Un Macron peut en cacher un autre




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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

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Commentaires

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Le président Emmanuel Macron a pris la parole lors du dîner annuel organisé par le Conseil de Coordination des Arméniens de France.

Même si le 24 Avril a été choisi pour figurer officiellement dans l’agenda de la république française – ce qui au passage ne mange pas beaucoup de pain, il n’en demeure pas moins que la pénalisation du déni de génocide des Arméniens n’a toujours pas vu le jour – pourtant une promesse du candidat président Macron. Faute de grives on mange des merles
 Toujours est-il, lorsqu’on prononce le mot «génocide des Arméniens» cela hérisse systématiquement la Turquie et les négationnistes montent au créneau poussant des cris d’orfraie. A l’instar de son alter ego américain, le président français se garde bien de froisser la Turquie, allié turbulent de l’OTAN, et ce quel que soit le comportement de son dictateur-président.

C’est d’ailleurs une constante de la politique française dans cette région. Tout le monde se souvient du retrait en 1920 des troupes françaises de Cilicie, laissant la population chrétienne seule face aux armées turques. Tout comme en 1939 la France cède le Sandjak d'Alexandrette à la Turquie, pour s’attirer ses bonnes grâces et éviter qu’Ankara rejoigne l’Allemagne, poussant 15.000 Arméniens à l’exil.

En parlant d’exil des Arméniens, vu que le Haut-Karabakh est le dernier des soucis du coprésident américain Trump, et que le second médiateur-coprésident, la Russie, poursuit sa géostratégie régionale, il serait plus que souhaitable que la France, troisième coprésident du groupe de Minsk de l’OSCE en charge de la résolution du conflit du Karabakh, ne se comporte pas avec les Turcs, ottomans ou azéris, comme à son habitude et ne cède à leurs chants de sirènes.

A vouloir sans arrêt ménager la chèvre et le chou, on finit par compter pour du beurre !

(…)

Autant la chancelière Angela Merkel semble avoir compris que dans des pourparlers de paix, il est nécessaire que les deux parties fassent des concessions, autant les experts qui ont analysé les échanges, voient avant tout les pas que l’Arménie doit faire et oublient volontairement (ou pas) ce que l’Azerbaïdjan propose comme gages de bonne volonté.

Aussi bien pour Mr. de Waal que pour Mr. Tase, l’Arménie doit se retirer des territoires azerbaidjanais «occupés», ce qui est aussi la position de la communauté internationale. Ce n’est pas que les Arméniens refusent catégoriquement de se retirer des districts entourant le Haut-Karabakh, il suffit d’ailleurs de se rendre dans ces districts pour constater qu’il n’y a pas d’habitations civiles et qu’ils sont considérés comme zone militaire.

Le problème c’est que l’Azerbaïdjan ne propose rien d’autre que de revenir à la situation d’avant-guerre en accordant au Haut-Karabakh le statut de région autonome, voire de république autonome.

Ayant obtenu de Staline le rattachement du Haut-Karabakh à la RSS d’Azerbaïdjan, en tant que «Oblast autonome du Haut-Karabagh», Bakou refuse catégoriquement le droit à la population du Haut-Karabakh de s’autodéterminer. Droit faisant partie des trois principes de base proposés par les coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE – Etats-Unis, Russie et France.

Même si au moment du rattachement (Juillet 1921), les Arméniens représentaient 94% de la population, en 1989 (début de la guerre) ils représentaient encore 77% de la population de l’Oblast. Ce qui signifie que si les réfugiés azéris regagnaient leur foyer du Haut-Karabakh, l’expression juridiquement contraignante du referendum, comme le stipule l’un des six éléments principaux des propositions des coprésidents(*), entrainera le détachement définitif du Haut-Karabakh de l’Azerbaïdjan.

C’est là le point de blocage des dirigeants azerbaidjanais.

Il y a toutefois nombre de questions que l’on peut se poser :
-      Pourquoi pendant les décennies de l’époque soviétique Bakou s’est désintéressée de l’Oblast, peuplé majoritairement d’Arméniens ?
-      Pourquoi bloquer toute avancée des négociations pour une région qui dispose de très peu de ressources naturelles et qui ne changera rien aux richesses actuelles du pays ?
-      Ne vaut-il pas mieux permettre aux centaines de milliers de réfugiés azerbaidjanais de rentrer dans leur foyer des districts environnants, plutôt que de s’arrêter sur les 41.000 Azéris (recensement de 1989) qui ne voudront peut-pas retourner dans un Haut-Karabakh qui aura changé de statut ? 




(*) Les propositions des coprésidents issues des principes fondamentaux de l'Acte final d'Helsinki
1) Trois principes de base :
-      intégrité territoriale ;
-      non usage de la force ou de la menace d’usage de la force ;
-      égalité des droits et autodétermination des peuples.
2) Et six éléments principaux :
- Retour des territoires entourant le Haut-Karabakh sous contrôle azerbaïdjanais
- Un statut pour le Haut-Karabakh en prévoyant des garanties pour la sécurité et l'auto-gouvernance
- Un couloir reliant l'Arménie au Haut-Karabakh
- Une détermination dans le futur du statut juridique définitif du Haut-Karabakh par le biais d'une expression juridiquement contraignante d’un referendum
- Le droit pour les toutes les personnes déplacées et/ou des réfugiés à retourner dans leurs anciens lieux de résidence
- Une garantie de sécurité internationale incluant une opération de maintien de la paix.



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Traductions – revue de presse

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de News.az, et de Hurriyet

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Relations Arménie-Allemagne

Le Premier ministre Nigol Pachinian a effectué une visite officielle en République fédérale d’Allemagne. Après des entretiens avec le chancelier et le président du Bundestag, le Premier ministre arménien a été reçu par le président Frank-Walter Steinmeier à Bellevue Palace, la résidence du président allemand.

Soulignant l’importance de la visite officielle de Nigol Pachinian en Allemagne, Frank-Walter Steinmeier a déclaré : «Cette visite est une bonne occasion de débattre des perspectives de renforcement de la coopération bilatérale et multilatérale. Un dialogue politique de haut niveau est engagé entre les deux pays, qu'il convient de


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Russie

«La Russie se félicite des récents contacts politiques entre Erevan et Bakou. Nous accomplissons nos tâches de médiation de bonne foi et avec une grande qualité. Nous nous félicitons des récents contacts politiques entre Erevan et Bakou à différents niveaux. Nous avons entendu les évaluations constructives des parties à cet égard et nous pensons que c’est la bonne voie à suivre,» a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

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Etats-Unis

John Bolton, assistant du président pour les affaires de sécurité nationale, a discuté de la question du Karabakh avec le président azerbaïdjanais Ilham Aliev.

“Aujourd'hui, j'ai parlé avec le président azerbaidjanais Aliev. Nous avons discuté d’un certain nombre de sujets d’intérêts communs, notamment de la sécurité énergétique, de la coopération en matière de sécurité et de l’appui des États-Unis à une résolution pacifique du conflit du Haut-Karabakh», a déclaré Bolton.

Il a également eu une conversation téléphonique avec le Premier ministre arménien Nigol Pachinian la semaine dernière.

Pachinian et Bolton ont discuté des relations américano-arméniennes et de la situation dans la région. Les parties ont souligné l'importance des relations arméno-américaines pour les gouvernements des deux pays.

Ils ont convenu de poursuivre les discussions sur le développement futur des relations.

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France

Le président Emmanuel Macron a déclaré lors du dîner annuel du Conseil de coordination des organisations arméniennes en France (CCAF) :

"La France était parmi les premières nations à dénoncer la chasse meurtrière du peuple arménien dans l'empire ottoman. La France qualifie le génocide de crime contre l'humanité et contre la civilisation.

L'histoire des Arméniens français est l'histoire de la France. Et comme le génocide arménien fait partie de nos souvenirs, le souvenir du génocide arménien sera 


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Turquie

Le 6 février, la Turquie a fermement condamné la déclaration du 24 avril du président français Emmanuel Macron en tant que journée nationale du massacre d’Arméniens en 1915.

«Les allégations d'un soi-disant génocide arménien sont des mensonges politiques dépourvus de base légale, contrairement aux faits historiques. Elles sont nulles et non avenues pour la Turquie", a déclaré le porte-parole du président turc, 


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Le coin des experts

«Les autorités azerbaïdjanaises veulent donner au Premier ministre arménien Nigol Pachinian un espace pour trouver des compromis sur le conflit du Haut-Karabakh,» a déclaré le spécialiste du Caucase, Thomas de Waal, analyste senior à la «Fondation Carnegie pour la paix internationale.»

«Une amélioration modeste a été constatée dans le processus de paix. C’est certainement une année bien meilleure. On me dit qu’en 2018, le nombre de soldats morts sur la ligne de contact était de 14, soit le nombre le plus bas depuis environ dix ans, et compte tenu 






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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de News.az, et de Hurriyet