"Les Turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil. Le Karabakh n'est plus qu'un sombre écueil."

 


 

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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

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Commentaires

 

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Pardon Monsieur V. Hugo pour cet emprunt, votre poème 191ans après, est toujours d’actualité. Le Turc reste le Turc qu’il s’appelle Erdoğan ou Aliev, sa sauvagerie n’a pas changé.

 


Un accord pour la cessation des hostilités n’est pas un accord de paix. Il permet aux Arméniens du Karabakh de souffler, mais à quel prix !


Une chose est sûre : A l’inverse des trois accords de cessez-le-feu précédents – 10, 17 et 25 octobre, les attaques turco-azéries ont réellement cessé à compter du 9 Novembre au soir. Non parce que les Turcs respectent leur engagement mais parce que des soldats russes se déploient sur la ligne de contact et, qu’abattre des militaires ou du matériel russe est très fortement déconseillé même quand on s’appelle Erdoğan. Est-ce que pour autant les dissensions ont pris fin ? Certainement pas. Dans la situation actuelle personne n’est satisfait. 

L’Azerbaïdjan, même s’il a ou va récupérer les sept districts en plus d’un gros morceau du Haut-Karabakh, n’a pas atteint son objectif final – le retour de l’intégralité de ses territoires, ceux de 1988, cadeau de Staline comme chacun le sait.

 

La Turquie malgré tout le mal qu’elle s’est donnée, en matériel, armement, instructeurs militaires et fourniture de chair à canon (Djihadistes) n’a pu faire plier totalement les Arméniens. De plus, Poutine ne lui a pas donné accès aux premières loges, c'est-à-dire au sein des soldats de la paix, tout au plus un centre commun de surveillance du cessez-le-feu. Seule lot de consolation, Erdoğan, par Aliev interposé, a réussi à arracher la création d’une voie de communication – et non un couloir comme à Latchine, entre le Nakhitchevan et l’Azerbaïdjan, passage qui sera toutefois sécurisé par les Russes.

 

La Russie, c’est la grande gagnante. En coupant le robinet d’approvisionnement aux combattants arméniens, elle a permis aux troupes turco-azéries d’avoir le dessus sans pour autant leur permettre de chasser les Arméniens du Haut-Karabakh. Non seulement elle conforte ses positions en Arménie avec le gonflement de la base de Gumri et des militaires de la paix qui vont aller et venir du Karabakh, mais elle met également le pied en Azerbaïdjan – qui refusait sa présence sur de nombreux points, et ce militairement, même si ce sont des soldats de la paix. Un petit point noir tout de même : la forte présence de la Turquie dans sa chasse gardée. En fait Poutine l'a bien voulu.

 

Comme il y a une grande gagnante, il y a une grande perdante – l’Arménie. Elle n’a pas pu garder ce qu’elle avait conquis de haute lutte en 1993-94 et a du se résoudre à signer un accord désastreux. A vouloir trop reculer pour mieux sauter, elle s’est trouvée acculée, le dos au mur. Le Premier ministre Pachinian n’a pas su (ou n’a pas pu ?) lâcher du lest (restituer des districts – zone tampon) au moment opportun comme lui avait proposé le ministre des Affaires étrangères Serguei Lavrov. Sa non clairvoyance associée à des prises de décisions personnelles ont amené l’Arménie là où elle se trouve. Il ne fait aucun doute que le ‘cavalier seul’ devra rendre des comptes à la nation

 


Ne nous faisons pas d’illusions, même si ce n’est qu’un cessez-le-feu, le dictateur azéri ne reviendra pas sur ce qu’il a conquis à coup de milliers de morts.

 

Il est triste à dire, mais il a fallu plus de 10.000 victimes pour que les pays coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE sortent de leur train-train habituel des communiqués génériques. Les espoirs de l’Arménie reposent essentiellement sur eux et la «pression» qu’ils mettront sur les uns et les autres résoudre équitablement le conflit.

 

 

 

 

 

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Traductions – revue de presse

 

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, et de News.am


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Artsakh

 


Le président de l'Artsakh
Arayik Haroutounian a pris la parole pour commenter l’Accord entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

 

«Les batailles se déroulaient à 2-3 kilomètres de Stepanakert. Si les hostilités s’étaient poursuivies, nous aurions perdu tout l'Artsakh. Les conséquences auraient été irréversibles pour les soldats qui se battaient héroïquement depuis 43 jours.

 

Pendant quelques jours, la partie arménienne avait réussi à se défendre contre les drones, mais au cours des deux derniers jours, l'ennemi a infligé de lourdes pertes aux troupes arméniennes en utilisant de nouveaux drones et de nouvelles technologies.

 

Pourquoi n'avons-nous pas réussi ? Parce que nous savions tous que notre armée avait des besoins, malgré tout cela, les troupes résistaient.

 

Nous ne combattions pas seulement l'Azerbaïdjan. Il est certain que non seulement des officiers turcs mais également du matériel militaire ont été impliqués dans les hostilités. Des militaires turcs, des terroristes et des mercenaires ont été utilisés contre nous.

 

()… Nous avions perdu le contrôle principal de Chouchi le 5 novembre, et complètement le 7 novembre. Nous ne voulions pas croire que nous perdions complètement la patrie, nous ne voulions pas croire qu'il était impossible de lutter avec le peu de ressources disponibles - humaines et militaires.

 

()… L'Artsakh, la nation arménienne, l'Arménie ont connu des jours très difficiles dans l'histoire, mais nous avons pu prendre de sages décisions, suivre le bon chemin, réussir. Et qui a dit que c'était la fin de tout cela ? C'est le début. Nous aurons l'occasion de prendre une décision plus sobre, pour cela nous avons besoin de solidarité, tout d'abord en Arménie, en Artsakh, parmi le peuple arménien.

 

La désunion et la panique ont été nos plus grands adversaires. Les problèmes nationaux sont encore à venir, notre vision ne s'est pas encore évanouie, au contraire, nous avons un rêve, nous avons une patrie rêvée, c'est pourquoi nous devons maintenir la solidarité, éviter des développements qui ne conviennent pas à la nation arménienne. Nous avons des occasions de prendre des décisions civilisées, de discuter. Tout ne fait que commencer, je ne veux pas ouvrir les crochets, nous n'avons pas perdu, nous devons réfléchir, réfléchir, repenser, évaluer et prendre des décisions», a conclu Haroutiounian.

 

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Russie

 


«La Russie et la Turquie ont signé un mémorandum sur la création d'un centre commun de surveillance du cessez-le-feu du Haut-Karabakh,» a annoncé mercredi le ministère russe de la Défense.

 

Le document a été signé à la suite de discussions entre le ministre russe de la Défense Sergei Shoigu et son homologue turc Hulusi Akar.

 

«Les accords conclus par les présidents de la Russie et de l'Azerbaïdjan et du Premier ministre arménien, ainsi que le déploiement de soldats de la paix russes dans la zone de conflit ont permis de mettre fin aux hostilités, de mettre fin aux effusions de sang et de poser les conditions d'un retour à une vie pacifique.

 

La présence de soldats de la paix russes garantira la stabilité dans la région en crise, arrêtera le flux de réfugiés et facilitera leur retour dans leurs lieux de résidence.

 

La décision de créer un centre de surveillance conjoint permettra d'exercer un contrôle sur le respect du cessez-le-feu par les parties et constituera une base solide pour régler le conflit de longue date», a souligné le ministre russe.

 

Le centre sera situé en Azerbaïdjan. Il recueillera, résumera et vérifiera les informations sur la mise en œuvre du cessez-le-feu par les parties et d'autres actions qui violent les accords conclus. Il est également chargé de documenter les violations via la supervision visuelle, les drones ainsi que d'évaluer les données provenant d'autres sources. Il examinera également toute plainte, problème ou problème concernant la violation des accords conclus.

 

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Turquie

 


Le président Recep Tayyip Erdoğan, a déclaré de son côté :

 

"Un protocole d’accord a été signé ce matin pour la création d’un centre turco-russe de surveillance et de contrôle du cessez-le-feu, situé sur les territoires libérés de l’Azerbaïdjan. Cela permettra de mettre officiellement fin à l’occupation de 28 ans du Haut-Karabakh et des territoires azerbaïdjanais. Le Haut-Karabakh redevient un pays de l’islam et reprend sa place sereine à l’ombre du croissant.

 

Nos deux pays s’élèveront main dans la main comme deux frères dans le processus de changement qui se produit dans notre région et dans le monde, et nous atteindrons nos objectifs ensemble. Nous serons désormais dans une coopération bien plus étroite et plus forte avec l’Azerbaïdjan, et allons construire ensemble un avenir conjoint. Contrairement aux meurtres commis par l’Arménie, dont les attaques contre les zones résidentielles ont tué beaucoup d’innocents pendant les derniers conflits, nous assurerons qu’aucun civil ne subisse de dommages.

 

Nous n’avons de préjugés, d’hostilités, de calculs sombres, implicites ou explicites, contre personne”, a-t-il affirmé. Et d’élargir ses actions :

 

«Nous sommes prêts à coopérer étroitement avec les puissances influentes dans la région, notamment la Russie, pour construire une nouvelle Syrie bâtie selon la volonté de son propre peuple.

 

Un accord reposant sur l’équité peut être rapidement envisageable en Méditerranée orientale si l’on renonce à se soumettre aux caprices de la partie grecque et chypriote grecque.

 

()… La Turquie est prête à faire ce qui lui incombe pour enraciner la paix, la sérénité, la sécurité et la prospérité dans la région. Nous voulons agir ensemble avec tous les pays de la région dont nous percevons le peuple comme nos frères, comme nos amis”, a conclu Erdoğan.

 

 

 

 

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, et de News.am