Le conflit du Karabakh en filigrane à Washington

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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

Si le président B.Obama et la Secrétaire d'Etat H.Clinton n'ont pas réussi à ‘arrondir' les angles, les rencontres de Washington ont eu le mérite d'éclairer la position de chacun et voir combien était grand le fossé entre l'Arménie et la Turquie, voire entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

Les dirigeants turcs, en alliés fidèles de Bakou, ont réaffirmé que seule la résolution du conflit du Karabakh débloquerait le processus de normalisation avec l'Arménie.

Les dirigeants arméniens, que le statut final du Haut-Karabakh devait se décider par la population de ce territoire conformément au droit des peuples à s'autodéterminer ; la Turquie n'ayant rien à voir là-dedans.

Les dirigeants azerbaidjanais, bien que non présents à Washington, ont réaffirmé pour leur part que le Haut-Karabakh fait et fera toujours partie de l'Azerbaïdjan conformément au principe de l'intégrité territoriale.
Cela s'appelle la quadrature du cercle. Il est clair qu'à ce rythme, aucun des trois pays ne modifiera sa position de lui-même.

La solution, si elle existe, viendra des grandes puissances qui supervisent les deux processus. Ce ne serait qu'un juste retour des choses, car après tout si l'Arménie se trouve dans cette situation, c'est bien la conséquence des actions et/ou des inactions des dites puissances au début du XXème siècle.

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Extraits de la Radio Publique d'Arménie et d'Armenialiberty

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* Mevlut Cavusoglu


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En tant que Président de l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe, Mevlut Cavusoglu sera le nouveau président de la sous-commission de l'APCE concernant le conflit du Haut-Karabakh.

"La sous-commission n'a pas encore été établie, mais il est prévu que j'en sois son président," a déclaré Cavusoglu aux journalistes à Bakou. C'est une pratique tout à fait normale qu'une sous-commission soit dirigée par le président. Ce qui a été le cas de son prédécesseur à ce poste.

"Nous voulons que les délégations de l'Azerbaïdjan et l'Arménie travaillent avec la sous-commission, et nous espérons que son travail contribuera au règlement du conflit du Karabakh", a précisé Cavusoglu.

Le président a ajouté qu'il avait l'intention de faire de son mieux pour éviter les « doubles standards » observés dans les Etats membres ayant ce problème : « Nous avons des normes communes qui s'appliquent à tout le monde : nous sommes en faveur de la démocratie et des droits de l'homme."

* Ilham Aliev


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Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev estime qu'une étape décisive a commencé dans le processus de règlement du conflit du Haut-Karabakh.

Lors du Conseil gouvernemental d'hier, Aliev a fait valoir que le processus avait atteint un tournant et que tous les pays, en particulier les pays coprésidant le Groupe de Minsk, doivent être très vigilants.

"Mais nous voyons aujourd'hui à un moment critique, l'Arménie recevoir un tel soutien politique que dans l'avenir, elle peut refuser toutes négociations", a déclaré le président.

Simultanément, il a indiqué que l'Arménie se doit de préciser sa position.

"L'Arménie fait traîner les négociations artificiellement et de différentes manières veut jeter le blâme de l'échec des pourparlers sur l'Azerbaïdjan. Ils pensent qu'avec le temps le statu quo se renforcera et que dans 10-20 ans il se créera des conditions plus favorables pour la légitimation du Haut-Karabakh.

L'Azerbaïdjan ne sera jamais d'accord avec tout statut du Haut-Karabakh en dehors du cadre de son intégrité territoriale," a déclaré Aliev ; rapporte l'agence Trend.

Ilham Aliev avait déclaré que Bakou acceptait le nouveau plan de paix du Karabakh que les coprésidents avaient récemment modifié, "à quelques exceptions près." Et d'ajouter que la partie arménienne n'était pas d'accord avec le règlement proposé et qu'elle gagnait du temps.

"Les médiateurs ont assuré Bakou qu'ils ‘tentaient de les [Arméniens] convaincre d'accepter cette proposition'. S'ils n'acceptent pas cette proposition, alors je pense que [la poursuite des négociations] perd tout son sens," a-t-il souligné ; rapportent les médias azéris.

* Ali Hassanov


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"Nous ne sommes pas satisfaits de l'activité des États-Unis dans le processus de règlement du conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan", a déclaré à Bakou aux journalistes le directeur du département politique du Cabinet présidentiel azerbaïdjanais, selon l'AFP.

Il s'est déclaré par contre satisfait d'Ankara pour avoir lié la mise en œuvre des accords de normalisation turco-arméniens avec le règlement du conflit du Karabakh. "La position de la Turquie, qui est une alliée stratégique de l'Azerbaïdjan, satisfait pleinement Bakou."

"Malheureusement, certaines institutions et partis américains, sous l'influence du lobby arménien, perdent leur neutralité et soutiennent ouvertement l'Arménie. Nous pensons que ce n'est pas en accord avec la mission des États-Unis, en particulier en tant que coprésident du Groupe de Minsk."

Hassanov a fait valoir que la pression américaine sur la Turquie concernant les accords avec l'Arménie est liée à son impartialité dans le processus de paix du Karabakh.

* Recep Tayyip Erdogan


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A Washington, Ankara a subordonné la mise œuvre du processus de normalisation à la résolution du conflit du Haut-Karabakh, acceptable par l'Azerbaïdjan.

Erdogan a réaffirmé ce lien après ses entretiens avec Obama. Selon l'agence Anatolie, la Turquie n'ouvrira pas sa frontière avec l'Arménie tant que le conflit du Karabakh ne sera pas résolu. Erdogan a également rejeté les arguments de l'Arménie comme quoi les protocoles ne font pas référence à la paix au Karabakh.

Selon un autre grand quotidien turc, Hurriyet, M. Obama a également assuré que les médiateurs américain, russe et français qui coprésident le Groupe de Minsk de l'OSCE vont augmenter leurs efforts pour négocier une solution au conflit du Haut-Karabakh.

* Edouard Nalbandian


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"C'était une visite très importante. Les réunions sont importantes tant en termes de renforcement des relations bilatérales qu'en échanges sur des questions régionales et internationales préoccupant les deux côtés," a déclaré le ministre des Affaires étrangères arménien Edouard Nalbandian, résumant les résultats des réunions en marge du Sommet sur la Sécurité nucléaire de Washington.

"Les réunions du Président Sarkissian avec le président Obama et avec la Secrétaire Mme Clinton ont donné l'occasion de poursuivre le dialogue constructif et les discussions sur la normalisation des relations arméno-turques et le règlement du conflit du Karabakh."

Commentant la réunion le président arménien avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, Edouard Nalbandian a déclaré : "la réunion a permis d'avoir une idée claire sur la position de la Turquie."

Prié de dire si le conflit du Karabakh a été abordé lors des pourparlers arméno-turcs, le ministre a déclaré : "La partie turque a essayé de traiter du problème du Karabakh, mais nous avons répondu que la normalisation entre l'Arménie et la Turquie ne pouvait pas être liée au règlement du conflit du Karabakh. Je ne crois pas qu'il existe une quelconque raison pour discuter de la question du Karabakh avec la Turquie. Tout d'abord parce que la Turquie ne peut pas être un médiateur [neutre] dans le processus de règlement du conflit du Haut-Karabakh. Deuxièmement, l'Arménie ne fera jamais de concessions sur la question du Karabakh dans le but de normaliser les relations entre l'Arménie et la Turquie. Lier les deux questions ne fera que nuire aux deux processus."

"Si la Turquie ne veut pas faire échouer ce processus, elle doit montrer très rapidement dans les faits qu'elle est prête à ratifier les protocoles et à établir des relations," a déclaré Nalbandian.

Quant aux déclarations des dirigeants azerbaidjanais, il les a qualifiées de ‘trompeuses', précisant que les "exceptions" de l'Azerbaïdjan l'emportent sur les dispositions acceptables par Bakou.

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Extraits de la Radio Publique d'Arménie et d'Armenialiberty