Relations arméno-turques : Conséquences suite à la dernière déclaration d'Erdogan

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Le comportement de la Turquie ne fait que se dégrader face aux demandes réitérées de la communauté internationale de normaliser les relations avec sa voisine l'Arménie.

En politique et plus particulièrement en diplomatie il est rarissime de voir une goutte d'eau susceptible de faire déborder le vase. Sauf lorsqu'on s'appelle Bush et de mentir impunément devant le Conseil de sécurité de l'ONU pour assouvir son désir [économique] d'attaquer l'Irak.

Aussi, quoi que fasse Erdogan, même tempérés par les propos de son ministre des Affaires étrangères ou ceux du chef de l'Etat, les dirigeants turcs restent farouchement contre la reconnaissance du génocide arménien, car se dessine derrière la porte des revendications et pire, celle des réparations.

Ne nous faisons pas d'illusions, la Turquie n'a nulle intention de lever son blocus, pardon d'ouvrir la frontière, de l'Arménie. A choisir entre Erevan et Bakou, la question ne se pose même pas.

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Extraits de Radiolour et d'Armenialiberty

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* Kalouste Sahakian


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"Peu importe que les Turcs essaient systématiquement de lier la normalisation des relations arméno-turques à la question du Karabakh, l'Arménie ne rentrera pas dans ce jeu, parce que tout cela relève de relations diplomatiques," a déclaré le dirigeant du Parti Républicain Kalouste Sahakian lors d'une conférence de presse aujourd'hui.

"Tous les délais raisonnables pour la ratification des protocoles arméno-turques sont atteints", a-t-il ajouté, rappelant les paroles du Président arménien, qu'en cas de nécessité, l'Arménie utilisera tous les outils du droit international. Selon le député républicain, cela ne sera pas limité qu'à l'annulation de la signature des protocoles.

* Ahmet Davutoglu


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"Pourquoi ne serions-nous pas en mesure de normaliser les relations avec l'Arménie, comme nous l'avons fait avec la Serbie ?" a déclaré le ministre des Affaires étrangères turc, Ahmet Davutoglu.

Durant les derniers mois, Ahmet Davutoglu a participé aux intenses pourparlers diplomatiques entre la Serbie, la Bosnie-Herzégovine et d'autres États de la région, dans le but de mettre fin au conflit potentiel entre ces pays voisins. Un peu plus tôt, des pourparlers sous la médiation de la Turquie avaient conduit à la mise en place d'ambassadeurs entre la Serbie et la Bosnie-Herzégovine.

Davutoglu a déclaré : "Le conflit entre les Turcs et les Serbes remonte à 700 ans. Nos problèmes avec les Arméniens ne datent que d'un siècle. Nous n'avons pas l'expérience d'un vécu commun avec les Serbes, alors que nous l'avons avec les Arméniens. C'est pourquoi, nous attachons une grande importance aux relations avec l'Arménie. Nous avons changé la nature de nos relations avec les Serbes en l'espace d'un an."

"Les Arméniens ne discutent pas du Haut-Karabakh avec nous. Mais nous leur disons - si l'on peut résoudre le problème avec les Serbes à travers le dialogue, nous pouvons faire la même chose avec vous. Nous leur disons que grâce à nos gros efforts la Bosnie-Herzégovine et la Serbie ont surmonté leurs problèmes. Faisons de même pour vous et l'Azerbaïdjan", a déclaré Davutoglu ; rapporte le quotidien Hürriyet.

* Yane Yanev


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Le parti conservateur bulgare, Ordre, Droit et Justice (RZS), a présenté jeudi au Parlement une déclaration officielle demandant que la Bulgarie condamne le génocide arménien commis par la Turquie.

La déclaration est en rapport avec la visite jeudi en Bulgarie du ministre des Affaires étrangères turc, Ahmet Davutoglu, et les déclarations du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, indiquant que son pays était prêt à expulser 100.000 Arméniens de Turquie.

Le RZS demande également une réponse officielle du Premier ministre, Boyko Borisov, sur la politique de son gouvernement concernant le génocide arménien commis pendant la Première Guerre mondiale.

Le dirigeant RZS, Yane Yanev, affirme que son parti cherche à obtenir un consensus sur l'évaluation par la Bulgarie des événements tragiques et à déclarer clairement la défense de la vérité historique comme l'ont fait les États-Unis et la Suède ; rapporte l'agence de presse Sofia.

* Vahan Hovannissian


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Vahan Hovannissian, président du groupe FRA au parlement arménien, a rejoint les dirigeants arméniens condamnant les menaces d'Erdogan à vouloir expulser massivement les Arméniens de Turquie, en réponse aux nouvelles Résolutions reconnaissant que les massacres d'Arméniens en 1915 dans l'empire ottoman étaient un génocide. "Erdogan s'est démasqué lui-même et le monde a vu la manière dont il gère son pays," a-t-il déclaré.

"Quant à nos frères Arméniens qui se trouvent en Turquie pour des raisons économiques, je leur conseille de quitter immédiatement ce pays parce qu'il est évident d'avec qui nous avons à faire. Une menace exprimée à un aussi haut niveau peut être considérée par certains éléments comme un signal pour se livrer à des actions anti-arméniennes."

Hovannissian a aussi dénoncé des déclarations de certains hauts fonctionnaires arméniens faisant un parallèle avec la rhétorique ottomane avant et pendant les massacres de 1915 et les déportations massives de quelques 1,5 million de sujets arméniens de l'Empire ottoman.

"Alors que le Premier ministre turc menace d'expulser les Arméniens résidant illégalement [en Turquie], je rappelle que les Arméniens étaient propriétaires des terres qu'ils peuplaient du début du 20e siècle," se référant à aux régions orientales de l'actuelle Turquie. "Ce sont les Turcs qui ont migré illégalement dans ces régions et y ont vécu comme des nomades."

Les dirigeants turcs ont à plusieurs reprises parlé de 30.000 à 100.000 citoyens d'Arménie résidant dans leur pays en vue d'embarrasser Erevan sur la scène internationale et montrer les déclarations de bonne volonté d'Ankara envers les Arméniens.

Un haut responsable du gouvernement arménien a accusé il y a quelques mois la Turquie de gonfler exagérément leur nombre, disant qu'ils ne doivent pas excéder 5.200 personnes. Alin Ozinian, un chercheur arménien natif d'Istanbul qui a étudié la question l'an dernier, est arrivé à une estimation similaire.

Les 130 pages de son étude, commandée par la Fondation Partenariat Eurasie, basée à Erevan, reposent sur des entretiens menés par Ozinian avec 150 Arméniens durant 2009. Elle porte essentiellement sur la croyance largement répandue que la grande majorité des immigrés arméniens sont des femmes provinciales, âgées entre 40 et 60 ans, travaillant à Istanbul, sans permis de travail et de séjour.

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