pays leur engagement à résoudre leurs différends de manière pacifique.

Les co-rapporteurs ont adressé leurs sincères condoléances aux familles de toutes les victimes.

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ONU

«L'ONU est de plus en plus préoccupée par la détérioration de l'environnement de sécurité, et notamment par les violations les plus récentes du cessez-le-feu, le long de la ligne de contact et dans la zone de conflit du Haut-Karabakh", a déclaré le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU Stéphane Dujarric ; et de poursuivre :

"Nous avons pris note et faisons écho à la déclaration récente des coprésidents en ce qui concerne la violence renouvelée le 4 juillet au village d'Alkhanli, dans la région de Fizuli, qui a entraîné des pertes, y compris parmi les civils.

Nous appelons les parties de s'abstenir de toute action militaire et les exhortons vivement à prendre des mesures immédiates pour désamorcer les tensions et prévenir toute nouvelle violence. Un retour rapide à la table des négociations, de bonne foi, est le seul moyen de résoudre ce conflit de longue date et dangereux".






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Extrait de Radiolour, et de PanArmenian