De la normalisation arméno-turque, de la reconnaissance du génocide et des propos d'Erdogan

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Pour Ankara, toutes les raisons sont bonnes du moment que cela ralentit la ratification des protocoles, signés pour faire plaisir aux Etats-Unis et mettre rappeler à l'Arménie les exigences de la Turquie.

Après le martellement durant des mois du problème Karabakh qui empêchait la ratification des protocoles, voici avec l'arrivée du 24 Avril l'épineux problème, vieux de près d'un siècle, du génocide arménien, aggravé cette année avec la reconnaissance coup sur coup par deux parlements supplémentaires (Catalogne et Suède) et trois autres en cours (Etats-Unis, Grande-Bretagne et Bulgarie).

Aussi, quand la charge devient insupportable, les vieux démons des dirigeants turcs resurgissent : Chasser les Arméniens du territoire ottoman, pardon turc. Erdogan ne déroge pas à la règle, sous ses airs de religieux modéré ouvert aux valeurs occidentales, il est bien le fils spirituel des Pachas de l'empire ottoman.

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* Serge Sarkissian


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En visite officielle en Syrie, le Président arménien Serge Sarkissian a donné une interview au quotidien Al-Watan. Le Président a parlé des relations arméno-syriennes, du processus de normalisation arméno-turc et du règlement du conflit Karabakh.

A la question quelle influence pourrait avoir l'adoption du projet de loi sur le génocide arménien par le Congrès américain sur le processus de normalisation des relations arméno-turques, le Président a déclaré : "Le projet de loi débattu au Congrès américain est une affaire intérieure à ce pays, sur laquelle nous n'interférons pas.

Nous n'avons pas fait de la reconnaissance du génocide arménien une condition préalable à l'établissement des relations avec la Turquie, puisque nous sommes pour l'amélioration de ces relations sans conditions préalables. Je ne pense pas que les tentatives des autres pays de lier le processus de normalisation arméno-turc à celui de la reconnaissance du génocide arménien, soient corrects. Une chose est évidente pour moi - plus longtemps on mettra à normaliser nos relations, et plus des pays adopteront de telles résolutions."

* Arman Guiragossian


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Invité à commenter la déclaration du Premier ministre turc concernant l'expulsion des Arméniens vivant illégalement en Turquie, le Vice-ministre arménien des Affaires étrangères, Armand Guiragossian, a déclaré :

"Parlant au sujet des Arméniens, qui travaillent en Turquie, M. Erdogan oublie les millions d'immigrés turcs qui gagnent leur vie dans différents pays du monde.

C'est dommage qu'à la veille du 95e anniversaire du génocide arménien perpétré par la Turquie ottomane, les autorités de l'actuelle République turque continuent de se laisser guider par le système de valeurs de l'Empire ottoman, et non celui de l'Europe, en parlant de ‘déporter' des Arméniens."

* Aratk Davtian


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"Les bonnes clôtures font les bons voisins", a déclaré Aratk Davtyan, citant le poète américain Robert Forst.

"Le processus de ratification des relations arméno-turques ne peut pas être considéré comme ayant échoué," a déclaré le député du parti républicain arménien, lors d'une conférence de presse aujourd'hui. Selon lui, la probabilité d'une ratification des protocoles est plus élevée que le scénario inverse. L'élu considère que l'Arménie a une longueur d'avance sur la Turquie. Par conséquent, les attentes de la communauté internationale vis à vis de la Turquie sont plus grandes.

"La communauté internationale et les centres de décision du monde entier envoient des messages clairs à la Turquie, en précisant qu'il ne peut y avoir une Turquie démocratique et une adhésion à l'Union européenne sans l'établissement de relations normales."

Artak Davtian pense qu'il est difficile de prédire comment la venue probable du président Serge Sarkissian aux Etats-Unis à la mi-avril, va influer sur le règlement du conflit Karabakh ou sur le processus de normalisation des relations arméno-turques.

* Artsvik Minassian


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"Contrairement aux années précédentes, l'existence des protocoles arméno-turcs crée de nouveaux obstacles pour mettre la Résolution sur le génocide arménien (H.Res.252) sur l'ordre du jour de la session plénière du Congrès," a déclaré Artsvik Minassian du groupe FRA-Dachnaktsoutioun lors de sa conférence de presse d'aujourd'hui.

Bien que l'élu indique que le projet de loi sera difficilement inscrit sur l'ordre du jour de la session plénière, il ajoute que : "tout dépend de l'évolution de la politique américaine dans la région, en particulier en Turquie."

"La politique suivie par l'Arménie a complètement échoué, et elle a causé un préjudice sur l'image internationale à la fois de l'Arménie et des possibilités d'une unité intérieure."

Selon le député dachnak, la fameuse déclaration faite par le Premier ministre turc montre à l'évidence que l'attitude de ce pays envers l'Arménie n'a pas changé. Ce fut une surprise pour les médiateurs, et il considère que l'une des principales tâches de la diplomatie arménienne est d'attirer l'attention des pays médiateurs sur le fait que l'attitude de la Turquie envers les Arméniens n'a pas changé.

"Nous devons nous retirer du processus dès que possible. La Turquie et ses dirigeants viennent de nous donner cette opportunité," et d'ajouter que les protocoles vont à l'encontre des intérêts nationaux de l'Arménie.

"Ces protocoles et ce processus ont déjà causé beaucoup de dégâts. L'unité de la nation arménienne à travers le monde est mise en danger aujourd'hui,", a-t-il conclu.

Radio Publique d'Arménie