Rapport de Mission du Groupe de Minsk de l'OSCE : Réactions des dirigeants

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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

Après les experts et les analystes, voici le point de vue des dirigeants arméniens et azerbaidjanais.

Côté Bakou, on est très satisfait car il est fait mention de la présence de 14.000 colons qui n'ont rien à y faire et de la dégradation de nombreuses localités réduites à l'état de ruines. D'où la nécessité absolue de restituer rapidement ces territoires à leur propriétaire légitime et permettre le retour des réfugiés.

Côté Erevan, l'accent est mis sur la désinformation de la machine de propagande azérie et sur la nature des colons qui sont en fait des Arméniens ayant fui l'Azerbaïdjan lors des pogroms.

Quant à Stepanakert, il met en avant le travail réalisé en Artsakh depuis son auto-proclamation d'indépendance en 1991 et ses efforts devant la communauté internationale pour faire reconnaître cet état de fait ; débuté en 1988 en conformité avec la constitution soviétique.

Les territoires entourant le Haut-Karabakh restent avant tout une zone tampon de sécurité, aussi, y installer des dizaines de milliers de colons n'était pas et n'est pas prévu. Mis à part quelques rares villages, les 14.000 Arméniens ex-azerbaidjanais sont éloignés de la ligne de contact et habitent essentiellement dans les petites villes.

C'est le comportement du président Aliev avec ses déclarations guerrières, ses menaces d'utiliser la force, ses violations incessantes du cessez-le-feu qui poussent la partie arménienne à durcir sa position. S'il y a une dizaine d'année, le cessez-le-feu était peu ou prou respecté, et que les négociations de paix avançaient bon train, depuis l'arrivée d'Ilham Aliev au pouvoir et surtout l'avènement de la production d'hydrocarbures, la donne a totalement changé. Commencer à restituer Aghdam, Fizuli ou Djebraïl comme geste de bonne volonté ne ferait que donner aux Azéris des positions de tir supplémentaires pour leurs snippers. Tireurs d'élite que Bakou refuse toujours de retirer même de concert avec Erevan.

Alors qu'avec ses dix milliards de revenu pétrolier par an, il y a bien longtemps que le président Aliev aurait pu reloger tous les réfugiés, il préfère les dépenser à acheter des armes, tout en gardant un pécule pour payer des mercenaires dans la guerre à venir. Ce que recherche avant tout le clan Aliev, c'est de se maintenir au pouvoir et pour ce faire, mettre de l'huile sur le feu du conflit Karabakh est un bon moyen de détourner l'attention de la population de la politique intérieure.

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Tigran-Balayan5_medium
""Le rapport de la Mission des coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE sur l'évaluation de la situation dans les territoires adjacents le Haut-Karabakh, réfute une nouvelle fois la désinformation diffusée par la propagande azerbaïdjanaise. Le constat met en évidence l'inexistence de ‘déploiement de bases terroristes et/ou d'enfouissements massifs de déchets radioactifs dans ces territoires'," a déclaré le porte-parole du ministère arménien des Affaires étrangères, Tigrane Balayan.

L'Arménie partage totalement le point de vue des médiateurs sur le fait que "seul un règlement pacifique et négocié peut apporter la perspective d'un avenir meilleur et plus sûr." De plus, une nouvelle visite des coprésidents est prévue au Nord de la région de Mardakert, ainsi qu'au Sud de la région de Mardouni et dans la région de Chahoumian, avec à la clé, un rapport pertinent sur la situation dans les territoires indiqués.

Toutefois, lors de la présentation du rapport devant le président de l'OSCE, les représentants de l'OSCE chargés de l'évaluation sur le terrain ont omis de signaler le fort renforcement des infrastructures de l'Artsakh, ainsi que le développement des secteurs économique, culturel et social.

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Massis-Mayilian5_medium
Ce rapport ne peut prétendre être totalement objectif, vu que la Mission d'évaluation n'a jamais visité la partie du territoire du Haut-Karabakh occupé par l'Azerbaïdjan (Chahoumian). L'Azerbaïdjan est coutumier sur l'usage partiel des rapports à des fins de propagande, ce qui entrave la baisse de tension dans la région," a déclaré le conseiller pour la politique étrangère et la sécurité de la RHK, Massis Maïlian.

Constatant l'augmentation de la rhétorique militaire sur une nouvelle guerre au Karabakh, est-ce que les médiateurs tentent ainsi d'amadouer l'Azerbaïdjan ? Ou essayaient-ils de le persuader de retarder ses activités liées à la guerre ? L'évaluation positive du rapport par l'Arménie en témoigne. On serait tenté de déduire que les médiateurs ont promis à Bakou que l'Arménie sera sous pression, après un, deux ou X Missions de surveillance.

Toutefois une question demeure : combien de temps l'Azerbaïdjan va-t-il croire aux promesses des Médiateurs qui jouent la montre par des déclarations sur la nécessité d'un règlement pacifique et l'inadmissibilité d'une reprise des hostilités ?

Les dirigeants de la RHK pensent que tout en travaillant sur le problème du Karabakh, les coprésidents devraient garder en mémoire le précédent du Kosovo, qui a déclaré son indépendance le 17 Février 2008 et qu'au cours des jours suivants, un certain nombre d'États (États-Unis, Turquie, Albanie, Autriche, Croatie, Allemagne, Italie, France, Royaume-Uni, République de Chine (Taiwan), Australie, Pologne etc …) ont reconnu cette indépendance. A ce jour, ils sont au nombre de 75.

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De son côté l'Azerbaïdjan s'est déclaré très satisfait du rapport de la Mission.

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Extrait de PanArmenian.net