Le génocide reste la principale pomme de discorde entre l’Arménie et la Turquie.



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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires

Tous ceux qui rappellent à la Turquie son passé génocidaire, son intolérance envers les minorités ou ses actions anti-libertés, la mettent dans une rage incontrôlée, quand elle n’envoie ses sbires menacer ces ‘effrontés’ ou son armée les combattre, voire pire quand les ultras-nationalistes s’en mêlent.

Le cas le plus flagrant reste l’accusation de génocide. Alors que ce pays, pétri de valeurs humaines depuis l’empire ottoman et exemple universel d’altruisme envers les peuples chrétiens, soutenu à bout de bras par les Etats-Unis depuis des décennies,  (un peu moins maintenant), est de plus signataire en décembre 1948 de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de l’ONU. Comme on dit familièrement : il y en a qui ne manque pas de souffle.

Lorsque toute l’histoire de la Turquie a été revue et corrigée par Mustapha Kemal pour coller à celle de l’Occident et que ses successeurs au lieu de rectifier le tir, n’ont fait que conforter les contre-vérités, il ne faut pas s’étonner que le verni finisse par craqueler, même un siècle plus tard. Quand l’ensemble des observateurs étrangers et des diplomates occidentaux en poste à Istanbul décrivent les événements tragiques survenus aux Arméniens et que seuls les livres d’histoire turcs disent le contraire, c’est que forcément l’un des deux maquille la vérité.

L’éminent historien turc, Yousouf Halacoglu, grand maitre à penser sur les minorités vivant en Turquie, accusant même les Arméniens d’avoir perpétré un génocide envers le Turcs, (si, si), falsificateur en chef des archives ottomanes, du moins ce qu’il en reste, ne s’y est pas trompé. Il vient de réclamer de la Grande Assemblée turque la mise en place d’une Commission spéciale pour soutenir les négationnistes de tous poils et contrer les outrecuidants qui accusent la Turquie d’être un Etat génocidaire.

1915-2015, ça commence sérieusement à s’agiter chez les Ottomans.



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Le professeur d’origine turc, Taner Akçam, enseignant à l'Université Clark, et qui étudie le génocide arménien, a parlé des interprétations turques du génocide à l'Université de Floride du Sud (USF) lors du deuxième Symposium annuel d'Etudes Arméniennes, dans les locaux de la Bibliothèque de l’Holocauste et Centre du génocide.

En 2009, Akçam était l'un des cinq noms d’un fichier confisqué par la police turque dans l’organisation ultranationaliste turque, Ergenekon, composée principalement de négationnistes du génocide. Ces cinq personnes étaient des cibles à abattre.

"Certains des hommes de la liste sont en prison maintenant. Un a été assassiné. La police a intercepté la liste juste à temps, avant qu’un autre ne soit tué pour le travail mené. On peut donc en déduire logiquement que parler ouvertement du génocide arménien est considéré comme une menace par certains groupes," a-t-il ajouté.


Akçam a écrit 11 livres sur le génocide et en a parlé depuis 21 ans, faisant de lui une cible de choix pour des groupes qui nient l'existence du génocide arménien.

Mark Greenberg, le directeur de la Bibliothèque de l'Holocauste et Centre du génocide, a déclaré qu'il avait invité le professeur Akçam parce que "le nombre d'érudits turcs qui parlent ouvertement en faveur de la reconnaissance du génocide arménien est très faible."


Akçam a indiqué que si discuter de l'esclavage ou du déplacement des Amérindiens aux Etats-Unis était illégal, ce serait le reflet de la situation actuelle en Turquie. "Ce que nous avons ici aux Etats-Unis, nous devrions exiger exactement la même chose pour la Turquie. Pouvez-vous imaginer que les sites Web du gouvernement fédéral, où ces événements historiques, l'esclavage ou les amérindiens soient systématiquement précédés du terme ‘soi-disant’ ou ‘présumé’ et soient rempli ouvertement de propos racistes, de propagande haineuse, et obligeant les enfants américains et ou les enfants amérindiens à regarder des films niant l'esclavage des Africains ou l'assujettissement des Indiens d'Amérique, déclarant  que cela n'a jamais eu lieu, serait considérée dans ce pays comme sécurisant ? "

Rachel May, la directrice de l'Institut des Etudes sur l'Amérique latine et les Caraïbes de l'USF, prenant la parole après Akçam, a indiqué qu’une des questions principales dans la société d'aujourd'hui est de reconnaître le génocide quand il se produit. "La question ici est la qualification de ‘génocide’. Les conséquences sont assez simples : ceux qui le nient sont de l'autre côté du mur."

Merrell Dickey, le directeur du développement de la Bibliothèque de l’USF, a déclaré pour sa part que la Bibliothèque de l’Holocauste et Centre du génocide, fondé en 2008, travaille à amasser des fonds pour financer les futurs orateurs et travaille à l'expansion du programme d'études arméniennes à l'USF. "Nous voulons vraiment faire vivre les conséquences du génocide, sa négation, et l'holocauste. Par sa compréhension aujourd'hui, nous éviterons de violer les droits de l’homme, et nous nous guérirons du passé. "


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* Brève de Turquie *

Le ministre de l’UE de Turquie, Egemen Bağış, a déclaré sur la chaîne de télévision Bayrak de Chypre-Nord : "une solution basée sur l'égalité politique serait bénéfique pour l'avenir de la Turquie, ainsi que pour la sécurité de Chypre et l'Europe. Cette solution ne pourra être atteinte que par un compromis entre les deux côtés de l'île, et cela deviendra clair si les pourparlers sur Chypre aboutissent et qu'une solution soit trouvée d’ici la fin de l'année."

"C’était une erreur d'approuver l'adhésion des chypriotes grecques à l'UE, et les fonctionnaires de l'UE l’ont avoué. 70% des ressources énergétiques de l'Europe transitent par la Turquie et sans la contribution de la Turquie l'Europe ne pourrait accéder à ces ressources. Malheureusement, 26 pays n’ont pas réellement conscience qu’un seul pays peut influer sur leurs intérêts. Si une solution n'est pas trouvée d’ici Juin 2012, le responsable en sera le gouvernement chypriote grec, et le monde entier doit le savoir."

Commentant les relations de la Turquie avec l'UE, M. Bağış a ajouté : "la Turquie apportera une dynamique différente au processus de l'UE et ne renoncera pas à son adhésion."


* Brèves du Karabakh *


Les forces du Karabakh ont relevé environ 130 violations du cessez-le-feu la semaine dernière, soit plus de 700 tirs provenant de mitrailleuses et de snipers.


Malgré cette activité azérie, l’Armée de Défense de la RHK s'est abstenue répliquer afin d’assurer la sécurité. Sur ordre de l’état-major, elle ne recourt à la force qu’en cas d’absolue nécessité.



Plus de 1350 cas de violations par les forces azerbaïdjanaises ont été relevés en Octobre sur la ligne de contact ; 200 sur la frontière avec l'Arménie, et 1150 sur la frontière avec le Haut-Karabakh.


(…)

Le Premier ministre de la RHK, Ara Haroutounian,  pense que le conflit du Haut-Karabakh ne sera pas résolu dans un proche avenir, pas plus qu’il faut au sérieux les menaces de l'Azerbaïdjan de résoudre le conflit militairement.

"Les négociations permettent de clarifier les positions, le maintien du régime du cessez-le-feu et résoudre certains problèmes, mais il serait irréaliste de penser arriver à un compromis dans les années à venir. L'Azerbaïdjan ne veut pas comprendre qu’il sera impossible de détourner l'Artsakh de la voie qu'il a choisie. Aujourd'hui, notre armée est plus forte que jamais, et c'est seulement grâce à cela que la paix est maintenue et que les négociations se poursuivent," a souligné Ara Haroutounian.

* Brève  OSCE *

"L'OSCE joue un rôle important dans la prévention et la résolution des conflits, en particulier pour ceux qui sont longs et ont une incidence sur la région," a déclaré le ministre des Affaires étrangères irlandais, Eamon Gilmore, dans une interview au quotidien russe Kommersant.

"La Russie est un membre important de l'OSCE et joue un rôle très actif dans l'organisation. Le président Dmitri Medvedev et Sergueï Lavrov ont beaucoup travaillé en vue du règlement du conflit du Karabakh. Je salue et soutiens leurs efforts. Je serais heureux de coopérer avec la Russie dans un contexte plus large et dans un dialogue étroit sur ​​les problèmes dont s'occupe l'OSCE," a-t-il souligné.

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Extrait de Radiolour et de Panarmenian.net