« Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre »

 

 

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Commentaires et Traductions de Gérard Merdjanian

 

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Commentaires

 

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C’est un dicton qui peut s’appliquer aussi bien au « dictateur », celui qui est mitoyen de la Caspienne, qu’aux « pays médiateurs » chargés en principe de la résolution du conflit du Haut-Karabakh.

 

Force est de reconnaitre, que hormis le potentat azerbaidjanais, les dirigeants concernés par le sujet se téléphonent, discutent, palabrent, et même observent, avec comme résultat des rapports et/ou des communiqués alambiqués où il est question de ce qui est bien, de ce qu’il faut faire et ne pas faire. Le dictateur, lui, agit comme il l’entend, et personne n’est là pour l’en empêcher.

 

On a d’un côté un potentat dont la méthodologie, pour faire valoir soi-disant ses bons droits, date de l’Union soviétique, et qui à l’instar du tsar actuel de Russie, a des rêves expansionnistes d’un pays imaginaire du Sud-Caucase, qui irait de la mer Caspienne à la mer Noire. Le digne rejeton de Heydar Aliev a commencé par utiliser les ressources pétrolières de son pays pour réaliser les objectifs. Il a été en cela aidé par son mentor turc, Recep Tayyip Erdoğan.

 

Rappelons que depuis le XIXème, les Ottomans, après les défaites en Europe, se sont donnés comme but la continuité ethnique de la méditerranée aux plaines d’Asie centrale ; et pourquoi pas jusqu’à la province chinoise autonome du Xinjiang, peuplée par les Ouïgours, turcophones. C’est le projet « Turcique », cher aux néo-Ottomans.

 

Première étape, éradiquer toute velléité de liberté des Arméniens d’Azerbaïdjan en se livrant à de nombreux pogroms dans les villes où ils étaient en minorité. Mal leur en prit, les Azéris ont subi une défaite cuisante et la perte de quelques villes. C’est la première guerre du Karabakh (1993-1994). Depuis, l’objectif de Bakou a été de mener une politique de revanche, en éduquant toute la population azerbaidjanaise dès le plus jeune âge au racisme et à la haine anti-arménienne.

 

Seconde étape, « amadouer » les Géorgiens et s’assurer de leur neutralité. Avec l’aide de la Turquie, le tandem Erdoğan-Aliev a pris économiquement en tenaille Tbilissi, d’autant plus facilement que le président Mikhaïl Saakachvili, qui a eu de gros déboires avec Moscou, était prêt à recevoir la manne financière que lui proposait le tandem avec la construction des liaisons : Oléoduc (BTC), gazoduc (BTE), Chemin de fer (BTK).

 

Troisième étape, détruire les monuments représentatifs arméniens à portée de main (cimetière médiéval de Djougha) et parallèlement se suréquiper militairement avec quelques tentatives d’incursion en territoire arménien, histoire de tester la réactivité de l’ennemi, mais également les réactions du Groupe de Minsk de l’OSCE.

 

Quatrième étape, avec l’aide de la Turquie, des Djihadistes syriens et l’armement israélien attaquer le Haut-Karabakh et occuper 75% de son territoire.

 

Cinquième étape, et probablement pas la dernière, faire croire à la communauté internationale que l’on veut la paix, signer des accords mais éviter de respecter ses engagements. Mettre de telles exigences que l’ennemi refusera de signer un accord de paix. Le tout accompagné d’un harcèlement permanent des Arméniens du Karabakh en leur coupant le gaz et l’électricité. Cerise sur le gâteau, opérer un blocus total de ce territoire en bloquant le seul lien avec l’extérieur des 120.000 Arméniens.

 

Ne soyons pas sectaire. Ilham Aliev a fait un geste humanitaire. Il autorise les Karabakhis à quitter l’Artsakh, mais … sans retour possible. C’est le nettoyage ethnique.

 

Et de l’autre, les Occidentaux, composés de pays « dits » démocratiques, l’Union européenne et les Etats-Unis. Lesquels ont très bien compris ce qui se joue dans cette région entre l’Arménie et le tandem Turquie-Azerbaïdjan. Ils font semblant de croire qu’avec des conseils judicieux et génériques, l’autocrate azéri va se calmer et cesser ses agressions. Ils oublient volontairement qu’un dictateur ne comprend que les sanctions voire la force ; Russie mise à part. Et les réunions stériles continuent pendant que les Karabakhis subissent un génocide par la faim.

 

Avec ses 2.000 soldats de la paix sur place, qui empêchent que la soldatesque azerbaidjanaise s’en prenne directement à la population, c’est encore Poutine qui fera, ou ne fera pas, un geste. L’échéance ultime est officiellement novembre 2025 – accord de Moscou du 09/11/2020. Il est intéressant de lire sa dernière déclaration (Cf. § Russie), où les dirigeants arméniens en prennent pour leur grade.

 

Pour ce qui est des Etats-Unis, leur intérêt pour la région se limite essentiellement à la Turquie. L’Azerbaïdjan a acquis ces dernières années quelque importance aux yeux de Washington grâce à son bras armé dans la région : Israël. Lequel s’est attiré les bonnes grâces de Bakou en échange d’armement. Quel meilleur observatoire que l’Azerbaïdjan (plus le Nakhitchevan), pour voir et écouter ce qui se passe en Iran.

 

Si la route Aghdam-Stépanaguerd est ouverte pour laisser passer les convois soi-disant humanitaires azerbaidjanais, la soldatesque azérie s’engouffrera dans la brèche et il en sera fini de la république d’Artsakh, mais certainement pas de la résistance artsakhiote.  

 

 

 

 

 

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Traduction

 

Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am de APA, ainsi que de l’Union européenne.


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Arménie-Artsakh

 


Le Premier ministre Nigol Pachinian a discuté samedi 9 septembre de l'aggravation de la crise humanitaire au Haut-Karabakh à la suite du blocage illégal du couloir de Latchine avec le président Emmanuel Macron.

 

Les questions liées à l'accumulation de troupes azerbaïdjanaises autour du Haut-Karabakh et à la tension croissante à la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan ont également été abordées.

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Union européenne

 


« L'UE estime qu'il est important que les Arméniens du Karabakh se regroupent autour d'un leadership de facto capable et désireux de s'engager dans des discussions axées sur les résultats avec Bakou. L’UE s’engage à soutenir ce processus.

 

L’Union européenne ne reconnaît pas le cadre constitutionnel et juridique dans lequel se sont déroulées les élections du président du Haut-Karabakh », a déclaré Nabila Massrali, porte-parole pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, dans un communiqué.

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Etats-Unis

 


« Les États-Unis sont profondément préoccupés par la détérioration rapide de la situation humanitaire au Haut-Karabakh.

 

Nous notons que les fournitures humanitaires sont positionnées à proximité des routes de Latchine et d'Aghdam, et nous réitérons notre appel à l'ouverture immédiate et simultanée des deux couloirs pour permettre le passage des fournitures humanitaires dont les hommes, les femmes et les enfants du Haut-Karabakh ont désespérément besoin. Nous exhortons également les dirigeants à ne pas prendre de mesures susceptibles de susciter des tensions ou de détourner l’attention de cet objectif. Le recours à la force pour résoudre les différends est inacceptable », a déclaré le secrétaire d’État Antony Blinken dans un communiqué.

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Russie

 

Le président Vladimir Poutine a déclaré :

 


« Nous voyons et comprenons ce qui se passe. Il y a beaucoup à dire à ce sujet. Nous avons proposé nos options de règlement. L'Arménie contrôlait auparavant sept régions, nous avons proposé de parvenir à un accord avec l'Azerbaïdjan de telle sorte que deux régions - Kelbadjar et Latchine - et tout le Karabakh resteraient pratiquement sous la juridiction de l'Arménie, mais les dirigeants arméniens ont refusé. Même si nous avons essayé de convaincre les dirigeants arméniens pendant une décennie. Quand nous leur avons demandé ce qu’ils allaient faire, ils nous ont répondu « nous nous battrons ». D'accord. En fin de compte, voilà le résultat.

 

Il ne s'agit pas seulement des résultats de la guerre de 2020, mais aussi du fait que les autorités arméniennes ont essentiellement reconnu la souveraineté de l'Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh.

 

Et la déclaration de Prague l’a consigné sur papier. Nous sommes au courant. Maintenant, le président Aliev me dit : vous savez que l'Arménie a reconnu que le Karabakh est nôtre, et donc que la question du statut du Karabakh n'est plus une question, elle a été résolue. Et les dirigeants arméniens l'ont déclaré publiquement, en comptant l'ensemble du territoire avant 1991 au sein de l'URSS azerbaïdjanaise et en citant un certain nombre de région dont le territoire du Karabakh lui-même. Ce n’est pas notre décision, mais celle des dirigeants arméniens.

 

Si tel est le cas, nous disent-ils, alors si vous voulez faire quelque chose concernant le Karabakh, tous les problèmes doivent être résolus avec nous sur une base bilatérale. Eh bien, que pouvons-nous dire à cela ? Il n'y a rien à dire ici, si l'Arménie elle-même reconnait que le Karabakh fait partie de l'Azerbaïdjan, que devons-nous faire ?»

 

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Iran

 


"Les responsables arméniens ont exprimé leur inquiétude quant à la possibilité d'affrontements (militaires), mais les responsables azerbaïdjanais ont fait savoir qu'ils n'avaient pas l'intention d'entrer en conflit avec l'Arménie. Le récent déploiement de troupes de l'Azerbaïdjan relève d’ " action militaire conventionnelle » avant l’hiver, » a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani.

 

« Téhéran surveille de près la situation dans le Caucase et reste en contact avec l'Arménie et l'Azerbaïdjan pour assurer la paix et la sécurité. Nous donnons l'assurance que les frontières de l'Iran sont sûres et nous soutenons la sécurité des frontières.

 

L’Iran a des positions inchangées et transparentes sur la situation au Haut-Karabakh. Nous réaffirmons que le Haut-Karabakh fait partie de l'Azerbaïdjan, mais insistons sur le fait que les droits et la sécurité de ses résidents doivent être définis.

 

Nous appelons au respect de l'intégrité territoriale des États et à l'évitement des tensions. Une étape majeure dans la résolution des différends entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan et la réalisation de la paix et de la sécurité serait que les deux pays reconnaissent mutuellement leurs intégrités territoriales, » a-t-il ajouté.

 

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Turquie-Azerbaïdjan

 


Le président de l'UE Charles Michel et le président Recep Tayyip Erdoğan ont discuté de la situation à la frontière arménienne et azerbaïdjanaise en marge du G20 en Inde.

 

"Nous avons discuté de l'ensemble des relations entre l'UE et la Turquie, de l'Initiative céréalière de la mer Noire et de la situation régionale, notamment entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan", a déclaré Michel dans un article sur X.

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Extrait de Radiolour, de PanArmenian, de News.am,  de APA, ainsi que de l’Union européenne.