Karabakh : L'Azerbaïdjan se prépare à présenter une nouvelle résolution devant l'ONU

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Une fois n'est pas coutume, Bakou essaie par tous les moyens d'élargir le nombre d'intervenant sur le dossier Karabakh, en y mêlant les organisations internationales et de préférence celles comprenant les pays islamiques.

Tant que les résolutions restent au niveau de l'Assemblée générale de l'ONU, la contrainte reste avant tout incitative. Celles prises par le Conseil de Sécurité sont en principe plus contraignantes, voire exécutoires militairement. Encore faut-il que les grandes puissances qui en sont les membres permanents ne posent leur véto. Le Haut-Karabakh ne rentre pas dans ce schéma.

Le rejet systématique par l'Azerbaïdjan du droit à l'autodétermination des peuples reste le principal obstacle à un début de résolution du conflit ; droit que l'ONU vient récemment de réaffirmer que la CIJ a considérée comme légale pour le Kosovo.

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Le 29 août, le Président Serge Sarkissian accompagné du Président de la RHK, Bako Sahakian, de Haut-fonctionnaires ainsi que du directeur exécutif du Fonds Hayastan, a visité le nouveau bâtiment de l'école n°11 de Stepanakert et le nouveau Centre pour les jeunes.


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Le Président Sarkissian a aussi répondu à une question posée par un enseignant ayant trait aux tentatives de l'Azerbaïdjan de modifier le format actuel des négociations de paix et d'exploiter la question devant l'ONU et d'autres instances internationales.

Question : Combien de temps l'Azerbaïdjan va poursuivre dans cette voie ? Ne comprennent-ils pas que nous sommes une république indépendante et qu'ils n'ont rien à voir avec nous ?

S. Sarkissian – "J'aurai souhaité poser cette question à Aliev. Je ne suis pas responsable de la politique de l'Azerbaïdjan, mais de celle de l'Arménie et, dans une certaine mesure, des politiques mises en œuvre dans les différents secteurs de notre nation. D'autre part, je suis surpris que vous soyez déconcerté par les actions de l'Azerbaïdjan et que vous vous en inquiétiez, du moins dans le cadre de votre activité.

De façon plus pratique - oui, il y a des informations indiquant que lors de l'Assemblée générale des Nations Unies, probablement vers le 9 Septembre, les Azéris présenteront un projet de résolution. L'adoption ou la non-adoption de cette résolution n'aura pas d'impact significatif sur la vie politique ou économique de l'Arménie ou de l'Artsakh, pas plus que dans le domaine de sa sécurité. Des dizaines de pays vont probablement voter pour la résolution, principalement celles qui figurent traditionnellement aux côtés de l'Azerbaïdjan, à savoir les membres de la Conférence islamique. Toutefois, je suis sûr que les pays qui souhaitent que la question soit résolue par la voie de négociations pacifiques, voteront contre la résolution ou, tout du moins, s'abstiendront ; parce qu'ils sont conscients que l'adoption de telles résolutions ne peut pas avoir une influence positive sur le processus de négociations. Je pense plus spécialement aux trois grandes puissances qui coprésident le groupe de Minsk de l'OSCE.

C'est un côté de la question. Deuxièmement, je crois que tout le monde comprend que l'Azerbaïdjan commet encore une erreur, et nous utiliserons cette erreur à nos propres fins. Nous allons certainement prendre des mesures qui nous rapprocheront de nos objectifs.

Concernant plus particulièrement nos activités, nous devons travailler à convaincre non seulement l'Azerbaïdjan, mais aussi les autres pays qu'un retour du Haut-Karabakh sous juridiction azerbaïdjanaise est exclu, que l'Artsakh est un État à part entière, même s'il est minuscule et plein de problèmes, et que cet État continuera à se développer.

Vous enseigner aux enfants qu'il y a quatre saisons par an et que personne ne peut en intervertir l'ordre. De même, notre parcours est immuable. Nous allons continuer. Pour en revenir à la question initiale : Vous continuez la lutte - sur votre terrain à vous, nous - sur le notre, et les troupes - sur le leur. Si nous réussissons chacun dans notre domaine, nous serons en mesure d'affirmer que nos problèmes ont diminué."

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Le document préparé par Bakou défend le droit des Azerbaïdjanais ‘expulsés' du Haut-Karabakh et des territoires sous contrôle arménien qui l'entourent, à retourner dans leurs foyers. Il engage également l'OSCE à envoyer une mission d'enquête dans la zone de conflit pour enquêter sur le respect du ‘droit international humanitaire'.

L'Assemblée générale avait déjà adopté une résolution similaire en Mars 2008. Elle était soutenue par 39 pays, pour la plupart affiliés à l'Organisation de la Conférence islamique. Les États-Unis, la Russie et la France, coprésidents du processus de paix du Karabakh, avaient voté contre.

Le ministère arménien des Affaires étrangères a prévenu la semaine dernière qu'une mesure pro-azérie causerait un ‘grave dommage' aux efforts internationaux pour mettre fin au conflit du Karabakh. Il a déclaré qu'Erevan continue de croire qu'aucun des organismes internationaux à l'exception du Groupe de Minsk de l'OSCE, ne doit s'impliquer dans la résolution du conflit.

En attendant, les partis d'opposition sont bien plus inquiets par l'initiative azerbaïdjanaise. Ainsi, lundi, Hovannes Igitian, de la direction du Congrès National Arménien (HAK), a considéré cela comme ‘dangereux' et a critiqué ‘la passivité du gouvernement arménien'. "Nous oublions que l'ONU est un organe qui peut imposer des sanctions aux pays," a-t-il dit aux journalistes.

De même, le responsable de la politique étrangère de la FRA-Dachnaktsoutioun, Giro Manoyan, a déclaré : "L'Azerbaïdjan pourrait se laisser emporter par ces résolutions et je pense que la communauté internationale serait d'accord avec cette politique et pourrait appuyer les menaces d'actions militaires."

De son côté, le chef de file du parti Jarankoutioun (Héritage), Stépan Safarian, a déclaré : "L'Azerbaïdjan essaie peut-être de légitimer une guerre qu'il menace de déclencher depuis longtemps." Comme Manoyan, il a soutenu que la nouvelle résolution de l'ONU compliquera davantage le règlement du conflit.

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Extraits de la Radio Publique d'Arménie, du site présidentiel arménien et de Armenialiberty