Blocus du Haut-Karabakh : Trois mois déjà !

 


 

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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

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Commentaires

 

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L’ordonnance juridiquement contraignante du 22 février de la Cour internationale de Justice n’est toujours pas appliquée par l’Azerbaïdjan. Ilham Aliev tourne autour du pot, mettant en avant un certain nombre de contraintes, voire des dysfonctionnements occasionnés par l’Arménie qui freinent la levée du blocus. Il sait très bien que les décisions de la CIJ, non exécutées par l’intéressé, ne donneront pas lieu à l’envoi de casques bleus onusiens.

 

Après la nécessité de mettre un poste frontière à l’entrée du couloir de Latchine, voici maintenant que les routes du Karabakh serviraient à transporter des armements en provenance d’Arménie. Sachant que, seuls ne peuvent passer le barrage des « manifestants écologistes » azerbaidjanais que les véhicules des soldats de la paix russes ou ceux de la Croix rouge internationale, cela reviendrait à les accuser implicitement de complicité et de trafic d’armes.

Comme disait Michel Audiard dans « Le cave se rebiffe »: « Si la connerie se mesurait, tu servirais de mètre-étalon. Tu serais à Sèvres. »

 

Beaucoup de gens, d’organisations et/ou de pays se penchent sur le conflit Arménie-Azerbaïdjan.

 

Ainsi, l’air de Bakou semble beaucoup inspirer Mr Toivo Klaar, le représentant spécial de l'UE pour le Caucase du Sud et la crise en Géorgie. Est-il réellement neutre dans ses propos lorsqu’il est en présence des dirigeants azerbaidjanais ? (Cf. § UE). A-t-il été voir les principaux concernés par le conflit, à savoir les Karabakhis,  dont l’avenir est plus qu’incertain ?

 

Il me rappelle quelque part les anciens médiateurs du groupe de Minsk de l’OSCE qui passaient leur temps à se déplacer tantôt à Erevan tantôt à Bakou, pour sortir finalement des communiqués génériques et inodores. On se demande vraiment à quoi il sert le représentant, quand on voit le « résultat » de son travail concernant la crise géorgienne de 2008, dont il a la charge ?

 

Dans la même veine on peut citer le représentant spécial du secrétaire général de l'OTAN pour le Caucase du Sud, Javier Colomina, qui a déclaré : « Cet incident [5 morts, 2 blessés] démontre l'urgence de trouver des solutions aux questions en suspens à la table des négociations. L'OTAN soutient la normalisation des relations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. »

C’est profond pour un N°2 de l’OTAN. Cela s’appelle : « Parler pour ne rien dire ». De l’OTAN aux Etats-Unis, il n’y a qu’un pas.

 

La politique de Washington – coprésident du groupe de Minsk de l’OSCE, reste inchangée à l’égard de la Turquie et de son acolyte l’Azerbaïdjan. Pas question de sanctions quelles qu’elles soient, lesquelles sont réservées aux « grands », comme à la Russie et accessoirement à la Chine. Bakou peut faire ce qu’il veut à l’Arménie ou aux Arméniens du Karabakh, les Etats-Unis ne lèveront pas le petit doigt. Par contre, ils sortiront des communiqués généralistes sur la paix sans citer ou incriminer personne, se contentant de changer les dates et/ou les en-têtes des communiqués précédents. (Cf. § Etats-Unis)

 

Pas plus d’ailleurs qu’une quelconque sanction venant de l’UE, dixit Josep Borrell, le haut représentant de l'Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, et vice-président de la Commission européenne. Ne pouvant passer outre à 100% aux résolutions votées par le parlement européen, le « toutou » de Mme sofa a toutefois donné le feu vert pour l’envoi d’une mission d’observation en Arménie. Et quid des rapports qui seront envoyés à Bruxelles ?

 

Depuis la fin de la guerre des 44 jours, seule la France – deuxième coprésidente, agit plus courageusement en désignant nommément l’agresseur ; ce qui lui vaut les remontrances de Bakou. Par contre, il n’est pas question pour elle d’envoyer qui que ce soit au Karabakh.

 

Force est de reconnaitre que seul Moscou – le troisième coprésident, a ce « privilège ». Seuls les 2.000 hommes en armes, casques bleus russes de la paix présents sur le terrain, sont susceptibles de calmer le dictateur, et donc la soldatesque azérie.

 

Encore faudrait-il savoir quels sont les plans du camarade Poutine pour l’Artsakh, et d’une manière générale pour le Sud-Caucase. Et ça … .

 

 

 

A lire : Israël continue d’armer l’Azerbaïdjan avec des matières dangereuses interdites de vol

 

 

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Traduction


Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Trend, de APA ainsi que de l’Union européenne.


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Arménie-Artsakh

 


Le Premier ministre arménien Nigol Pachinian s’est rendu en Allemagne pour travail et a rencontré des responsables.

 

« Un accord réglementant la présence de la mission de l'UE en Arménie doit être discuté. La présence de la mission d'observation de l'UE est actuellement réglementée par des lettres officielles mutuelles. Je pense que nous signerons probablement un document réglementant la présence de la mission de surveillance dans un avenir proche, lorsque nous négocierons et parviendrons à un accord général sur le libellé des accords déjà conclus

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Union européenne

 


Le représentant spécial de l'UE pour le Caucase du Sud et la crise en Géorgie, Toivo Klaar, qui se trouvait à Bakou, a déclaré :

 

« L'Union européenne estime que le président Ilham Aliev et le Premier ministre Nigol Pachinian sont déterminés à surmonter le conflit entre les deux pays. Il s'agit d'un processus de normalisation à la fin d'un conflit qui dure depuis trente ans. Et je pense qu'il serait surprenant que seulement deux ans après la dernière guerre à grande échelle, tout soit normal entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Cela prend du temps. L'important est qu'il y ait une volonté politique des dirigeants d'Erevan et de Bakou pour surmonter cette histoire de conflit.

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Etats-Unis

 


« Nous suivons les informations faisant état d'une fusillade le 5 mars à l'intérieur du Haut-Karabakh qui a tué cinq personnes et blessé un autre. Nous présentons nos condoléances aux familles des personnes blessées et tuées. Il ne peut y avoir de solution militaire aux conflits, et l'usage de la force pour résoudre les différends n'est jamais acceptable. La seule façon de maintenir la paix est à la table des négociations et l'usage de la force sape les négociations. Le conseiller principal pour les négociations du Caucase, Lou Bono, est dans la région pour souligner que la seule voie à suivre passe par le dialogue direct et la diplomatie.  

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Russie

 


« Des militaires azerbaïdjanaises ont ouvert le feu sur un véhicule avec des agents des forces de l'ordre du Haut-Karabakh. Les Casques bleus ont stoppé les affrontements, au cours desquels deux soldats azerbaïdjanais ont été tués et un autre blessé, » a déclaré le ministère russe de la Défense dans un communiqué sur la situation au Karabakh.

 

(…)

 


"Nous exprimons notre profonde inquiétude concernant les dernières tensions survenues au Karabakh, où stationnent les casques bleus russes. Il y a eu un incident armé entraînant des pertes humaines du côté arménien et azerbaïdjanais le 5 mars. Nous appelons avec insistance les parties à faire preuve de retenue et à prendre des mesures pour désamorcer la situation", a déclaré la responsable du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova en commentant les dernières tensions au Karabakh.

 

Le MAE russe a appelé les parties à suivre les accords trilatéraux signés entre les dirigeants russes, azerbaïdjanais et arméniens, datés du 9 novembre 2020, des 11 janvier et 26 novembre 2021 et du 31 octobre 2022.

 

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Ligue arabe

 


Lors de la 159e session du Conseil de la Ligue arabe, le ministre des Affaires étrangères Ararat Mirzoyan a pris la parole ; extraits :

 

« ()… je voudrais brosser un tableau général de l'ensemble du processus du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

 

Je tiens à souligner que l'Arménie rejette le recours à la force ou à la menace de la force et essaie de négocier de bonne foi avec ses voisins et s'engage à trouver des solutions équitables à toutes les questions en suspens par des moyens diplomatiques. Au lieu de rendre la pareille à nos efforts sincères, l'Azerbaïdjan poursuit son discours de haine et sa rhétorique xénophobe ainsi que ses actions agressives et maximalistes.

 

À cet égard, je voudrais aborder les derniers développements. Comme vous le savez, cela fait plus de 2 mois que le corridor de Latchine, la seule route reliant le Haut-Karabakh au monde extérieur a été illégalement fermé par un groupe de soi-disant éco-activistes, manifestement orchestré par le gouvernement azerbaïdjanais. En outre, l'Azerbaïdjan perturbe régulièrement l'approvisionnement en électricité et en gaz du Haut-Karabakh. En conséquence, les Arméniens du Haut-Karabakh sont au bord d'une catastrophe humanitaire. Au lieu de s'engager avec les autorités locales dans des pourparlers sur les droits et les garanties de sécurité des Arméniens du Haut-Karabakh, les plus hautes autorités azerbaïdjanaises appellent les habitants du Haut-Karabakh à quitter leurs maisons dans le but de les priver de leur patrie et à réaliser leur politique de nettoyage ethnique.

 


Je voudrais également souligner que le 22 février de cette année, la Cour internationale de Justice a rendu une mesure provisoire juridiquement contraignante contre l'Azerbaïdjan. Dans l'ordonnance susmentionnée, la Cour a conclu qu'il existe un risque imminent de préjudice irréparable aux droits des Arméniens et a ordonné à l'Azerbaïdjan de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la libre circulation des personnes, des véhicules et des marchandises le long du corridor Latchine dans les deux sens.

 

Malheureusement, notre voisin l'Azerbaïdjan manipule en permanence les relations arméno-azerbaïdjanaises et la question du Haut-Karabakh sur diverses plateformes internationales, en particulier les organisations où l'Arménie n'est pas représentée, comme l'Organisation de la coopération islamique ou le mouvement des non-alignés, en essayant de lui donner une ton religieux et utilisant le délicat concept de solidarité musulmane. Nous espérons que de telles tentatives seront rejetées et n'entraîneront pas nos pays arabes amis dans le champ de la discorde religieuse. Nous devons empêcher toute nouvelle tentative de donner un ton religieux aux pures disputes politiques et humanitaires. () »

 

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Turquie-Azerbaïdjan

 


« Nigol Pachinian a déformé la provocation des groupes armés arméniens du Karabakh, où les casques bleus russes sont temporairement stationnés.

 

Le terrorisme est la continuation d'une politique notoire et d'une action d'agression militaire contre l'Azerbaïdjan (dont vous avez reconnu la souveraineté et l'intégrité territoriale), en transférant au Karabakh, du personnel militaire, des armes, des mines terrestres et en tuant des civils. Les mesures légitimes de l'Azerbaïdjan pour empêcher de telles les actions illégales de l'Arménie, il est de notre droit de rétablir de l'ordre dans les territoires souverains de l'Azerbaïdjan  

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Trend, de APA ainsi que de l’Union européenne.