Serge Sarkissian en Suisse

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Effectivement, il n'a rien à reprocher aux Suisses concernant le génocide arménien. Bien que Berne l'ait reconnu tardivement (16 Décembre 2003), les juges suisses n'ont pas ménagé leurs efforts lorsqu'il s'est agi de condamner les négationnistes de tous poils (Dogu Perincek ou Yusuf Halacoglu), quitte à se mettre mal avec Ankara. Tout le monde se souvient de l'assaut des supporters turcs fanatiques contre les footballeurs suisses à l'issue du match Suisse-Turquie de novembre 2005.

On est loin de la frilosité des sénateurs français qui viennent de rejeter la pénalisation du déni de génocide pour des motifs fallacieux, mais surtout par peur de se mettre à mal avec Ankara.

Concernant plus particulièrement le processus de normalisation des relations arméno-turques, avec la signature des protocoles Arménie-Turquie en octobre 2009, Berne a continué ses bons offices. Si rien ne progresse, avant de leur jeter la pierre il serait plus honnête de s'en prendre d'abord aux initiateurs de ce processus, les Etats-Unis.

Car Washington (ou la Maison Blanche), qui joue au chat et à la souris avec la communauté arménienne pour reconnaître le génocide, ‘Medz Yéghern' comme dirait Barack Obama, ne tient absolument pas à perdre son alliée dans la région, qui commence sérieusement à lorgner vers le Moyen-Orient avec ses idées de Néo-ottomanisme. Quand on est la première puissance militaire et politique du monde, il y a peut-être autre chose à faire que de se contenter de dire : "on est pour la normalisation des relations entre Ankara et Erevan sans condition préalable", prendre pour argent comptant les déclarations des dirigeants turcs sur leur envie de ‘zéro problème avec les voisins' et attendre que les protocoles que ratifient d'eux-mêmes.

* Brève *

Le Premier Ministre turc a abordé à Igdir les problèmes liés à l'Arménie et au Karabakh, principalement peuplé d'Azerbaïdjanais. Dans son discours il a souligné que le Nakhitchevan et le Karabakh sont des problèmes de la Turquie : "La tristesse de l'Azerbaïdjan est notre tristesse et son bonheur est notre bonheur, je réitère ma position à savoir que le rapprochement entre l'Arménie et la Turquie est hors de question sans résolution du conflit du Karabakh. Nous avons pris le parti de l'Azerbaïdjan et nous continuerons. Personne ne doit rien attendre de nous sur cette question. Nous avons donné une réponse adéquate aux députés arméniens de l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE)."

Dont acte, pour les optimistes invétérés qui avaient encore un doute ...

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Le président Serge Sarkissian, en visite officielle en Confédération suisse, a rencontré la Présidente, Mme Micheline Calmy-Rey, à Berne, rencontre qui a été suivie d'une conférence de presse commune. Selon le président Sarkissian, la présence d'Ambassades dans les deux pays contribuera à une nouvelle dynamique et au développement de la coopération bilatérale (il a mentionné ce fait lors de la création de l'Ambassade suisse à Erevan). Lors de la conférence de presse, le président a évoqué les relations Arménie – Turquie :

(…)

"Nous cherchons à établir des relations avec la Turquie sans conditions préalables. Malheureusement, les dirigeants turcs ne ménagent aucun effort pour détourner cette démarche. Au lieu de prendre des mesures pour la ratification des protocoles, la Turquie tente de semer la discorde entre l'Arménie et sa Diaspora. Ce faisant, la Turquie essaie constamment de saper notre confiance dans le rapprochement, déjà réduite au minimum."

"Je suis surpris que la Turquie ne se rende pas compte que la diaspora qui a émergé à cause du génocide, est une partie intégrante du peuple arménien, elle est notre fierté et notre puissance. Les Arméniens de la diaspora sont les ambassadeurs de l'Arménie répartis à travers le monde, ainsi, Charles Aznavour est un ambassadeur arménien en Suisse, et beaucoup agissent volontairement, dictés pas les lois de leur cœur. Ils sont citoyens des pays qui leur ont donné refuge, et sont également capables d'apporter une contribution au progrès et au développement de notre pays," a déclaré le président Sarkissian et d'ajouter que la Suisse a condamné ce crime horrible contre l'humanité, ce qui ne l'a pas empêchée de soutenir le rapprochement entre l'Arménie et la Turquie. "L'exemple de la Suisse est certainement le meilleur à cet égard, et de nombreux pays à travers le monde devraient prendre exemple sur elle".

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AZG