Haut-Karabakh : L’après verdict du CIJ

 


 

***

 

Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

***

 

Commentaires

 

***

 


La Cour internationale de Justice (CIJ) de la Haye - organe judiciaire principal des Nations Unies vient de rendre son
verdict le 22 février relatif au blocage illégal du corridor de Latchine. Rappelons que c’est une ordonnance contraignante qui oblige Bakou à mettre en œuvre les mesures conservatoires.

 

L’Azerbaïdjan n’a ni les moyens, ni le poids d’une grande puissance pour passer outre la décision de la CIJ. Aussi, la question qui reste posée est : Que va trouver Ilham Aliev pour ralentir au maximum la levée du blocus ?

 

À peine l’ordonnance était-elle rendue que l’Azerbaïdjan proposait de mettre en place à l’entrée du corridor un poste frontière pour officiellement : « Vérifier que l'utilisation de la route de Latchine soit légale et transparente et que, l'abus de la route ne doit pas être autorisé. »  

 

La proposition découle du fait que pour Bakou le Haut-Karabakh n’existe pas comme « entité spécifique », mais comme 5% de son territoire, peuplé d’Azerbaïdjanais d’origine arménienne. En pratique, le poste frontière va signifier : ne pas laisser passer les personnes dont la tête ne leur revient pas, et/ou bloquer telle ou telle marchandise pour « dangerosité ». Ce qui signifie que les Karabakhis ne doivent pas avoir de velléité politique, de revendications culturelles et surtout aucun geste subversif envers l’administration et/ou le gouvernement azerbaïdjanais. Ce qui revient à vivre une vie de « soumis » à l’instar des autres minorités du pays.

 

Nonobstant de l’injonction qui lui a été faite par la CIJ, le dictateur a repris ses vieilles habitudes, à savoir, tirer sur les paysans arméniens du Karabakh. Parallèlement, il fait feu de tous bois pour dénigrer l’Arménie aux yeux de tout dirigeant se trouvant en Azerbaïdjan, montant notamment en épingle le massacre de Khojaly qu’il a allègrement attribué aux Arméniens. Profitant de la réunion au Sommet du Groupe de contact du Mouvement des pays non alignés (MNA) sur la lutte contre la COVID-19 du 2 mars, il a déclaré :

 

"En 2020, l'Azerbaïdjan lui-même a restauré son intégrité territoriale et sa justice historique par des moyens militaro-politiques et a imposé la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité. C'était probablement le premier cas au monde depuis la création de l'ONU", taclant au passage l’inefficacité du Conseil de sécurité de l’ONU.

 

Ajoutant : « Les territoires libérés de l'Azerbaïdjan sont devenus un exemple classique d'urbicide, de culturicide et d'écocide. Depuis fin 2020, des milliers de diplomates, journalistes, ONG et hommes politiques étrangers, y compris des pays du MNA, ont visité les territoires libérés et ont été témoins de la barbarie commise par l'Arménie. » Rien que ça !

 

Il a également déclaré son antipathie envers la France, car seule puissance à soutenir les Karabakhis et à montrer du doigt l’agresseur. Ce qui lui fait dire devant les pays non-alignés : « Les territoires administrés par la France hors d'Europe sont de vilains vestiges de l'empire colonial français. Nous appelons également la France à s'excuser et à admettre sa responsabilité pour son passé colonial et ses sanglants crimes coloniaux et actes de génocide contre les pays membres du MNA en Afrique, en Asie du Sud-est et ailleurs »

 

Il n’a oublié de passer la brousse à reluire aux pays non-alignés : « je voudrais remercier les pays du MNA pour leur position ferme en soutenant la position juste de l'Azerbaïdjan et en ne permettant pas que des déclarations anti-azéries unilatérales et biaisées soient adoptées au Conseil de sécurité de l'ONU en 2020 et 2022".

 

Profitant de la présence du directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Mariano Grossi, il a déclaré : « L'exploitation de la centrale nucléaire de Metzamor en Arménie représente une grande menace nucléaire pour l'Azerbaïdjan, la Turquie, et toute la région. Je suis préoccupé par le commerce illégal de certaines matières nucléaires provenant de l'usine de Metzamor. »

 

Et comme cela ne suffisait pas, le président du Comité des droits de l'homme du Milli Majlis, Zahid Oruj, s’est fendu d’une menace à peine voilée : "Contrairement à 27 ans de route vers la victoire, notre retour à Erevan, au Zanguézour peut se faire dans un délai plus court. Dans le même temps, la communauté de l'Azerbaïdjan occidental s'élargira à l'avenir et reflétera la profondeur ethnique nationale de notre pays. »

 

Appuyé en cela par le vice-ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères Khalaf Khalafov qui a précisé : « La question de l'Azerbaïdjan occidental doit être l'une des parties de l'agenda de paix entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Le retour des Azerbaïdjanais occidentaux dans ces régions est volontaire et leur sécurité et leur soutien socio-économique doivent être assurés. L'Arménie doit assumer ces problèmes volontairement et les résoudre. C'est une tragédie humanitaire pour notre peuple. »

 

Avec une telle haine de l’Arménie et des Arméniens, associée à une envie irrésistible de s’emparer du Zanguézour (région du Syunik), on se demande vraiment que signifie pour l’Azerbaïdjan signer un traité de paix ?

 

Encore plus étonnant, c’est le comportement des États-Unis et de l’UE face aux propos et aux agissements du potentat et de ses laquais. Ils n’en ont strictement rien à faire de l’Arménie et des Arméniens. L’important, pour eux, est que la région soit pacifiée et qu’ils puissent continuer leurs affaires.

 

 

 

 

 

***

 

Traduction

 

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Trend et de APA 

 

***

 

Arménie-Artsakh

 


Conformément à la décision prise lors de la session du Conseil de sécurité de la République d'Artsakh du 28 février 2023, un groupe de travail a été créé pour discuter des questions humanitaires urgentes avec la partie azerbaïdjanaise, informe le bureau du Conseil de sécurité.

 

Le groupe est dirigé par Samvel Chahramanian, secrétaire du Conseil de sécurité de la République d'Artsakh.

Suite

 

***

 

Union européenne

 

Bruxelles

 


« Depuis début décembre 2022, l'UE suit de près les développements le long et autour du corridor Latchine et leurs implications humanitaires. L'UE reste sérieusement préoccupée par la détresse que les restrictions actuelles à la liberté de mouvement et à l'approvisionnement en biens vitaux causent à la population locale, » a déclaré le haut représentant de l'UE pour la politique étrangère et de sécurité/vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell, en réponse à une question écrite posée par le député européen Dimitris Papadakis.

Suite

 

***

 

ONU

 


« Le Secrétaire général a pris note des ordonnances de la Cour internationale de Justice (CIJ), rendues le 22 février, dans les procédures entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Il s’est félicité pour la confiance que les gouvernements arménien et azerbaïdjanais ont placée dans la CIJ en lui demandant de résoudre leurs différends », a déclaré Stéphane Dujarric, le porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres.

 

"Il a rappelé que les décisions de la CIJ sont contraignantes et a espéré que les parties mettront en œuvre ses ordonnances, y compris l'ordonnance relative aux mesures visant à assurer la libre circulation des personnes, des véhicules et des marchandises le long du corridor de Latchine dans les deux sens.

 

Il a exprimé l'espoir que l'Arménie et l'Azerbaïdjan continueront à travailler pour améliorer leurs relations bilatérales et a encouragé fortement un dialogue constructif", a déclaré le porte-parole.

 

***

 

Conseil de l’Europe

 



Suite à leur visite en Arménie du 17 au 19 février pour évaluer la situation à la frontière avec l'Azerbaïdjan et à l'entrée du corridor de Latchine, les corapporteurs de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) pour le suivi de l'Arménie Kimmo Kiljunen (Finlande, SOC) et Boriana Åberg (Suède, PPE/DC) ont fait aujourd'hui la déclaration suivante :

 

« La situation dans le corridor de Latchine nécessite une action immédiate. A ce jour, les habitants du Haut-Karabakh ne peuvent pas sortir librement de la région et, comme nous en avons été informés, 954 sont toujours bloqués de part et d'autre du corridor. Seuls

Suite

 

***

 

Turquie-Azerbaïdjan

 


Le ministre arménien des Affaires étrangères Ararat Mirzoyan et le représentant spécial de l'Arménie pour le dialogue avec la Turquie, Ruben Rubinian, sont arrivés en Turquie.

 

Le représentant spécial de la Turquie pour le dialogue avec l'Arménie, Serdar Kilic, les a accueillis à l'aéroport.

Suite

 


 

 

 

*

**

***

 

 

 

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am, de Trend et de APA