La Turquie et ses voisins

 


 

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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

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Commentaires

 

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En ces temps de guerre en Ukraine et des demandes d’adhésion à l’UE et/ou à l’OTAN de pays limitrophes de la Russie, la Turquie essaie de tirer avantage en jouant sur tous les tableaux, que ce soit vis-à-vis des Etats-Unis, de l’Union européenne, ou de la Russie.

 

Aucun des trois n’apprécie vraiment le comportement caméléon de ce pays, et ce d’autant plus avec l’arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdoğan, qui tient absolument à mettre son « grain de sel » pour exister.

 

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La Turquie est membre de l’OTAN depuis 1952, et à ce titre elle est sensée soutenir l’Organisation non seulement par l’achat d’équipements américains mais également par les options choisies. La discorde avec les Etats-Unis a commencé avec l’achat de systèmes de défense antiaérienne et antimissile mobile S-400 auprès de la Russie, équipement incompatibles avec les nouveaux chasseurs F-35. Elle se poursuit par OTAN interposé avec le véto turc sur l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN. Et comme cela ne suffit pas, Erdoğan a déclaré reprendre les hostilités en Syrie, sous prétexte de s’en prendre au PKK, quitte à se trouver face à la Russie, dont la Syrie est la chasse gardée.

 

Washington essaie d’amadouer Ankara en promettant de reprendre la livraison d’armements et de chasseurs F-16, interrompue provisoirement par Trump. Toutefois avec Biden, la punition a assez duré, les livraisons ont lentement repris, même si les droits de l’Homme et les libertés en Turquie continuent de se dégrader. On notera qu’il a maintenu la reconnaissance du génocide des Arméniens en Avril dernier, au grand dam du gouvernement turc. Mais Erdoğan ne s’avoue pas vaincu et s’est lancé dans un chantage : Chasseurs F-16 contre un vote favorable pour l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN. La livraison des nouveaux chasseurs F-35 ne sont pas à l’ordre du jour.

 

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Si les relations avec Washington ne sont pas au beau fixe, c’est pire avec l’Union européenne. Depuis octobre 2005, date d’ouverture des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE, la progression se fait de plus en plus difficilement, avec un arrêt complet depuis six ans. Sur 35 chapitres que compte le document, 16 ont été ouverts et un seul fermé/validé. Avec la demande d’adhésion de trois nouveaux pays (Géorgie, Moldavie, Ukraine) qui sont membres du partenariat de l’Est de l’UE, le devenir européen de la Turquie est plus qu’incertain.

 

Le comportement d’Erdoğan avec les dirigeants européens sur nombre de dossiers (Méditerranée orientale, Lybie, Chypre, politique d’immigration, politique intérieure turque, etc.) ne facilite pas un quelconque rapprochement. Malgré cela, l’UE continue de verser nombre de subventions à divers titres, en plus des énormes prêts de la BEI, et, maintient ouvertes les négociations d’adhésion. Ce qui n’empêche pas les députés européens de dire ce qu’ils en pensent, même si l’exécutif de Bruxelles ne suit pas leurs recommandations.

 

Ainsi, en mai 2021, le député européen espagnol Nacho Sánchez Amor, rapporteur du rapport sur la Turquie, déclarait : « Ce rapport est probablement le plus sévère à ce jour dans sa critique de la situation en Turquie. Il reflète tout ce qui s’est malheureusement passé dans le pays au cours des deux dernières années, en particulier dans les domaines des droits de l’homme et de l’État de droit, qui restent la principale préoccupation du Parlement européen, ainsi que dans ses relations avec l’UE et ses membres. Nous espérons que la Turquie changera définitivement de cap et mettra en œuvre concrètement les récentes expressions de bonne volonté. Nous exhortons les autres institutions de l’UE à conditionner tout programme positif qu’elles pourraient poursuivre avec la Turquie à une réforme démocratique. » (Sic)

 

Un an plus tard, le même rapporteur pour le même sujet a déclaré : « En ces temps difficiles, les valeurs et les principes qui sont au cœur de tout processus d'adhésion à l'UE ne peuvent passer après une quelconque contingence géopolitique. C'est pourquoi, le Parlement - et j'espère toutes les institutions de l'UE - ne restera pas silencieux face à la spirale autoritaire actuelle dans laquelle s'enfonce le pays. Au lieu de regagner la confiance - un atout indispensable dans les relations entre l'UE et la Turquie - nous sommes en train de la perdre: le veto irresponsable à l'OTAN ou les tensions croissantes avec les États membres de l'UE sont des signes inquiétants pour l'avenir, marqué par une situation préélectorale dans le pays. S'il n'y a pas de changement, je vois mal le processus d'adhésion survivre cinq ans de plus...’’ (re-Sic)

 

Pour plus de détails vous pouvez consulter les documents du Parlement européen : le rapport 2021 et le rapport 2022.

 

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Les relations avec Moscou même si elles ne sont plus tendues, restent toutefois très diplomatiques. Ankara soutient officiellement l’OTAN, bloque le détroit du Bosphore pour les navires de guerres russes et fournit des armes à l’Ukraine, en l’occurrence des drones d’attaque Bayraktar TB2. Ankara a toujours un accord avec Moscou pour occuper une partie de la Syrie (elle a envahi le district kurde d'Afrin en 2018 et ensuite ceux de Ras al-Aïn et de Tel Abyad, en 2019). Accord également pour le transport du gaz russe à travers son territoire (Turkish Stream), d’où royalties.

 

Ces relations ambigües de type donnant-donnant avec Poutine ont permis à Erdoğan d’avancer ses pions pour atteindre les pays musulmans d’Asie centrale en passant par l’Azerbaïdjan. Ce qui explique, en partie, le laisser faire par Moscou de la participation active d’Ankara dans la guerre de 44 jours contre l’Artsakh. Le but de la Turquie n’était pas tant de récupérer les quelques milliers de km² du Haut-Karabakh pour son frère azéri, mais surtout de se frayer un passage via le Nakhitchevan à travers le Sud de l’Arménie (Syunik). L’idéal étant d’obtenir un corridor sécurisé, voire une bande de terre totalement concédée.

 

C’est de nouveau le camarade Poutine qui détient la solution du problème arménien. On se demande parfois ce que recouvre exactement le terme « alliance stratégique » entre l’Arménie et la Russie ? On est loin, bien loin, de l’alliance plus que de raison Turquie-Azerbaïdjan. L’Artsakh est un jouet au même titre les autres républiques autoproclamées de l’ex-URSS. Certaines sont reconnues par Moscou, notamment celles contigües à la Russie (Abkhazie, Ossétie du Sud, Donetsk, Louhansk), d’autres pas avec seulement la présence d’un contingent militaire russe (Transnistrie et Haut-Karabakh).

 

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Quant aux relations avec l’Azerbaïdjan, elles sont tout simplement fusionnelles, comme les décrivent les dirigeants turco-azerbaidjanais : « Une nation, deux Etats ».

 

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La stratégie diplomatique et économique de la Turquie d’Erdoğan est limpide depuis plusieurs années. Elle consiste à se rendre indispensable auprès des pays occidentaux pour obtenir en échange des financements, des équipements et un statut et une reconnaissance de puissance montante. Tout cela se fait avec un mélange de provocations, de tensions, de chantages et ensuite… de réconciliations. La Turquie le fait via sa place au sein de l’Otan, via son rôle clé de point de passage des réfugiés du Moyen-Orient et d’Asie vers l’Europe, via un rôle d’intermédiaire ambigu entre les pays occidentaux et la Russie et via un rôle clé dans le monde musulman. Et suite à la guerre russo-ukrainienne, Ankara veut obtenir maintenant une place de choix dans le domaine énergétique via le marché gazier.

 

 

 

 

 

 

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Traductions – revue de presse


Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de APA, et du Parlement européen


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Arménie

 


Le Premier ministre arménien Nigol Pachinian a eu une conversation téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine.

 

Les interlocuteurs ont discuté d'un certain nombre de questions à l'ordre du jour bilatéral arméno-russe. Ils ont abordé les questions régionales ainsi que la situation frontalière arméno-azerbaïdjanaise.

 

Le président Poutine a salué la première réunion de la Commission arméno-azerbaïdjanaise sur la démarcation et la sécurité des frontières et a réaffirmé la volonté de la Russie de soutenir  

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Artsakh

 


« Des pourparlers sont en cours, des contacts sont pris avec l'Arménie sur la question de la reconnaissance de l'indépendance du Haut-Karabakh, mais il n'y a pas encore de progrès à ce sujet, »
a déclaré le ministre d'État d'Artsakh (Haut-Karabakh), Artak Beglarian.

 

« On peut affirmer qu'en fait, l'Arménie a reconnu le Haut-Karabakh, car des liens horizontaux "d'égal à égal" sont maintenus entre 

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Russie

 


La 10e réunion du groupe de travail trilatéral s'est tenue vendredi  à Moscou sous la coprésidence des vice-Premiers ministres de Russie, d'Azerbaïdjan et d'Arménie Alexei Overchuk , Shahin Mustafayev et Mher Krikorian.

 

"Les parties ont discuté et mis en commun leurs positions sur les questions de contrôle des frontières, des douanes et d'autres types de contrôle, ainsi que sur le passage en toute sécurité des citoyens, des véhicules et des marchandises sur les routes et les voies ferrées à travers les territoires de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie", indique le message publié 

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Etats-Unis

 


Suite à la rencontre entre le vice-ministre turc des Affaires étrangères, Sedat Onal et la représentante permanente des États-Unis auprès de l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, le service de presse de la mission américaine auprès de l'organisation mondiale a déclaré :

 

« L’opération prévue par la Turquie dans le nord de la Syrie pourrait saper les efforts de lutte contre l'organisation terroriste "État islamique".

 

L'ambassadeur Thomas-Greenfield a également exprimé l'opposition des États-Unis à de nouvelles opérations militaires dans le nord de la Syrie, qui pourraient entraîner des déplacements supplémentaires de population, risquer de déstabiliser davantage la situation fragile sur le terrain et saper les efforts de la coalition internationale pour vaincre l'EI.

 

Washington comprend les intérêts de sécurité légitimes de la Turquie, mais juge important de les aborder par le dialogue et la diplomatie. »

 

En outre, les parties ont discuté de la prochaine série de consultations du Comité constitutionnel syrien.

 

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Union européenne

 


Dans un rapport adopté mardi par 448 voix pour, 67 contre et 107 abstentions, les députés européens avertissent que malgré les déclarations répétées de la Turquie selon lesquelles elle souhaite devenir membre de l'UE, au cours des deux dernières années, le pays a constamment renoncé à ses engagements en relation avec le processus d'adhésion.

 

Se référant à la résolution du Parlement européen du 15 avril 2015 sur le centenaire du génocide arménien, les députés encouragent à nouveau la Turquie à 

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Turquie-Azerbaïdjan

 


"Nous marquerons le 2e anniversaire de la libération des terres azerbaïdjanaises qui ont été occupées pendant 28 ans",
a déclaré le président de la Grande Assemblée turque, Mustafa Shentop, lors du 7e Congrès international des sciences sociales, co-organisé par le Milli Majlis azéri, le gouvernement turc, la Grande Assemblée nationale turque et l’Université internationale des Balkans, rapports APA .

 

Selon M. Shentop, dans le cadre du congrès, les scientifiques s'intéresseront à l'occupation d'une trentaine d'années, aux martyrs, et au déchirant massacre de Khojaly : « Le Karabakh a récemment commencé à panser ses blessures. Nous avons besoin d'historiens, d'écrivains, de psychologues et d'économistes qui puissent nous expliquer les dégâts causés par cette occupation. (…). Nous devons montrer les atrocités arméniennes, à quel point elles sont cruelles, destructrices de la culture et de la nature. »

 

 

 

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de APA, et du Parlement européen