24 Avril 2020




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Commentaires

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Le travail de déni de la Turquie devient de plus en plus difficile. La dernière déconvenue et non des moindres, c’est la reconnaissance du génocide des Arméniens par le Congrès américain – (Chambre des Représentants en octobre dernier par 405 voix pour, 11 contre; Sénat à l’unanimité deux mois après). Fort heureusement pour Ankara, l’alliance avec Washington tient encore bon grâce à l’OTAN dont il est encore officiellement membre, mais même là il y a de l’eau dans le gaz. Sur les recommandations du Département d’Etat, Donald Trump a suivi le chemin de ses prédécesseurs en évitant le mot qui fâche : «Génocide». Ce qui n’a pas empêché le ministère des Affaires étrangères turc de tancer les Etats-Unis.

Côté russe, ni Vladimir Poutine ni Sergueï Lavrov n’ont ressenti le besoin de s’exprimer sur le sujet. La présence de Poutine en Arménie pour le centenaire était déjà un grand pas. Quant à Lavrov il donne de sa personne pour essayer de résoudre le casse-tête du Karabakh. De plus, les relations entre la Russie et la Turquie, même si elles ne sont pas au beau fixe, sont dans un calme relatif ; énerver Ankara ne serait pas judicieux. Les russes ont déjà fort à faire dans le Moyen-Orient et la Turquie participe à l’acheminement du gaz russe par le Turckstream. Alors, on maintient le dos rond.

Seule la France, le troisième coprésident du groupe de Minsk de l’OSCE, s’est solidarisée à la journée du souvenir du 24 Avril. On notera toutefois que la Commission qui est sensée trouver le moyen de pénaliser la négation du génocide des Arméniens n’a toujours rien proposé. Et comme en France on adore créer des Commissions (surtout lorsqu’on veut enterrer un problème), une autre a été créée pour voir comment on peut aider l’Artsakh.

Tout comme les présidents américains en exercice - vu qu’en tant que candidat ils avaient promis de reconnaître le génocide, les dirigeants turcs restent droits dans leurs bottes. Pas question de reconnaître quoi que ce soit ; tout au plus déclarer que c’était une époque trouble et qu’il y a eu de nombreux morts de part et autre. Seul petit détail volontairement omis, côté turc les morts étaient des militaires tombés lors de la première guerre mondiale comme alliés de l’Allemagne, alors que côté arménien c’est toute la population civile qui a été massacrée par les sbires du gouvernement turc, les hommes valides ayant été préalablement enrôlés dans l’armée ottomane et tués.

Sans doute sous la pression de la communauté internationale, le président Erdoğan «tolère» depuis quelques années l’emploi du mot génocide. Mais attention, son emploi au sein du parlement turc est passible de poursuites, le député arménien du HDP, Garo Paylan, en sait quelque chose.

Le contentieux arméno-turc n’est pas prêt d’être résolu car Ankara l’a relié au conflit du Haut-Karabakh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Ainsi, la résolution, qui doit être conforme aux vœux de Bakou, sera l’élément déclencheur d’un début de réchauffement des relations avec l’Arménie. Ce qui se traduirait essentiellement par la levée du blocus et l’ouverture de la frontière fermée depuis 1993. Quand on voit la lenteur du règlement du conflit du Haut-Karabakh, la levée du blocus n’est pas pour demain.

De plus, un semblant de rétablissements diplomatiques ne signifie pas  une quelconque reconnaissance du génocide des Arméniens. Une reconnaissance impliquerait des réparations, matérielles, financières et surtout territoriales. Et là, la Turquie refuse absolument de mettre le doigt dans un engrenage infernal, appuyée en cela par tous les partis politiques.

Quant à savoir comment se comportera la Turquie avec sa voisine l’Arménie, il suffit de regarder la manière dont les divers gouvernements turcs se sont comportés avec la Grèce (pogroms anti-Grecs d’Istanbul en 1955, expulsion des Grecs de Turquie en 1964, invasion de Chypre en 1974) et même aujourd’hui avec l’ouverture du flot de migrants vers la Grèce malgré le versement de milliards par l’Union européenne.

L’Arménie a également expérimenté l’hypocrisie et le cynisme de la Turquie en octobre 2009 à Zurich lorsque les ministres des Affaire étrangères Edouard Nalbandian et Ahmet Davutoğlu ont signé, en présence des coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE et des dirigeants  de l’UE, les Accords visant à normaliser les relations entre les deux pays. Accords qu’Ankara n’a jamais ratifiés, fidèle en cela à son habitude (Cf. Traité de Sèvres en 1920).






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Traductions – revue de presse

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, et de News.am

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Arménie

À l'occasion du 105e anniversaire du génocide arménien, le président Armen Sarkissian a déclaré :

«Le monde entier traverse aujourd'hui une crise sans précédent et spectaculaire. Nous sommes loin de le surmonter, et il occupe toutes les pages de nos journaux. Pour faire face aux tourments du présent, il est essentiel d'avoir une mémoire des épreuves passées. Un désastre ne fait pas fuir l'autre, et le peuple arménien en est le plus conscient.

C'est en profitant du tumulte de la Première Guerre mondiale que le gouvernement turc, en 1915-1916, a mis en œuvre son programme d'extermination totale des Arméniens de Turquie, d'une violence et d'une ampleur


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Turquie

Lettre du Président Erdoğan au Patriarche Arménien de Turquie S.E Sahak Masalian.

«()… Je vous salue avec amour et respect.

Je demande à Allah Tout-Puissant de nous permettre de voir des lendemains avec des sentiments d'unité.

Je commémore respectueusement les Arméniens ottomans qui ont perdu la vie dans des conditions difficiles lors de la Première Guerre mondiale qui a cause de grandes souffrances aux peuples du monde. Et je transmets 








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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, et de News.am