Haut-Karabakh : De la visite d'Hillary Clinton et des diverses déclarations officielles

***

Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Comme indiqué plusieurs fois dans les commentaires, les dirigeants azerbaidjanais n'ont aucunement l'intention de signer un quelconque accord-cadre et encore moins un accord de paix prenant la volonté des Arméniens du Haut-Karabakh.

De même, attaquer de front l'Arménie dans une guerre ouverte est trop aléatoire et risque de se retourner contre Bakou non seulement moralement par la communauté internationale, mais surtout économiquement, sur ses richesses énergétiques. Ajoutons de plus que l'Arménie fait partie du CSTO, l'équivalent de l'OTAN pour les ex-pays soviétiques. Donc à éviter de ‘chatouiller' de trop près. Quant à une intervention du grand frère turc dans ce conflit hypothétique, comme cela a failli en 1994, l'existence d'une base militaire russe à Gumri associée à des accords militaires ad hoc, donne à réfléchir.

Aussi, la meilleure stratégie pour Aliev consistera à mener une guérilla d'usure contre le Karabakh en évitant au maximum des attaques massives de front. Les armes dont il dispose lui permettent d'ailleurs de faire feu à distance respectable sur la population arménienne. Mais même sous cette forme, les choses risquent fort de dégénérer rapidement.

***

** Hovik Abrahamian **


Hovik-Abrahamian8_medium
"C'est pour le moins étonnant que le président de l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), Mevlut Chavushglu avoue ignorer les développements importants liés à la question du Karabakh, alors que c'est un sujet abordé par la communauté internationale au cours des deux dernières semaines. Les présidents des pays coprésidents du Groupe de Minsk et différentes organisations internationales ont publié un certain nombre de déclarations. Si tel est vraiment le cas, cela prouve une fois encore l'affirmation de la partie arménienne comme quoi l'APCE n'est pas suffisamment compétente pour traiter le problème du Haut-Karabakh et, ne peut que nuire aux efforts des coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE qui travaillent sur une résolution pacifique du conflit," a déclaré le Président de l'Assemblée nationale d'Arménie Hovik Abrahamian en réponse à la déclaration du Président de l'APCE comme quoi il n'était pas au courant des déclarations belliqueuses de l'Azerbaïdjan, ni même de la provocation de la partie azerbaïdjanaise sur la ligne de contact pendant la nuit du 18 au 19 Juin.

*

** Richard Giragossian **


Richard-Giragossian2_medium
"L'Arménie doit être préparée pour le pire des scénarios, c'est-à-dire une guerre surprise. L'Azerbaïdjan est en train de tester la patience de la partie arménienne. La reprise soudaine des hostilités est plus dangereuse qu'une déclaration officielle de guerre par l'Azerbaïdjan. La situation peut dégénérer suite aux provocations continuelles de Bakou," a déclaré le directeur du Centre Arménien d'Etudes Nationales et Internationales (ACNIS), Richard Giragossian.

Selon le politologue, l'Azerbaïdjan s'éloigne de plus en plus du règlement par la voie diplomatique du conflit.

"L'incident Chaylu était un test pour mesurer l'atmosphère régionale à la veille de la visite d'Hillary Clinton. Bakou est irrité par les États-Unis et la Turquie", a-t-il ajouté.

Quant à l'utilisation de la force dans la zone de conflit, il a précisé : "Il n'y a pas de solution militaire aux conflits gelés. La guerre n'apportera jamais la gloire à l'Azerbaïdjan."

*

** Elkhan Polukhov **

L'Azerbaïdjan a réfuté les allégations arméniennes comme quoi le président russe Dmitri Medvedev aurait présenté à ses homologues, arménien et azerbaïdjanais, un nouveau plan international pour mettre fin au conflit du Haut-Karabakh lors de leur réunion à Saint-Pétersbourg le mois dernier.

Le ministre des Affaires étrangères arménien, Edouard Nalbandian, a fait référence aux propositions comme étant "une nouvelle version des principes de Madrid" lors de sa conférence de presse conjointe à Erevan avec la Secrétaire d'Etat Hillary Clinton.

Le Président Serge Sarkissian lui-même a parlé d'une "dernière version" de l'accord-cadre proposé, lors de sa rencontre avec les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, samedi dernier. Une déclaration de son bureau a indiqué que le document avait été "présenté dans le cadre des négociations de Saint-Pétersbourg entre les trois présidents."

Selon de hauts responsables du Parti Républicain d'Arménie (HHK), Sarkissian a réagi positivement aux nouvelles propositions de paix, contrairement à son homologue azerbaïdjanais, Ilham Aliev. Ils ont fait remarquer qu'Aliev avait écourté sa visite en Russie suite à cela. La partie arménienne signalait l'incident de Chaylu le jour suivant, le plus grave depuis deux ans.


Elkhan-Polukhov_medium
Le Ministère des Affaires étrangères azerbaïdjanais rejetait ces déclarations, lundi soir. "Même si la Russie joue un rôle important dans ce processus et que le président russe a pris part à plusieurs réunions tripartites, les propositions sont établies uniquement par les coprésidents du groupe de Minsk," a déclaré Elkhan Polukhov, le porte-parole de ce ministère.

"La mise à jour des propositions de Madrid n'existe que sous la forme de document, et elle a été soumise aux deux parties l'année dernière. Seules les différentes approches ont été discutées à Saint-Pétersbourg. La déclaration faite par Nalbandian est uniquement destinée à distraire le public arménien et international sur l'essence de la résolution," a déclaré Polukhov.

Les trois co-présidents n'ont fait aucune mention de la rencontre de Saint-Pétersbourg dans leur dernier communiqué publié avant-hier.

Hillary Clinton a pressé l'Arménie et l'Azerbaïdjan à surmonter leurs divergences lors de son passage éclair dans les deux capitales, Bakou et Erevan. Mais après ses entretiens avec les présidents Aliev et Sarkissian, elle n'a pas donné d'indications claires sur un prochain accord de paix arméno-azerbaïdjanais.

*

Extraits de la Radio publique d'Arménie et de Armenialiberty