Catherine Ashton au Sud-Caucase


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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

L’UE ne faiblit pas dans la politique de Voisinage malgré la grave crise financière et économique qu’elle traverse. L’achat de gaz à la Russie s’avère insuffisant par la voie septentrionale (North-Stream) et surtout sujet à des aléas politiques. Aussi l’UE a misé sur une voie méridionale (Nabucco) pour compléter ses besoins à partir de la mer Caspienne, mais également pour éviter les aléas de toutes sortes. Les conflits latents du Sud-Caucase – Abkhazie, Ossétie du Sud et surtout Karabakh – dérangent ses projets.

C’est bien beau de mettre en avant les valeurs de l’UE comme la démocratie, les libertés ou les droits de l’homme, l’ennui c’est que ces Valeurs sont surtout valables en politique intérieure et ne servent pas à grand-chose lorsqu’il s’agit de droit international portant sur l’intégrité territoriale et/ou sur le droit des peuples à l’autodétermination. Et sur ce point précis, l’UE n’a ni le poids ni la volonté nécessaire, pour la simple et unique que l’UE est avant une union économique et ne dispose d’aucune gouvernance qu’elle soit financière, politique et encore moins militaire. Il y a 27 pays membres et presqu’autant d’avis sur le sujet.

Les moyens de pression si elles existent, ne peuvent venir que des deux grandes puissances qui ont pied dans la région : Les Etats-Unis et la Russie. L’UE ne peut qu’accompagner les décisions prises par des aides financières ou d’assistance, ce qui est déjà mieux que de mettre des bâtons dans les roues.

Une guerre ne fera pas changer les avis de chacun, pas plus celui des Azerbaidjanais qui veulent absolument recouvrer tous les territoires perdus, et pas plus celui des Arméniens qui ne retourneront jamais sous administration azérie. Pire cela ne fera qu’augmenter encore plus les rancunes en plus du cortège de morts et de blessés.


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"Le but principal de ma visite est de montrer l'engagement de l'Union européenne pour le Sud-Caucase ", a déclaré le Haut Représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères Affaires étrangères et la politique de sécurité, Catherine Ashton, lors de son passage à Bakou.

"Au cours de l'année dernière - dans le contexte de la Politique Européenne de Voisinage et du Partenariat oriental renouvelé- nous nous sommes engagés dans un processus de renforcement significatif de nos relations avec l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie, y compris par des négociations d'accords d'association Nous sommes très désireux de voir les réformes nécessaires progresser dans ces trois pays, avec les valeurs européennes comme objectif. Nous voulons aussi voir avancer les étapes dans la résolution des conflits."

"L'Union européenne est préoccupée par l'absence de progrès dans la résolution du conflit du Haut-Karabakh, et souhaite voir comment elle peut jouer un rôle plus actif et plus serviable, en plein accord avec le Groupe de Minsk de l'OSCE. J'ai nommé un nouveau Représentant spécial de l'UE, Philippe Lefort, pour faire avancer ce travail. Solutionner le conflit libérera un immense potentiel pour toute la région, et stimulera notamment la coopération régionale. La résolution des conflits et la réconciliation sont des valeurs essentielles sur lesquelles l'UE elle-même est fondée, et nous pensons que cela peut inspirer un effort renouvelé dans la région. Nous allons bien sûr discuter de la poursuite du développement de notre coopération bilatérale et multilatérale dans le cadre du Partenariat oriental."

"Le Groupe de Minsk a pour mandat de servir de médiateur entre les parties en conflit. Notre intention est de voir si nous pourrions faire davantage pour soutenir son travail, et pour aider à construire la confiance entre les deux parties, et plus généralement agir en appui des travaux du Groupe de Minsk. Il y a beaucoup en jeu dans ce conflit, et beaucoup à gagner s’il était résolu, pour les gens de la région, et aussi pour l'UE. Nous sommes donc très inquiets sur la montée des tensions et l'augmentation des incidents, et j'aimerais voir comment nous pourrions aider à inverser la tendance," a-t-elle indiqué.

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* Brève Allemagne *



"Le processus d'adhésion de la Turquie à l'UE est un processus politique, ce n’est ni un processus social, ni un processus religieux. Deux questions subsistent : l'une liée au problème arménien et l'autre à la probable adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Sur la question arménienne, tout le monde connaît le point de discorde, et sur l'adhésion à l'UE, une nette majorité de Français, et pas seulement les dirigeants, est contre l'adhésion de la Turquie. Certains politiciens peuvent choisir d'exploiter ces sentiments en liant le problème arménien avec l'adhésion à l'UE, et donc créer une atmosphère qui rend difficile pour la France et la Turquie de rétablir une relation constructive," a déclaré l’allemand Alexander Graf Lambsdorff, membre du Parlement Européen et Vice-président du Groupe de l'Alliance des Démocrates et des libéraux pour l'Europe (ADLE).

Concernant la situation régionale, l'eurodéputé a indiqué : "toute question de stabilité dans la Méditerranée orientale est difficile en ce moment. Nous avons une situation terrible en Syrie, des tensions permanentes entre les Palestiniens et les Israéliens, des extrémistes au pouvoir à Gaza, un changement en Egypte difficilement prévisible, pratiquement aucun progrès sur le problème de Chypre, avec en plus maintenant l'exploration des ressources au large des côtes chypriotes. Nous avons besoin de parler de ces questions et trouver des solutions. "

* Brève OSCE *

La surveillance régulière par l'OSCE de la ligne de contact entre le Karabakh et les forces armées de l'Azerbaïdjan est prévue pour demain 17 Novembre. Elle sera effectuée au Nord de Mardakert, en direction de Talich. Le représentant personnel du président de l'OSCE en exercice Andrzej Kasprzyk participera à la mission côté azerbaïdjanais.

* Brève Arménie *

Commentant les propos du président azerbaïdjanais - "l'Azerbaïdjan fait des efforts pour résoudre le Haut-Karabakh le plus tôt possible" - le secrétaire du Parti Républicain d’Arménie, Edouard Charmazanov a déclaré :

"Une solution équitable pour l'Artsakh reste de première importance dans notre agenda. Les dirigeants azerbaïdjanais continuent de distordre la réalité. Alors qu'ils devraient faire de leur mieux pour arriver à une solution équitable au problème. Aussi, je pense que l'Azerbaïdjan ne doit pas seulement parler, mais également prendre des mesures distinctes."

Il a également souligné que : "l'Azerbaïdjan devrait mettre un terme à la rhétorique guerrière et ne pas déclencher une course aux armements. De plus, Bakou devrait retirer les snipers de la ligne de contact et accepter que l'Artsakh fasse partie des négociations, vu que ce n'est pas une querelle territoriale mais une question de droit à l'autodétermination des peuples.  Au final, l’Azerbaïdjan doit réaliser que la reconnaissance internationale de l'indépendance de l'Artsakh a pas d'alternative."

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Extrait de PanArmenian.net et de Armenpress