La Turquie, la Russie, la coalition ... et les autres




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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

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Commentaires

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La faiblesse du régime syrien a ouvert les appétits de certains et permet à d’autres de régler leurs comptes.

() La rencontre Erdoğan-Poutine du 3 Avril dernier n’a fait que renforcer les idées expansionnistes du sultan ottoman. Moscou ne lui fera pas de l’ombre, du moins tant qu’Ankara ne s’en prend pas directement à Bachar el-Assad. Quant aux pays de la coalition, on a vu leurs réactions lorsque l’armée turque a franchi la frontière syrienne et s’est emparée d’Afrin avec l’aide des rebelles syriens, pour chasser les Kurdes. Cela s’est traduit dans les chancelleries occidentales par un modeste : «ce n’est pas bien, il ne faut pas».

Alliée soi-disant des Occidentaux, la Turquie a soutenu à leur début les terroristes du Daech, farouchement anti-mécréants et anti-chiites, et soutient maintenant les opposants (sunnites) à Bachar el-Assad (alévi). A la guerre ethnique s’ajoute une guerre de religion.

Que l’on s’en prenne à la population civile kurde sous des prétextes fallacieux de terrorisme, ne dérange pas outre mesure les Occidentaux du moment que l’on n’utilise pas d’armes prohibées. De ce côté-là, Erdoğan se gardera bien de franchir la «ligne rouge», ses blindés et son artillerie lourde sont amplement suffisants face à des Kurdes légèrement armés. L’autocrate choyé des Européens a les mains libres pour installer qui lui plait le long de sa frontière, côté syrien.

() Côté coalition, on trouve bien évidemment les Américains dont le but avoué, géostratégie oblige, est de contrer l’influence russe dans cette région, tout en préservant les monarchies du Golf pour des raisons bassement lucratives, mettant de côté la morale et les valeurs démocratiques. Washington et l’UE n’ont toujours pas digéré les activités de Moscou dans la région : annexion de la Crimée, contentieux ukrainien du Donbass, sans compter la main mise sur l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. L’arrivée au pouvoir de Donald Trump, n’a fait qu’envenimer la situation vu sa forte allergie envers l’Iran. Allergie qui se traduit par un soutien inconditionnel et immodéré à Israël en reconnaissant notamment Jérusalem comme capitale de l’état hébreux et de décider le transfert de son ambassade.

() Israël  - qui occupe le Golan depuis la guerre des six jours de 1967 et qui s’est même permis d’annexer ce territoire syrien en 1981, archi-protégé qu’il est par les Etats-Unis -, a également mis son grain de sel dans l’imbroglio syrien en bombardant des bases iraniennes installées en Syrie. Les chiites pro-iraniens restants toujours ses ennemis héréditaires depuis la chute du Shah.

En cela, les dirigeants de ces deux pays ressemblent à bon nombre de dirigeants régionaux qui n’ont que faire de l’opinion internationale ou des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, ce qui ne les empêchent pas de donner des leçons aux autres.

() La Grande-Bretagne qui se sentait très concernée par la présence de Daech en Irak à cause du pétrole, soutient plus fermement la coalition depuis les attentats de Londres. Theresa May essaie de redorer son blason en participant à la frappe ciblée. En 2013 le parlement britannique avait voté contre une intervention militaire en Syrie, entrainant à sa suite la défection d’Obama.

() Après le va-t-en guerre François Hollande, l’arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron a légèrement modifié la diplomatie de la France dans cette région. Tout comme celle d’outre-Atlantique avec un alignement plus fort sur la politique américaine, avec toutefois une certaine divergence concernant l’Iran. On est très loin de l’indépendance prônée par le Général de Gaulle. Force est de constater que depuis les années quatre-vingt la France ne joue plus un grand rôle (et encore je suis gentil) dans cette région, vu qu’elle a mis tout son poids sur les pays africains. Même comme co-présidente du groupe de Minsk de l’OSCE dans le conflit du Karabakh, elle ne fait pas le poids face à la Russie, pas plus qu’elle n’influe sur la politique anti-arménienne de la Turquie et de l’Azerbaïdjan, s’abritant derrière le droit et les normes internationales.

() Côté opposé, la Russie met en œuvre elle aussi sa géostratégie, laquelle consiste à garder la main sur l’ «étranger proche», sachant qu’elle a déjà perdu la Géorgie et l’Ukraine qui ont signé un accord d’association  avec l’UE. Elle a réussi toutefois à «capter» la Turquie, pourtant membre de l’OTAN et qui a abattu un de ses Chasseurs, mais dont le comportement comme «démocratie» - qui a fortement refroidi les Occidentaux, ressemble fortement au sien. Et cerise sur le gâteau, son alliance avec Damas permet à Poutine d’avoir un accès direct à la méditerranée par les ports syriens de Tartous et de Hmeimim.

() Reste l’allié iranien, dont le but premier est de combattre l’état hébreux mais également, depuis quelques années, de faire face à l’influence grandissante des musulmans sunnites, pilotés essentiellement par les pays du Golf, aidés maintenant par le sultan ottoman.

Si la résolution du conflit du Karabakh n’est pas pour demain alors qu’il y a que deux protagonistes, il est clair que celle du conflit syrien, dans lequel on compte une dizaine de protagonistes, n’est même pas pour après-demain.




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Traductions – revue de presse

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de News.az, et de Hurriyet

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Arménie

«La déclaration faite aujourd'hui par le ministère des Affaires étrangères de l'Azerbaïdjan concernant la question du Haut-Karabakh vise apparemment à détourner l'attention de l'agression déclenchée par l'Azerbaïdjan contre le Haut-Karabakh il y a deux ans, qui s'est accompagnée de violations flagrantes du droit international humanitaire. À savoir le meurtre d'un enfant dans une cour d'école, des décapitations façon Daech, des mutilations de cadavres, des tortures et assassinats de personnes âgées dans leur propre maison. L'Azerbaïdjan porte la responsabilité non seulement de ces crimes terribles, mais aussi des massacres perpétrés contre les Arméniens à Sumgaït, Bakou, Kirovabad, Maragha et ailleurs. Bakou essaie de les évacuer par des mensonges et des falsifications, ce qui est devenu une pratique courante,» a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Tigran Balayan.

«Il est évident que la situation actuelle dans la zone de conflit du Haut-Karabakh est le résultat de l'agression et de la politique de nettoyage ethnique que l'Azerbaïdjan mène depuis 30 ans contre le peuple de l'Artsakh, visant à réprimer son droit inaliénable à l’autodétermination, à vivre et à créer en liberté, prévu par le droit international.

Bakou continue de rejeter les propositions des coprésidents du Groupe de Minsk visant à régler le conflit du Haut-Karabakh et s'abstient de mettre en œuvre les mesures de confiance, à savoir : - les accords conclus lors des sommets de Vienne, de Saint-Pétersbourg et de Genève, - les engagements pris dans le cadre des accords trilatéraux de cessez-le-feu, sans limitation dans le temps, concernant la cessation des actions militaires et des incendies, signés par le Haut-Karabakh, l'Azerbaïdjan et l'Arménie en 1994-1995. Un exemple frappant en est la nouvelle agression de l'Azerbaïdjan contre l'Artsakh le même jour qu’il y a deux ans,» a-t-il ajouté.

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Russie

«Le 5 avril, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a rencontré le secrétaire général de l'OSCE Thomas Greminger dans le cadre de la 7e Conférence de Moscou sur la sécurité internationale organisée par le ministère de la Défense. Le conflit au Haut-Karabakh a été l'un des sujets de discussion,» a déclaré Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

Pendant leur entretien, les deux interlocuteurs ont réaffirmé l'importance de renforcer l'OSCE en tant que plateforme pour un dialogue équitable et la coopération afin de surmonter les lignes de démarcation dans l'espace euro-atlantique et eurasiatique et de trouver des réponses aux défis et aux risques communs. Ils ont abordé son rôle dans la contribution au règlement des conflits régionaux - notamment dans l'Est de l'Ukraine -, l'activité dans les Balkans et les efforts dans le cadre des discussions de Genève sur la sécurité en Transcaucasie.

Les deux interlocuteurs ont évoqué les solutions pour pallier les défauts et améliorer l'efficacité du travail des institutions de l'OSCE : - BIDDH, Haut-commissariat pour les minorités nationales, - Représentant pour la liberté des médias. Ils ont souligné l'importance du développement du potentiel de l'OSCE dans la lutte contre le terrorisme et le trafic de stupéfiants, et de la poursuite du "dialogue structuré" sur la sécurité militaire.

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Iran

Une conférence économique conjointe Iran-Azerbaïdjan s'est ouverte à Bakou le jeudi 29 mars en présence des présidents des deux pays.

"Nous pensons que la question du Karabakh doit être résolue par des moyens politiques, et avec les efforts de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan, nous devrions voir plus de stabilité dans la région", a déclaré le président iranien Hassan Rouhani.

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Israël

"L'antisémite Erdoğan continue de soutenir le Hamas qui agit à Jérusalem", a déclaré le ministre israélien de la sécurité publique Gilad Erdan.

Il a également exprimé son regret d’avoir voté en 2016 en faveur de l'accord de rapprochement entre Israël et la Turquie, qui a normalisé les relations entre les deux pays suite à l'incident de la flottille du Mavi Marmara en 2010.

S'exprimant à la radio militaire, M. Erdan a déclaré : "il est possible qu'Israël agissent contre la Turquie sur la scène internationale et reconnaisse le génocide arménien commis par l'Empire ottoman.

Nous devons résister à l'hostilité et à l'antisémitisme d'Erdoğan. Une chose étrange se produit ici lorsqu'un pays comme la Turquie, qui massacre les Kurdes et occupe le nord de Chypre, soit accepté en Occident comme un Etat légitime.

Je pense qu'Israël doit «présenter les valeurs défendues par les Turcs dans le monde entier, y compris la reconnaissance du massacre des Arméniens».

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Turquie

Le président Vladimir Poutine a rencontré son homologue Recep Tayyip Erdogan le 3 avril à Ankara.

Le Fonds russe d'investissement direct (RDIF) et le Fonds turc de richesse (Turkiye Wealth Fund - TWF) se sont mis d'accord sur les modalités finales de coopération et lanceront le Fonds d'investissement russo-turc.

«L'accord permettra aux deux parties d'apporter 500 millions de dollars au Fonds, notamment dans les secteurs de la construction d'infrastructures, des soins de santé et des technologies de l'information, en renforçant les liens commerciaux, économiques et


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Azerbaïdjan

«L'ambassade d'Azerbaïdjan en France va présenter une note de protestation au ministère des Affaires étrangères et de l'Europe suite à la visite du président du Parlement du Haut-Karabakh, Ashod Ghoulian. Dorénavant, l'Azerbaïdjan agira selon le principe de la réciprocité dans les relations avec la France,» a déclaré le porte-parole du ministère azéri des Affaires étrangères, Hikmat Hajiyev.

Rappelons que le président de l'Assemblée nationale d'Artsakh a effectué une visite de travail en France. Dans ce cadre, une déclaration d'amitié a été signée entre les villes de






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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de News.az, et de Hurriyet