Haut-Karabakh : La réunion de Kazan n'en finit pas de faire des vagues

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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Les politiques aussi bien que les analystes et autres politologues ont fait leurs commentaires en bien ou en mal selon que l'on considère que le verre est à moitié vide ou à moitié plein.

Quoi qu'il en soit, il faut se rendre à l'évidence, le président Aliev n'a aucune envie de perdre ‘la face' et espère toujours récupérer les sept districts mais également reprendre le Haut-Karabakh. Aliev qui a du pétrole n'a qu'une idée. Ce n'est pas faute de l'avoir répétée maintes fois, haut et fort, urbi et orbi.

La balle n'est plus, ni dans le camp des Arméniens, ni dans celui des Azéris, dont le fossé qui les séparait s'est transformé en canyon. Et les trois pays médiateurs d'émettre des vœux pieux à travers des déclarations de bonnes intentions insipides et inodores.

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L'analyse de Vladimir Zakharov n'engage que lui-même. Car il parait difficile, que le conflit du Karabakh soit réglé ou pas, d'utiliser le Haut-Karabakh comme base américaine avec les Russes laissant faire ; de plus, on voit mal par les temps qui courent les Arméniens fermer la frontière de Méghri et se mettre à dos l'Iran.

* Brève *

Des extrémistes turcs menacent les minorités d'un nouveau génocide.

Le groupe "Brigade des Vengeurs Turcs" via Evrensel.net a ordonné aux minorités arméniennes et kurdes de quitter la Turquie avant le 15 août autrement ils seront abattus. La lettre ouverte envoyée au bureau d'Evrensel contient 6 points :

1. Vous [Evrensel] et vos semblables doivent quitter les terres turques d'ici le 15 août et ceci doit être publié par les masses médias.

2. Les membres du PKK et leurs semblables doivent avoir quitté la Turquie à la même date.

3. Les représentants de la diaspora arménienne doivent quitter la Turquie sans retour possible.

4. Le quotidien "Agos" doit être fermé et son personnel doit quitter la Turquie.

5. Les bureaux de "Patrimoine et Démocratie" doivent être fermés et ses membres doivent quitter la Turquie.

6. Basken Orhan, Sebahat Tuncel, Osman Baydemir, Ahmed Turk, Etiyen Mahcupyan et leurs semblables doivent quitter les terres turques sans retour possible.

Selon l'annonce, si les revendications ne sont pas exécutées jusqu'au 15 août, les Turcs commenceront les massacres à Diyarbakir et à Istanbul.

[No Comment]

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* Etats-Unis


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Lundi soir, la porte-parole du Département d'Etat américain, Victoria Nuland a déclaré "décevant" que les présidents arménien et azerbaïdjanais n'aient pas pu se mettre d'accord sur les principes de base lors de leur rencontre de Kazan du 24 Juin.

"Toutefois, dans leur déclaration conjointe avec le président Medvedev, ils ont indiqué qu'ils avaient amélioré leur compréhension sur un certain nombre de questions, et ont convenu de continuer à travailler sur les principes de base, et de se rencontrer à une date ultérieure qui sera précisée."


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De son côté, l'ambassadeur américain en Azerbaïdjan, Mathew Bryza, a déclaré que les présidents Américain, Russe et Français avaient été très clairs dans leur déclaration de Deauville et que le règlement du conflit du Haut-Karabakh, ne pouvait se faire autrement que de manière négocié et pacifique.

"Comme vous le savez, avant la réunion de Kazan, le président Obama a téléphoné aux Présidents Aliev et Sarkissian, et le président Sarkozy a exprimé par écrit son engagement à faire avancer ce processus. Le président Medvedev s'est impliqué personnellement. Alors je prévois que ce genre de démarche sera de nouveau réitéré."

* Relations arméno-turques

"Les relations arméno-turques ne sont pas actuellement une priorité pour la Turquie. S'il n'y a pas de pression extérieure sur Ankara, ce dernier va repousser la discussion sur les protocoles arméno-turques, les laissant pour 2014, à la veille du 100e anniversaire du génocide arménien", a déclaré le turcologue, Dr ès Etudes ottomanes, Artak Chakarian.
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Même si un accord [les protocoles] était signé entre l'Arménie et la Turquie, ce serait insuffisant pour garantir la stabilité des relations entre ces deux pays. "Ce n'est pas par bonne volonté que la Turquie n'attaque pas l'Arménie d'aujourd'hui, mais grâce à la situation intérieure relativement stable de l'Arménie et à la présence de bases militaires russes dans le pays."

Dans ce contexte, il a souligné que "les relations actuelles de la Turquie et de la Syrie, même en cas d'aggravation, n'empêcheront pas Ankara d'améliorer sa frontière si le cas se présentait. La Turquie et la Syrie ont toujours eu des relations assez proches depuis de nombreuses années. La Turquie tente d'utiliser la situation en Syrie pour créer une zone tampon en Syrie." Selon Chakarian, notre voisin de l'Ouest aspire à assumer le rôle de médiateur en chef.

* L'Iran commente la réunion de Kazan


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"L'expérience montre que la résolution des conflits traine toujours lorsque les grandes puissances s'en mêlent, vu qu'elles poursuivent leurs propres objectifs. C'est le cas pour le processus de règlement du conflit du Haut-Karabakh. Les conflits régionaux devraient être réglés par des négociations dans le cadre de la région," selon le président du Parlement iranien, Ali Larijani.

Le Président a rappelé que le Groupe de Minsk mène les négociations depuis plusieurs années. "Quels sont les résultats ? Quelle est leur attitude envers la solution de ce problème ? Nous avons toutes les raisons de penser que les pourparlers sur le règlement de conflits similaires seraient plus efficaces s'ils étaient effectués à l'intérieur de la région, vu que les pays voisins peuvent mieux comprendre les uns et les autres."

* Commentaire d'un analyste russe


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"Avant la réunion de Kazan, l'Occident a rencontré le président azerbaïdjanais Ilham Aliev pour l'empêcher de signer un accord-cadre. C'est la seule explication logique à la présentation en dernière minute de dix nouvelles propositions par Aliev," selon le directeur de l'Institut d'études politiques et sociales, Vladimir Zakharov.

"Mon argumentaire repose sur les faits suivants : les Etats-Unis considèrent toujours comme possible une guerre contre l'Iran en 2012. Si guerre il y a, il devient important d'avoir une zone proche de l'Iran, d'où les avions américains pourraient décoller. C'est difficile de l'Azerbaïdjan, alors que le Karabakh peut être utilisé comme piste pour les avions américains."

Quoi qu'il en soit, Zakharov pense qu'il n'y a pas de perspectives pour le règlement rapide du conflit du Karabakh, vu que trop d'acteurs sont engagés.

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Extrait de Times.am, de Radiolour et de PanArmenian.net