La Turquie et le génocide arménien (VII)




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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

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Commentaires

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Le président Serge Sarkissian a déclaré : "le gouvernement turc déforme l'esprit et la lettre des protocoles, et continue sa politique de conditions préalables de règlement. Toutefois, le retrait des protocoles de paix du parlement ne signifie pas que l'Arménie ferme la fenêtre de la normalisation des relations avec la Turquie.»

Le 19 mars, le journaliste Alex Christie-Miller, travaillant pour The Times, Newsweek Europe et Christian Science Monitor écrit sur son compte Twitter : "Le gouvernement turc joue avec Gallipoli en politisant l’événement pour rivaliser avec les commémorations du génocide arménien,  ce qui est tout à fait dégoûtant."

Le même jour, les quotidiens turcs Today’s Zaman et Hurriyet Daily news reproduisent les propos du président Erdoğan concernant les commémorations des centenaires tant en Turquie (Gallipoli) qu’en Arménie (génocide arménien) : - «La campagne sur le génocide arménien cherche à détruire la Turquie et non à établir la vérité’» pour le premier et - «Arméniens de la diaspora : Apportez vos documents concernant les massacres de 1915» pour le second.

La ficelle est tellement énorme que ces deux quotidiens se sont sentis obligés d’amener quelques éclaircissements sur le travail effectué par les Arméniens ces dernières décennies. Ce qui appelle deux remarques :

-      La pression exercée par le pouvoir sur la presse non gouvernementale ne produit pas les effets escomptés ; et ce malgré nombre d’emprisonnements de journalistes. Rappelons que la Turquie est classée 149ème/180 par RSF-2015 des pays réprimant la liberté de la presse et que son petit frère l’Azerbaïdjan est devenu la première prison du continent européen pour les acteurs de l’information (162ème/180).
-      En cette année du centenaire du génocide arménien, le fossé se creuse de plus en plus entre le gouvernement d’une part et la société civile et les intellectuels d’autre part. Les Arméniens, lors des diverses manifestations revendicatives, ciblent l’Etat négationniste et non le peuple turc.

Il est clair que le gouvernement turc, qu’il soit d’ailleurs de droite ou de gauche, ne changera pas sa stratégie ni sa tactique pour trois raisons principales :
-      La première liée aux réparations qui seront forcément demandées en cas de reconnaissance du génocide.
-      La seconde, parce que c’est ouvrir la boite de Pandore des revendications pour les autres minorités réprimées par la Turquie, à commencer par les Kurdes.
-      Et enfin pour des raisons liées à ses intérêts propres, de ne pas se désolidariser de son allié économico-militaro-stratégique de la région, de surcroit turcophone : l’Azerbaïdjan.

N’oublions pas que cet ‘amour’ immodéré pour les Azéris date depuis fort longtemps, puisque conforment au traité de Moscou signé entre les Kémalistes et les Soviétiques en Mars 1921, la Turquie bénéficie d'un statut de garant sur le Nakhitchevan et donc sur une région autonome de l’Azerbaïdjan.

Petite anecdote : Pensant bien faire, Erdoğan alors premier ministre, avait présenté en Mars 2011 l'original du traité de Moscou à son homologue russe Vladimir Poutine. Lequel l'a remercié poliment lui faisant gentiment remarquer qu'il avait le même dans les archives du Kremlin.
 

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Traductions – revue de presse

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Turquie

Le président du Parlement turc Cemil Çiçek est arrivé mardi à Washington pour tenter d'empêcher le vote par les législateurs américains d'une résolution condamnant le génocide des Arméniens dans l'Empire Ottoman.

Le projet de résolution, présenté la semaine dernière au Congrès par quatre républicains et un démocrate doit permettre d'améliorer les relations entre l'Arménie et les Etats-Unis par la reconnaissance du génocide par la Turquie.  La résolution est soutenue par 46 membres du Congrès. Çiçek s'est entretenu avec le Président de la Chambre des Représentants, John Boehner, et d’autres membres du Congrès.  Le ministre des Affaires étrangères turc Mevlut Cavushoglu doit également
 
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Arménie

Dans une interview exclusive accordée à France24, le président Serge Sarkissian a regretté le choix de son homologue turc de commémorer la bataille de Gallipoli le jour des cérémonies entourant le 100e anniversaire du génocide arménien.

Le président a dénoncé le "négationnisme" du président turc Recep Tayyip Erdoğan. Il a affirmé que la décision d'Erdoğan d'organiser en Turquie les commémorations de la bataille de Gallipoli, le jour même des commémorations du génocide, est une "provocation".

"Nous n'avons pas l'intention de faire de ces manifestations une sorte d'hystérie antiturque. L'un de nos objectifs est de faire un appel à l'humanité toute entière pour lutter contre les génocides. Nous voudrions commémorer le génocide arménien en commun avec le peuple turc. C'est cet objectif qui


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Artsakh

"Avec l'Arménie marquant cette année le centenaire du génocide, le travail de la Turquie est dirigé dans trois directions : la culture, la propagande et la diplomatie," a déclaré le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu.

Selon le Major-général Arcady Ter-Tadevossian (Commandos), la Turquie a laissé "la composante militaire" à l'Azerbaïdjan, ce qui explique la tension croissante de cette année.

"Non la guerre ne va pas éclater, mais nous devons nous attendre à des provocations à grande échelle dans tous les secteurs. Et civils ne seront pas épargnés.

La Turquie cessera ses provocations qu’à la fin Avril. Quant à l'Azerbaïdjan, il ne peut pas atteindre son objectif.

Compte tenu de l'arsenal d'élimination des deux côtés, on doit s’attendre à de nombreuses pertes humaines des deux côtés. Géographiquement, cependant, 100 missiles lancés en direction de l'Artsakh seront moins efficaces que les dix missiles lancés en direction de l'Azerbaïdjan," a-t-il souligné.

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OSCE

Le 26 Mars, le Représentant permanent de l'Arménie auprès de l'OSCE, l'Ambassadeur Armand Guiragossian a pris la parole lors de la réunion du Conseil permanent de l'OSCE.

Il a abordé l'infiltration militaire du 19 Mars des forces armées azerbaïdjanaises le long de la ligne de contact dans la région de Mardakert de la RHK qui s’est soldée par 5 victimes arméniennes. Il a souligné que la réponse de l'armée de défense de l’Artsakh a infligé de nombreuses pertes parmi le commando azerbaïdjanais et que l'Azerbaïdjan tente de cacher ses pertes militaires, en restreignant officiellement l'accès des journalistes et des représentants de la société civile vers les lignes de front.

Il a indiqué que pour la première fois, depuis que le cessez-le-feu a été signé, Bakou a utilisé des canons de 120 mm, ce qui indique son intention d’aggraver davantage la situation. Ces actions délibérées visent à
 
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Chypre

Le Président de la République de Chypre Nicos Anastasiades se rendra en Arménie du 23 au 25 Avril afin de participer aux événements commémorant le centenaire du génocide arménien et confirmera ainsi le soutien du gouvernement de Chypre au peuple arménien.

Parallèlement, les partis politiques de la République de Chypre ont rédigé un projet de loi pénalisant la négation du génocide arménien.

Le projet soutenu par tous les partis politiques représentés au parlement de Chypre, prévoit des sanctions pour ceux qui nient la réalité des génocides, des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.

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Grande-Bretagne

La Chambre des Communes britannique a tenu cette semaine un débat d'ajournement sur le centenaire du génocide arménien. La discussion a été menée par le député Travailliste, Stephen Pound. En voici quelques extraits :

"L'objet de ce débat d'ajournement est la commémoration de l'un des actes odieux des plus épouvantables qui ait jamais été commis sur cette terre: le génocide arménien des 23 et 24 Avril 1915.

()… Ce que j’ai à dire ce soir n’est pas une attaque contre le gouvernement de la Turquie. Je ne critique pas le gouvernement de la Turquie. Je me rends compte que ces débats engendrent souvent beaucoup de chaleur et très peu de lumière à Ankara, mais je parle spécifiquement des actions de l'Empire ottoman et en particulier des Jeunes Turcs, que je mentionnerai plus tard, en 1915. Je ne m’excuse pas d'avoir soulevé cette question. Non seulement nous approchons du 100e anniversaire de ce crime odieux contre l'humanité, dans lequel 1,5 million de personnes ont été massacrées dans les circonstances les plus horribles et une tentative a été faite pour
 

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Azerbaïdjan

Bakou a rejeté encore une autre démarche traditionnelle, cette fois, lors de la visite au Karabakh des participants d'un forum à Erevan.

La trentaine de journalistes étrangers participants au Forum des médias internationaux «Au pied de l'Ararat», consacré au centenaire du génocide arménien, ont effectué une visite de 3 jours au Haut-Karabakh où ils ont rencontré les dirigeants de la république et fait un peu de tourisme.

Naturellement, l'Azerbaïdjan ne pouvait pas laisser passer l’occasion et comme à son habitude, s’est lancé dans une tirade coléreuse contre ceux qui ont osé visiter le Karabakh, en les menaçant de "mesures punitives pertinentes."

On peut supposer que ces "mesures" impliquent l'inclusion dans la célèbre liste noire azérie, publiée le 2 Août 2013 et réactualisée depuis, ce qui a mérité un haussement indifférent des journalistes étrangers.
 

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de Zaman et de Hurriyet