Arménie : Faire la paix, soit, mais à quel prix ?

 


 

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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

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Commentaires

 

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Comme annoncé précédemment, l’iceberg turco-azéri a quasiment fondue sous l’effet de la chaleur dégagée par les déclarations diverses et variées à l’occasion des commémorations du 109e anniversaire du génocide des Arméniens ; et a laissé entrevoir les desseins du
tandem turco-azéri.

 

Les duettistes Turcs, Ottomans-Azéris, ont réitéré les conditions pour la normalisation des relations avec l’Arménie, ajoutant quelques points supplémentaires à la liste précédente. Rappelons que le nombre de conditions n’est pas fixe, mais évolue avec les années. Le nettoyage ethnique de septembre 2023 a rebattu les cartes, le Haut-Karabakh a totalement disparu des pourparlers et ses habitants auront la nationalité azerbaidjanaise. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin, lorsqu’on a en face de soi un interlocuteur accommodant qui dit « oui » quasiment à tout.

 

Côté Turquie, Recep Tayyip Erdoğan maîtrise son négationnisme à la perfection. Les événements de 1915 n’ont rien à voir avec un génocide, mais sont les conséquences de la guerre russo-turque et les comportements factieux des dirigeants arméniens. D’ailleurs, il suffit de compulser les archives turques (qui ont été préalablement épurés) pour voir que le triumvirat Jeunes-Turcs (Enver, Talaat, Djemal) n’a pas commis tous les méfaits qu’on leur reproche. La proposition sur la création d’une commission mixte d’historiens est toujours sur la table.

 

En conclusion, selon le sultan ottoman, le Premier ministre Nigol Pachinian serait bien inspiré de ne plus écouter le chant des sirènes diasporiques (c’est déjà en bonne voie) et surtout de saisir la main tendue de la Turquie. D’ailleurs, pour faire plaisir à Ankara, n’a-t-il pas émis l’idée saugrenue - certes par personne interposée, de comptabiliser, en détaillant leur CV les victimes arméniennes de 1915 ? Sans préciser toutefois, jusqu’à quel niveau de détail il faut aller.

 

Et pourquoi ne pas profiter de l’occasion pour revoir les traités arméno-turcs et supprimer tout ce qui a trait aux réparations du génocide. La symbolique du Mont Ararat n’a plus raison d’être, pas plus que les revendications territoriales des six Vilayets arméniens. Le premier ministre arménien est non seulement un piètre politicien sur le plan extérieur, mais un ignare de l’histoire arménienne. Certes, il verrait ainsi le blocus se lever et la frontière s’ouvrir. Mais a-t-il conscience sur ce que fera la Turquie une fois tous les garde-fous tombés ? Un refus de signer un accord de paix avec Bakou, impliquerait de « gros ennuis » pour l’Arménie ; un Pachinian prévenu en vaut deux.

 

Côté Azerbaïdjan, Ilham Aliev a peaufiné son discours pendant des années, prenant conseil auprès de son mentor ottoman. Il a toujours considéré le groupe de Minsk de l’OSCE comme une entité incapable de résoudre le conflit avec l’Arménie – ce qui n’est pas tout à fait faux, pas plus d’ailleurs que les observateurs du Bureau de l’OSCE se déplaçant de part et autres de la frontière Arménie-Azerbaïdjan, Aliev se gardant bien de les autoriser à visiter les points sensibles. Il s’est surarmé grâce à ses pétrodollars et a inculqué à sa jeunesse dès le plus jeune âge, la haine de l’Arménien en s’appuyant sur les professeurs des écoles et une réécriture de l’histoire-géo de la région. Haine qui transparait dans le « parc des trophées » construit au lendemain de la guerre des 44 jours.

 

Profitant de la neutralité bienveillante de Vladimir Poutine, il a attaqué le Haut-Karabakh, en deux temps (septembre 2020 et 2023) tout en  grignotant petit à petit le territoire de l’Arménie. La naïveté politique de son ennemi n’ayant pas de limites, comme par exemple la reconnaissance que le Haut-Karabakh faisait partie de l’Azerbaïdjan, il a gonflé le nombre de ses exigences jusqu’à aller lui demander de revoir la constitution du pays et de supprimer toute référence à l’Artsakh des écrits officiels de l’Arménie, voire demander la suppression du drapeau artsakhiote sur les bâtiments. Bizarre qu’il n’ait rien dit des gens qui se sont fait tatouer des symboles artsakhiotes.

 

La menace d’une reprise de la guerre est toujours présente si Pachinian ne se conforme pas aux engagements de l’accord de paix tripartite du 9 nombre 2020. Bien évidemment en ne prenant que les points concernant l’Arménie et laissant de côté ceux de l’Azerbaïdjan.

 

Si l’on devait faire un bilan d’étapes depuis la guerre des 44 jours, l’Arménie n’a marqué aucun point, Bakou n’a rien cédé.

 

Si l’on devait distribuer des prix aux leaders régionaux sur leurs comportements, on trouverait sur le podium : - Premiers ex-æquo, Recep Tayyip Erdoğan et Ilham Aliev pour mensonge, tromperie, hypocrisie et révisionnisme ; - Puis Nigol Pachinian pour vision politique limitée et couardise.

 

Ce n’est pas parce que l’on est en position de faiblesse qu’il faut courber systématiquement l’échine et faire des concessions.

 

 

 

 

 

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Traduction


Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de News.az, et de Azernews


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Arménie

 


Le Premier ministre Nigol Pachinian a posté un message à l’occasion du 109e anniversaire du génocide des Arméniens.

 

« Aujourd’hui, nous commémorons la mémoire de 1,5 million de victimes du génocide des Arméniens, le Medz Yeghern, qui ont été passées au fil de l’épée dans l’Empire ottoman à partir de 1915 parce qu’ils étaient Arméniens.

 

Cette tragédie à grande échelle s’est déroulée pendant les années de la Première Guerre mondiale, et le peuple arménien, qui n’avait pas d’État, avait perdu son statut d’État il y a des siècles et avait oublié la notion d’État, a été victime d’intrigues géopolitiques et de fausses promesses, manquant tout d’abord d’un esprit politique capable de rendre le monde et ses règles compréhensibles.

Suite

 

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Etats-Unis

 


Le secrétaire d’Etat Antony Blinken s’est entretenu dimanche par téléphone avec le président azerbaïdjanais Ilham Aliev. Il a félicité le Président Aliev pour l’annonce faite la semaine dernière que l’Arménie et l’Azerbaïdjan avaient convenu d’utiliser la déclaration d’Alma Ata de 1991 comme base pour la délimitation de la frontière et a souligné son importance pour la conclusion d’une paix durable et digne entre les deux parties.

 

Il a exhorté le président Aliev à maintenir l’élan avec son homologue arménien, réitérant la volonté des États-Unis de soutenir ces efforts.

 

Il a souhaité une relation bilatérale forte entre les États-Unis et l’Azerbaïdjan, notant les efforts visant à coopérer sur les objectifs mutuels en matière d’énergie, de climat et de connectivité, et à assurer le succès de la COP 29 à Bakou.

 

Il s’est félicité de la libération par l’Azerbaïdjan de Gubad Ibadoglu et de son assignation à résidence, qu’il a qualifiée de geste humanitaire, et a appelé à sa libération complète et rapide. Il a de nouveau exhorté l’Azerbaïdjan à respecter ses obligations et engagements internationaux en matière de droits humains et à libérer les personnes injustement détenues en Azerbaïdjan.

 

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Turquie-Azerbaïdjan

 


Le président Recep Tayyip Erdoğan a répondu aux questions de la presse à son retour d’Irak. Lors d’une conversation avec des journalistes dans l’avion, le chef de l’État a déclaré :

 

« Un nouvel ordre est en train de s’établir dans la région. Il est temps de mettre de côté les clichés sans fondement. Agir sur la base de faits réels est toujours mieux que de suivre des histoires fictives qui sont détachées de la réalité.

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de News.az, et de Azernews