La destruction du cimetière de Djoulfa refait surface

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Traduction Gérard Merdjanian – commentaires

Si les dirigeants azerbaidjanais ont réussi jusqu'à présent à interdire à tout étranger, organisation ou individu, de se rendre sur le site, on ne voit pas pourquoi d'un seul coup d'un seul un diplomate étranger, aussi proche soit-il des thèses azéries, pourrait constater les dégâts et faire remonter l'information à Washington. De plus il ne faut pas oublier que toute cette zone est terrain militaire, donc doublement interdite.

Mr Bryza n'est pas là pour mettre mal à l'aise ses amis, mais pour défendre les intérêts économiques et politiques de son pays. Et si par le plus grand des hasards, il réussissait à se faire accompagner sur place, on lui ferait voir ce qu'on veut bien lui faire voir et non ce qu'il voudrait lui.

Un peu comme les officiels azerbaidjanais qui accompagnent les observateurs de l'OSCE lorsqu'ils effectuent leur mission d'observations le long de la ligne de contact au Karabakh. Pour des raisons soi-disant de ‘sécurité' ils ne sont jamais amenés en première ligne, mais toujours sur des positions arrière.

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Jeudi, les autorités azerbaïdjanaises ont refusé à l'ambassadeur américain, Matthew Bryza, d'aller visiter le vieux cimetière arménien, datant de 1300 ans, situé près de Djoulfa au Nakhitchevan, et détruit par eux en 2005.

Les vidéos diffusées fin 2005 montraient les troupes azerbaïdjanaises en train de casser les milliers de pierres tombales finement sculptées, les pierre-croix appelées Khatchkars, et protégées par l'UNESCO. Le parlement européen ainsi que d'autres organismes condamnèrent cet acte.
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Le gouvernement azerbaïdjanais a nié leur destruction à l'époque. Pourtant, un rapport de 2006 écrit par l'Institut de Reportages sur la Guerre et sur la Paix (IWPR), basée à Londres, a confirmé que le cimetière avait été détruit. L'IWPR a déclaré que son journaliste se trouvait suffisamment près pour voir que le cimetière avait disparu.

Dans un communiqué publié sur le site Internet de l'ambassade américaine d'Azerbaïdjan, Bryza déclare avoir essayé de se rendre à Djoulfa lors d'une visite de deux jours, mercredi et jeudi, au Nakhitchevan. On peut y lire :

"La demande de l'ambassadeur de visiter Djoulfa a été refusée. Mais les autorités du Nakhitchevan ont discuté en détail des Khatchkars de Djoulfa avec l'Ambassadeur et se sont engagé à travailler avec lui afin de faciliter la visite du site archéologique dans les prochains mois."


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"Comme je l'ai promis de le faire à Washington, avant mon arrivée comme ambassadeur, je suis allé au Nakhitchevan pour enquêter sur ce qui s'était passé à Djoulfa. Comme je l'ai déclaré à l'époque de la destruction du cimetière, la profanation des sites culturels - en particulier un cimetière - est une tragédie, que nous déplorons, et peu importe où il se trouve. J'ai travaillé activement pour protéger les églises arméniennes de Tbilissi, ainsi que les mosquées azerbaïdjanaises à Chouchi et à Aghdam. La préservation de ces monuments culturels et religieux est d'une importance immense pour l'homme, et qui transcende toutes les différences politiques, culturelles et religieuses," écrit Matthew Bryza.

Et de conclure : "Les États-Unis continuent d'appeler toutes les parties à avoir des égards envers de tels sites et de collaborer à leur préservation.

Le texte n'indique ni le motif du refus de laisser l'ambassadeur américain visiter le site, ni quelle sera la réponse des Etats-Unis. C'est l'exemple le plus récent de l'obstruction exercé par le gouvernement azerbaïdjanais.

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"L'ambassadeur Bryza n'a pas fait grand chose, et de plus, cinq ans trop tard. Il n'a pas honoré son engagement envers le Sénat des États-Unis déclarant qu'il se rendrait sur les restes du cimetière arménien datant du septième siècle, comprenant des milliers de pierres tombales complexes, des pierre-croix connues sous le nom Khatchkars," a déclaré Aram Hamparian, le directeur exécutif du Comité National Arménien d'Amérique (ANCA), en réponse au compte-rendu de l'ambassade des Etats-Unis.

"En tant que candidat pour le poste d'ambassadeur en Azerbaïdjan, il avait choisi de ne pas relever cet acte haineux d'intolérance dans son témoignage lors de son audition devant la commission sénatoriale des relations extérieures, et c'est seulement après des auditions répétées devant les sénateurs, qu'il s'était engagé à visiter ce site sacré. En tant qu'ambassadeur, il a attendu encore trois mois pour tenter de tenir cet engagement, et surtout pour se permettre d'être refoulé par les auteurs mêmes qui ont si impunément démoli ces pierres tombales historiques, ces Khatchkars," a-t-il souligné.

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* Caroline Cox en Arménie et au Karabakh *


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"Le peuple du Karabakh doit avoir la possibilité de participer au processus de négociation", a déclaré Caroline Cox, Vice-présidente de la Chambre des Lords du Royaume-Uni, de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord mais également Présidente du groupe d'amitié parlementaire Grande-Bretagne-Arménie, aux journalistes à Erevan. La baronne était à la tête d'une délégation composée de membres des deux Chambres britanniques.

Le chef de l'Etat a exprimé sa gratitude aux invités pour la présentation objective de la situation de l'Artsakh en Grande-Bretagne et en Europe, rendant notre pays reconnaissant pour les efforts visant à la reconnaissance du génocide arménien 1915 et à la protection des droits de l'homme.

Hier, la délégation a visité le Haut-Karabakh et a rencontré les dirigeants de l'Artsakh. Les discussions ont porté sur les relations bilatérales, le règlement du conflit du Karabakh, la politique intérieure de l'Artsakh, ainsi que les processus régionaux.

La baronne a salué les progrès accomplis : "La question du Haut-Karabakh est un problème grave. Je ne voudrais pas parler au nom du peuple du Haut-Karabakh, mais ils devraient avoir le droit de participer au processus de négociation. Je vois que les Arméniens ont la volonté politique d'aller de l'avant, basé sur les Principes [des coprésidents du groupe de Minsk], mais il est nécessaire que les Azéris coopèrent."

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Extrait de Armenialiberty, de Radiolour, de Azad Artsakh et de PanArmenian