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Traduction Gérard Merdjanian - commentaires
Il n'est pas besoin d'être un grand devin pour constater la dégradation accélérée des relations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan depuis septembre dernier, date de la dernière rencontre des présidents Sarkissian, Aliev et Medvedev. Les Accords signés cet été entre l'Arménie et la Russie d'une part, et ceux signés entre la Turquie et l'Azerbaïdjan d'autre part, n'ont font qu'envenimer les rapports entre les belligérants.
Aussi, le rôle des médiateurs ne consiste plus à trouver un terrain d'entente entre Erevan et Bakou mais de s'assurer qu'il y a un minimum de dialogue et que les accrochages sur la ligne de front ne se transforment pas en mini-guerre, voire ne dérapent pas en affrontement lourd.
Quant aux observateurs internationaux sur le terrain, Bakou se garde bien de leur montrer les équipements de la première ligne de front, équipements qui n'ont rien de défensifs, sans compter les snippers placés aux endroits stratégiques. Histoire d'appréhender la réalité, les observateurs devraient venir à l'improviste, cela les changerait du calme plat observé ...
A fermer systématiquement les yeux sur les dérapages verbaux des dirigeants azéris, à mettre en garde les deux antagonistes sur une reprise de la guerre tout en vendant des armes au plus offrant au mépris du Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe, à dire ce qu'il faut faire mais ne rien faire pour que les décisions acceptées des deux côtés soient appliquées, débouchent forcément sur la situation actuelle.
Hélas, il est fort probable que rien ne sera entrepris pour modifier cet état de fait. Les grandes puissances vont se contenter de surveiller d'en haut, qu'il n'y a pas de mouvements de troupe ou de matériel importants vers la ligne de front. Bref, qu'une guerre n'éclatera pas, mettant en péril l'approvisionnement de l'Europe en hydrocarbures.
* Brève : Pression turque *
La déclaration sur le génocide arménien faite par le ministre de l'Intégration, Erik Ullenhag, a été supprimée du site du gouvernement suédois.
Le ministre avait cité le génocide arménien lors de la commémoration des victimes de l'Holocauste du 27 Janvier dernier, ce qui a causé des ‘tensions diplomatiques' avec Ankara. Stockholm s'est hâté de mettre Ankara à l'aise, en indiquant que la déclaration d'Ullenhag était personnelle et qu'elle ne reflétait pas le point de vue du gouvernement suédois.
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** Rapport annuel de l'ICG **
L'International Crisis Group a publié son rapport annuel sur le problème du Karabakh, indiquant notamment que la menace d'une reprise des hostilités entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan augmente, avec comme corollaire que la guerre risque être plus sanglante que celle de 92-94. Selon l'ICG,
"Il devient urgent que les côtés commencent à inverser les tendances dangereuses, et qu'un Accord sur les principes de base soit signé pour réduire les tensions et prévenir un affrontement armé. L'escalade des affrontements sur la ligne de contact, la spirale de la course aux armements, la rhétorique au vitriol et la rupture virtuelle des pourparlers de paix, augmentent les chances d'une nouvelle guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, avec des conséquences dévastatrices sur la région.
Même si les deux côtés n'envisagent pas une offensive immédiate tous azimuts, les escarmouches pourraient facilement échapper à tout contrôle. L'ambiguïté et le manque de transparence sur les opérations le long de la ligne de contact, les ventes d'armes et les autres dépenses militaires et même l'état des pourparlers de paix, contribuent tous à précariser la situation. Aussi, les mécanismes de surveillance devraient être renforcés et des mesures de confiance mises en œuvre pour diminuer le risque d'une guerre accidentelle," affirme Lawrence Sheets, le directeur du projet Caucase à l'ICG.
L'ICG est perçue comme une structure non gouvernementale qui exprime certaines humeurs et voire les intentions des médiateurs internationaux. Ainsi, grâce à cette organisation, les coprésidents peuvent donner des points de vue qu'ils ne peuvent pas déclarer officiellement. Par exemple, le rapport sous-entend que la Russie devrait cesser d'armer les deux côtés. Il ne fait aucun doute que les deux coprésidents du groupe de Minsk - États-Unis et France - ne pourraient pas faire une telle déclaration.
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** Mission d'observation sur la ligne de contact **
Le 8 Février, conformément à la convention signée avec les autorités de la République du Haut-Karabakh, l'OSCE a conduit sa mission d'observation sur ligne de contact entre les Forces armées du Karabakh et de l'Azerbaïdjan du côté d'Askéran.
Le contrôle côté RHK a été effectué par le coordonnateur du Bureau de l'OSCE, le lieutenant-colonel Imre Palatinus (Hongrie) et l'Assistant sur le terrain, Zhaslan Nurtazin (Kazakhstan), du Représentant personnel du Président de l'OSCE.
Du côté azéri, la surveillance a été menée par les deux autres Assistants sur le terrain du Représentant personnel du Président de l'OSCE, Hristo Hristov (Bulgarie) et William Pryor (Grande Bretagne).
Au cours de la surveillance, aucune violation du régime de cessez-le-feu n'a été enregistrée. Toutefois, la partie azerbaïdjanaise, contrairement à celle du Karabakh, a une fois de plus mené les Observateurs de l'OSCE sur des points éloignés de ses lignes de front, et donc le contrôle n'a pu être effectué qu'à distance.
Comme d'habitude, la mission de suivi côté Arménien était accompagnée par des Représentants des ministères de la Défense et des Affaires étrangères de la RHK.
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** Les coprésidents du Groupe de Minsk reprennent du service **
Les coprésidents du groupe Minsk de l'OSCE - Robert Bradtke (USA), Igor Popov (Russie) et Bernard Fassier (France) – ont commencé les visites à la région.
Aujourd'hui à Erevan, ils ont rencontré le président Serge Sarkissian et le ministre des Affaires étrangères, Edouard Nalbandian.
Demain, 10 Février, ils se rendront à Bakou, pour y rencontrer le président Ilham Aliev et le ministre des Affaires étrangères Elmar Mammediarov.
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Extrait de Radiolour, de PanArmenian.net et de Armenpress