Le conflit du Karabakh, les relations arméno-turques et arméno-iraniennes.

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

L'Iran s'est proposé il y a quelques jours de jouer les médiateurs entre les belligérants dans le conflit du Karabakh. Erevan n'a pas dit non, Bakou ne s'est pas officiellement prononcé préférant sans doute Ankara, quant aux pays coprésidant le groupe de Minsk de l'OSCE ils attendent de voir ce que Téhéran est capable de faire. A noter toutefois que l'Iran ne fait partie du groupe de Minsk, à l'inverse de la Turquie, et qu'elle n'a pas d'alliance militaro-économique avec l'Azerbaïdjan, toujours à l'inverse de la Turquie.

Quant à la Turquie, le fond de ses exigences envers l'Arménie n'a pas changé d'un pouce, seule la forme varie suivant les besoins du moment. La promotion du mois porte sur : ‘Il faut instaurer la paix dans la région, donc que tous les conflits cessent'.

Les petits caractères de l'offre promotionnelle turque. Donc que les négociations arméno-azéries aboutissent (sous-entendu aux profits de Bakou), donc que les Arméniens se retirent des territoires ‘occupés' et pourquoi pas du Haut-Karabakh, comme ce fut le cas au Nakhitchevan.

Pour ce qui est de l'ouverture des frontières, c'est effectivement un problème secondaire pour les dirigeants turcs, car celle qui va en pâtir c'est ... l'Arménie. Certes, Erevan pourra utiliser la Turquie pour faire transiter ses marchandises, dont on ne connaît d'ailleurs pas le coût par rapport à la situation actuelle (transit par la Géorgie), mais ce qui est sûr c'est que les hommes d'affaires turcs phagocyteront l'économie de la petite république, terrains et immobilier compris.

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** De l'ouverture des frontières **


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Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a déclaré samedi que la Turquie était impatiente d'ouvrir ses frontières avec l'Arménie, parce qu'elle voulait une intégration complète avec ses voisins.

Davutoglu a prononcé un discours lors d'une conférence intitulée "Politique turque des Affaires étrangères dans un monde en mutation", organisée par les Etudes de Européen du Sud-est d'Oxford (SEESOX) et par l'Université turque de Sabanci, à l'Université d'Oxford en Grande-Bretagne.

"La Turquie a pris des mesures de prévention avant que les crises dans la région et dans les pays voisins ne se transforment en guerres et en tensions. La Turquie veut une région et des voisins sûrs au Moyen-Orient, dans le Caucase, les Balkans et la région du Golfe," a-t-il ajouté.

Le ministre a réaffirmé que le conflit du Karabakh doit être réglé pour la stabilité dans la région.

"... Bien sûr, nous voulons ouvrir nos frontières, car nous voulons une intégration complète avec nos voisins. Toutefois, il ne suffit pas d'ouvrir la frontière Turquie-Arménie. Nous voulons aussi que la frontière Arménie-Azerbaïdjan s'ouvre afin que la stabilité régionale puisse être rétablie," a indiqué Davutoglu.

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"La Turquie veut obstinément d'être impliquée dans les processus régionaux et les gouverner. Ce n'est pas suffisant pour la Turquie pour prouver qu'elle veut gouverner les processus dans la région," a déclaré le politologue Levon Chirinian commentant la déclaration de Davutoglu sur l'ouverture de la frontière arméno-turque, lors d'une conférence de presse conjointe avec le turcologue Artak Chakarian.


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Chakarian a noté que ce type de déclaration n'est pas nouveau, et que c'est juste une reformulation des déclarations antérieures. "De l'avis de la Turquie, l'ouverture de la frontière arméno-turque est insensée, sans l'ouverture de la frontière arméno-azerbaïdjanaise," ajoutant que l'ordre d'ouverture des frontières n'est pas important pour la Turquie. L'important est que les processus se déroulent et aboutissent presque simultanément. "Les relations arméno-turques n'atteindront pas un niveau élevé tant qu'Ankara ne changera pas sa position et que la question des relations arméno-azerbaïdjanaise ne sera pas réglée," a-t-il souligné.

** Des tentatives d'immixtion **

"Dans le cas où le chemin de fer Arménie-Iran verra le jour dans les années à venir, le rôle géopolitique de l'Arménie va augmenter, puisque la Turquie et l'Iran deviendront concurrents," a déclaré Artak Chakarian.

Et d'ajouter qu'il n'est pas pour une politique agressive, et "qu'une manière différente doit être trouvée."


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De son côté, Levon Chirinian s'est dit préoccupé par le fait que ces deux pays vont prendre pied dans le Sud-Caucase, et que l'Arménie doit être prête à résister.

"La Turquie fait des efforts pour s'étendre vers le Nakhitchevan et l'Iran, ce qui amène un danger stratégique, comme les déclarations belliqueuses de l'Azerbaïdjan." Le politologue propose que l'Arménie crée des obstacles pour contrer une telle politique de la Turquie. Il est partisan de méthodes plus dures pour résoudre le problème.

"Les conditions préalables doivent être fixées par la nation ayant subi un génocide. C'est l'Arménie qui devrait essayer de lier la question du Karabakh aux relations arméno-turques, et non le contraire," a souligné Levon Chirinian.

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Extraits de la Radio Publique d'Arménie et de PanArmenian