Karabakh : L'après Saint-Pétersbourg

***

Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

L'attaque surprise du commando azéri du 18 Juin n'en finit pas de faire des remous. Après la déclaration des présidents des pays coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE, de la Secrétaire d'Etat Hillary Clinton, des médiateurs américain, russe et français, le choix qui se pose à Ilham Aliev se réduit de plus en plus : soit il accepte tous les termes des principes de Madrid, et donc la perte éventuelle du Haut-Karabakh, soit il s'engage sur une voie périlleuse et à l'issue incertaine.

Mais en choisissant l'option guérilla comme il semble avoir décidé, ses ‘calculs de risques' risquent tout simplement de s'avérer erronés. De surcroit, il ne pourra pas non plus demander une assistance de la Turquie, tout au plus des ‘conseillers'. Ankara aurait tout à perdre dans une telle aventure.

Il faudra qu'Aliev se fasse à l'idée que l'Azerbaïdjan des années 80 n'existe plus, et que revenir vingt ans en arrière n'est pas réaliste, pas plus que réalisable. En attendant, il peut toujours compter sa fortune personnelle, si tant est qu'elle soit chiffrable.

***

*

** Richard Guiragossian **


Richard-Giragossian6_medium
"Le Groupe de Minsk de l'OSCE a déjà compris que le Karabakh risque de ne jamais être retourné à l'Azerbaïdjan," a déclaré le directeur du Centre Arménien d'Etudes Nationales et Internationales (ACNIS), Richard Guiragossian lors d'une conférence de presse.

Selon l'expert, les médiateurs ne peuvent pas résoudre le conflit sans le consentement des parties en conflit, à savoir l'Arménie et l'Azerbaïdjan, mais les deux pays semblent être loin de parvenir à un accord, même cadre.

Il s'est inquiété de la stratégie militaire de l'Azerbaïdjan, précisant : "Je suis préoccupé par un conflit militaire inattendu plutôt que par une guerre."

Concernant la Turquie, ce pays souhaite commencer une nouvelle stratégie. "Il est très probable que la Turquie ouvre la frontière arméno-turque en Septembre," a-t-il indiqué.

Pour Richard Guiragossian, elle pourrait coïncider avec la cérémonie du 19 Septembre : Messe en l'église Sainte-Croix sur l'île d'Akhtamar (lac de Van). "Les dirigeants turcs répondront ainsi à la visite régionale d'Hillary Clinton," a-t-il souligné.

"Bien sûr, les nouveaux plans de la Turquie ne sont pas en phase avec l'Azerbaïdjan. Toutefois, la seule réalisation de la ‘diplomatie du football' de l'Arménie, c'est qu'elle a apporté un sérieux revers au principe ‘une nation, deux Etats' et au tandem turco-azerbaïdjanais. Celui qui a vraiment souffert de la ‘diplomatie du football' de Serge Sarkissian est l'Azerbaïdjan," a-t-il précisé.

*

** Tigrane Balayan **


Tigran-Balayan4_medium
"Les récentes déclarations des dirigeants azerbaïdjanais et les mesures prises, sont la continuation de la provocation du 18 Juin. Elles sont manifestement destinées à faire échouer le processus de négociation," a déclaré le porte-parole du ministère arménien des Affaires étrangères, Tigrane Balayan, commentant la déclaration du Président Ilham Aliev.

"En essayant de refuser les propositions faites à Saint-Pétersbourg, le Président azerbaïdjanais trompe son propre peuple, ce qui fausse l'essence des négociations et des accords conclus. Pour ce faire, il fait des tentatives infructueuses pour remodeler l'histoire, la géographie, la démographie et le droit international.

Le droit du peuple de la RHK à l'autodétermination ne peut être bloqué par une référence à l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan, rappelée par 13 fois dans son discours.

Ces déclarations prouvent qu'avant chaque réunion importante des dirigeants azerbaïdjanais prennent des mesures délibérées pour faire échouer les pourparlers. Cette fois, la cible est la réunion multipartite prévue dans dix jours à Almaty. Une construction est fondée sur la vérité, pas sur des illusions ou des menaces," a poursuivi le porte-parole.

Radio Publique d'Arménie